Pourquoi la violence dans la littérature de jeunesse ?

LA VIOLENCE MORALE

L’humiliation

Certains parents, enseignants ou éducateurs se refusent d’user de la violence physique pour punir les enfants mais choisissent le châtiment de l’humiliation publique. Cette punition, au même titre qu’une gifle est un acte violent. Les psychologues affirment même qu’il s’agit là d’une sanction traumatisante. Nous distinguons deux types d’humiliation :
• l’humiliation physique où l’on révèle le corps et ses défauts devant témoins.
• l’humiliation psychologique ou morale où l’on révèle un manque de jugeote, une bêtise commise.
Dans Je ne suis pas un singe1, l’héroïne est à la fois violentée physiquement – elle se fait violemment retirer le slip par un garçon dans le vestiaire du gymnase de l’école – et moralement – cette scène se déroule en public, devant ses camarades de classe. L’agresseur n’est pas un adulte, mais un garçon violent qui pense s’affirmer, se montrer supérieur en ridiculisant les autres gratuitement.

LES DÉSIRS DE VENGEANCE : LA VIOLENCE INTÉRIEURE

Avant d’être effective, la violence existe en chacun de nous, elle dort, elle chauffe, elle se réveille, elle nous brûle et, parfois, elle explose. Il n’est pas toujours évident de« gérer >> cette violence intérieure. Il s’agit d’un fantasme, d’une violence fictive, qui existe cependant, et qu’il faut prendre en compte au même titre qu’une gifle, un coup de poing, un abus sexuel.
Cette violence intérieure peut parfois être beaucoup plus choquante qu’un tir de revolver, même si elle n’est pas effective. Quelle différence y a-t-il entre un crime d’enfant et le fantasme d’une enfant d’étrangler un camarade de classe avec ses lacets ? De ces deux violences, l’une est bien réelle alors que l’autre est purement imaginaire et ne prendra jamais effet. Qui n’a jamais détesté quelqu’un au point de penser à l’homicide ?Ibid.
Même si cette violence intérieure existe en nous, il nous arrive de ne pas la comprendre. Comment un enfant peut-il appréhender ce genre de situation ? L’auteur de jeunesse traite de plus en plus du sujet de la jalousie, de la méchanceté et du désir de vengeance ; une manière d’informer ou de rassurer le lecteur sur l’existence réelle de la violence en chacun de nous. Étant donné que cette violence intérieure ne s’exprime pas, ne se voit pas, le rôle de la littérature de jeunesse est de l’exposer, de la faire connaître aux enfants, et de leur donner des mots pour « dire », exprimer cette violence intérieure qu’ils ressentent parfois eux aussi, en eux.

