Pour une meilleure décontextualisation des apprentissages en langues vivantes lors de l’activité ritualisée

« Un enfant qui apprend sa langue natale le fait par pure nécessité, pour obtenir ce dont il a besoin, et ce par tous les moyens » (Weimer, 2020 : p.13) Il en va de même pour l’acquisition de langues étrangères. L’école est un lieu de rencontre inévitable avec les langues de par son obligation dans les programmes. L’apprentissage de ces langues peut se dérouler en classe cependant il répond à des besoins de communication des élèves en dehors de celle-ci. Dans les classes et particulièrement en France, l’activité ritualisée est devenue un des dispositifs pédagogiques favoris des enseignant.e.s pour enseigner les langues. Puisant ses caractéristiques dans les rituels en société, elle s’est tout d’abord mise en place dans les classes de maternelle pour se populariser par la suite à l’élémentaire dans les différentes disciplines.L’activité ritualisée est pratiquée dans l’objectif de faire progresser les élèves et d’automatiser certains apprentissages grâce au phénomène de répétition. En langues étrangères ce dispositif est souvent positionné au début de la séance créant ainsi une transition et marquant un changement. Sous forme d’un jeu de questions réponses de phrases pré faites entre un élève meneur ou l’enseignant.e et le reste de la classe, l’activité semble cocher toutes les cases d’un point de vue linguistique. Décrite comme une activité de communication dans les manuels, elle permettrait un réinvestissement des notions vues tout au long de l’année. Rassurant de par sa structure répétitive, sa prévisibilité et dans sa position fixe au sein de la séance, les programmes préconisent ce type d’activité au cycle 2 et 3.

Cadre théorique : le rituel 

Le rituel dans la société

La compréhension de l’institutionnalisation des rituels dans le domaine de l’éducation demande une compréhension de ce qu’il représente pour l’individu. La notion de rituel est née chez l’espèce humaine avant même que nous lui donnions un nom. La recherche a montré que dès la Préhistoire, les premiers hommes avaient des rituels bien définis. L’un des plus importants et qui le reste encore aujourd’hui est celui des offrandes lors d’un enterrement qui est apparu au Néolithique moyen. La définition de rituel a bien évolué au cours du temps mais aussi ses différents angles d’analyse comme l’affirme Thang Canh Nguyen.

« […] les rituels étaient auparavant analysés dans le contexte de la religion, des structures et des valeurs d’une société. Ils étaient considérés ensuite comme des textes dans une approche herméneutique. Récemment, ils sont étudiés principalement sous l’angle des pratiques rituelles pour la symbolisation culturelle et la communication sociale. » (Nguyen,2013 : p.84) .

En premier lieu nous allons nous attarder sur l’étymologie de ce mot. Le mot rituel dérive du mot rite. Du latin : ritus, le dictionnaire Larousse donne la définition suivante. Rite :

« Ensemble des règles et des cérémonies qui se pratiquent dans une Église particulière, une communauté religieuse » (Larousse en ligne. s.d.) .

Le mot rituel quant à lui est défini comme des ,

« Gestes, symboles, prières formant l’ensemble des cérémonies d’une religion » (Larousse en ligne. s.d.) .

Aujourd’hui, une grande partie de ces rituels sont toujours présents dans notre vie mais ont été transposés à “l’espace social” dit “profane” (lieu d’activité sociale, économique et domestique) sortant du “sacré” (temple ou église), selon les termes repris à Durkheim par Vidal. Le sociologue explique encore que ce qui définit en premier la notion de sacré c’est la présence de fidèles et donc avant tout son caractère collectif et donc la société.

« Le fidèle ne s’abuse pas quand il croit à l’existence d’une puissance morale dont il dépend et dont il tient le meilleur de lui-même : cette puissance existe, c’est la société » (Vidal, 2008 : p.3)  .