Je ne suis pas un singe CLOU. Virginie): la violence engendre la violence

Dans ce roman, Virginie Lou tente d’expliquer au jeune lecteur que la violence existe en chacun de nous et qu’elle peut se déclencher à tout moment, dans n’importe qu’elle situation. Ici il s’agit de Joëlle, adolescente calme, voire chétive, qui est victime d’une agression dans le vestiaire du gymnase de son lycée. En effet, « le gros Didier » fait irruption dans le vestiaire des filles et baisse la culotte de Joëlle devant tout le monde. Suite à cet incident, Joëlle va voir monter la rancune, le désir de vengeance tout le long du roman. Ce traumatisme ne s’exprimera qu’à travers un silence pesant : Joëlle se refuse de parler de façon à garder le maximum d’énergie possible en elle pour le jour où elle se vengera de ce que Didier lui a fait. En quelques sortes, le long du roman, Joëlle consacre son temps à se concentrer sur sa vengeance et à penser à une manière d’effectuer son crime.
La violence est ici traitée comme un virus. Etant elle-même victime de la violence, Joëlle sent ce nouveau sentiment naître en elle et elle va se rendre compte que cette violence existe partout, en chacun de nous et peut éclater sans que l’on s’y attende. Après avoir elle même ressenti un besoin extrême de violence, Joëlle découvre qu’elle ne lui ressemble pas, que « la vengeance c’est pour les gorilles » et non pour elle, qui n’est pas un singe. Didier est assimilé à un gorille, car toute sa méchanceté vient de sa jalousie qui le rend malheureux ; amoureux de la jeune Elise, il s’est rendu compte du dégoût qu’elle éprouvait pour lui et de l’attention qu’elle portait au professeur de sport, et il agit donc avec violence. Virginie Lou est également directrice de la collection « Souris Noire » des Editions Syros, dans laquelle est sorti le roman. Cette collection étant accusée de véhiculer la violence avec plus ou moins de complaisance, Virginie Lou répond que l’important n’est pas une histoire bien faite mais c’est « la violence intérieure, une violence portée par les mots, par la syntaxe, le vocabulaire ». Je ne suis pas un singe est tout à fait représentatif de cela : Joëlle détaille ses sentiments, ses fantasmes dans les moindres détails, de manière à ce que le lecteur s’en imprègne pour comprendre le processus de naissance de la violence. Elle se décrit elle même comme une enfant habituellement sage mais explique qu’en ce jour, après avoir subi cette agression, elle n’est plus la même, « quelque chose a claqué » dans sa tête5. Ce roman évoque donc le cas d’une jeune fille complètement déstabilisée non seulement par la violence dont elle a été victime mais également par la violence qu’elle ressent en elle-même.

Le jour du meurtre (BEN KEMOUN. Huberf) : le sentiment amhipii de l’attraction/répulsion.

Il en va de même pour Antoine, personnage principal de ce roman. Ce jeune garçon, amoureux de Virginie qui a repoussé ses avances, décide de se venger et tente de trouver un plan pour la tuer. Comme dans Je ne suis pas un singe, le narrateur est le personnage principal qui souhaite se  venger d’un camarade de classe du sexe opposé. Cependant, contrairement au roman de Virginie Lou, Le jour du meurtre est une histoire d’amour, ou plutôt d’attraction /répulsion, les sentiments de haine/vengeance et d’amour étant étroitement liés.
L’image de Virginie est omniprésente dans l’esprit d’Antoine, même si cette image est celle de son assassinat

LES PERSONNAGES AGRESSEURS

La méchanceté et la violence sont-elles toujours intimement liées dans les romans pour la jeunesse ? Qui sont ces personnages agresseurs et comment un écrivain peut-il faire d’un personnage violent un héros? Ces deux notions ne sont-elles pas contradictoires ? Il faut distinguer héros et personnage ennemi du héros. En règle générale, la violence est caractérisée par le mal, la méchanceté. Cependant il arrive que certains héros agresseurs soient naturellement bons mais temporairement « possédés » par le mal qui les fait agir violemment.

Le héros est la victime

En règle générale, cet ennemi du héros-victime est dépeint comme un individu cruel.
Cependant, il arrive que l’auteur choisisse de le décrire comme une personne mal dans sa peau, déprimée, en quête d’un idéal qu’elle ne trouvera jamais, victime de cette agressivité.

Le personnage crue!