Dans sa publication, Keck explique dans son article “Goffman, Durkheim et les rites de la vie quotidienne”, ce que Goffman a apporté avec sa théorie. Il fut le premier à élargir clairement le rituel à la vie quotidienne puisque pour lui les actes quotidiens comme les rituels de politesse, conversationnels et les cérémonies formelles ont les mêmes effets sur les participants en les obligeant à se plier à certaines contraintes.

« Goffman bouleverse la conception durkheimienne du rite en l’insérant dans les situations de la vie quotidienne qui, tant qu’elles sont des interactions ordinaires en face-à-face, exercent sur les individus une contrainte aussi forte que les grandes cérémonies publiques. » (Keck, 2012: p.471) .

Le rituel dans le milieu scolaire

En tant qu’institution à part entière de notre société, nous avons transposé le rituel à l’univers scolaire. Nous pouvons même dire que ces rituels sont le début de l’apprentissage social de l’enfant comme le rappelle Françoise Hatchuel en citant les travaux de GEBAUER et WULF.

« La structure rituelle scolaire canalise le désir mimétique des élèves (…). Par leur caractère répétitif et de mise en scène, les attentes de l’institution s’ancrent dans les corps des enfants » (Hatchuel, 2005 : p.95).

Nous pourrions voir l’entrée à l’école comme une sorte de rite de passage où lors du premier jour d’école l’enfant endosse un nouveau statut : celui d’élève. Ainsi les rituels d’accueil permettent une transition comme l’explique Dumas.

« Ce sont souvent des activités de démarrage, des lanceurs de la journée scolaire, un moment de rupture, une sorte de sas entre la famille et l’école » (Dumas, 2010 : p.7).

Le groupe de travail DSDEN 28 rappelle en citant le travail de Baranger que les rituels scolaires permettent à l’enfant de trouver sa place au sein du groupe classe tout comme les rituels attribuent une place au citoyen dans la société.

« Dans le monde scolaire le rituel permet de s’approcher d’une vision du monde partagée par les adultes et les élèves…. Le rituel scolaire crée le sentiment d’appartenance le sentiment d’être partie du groupe, dans un espace partagé » (DSDEN 28, 2013)  .

La notion d’espace partagé est aussi très importante comme le souligne Patrick Baranger. Pour la première fois, l’enfant qui devient élève ne peut plus avoir une pensée seulement égocentrée. Il doit faire passer ses désirs et envies au plan secondaire au profit du collectif. L’enfant existe en tant qu’individu unique mais aussi au sein d’un groupe. Or pour former un groupe, les élèves ont besoin de repères qui vont passer par l’établissement de règles et de codes. Ces codes sont fixés par la société à travers les institutions scolaires et ses représentants qui ne sont autres que les enseignant.e.s. Les rituels sont donc une façon d’appréhender les notions de loi, de règles, de droit et de devoirs comme le précise Alain Marchive en reprenant les mots de Bourdieu dans “Les rites comme actes d’institution”.

« Dans leur fonction sociale, les rituels scolaires tendent à consacrer ou à légitimer une limite arbitraire. C’est signifier, à travers une pratique collective, ce qui est licite et ce qui ne l’est pas ; c’est un acte d’institution » [16] (Marchive, 2007 : p.598).

Par exemple, pour prendre la parole, l’enfant va apprendre à lever la main. A travers un rituel qui nous paraît anodin, se cache de nombreux enjeux de socialisation. Ce rituel scolaire pose souvent problème puisque l’enfant, comme précisé plus tôt, à l’habitude d’être centré sur lui-même. Socialement, ce rituel permet aux enfants une fois acquis de comprendre que si on veut s’exprimer et être écouté, on peut le faire mais en respectant aussi la parole de l’autre. Pour cela, il faut attendre son tour et être attentif à ce que dit l’autre.