Dans les premiers contes pour enfants, les auteurs introduisaient systématiquement un personnage cruel à un moment donné du récit: une sorcière, un ogre, un grand méchant loup. Les contes d’aujourd’hui ont bien changé : l’ogre d’antan s’est transformé en petite sœur hystérique, en baby-sitter catastrophe ou en voisin sadique. Même si la forme change, le conte demeure un savoureux mélange de héros et de personnages méchants et cruels nourrissante de noirs desseins. Dans Les oreilles en pointe, le petit Raymond est terrorisé par ses parents et plus particulièrement par son père qui use de méthodes assez violentes pour punir son fils. Le tenant responsable du handicap de sa fille, le père de Raymond le frappe pour un oui, pour un non. Raymond est sans arrêt aux aguets : il tente d’appréhender cette violence imprévisible.
Son père ne se gène pas pour le qualifier de « gosse à la con », et pour dire « qu’il aurait mieux fait de se la couper ou d’aller se pendre ce jour-là »\ Non content d’être bourru et vulgaire, ce personnage est terriblement dangereux et représente une menace constante pour le héros.
C’est dans le roman de Malika Ferdjoukh Fais-moi peur que nous avons trouvée la représentation moderne de l’ogre, du monstre dangereux mais qui n’a rien d’un personnage légendaire, car bel et bien humain. Après avoir égorgé son propre chien, Monsieur N s’en prend à un vieux clochard qu’il soupçonne d’avoir été témoin du meurtre : il verse du rhum sur le vieil homme et lui jette une lampe à pétrole à la figure2. Persuadé d’avoir été épié par des enfants juifs, il se détermine à se rendre à leur domicile et à les éliminer. Leurs parents étant sortis, les cinq enfants de la famille Mintz apprendront à se défendre de cet homme qui les terrorise en essayant par tous les moyens de s’introduire dans la maison . L’auteur fait elle-même observer au lecteur que Monsieur N se comporte comme un ogre : « Il fourra le couteau dans sa poche, sa paire de bottillons sous le bras et s’extirpa de la pendule. La petite punaise – celle qui faisait tant d’histoires pour dormir – avait bien failli le surprendre ! Non que cela lui eût déplu de,disons, la faire… dormir définitivement (il en avait le moyen, et qu’auraient pu faire cent petits centimètres de haut contre une lame d’acier de dixhuit ?), mais il préférait agir avec méthode, les tuer tous pendant leur sommeil, tel l’ogre du conte ».

LA VIOLENCE COMME ÉLÉMENT DE RÉCIT

Certains auteurs font de la violence le sujet de leur livre : sans violence, haine, révolte, pas d’intrigue, pas d’histoire, pas de roman. A la lecture de Je suis méchant une question se pose : pour quels lecteurs et dans quel but Jean-Claude Baudroux a-t-il écrit ce roman ? Il est clair que le public visé est un public de garçons ; le héros est lui-même de sexe masculin, de nature bagarreuse et passe son temps à bricoler et à acheter des outils. Il est possible que l’auteur ait souhaité écrire un texte pédagogique. La violence ainsi décrite forme le lecteur à devenir un individu responsable, sociable et respectueux : le comportement du protagoniste semble absurde et fait son malheur. La violence est également la locomotive du roman : sans elle, pas d’intrigue, pas de récit..
Ainsi, même si ce roman a un caractère pédagogique, il en reste que l’auteur n’offre pas de solution pour la réinsertion de ce genre de personnage, et même si le roman finit assez bien, le héros semble continuer sa petite vie monotone et ennuyante -c’est à dire qu’il continue d’aller à l’école, sans faire de prouesses, alors que Marlène est dans les bonnes classes, et elle est « toujours trop belle et trop riche pour faire attention » à lui.
Le palais des claques est également un ouvrage dont l’élément moteur est la violence. Trouvant des abus dans les sanctions que prennent certains parents, un président de la République décide un jour de faire construire un palais où des châtiments seront distribués à tous les enfants et animaux, ceci de manière à contrôler la violence familiale. Les adultes, moyennant finance pourront eux-mêmes venir cogner leurs enfants ou ceux des autres en toute légalité, mais sous le contrôle d’un laquais. Il est inutile de préciser que cette réforme que le Président croit géniale se révélera être une monumentale erreur. Loin de contrôler la violence, elle fera naître la ruine, la révolte et l’anarchie.«D’abord, les parents à qui on interdisait de toucher leurs marmots allaient casser la figure à ceux qui prétendaient les remplacer. Ils ne toléraient plus qu ‘un tiers esquinte ou démolisse la chair de leur chair, le sang de leur sang.
Et puis les pères tape-dur, les mères la castagne dépensaient toutes leurs économies au Palais, et l’épargne populaire chuta au point de se tarir complètement. […] La loi voulant mettre un terme à la violence la propagea partout et provoqua des abus pires que ceux qu ‘elle prétendait guérir f.
Sans la violence il est évident que ce roman n’a aucune raison d’être. Même s’il se finit dans la paix et le bonheur, le lecteur tire une leçon de cette histoire : la violence, tel un animal sauvage, ne se domestique pas. Elle est nécessaire, vitale, mais doit s’effectuer avec le respect d’autrui. Le livre se conclut donc avec humour et gaieté : « La nouvelle formule inspirée par Matthieu et Baptiste stipulait que le Palais était ouvert à tous les citoyens de sept à soixante-dix-sept ans, qui devaient y accomplir un stage minimal de vingt week-ends par an. Ainsi, plus de discrimination : le châtiment, à force d’être démocratisé et partagé, ne pesait plus. Jeune ou vieux, homme ou femme, riche ou pauvre, chacun devait venir se faire tailler en pièces à date fixe, et nul n’avait le droit d’utiliser le Palais sans se soumettre lui-même au jeu. Le vrai communisme de la fessée ! Tel qui venait tabasser le samedi était cravaché le dimanche, à tout instant le châtieur pouvait être corrigé par sa victime. Cette parfaite réciprocité incitait les clients à modérer leurs prestations : on ménageait son prochain dans l’espoir d’être ménagé soi-même la prochaine fois qu’on passerait sur la chaise de torture.

LES EXPLICATIONS PSYCHOLOGIQUES DE LA VIOLENCE

La vengeance

Le dictionnaire encyclopédique de Larousse définit ainsi la vengeance : « n.f. Action de se venger ; mal que l’on fait à qqn pour le châtier d’une injure, d’un dommage ». La vengeance est assez présente dans la littérature de jeunesse mais aboutit assez peu à la violence elle-même, c’est à dire qu’elle n’existe que dans la tête du personnage, ou plutôt, il ne s’agit que d’un désir de vengeance. Cependant il arrive que le désir de vengeance déborde parfois sur une violence physique et le personnage qui génère cette vengeance représente souvent le méchant, l’ennemi du héros ; il s’agit très rarement du héros lui-même, car la vengeance est immorale. Même s’il arrive au héros de souhaiter se venger d’un autre personnage, il change le plus souvent d’avis après un retournement de situation et le roman peut se terminer paisiblement.
Dans le roman de Lancelot Les Gnomisnakars, ces petites bêtes ont donc décidé d’anéantir la race humaine pour se venger ; les humains auraient tenté d’exterminer les Gnomisnakars il y a des millions d’années. Ces Gnomisnakars sont commandés, telle une armée, par un roi, Bakitur . Ce roi gouverne ces petits hommes lions en réglant leurs pensées, en influençant leurs cerveaux pour les pousser à la violence. Cette violence fera bon nombre devictimes, mais comme il s’agit là d’un ouvrage de jeunesse, elle cessera avant la fin, et la paix entre les deux races sera rétablie grâce au héros Antoine. Il faut cependant noter que dans ce cas, la vengeance n’est pour l’auteur qu’un prétexte à la violence. Destinant son livre à un public de jeunes, l’auteur se devait de donner un sens à cette violence terrible. Le premier ressort de cette violence est le récit.

La pulsion

De nombreux cas de violence ont une origine purement psychologique : les agresseurs sont alors victimes de pulsions. Le dictionnaire de psychologie de Larousse définie la pulsion comme une force biologique inconsciente qui suscite une certaine conduite. Le sujet est dans un état d’excitation qui oriente son organisme vers un objet grâce auquel la tension sera réduite.
Les enfants sont parfois victimes de violences terribles de la part d’un membre de leur famille ou d’une personne qui leur est totalement étrangère, cela sans raison apparente. De nombreux enfants meurent chaque année des suites de mauvais traitement. Souvent l’alcoolisme, la misère, la tradition de violence sont à l’origine de ces mauvais traitements.
Les agresseurs sont en fait sous l’influence de leur inconscient et agissent avec pulsion. Ces derniers temps, les médias se régalent de faits divers affligeants qui traitent de violence familiale, de séquestration d’enfant ou de pédophilie pour ne citer que ceux-là. a1 la pulsion de violence.
Certains adultes qui agissent avec une violence extrême sont en fait malades, déséquilibrés : ils subissent une tension et ne supportent plus leur enfant. Dans Le jour du meurtre, l’auteur fait à plusieurs reprises allusion à la violence que Virginie subit chez elle.
Au début du roman, Antoine- le héros discute avec son ami Lionel, et lui donne son avis à propos de cette jeune fille.

LES EXPLICATIONS SOCIALES

La violence dans une société évoluée : Deux ânes et un pont (STEADMAN. Ralph)1.

Cet album destiné aux enfants de 4 à 7 ans décrit la naissance d’un conflit entre deux communautés. Théo et Dimitri sont les deux héros (enfants) de cette histoire ; ils habitent chacun d’un côté d’une rivière, ont tous deux un âne et se font signe l’un à l’autre de leur rive. Ils souhaiteraient jouer ensemble avec leur âne et il leur vient à l’idée de construire un pont. Ils demandent donc à leurs pères respectifs, tous deux maires du village, de leur construire un pont. Le rêve est devenu réalité et les deux enfants peuvent enfin se parler sans avoir à crier d’une rive à l’autre . Malheureusement, ce rêve se transforme en cauchemar : un paysan du village de Dimitri accuse les habitants du village de Théo de lui avoir dérobé un navet. Suite à cet incident, deux hommes du village de Dimitri se vengent en volant une citrouille à un paysan du village de Théo

La violence dans une société primitive : Sa majesté des Mouches (GOLDING. William!

La violence peut avoir des origines contradictoires ; elle peut apparaître dans des conditions de manque de liberté extrême, comme dans les prisons par exemple. La séquestration dans un endroit clos, la répétition quotidienne de gestes et d’habitudes, la cohabitation entre individus d’origines et d’âges différents sont des facteurs de violence évidents. Cependant, la violence peut également émerger dans une société qui ignore les interdits et laisse à ses membres une liberté totale. Il s’agit, en fait de la nature humaine. L’auteur William Golding explique que « la responsabilité du désordre dont souffre le monde actuellement n’incombe ni à une classe, ni à une nation, ni à un système : ce désordre n’est que la reproduction -sur une plus grande échelle- des réactions enfantines quand on laisse à celles-ci
pleine liberté de s’exprimer, dans les jeux par exemple. […] L’ennemi n’est pas audehors, mais en dedans »’. Le roman Sa Majesté des Mouches révèle donc que la violence n’est pas ailleurs mais en chacun de nous. De très jeunes « robinsons » se retrouvent naufragés sur une île déserte, paradisiaque et paisible. Livrés à eux-mêmes, sans aucune autorité adulte, ils se laissent gagner par la peur et la sauvagerie, et leur liberté les amène à dépasser tous les excès. L’absence de l’autorité et du soutien parental et les angoisses que génère une nature hostile et souvent inquiétante font naître une agressivité collective sans limite. Deux mondes s’affrontent : les chasseurs, violents et impulsifs, les décideurs, réfléchis et patients. Les chasseurs ne pensent qu’à s’amuser et à tuer, alors que les décideurs passent leur temps à entretenir un feu pour signaler leur présence aux bateaux passant aux alentours, de manière à tenter d’échapper à cet état primitif. Les premières victimes sont les cochons de l’île que les chasseurs égorgent sauvagement en criant : « A mort le cochon. Qu’on l’égorgé. Que le sang coule ». Les enfants se réjouissent d’avoir fait crier la bête, d’avoir vu le sang gicler et de s’en barbouiller le visage après la chasse. Le petit Ralph a beau se prononcer « chef », il n’arrive pas à se faire obéir et respecter des autres. Ces enfants se trouvent dans une situation ambiguë : ils sont à la fois exaltés, ivres de liberté et savourent cette dernière à  longueur de journée en jouant et en faisant la fête comme bon leur semble, et, d’un autre côté, une menace permanente pèse sur eux : ils ont peur d’un monstre imaginaire qui habiterait dans un coin de l’île. Ils partent à la chasse, à la recherche de ce monstre et lui font une offrande.

LES DÉNOUEMENTS DANS LE CORPUS DE LECTURE PRÉSENTÉ

Nous allons brièvement reprendre le corpus de lecture et analyser les façons dont se dénouent les différentes histoires à la manière de Ganna Ottevaere-van Praag, et les leçons que l’enfant lecteur peut tirer de ces lectures. L’histoire de la petite Julie qui ne sait pas Comment se débarrasser de son petit frère1 fait partie de la première catégorie : cette pauvre Julie est aussi malheureuse au début qu’à la fin du livre et les échecs qu’elle a accumulés en tentant de tuer le petit Martin ne lui ont pas servi de leçon, car elle est tout aussi déterminée à l’éliminer qu’au début du récit. La différence est peut-être que Julie espérait vraiment réussir son meurtre au début du livre alors qu’à la fin, même si elle a une nouvelle idée de manigance pour arriver à ses fins, elle a des doutes sur son aboutissement. Pour l’enfant de 5-7 ans2, il n’y a pas de morale manifeste à cette histoire. La petite Julie se construit un fouet et tente de dompter son chaton pour qu’il « montre les dents », l’emmène au zoo pour lui montrer des tigres, essaie de lui apprendre à être méchant, cela devant des parents béats et stupéfaits de la façon dont elle s’occupe de lui : « Les parents de Julie sourient. Comme elle est mignonne et gentille. Elle s’amuse tant avec son chaton ! Elle l’aime tellement. Elle s’occupe de lui toute la journée. Quelle adorable petite fille ! Pas besoin d’être sur son dos, de la surveiller, quelle délicieuse enfant ! »

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIER CHAPITRE : TYPOLOGIE DE LA VIOLENCE
I / La violence physique
1. Par les mains
a / Coups
b / Gifles
c / À l’école, on tire les oreilles
2. Par les armes
a / Armes à feu
b /Armes blanches
3. Par le feu
II / La violence morale
1. L’humiliation
2. Les menaces
3. Laprise d’otage
4. L’agresseur s’en prend à un symbole
III / Les désirs de vengeance : la violence intérieure
1. La violence engendre la violence
2. Le sentiment ambigu de l’attraction/répulsion
3. Le désir de vengeance contre tout un système
DEUXIÈME CHAPITRE : AGRESSEURS ET VICTIMES
1/ Les personnages agresseurs
1. L’ennemi du héros.
a / Le personnage cruel
b / Le déséquilibré
2. Le héros méchant
a / Le besoin de justifier sa propre violence
b / Le jeu d’un enfant
c / Le méchant malgré lui
II / Le statut de la victime
1. La victime résignée
2. La victime qui tente de s’en sortir
TROISIÈME CHAPITRE : LES RESSORTS DE LA VIOLENCE
I / La violence comme élément de récit
II / Les explications psychologiques
1. La vengeance
a / Les Gnomisnakars. (Lancelot, Oliver),
b / Pas de pitié pour les poupées b. (Lenain, Thierry)
2. La jalousie
3. La pulsion
a / La pulsion de violence
b / La pulsion sexuelle
III / Les explications sociales
1. La violence dans une société évoluée : Deux ânes et un pont
2. La violence dans une société primitive : Sa majesté des Mouches
QUATRIÈME CHAPITRE : LES LEÇONS DE LA VIOLENCE
I / Les dénouements dans la littérature de jeunesse
II / Les dénouements dans le corpus de lecture présenté
CINQUIÈME CHAPITRE : POURQUOI LA VIOLENCE DANS LA LITTÉRATURE DE JEUNESSE ?
I / La moralisation de la violence
II / Pourquoi la violence ?
1. Pour défier la censure
2. Pour expliquer l’Histoire
3. Pour se révolter contre la violence du système
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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