Les rituels ne fixent pas que des statuts ou des règles. Ils permettent aussi d’aider les enfants à se structurer dans le temps et dans l’espace et de leur apporter une sécurité. Une journée se déroule plus ou moins de la même manière ce qui permet aux enfants de ne pas être dans l’inconnu. Le matin, l’enseignant.e les accueille au portail. C’est un moment de rupture spatio-temporelle entre la maison et l’école, le statut d’enfant à celui d’élève. A la fin de la récréation, les élèves se rangent avant de rentrer dans la classe. Cette action symbolise une transition entre deux lieux et deux moments différents. Une sorte de sas entre la cour de récréation où l’enfant est maître de ses activités et la classe où il doit faire les activités prévues par l’enseignant.e. Il permet aux élèves de retrouver une concentration et de se remettre en conditions psychologiques pour un retour aux apprentissages fondamentaux. A la maternelle, les enfants ont la notion du temps grâce à ces structures fixes. Nous pouvons exemplifier avec une situation vécue lors d’un de nos stages. Après le repas les enfants savent que c’est l’heure de la sieste. Lors de notre stage les enfants ont participé au à un atelier “Petit déjeuner à l’école” pour travailler sur l’équilibre alimentaire. Cette activité se déroulait dans la cantine dans laquelle les enfants ne vont que pour le repas du midi. C’est tout naturellement que certains enfants de petite section nous ont demandé si “c’était l’heure de la sieste”.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

1.INTRODUCTION
2. CADRE THEORIQUE : LE RITUEL
2.1. LE RITUEL DANS LA SOCIETE
2.2. LE RITUEL DANS LE MILIEU SCOLAIRE
2.3. LE RITUEL AU SERVICE DE LA DIDACTIQUE DES LANGUES VIVANTES : L’ACTIVITE RITUALISEE
2.3.1. Modèle type de l’activité ritualisée de début de séance en langue
2.3.2. Les caractéristiques du rituel que l’on retrouve dans l’activité ritualisée
2.3.3. Les didactiques cachées derrière l’activité ritualisée de début de séance
2.3.4. Parallèles et caractéristiques des méthodes MAO et SGAV dans l’activité ritualisée
3. LE CADRE INSTITUTIONNEL
3.1. LES RITUELS DANS LES PROGRAMMES
3.2. LA PHILOSOPHIE DES PROGRAMMES DE LANGUES ETRANGERES
3.3. LA PRECONISATION DES ACTIVITES RITUALISEES EN LV DANS LES DOSSIERS D’ACCOMPAGNEMENT
3.4. PRESENTATION DE L’APPROCHE ACTIONNELLE POUR UNE MEILLEURE DECONTEXTUALISATION
4. ANALYSE QUALITATIVE
4.1. CONTEXTE
4.1.1 L’école, la classe et les participants
4.1.2 Fonctionnement de la classe et méthodes pédagogiques
4.1.3 Lesséances de langues étrangères
4.1.4 L’activité ritualisée proposée par la méthode d’anglais et sa mise en pratique
4.2. ORGANISATION DE LA COLLECTE DE DONNEES
4.2.1. Les objectifs de la collecte de données
4.2.2. Méthodologie pour la collecte des données
4.2.3. Mis en place du dispositif
4.2.4. Déroulement du dispositif dans la pratique
4.3. ANALYSE DES DONNEES
4.3.1 Critère numéro 1: On retrouve dans toutes les traces écrites des mots et dessins en lien avec le vocabulaire de la météo
4.3.2 Critère numéro n°2 : Les élèves situent ce qu’ils entendent dans un contexte
4.3.3 La peur de se tromper
4.4. DISCUSSION
4.4.1 En quoi nos résultats répondent à notre problématique de recherche
4.4.1. Limites
4.4.2. Perspectives et recommandations pour une activité rituelle à la manière de la perspective actionnelle
5. CONCLUSION
6. BIBLIOGRAPHIE
7. ANNEXES
8. QUATRIEME DE COUVERTURE

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *