Pour l’étude du développent sanitaire et des thérapeutes traditionnels chez les peuples ongulé pro.jet de thèse

LE CONCEPT DE MEDECINE TRADITIONNELLE NOIRE

Cette partie sur La médecine traditionnelle noire a pour objectif de compléter l’approche historique des systèmes médicaux aborde en premier lieu avec le système medical occidental.
Avant d’analyser Ia construction du système medical a proprement parler quelques précisions quant au terme de tradition s’imposent.

LA NOTION DE TRADITION

L’emploi presqu’obligé du terme « traditionnel » en ethnologic peut presenter des dangers. Ce terme consolide un cadre de référence culturelle dans un système binaire tradition!modernité. Seule Ia culture occidentale considère les notions de tradition et de modernitC comme antinomiques. Dans notre sociCté on confond IHistoire avec Ic changernent. et l’on pense. a tort, que seul le changement fait l’Histoire. Dans les sociétës iraditionnelles d’Afrique du Sud oü Ia vie est pensée en terme de cycle. un CvCnement est le reflet d’un archetype. Le passé est toujours rCactivC dans le present. mais ccci n’implique pas que le present soit identique au passé dans la mesure oü nous n’avons qu’une « image orale » du passé.
Les critères les plus souvent avancés pour évoquer la notion de tradition implique plusieurs idées, dont entre autres:
– une position et tin mouvement dans le temps. c’est-à dire une survivance du passé dans le present. Mais au travers de ce mouvement nous avons l’oeuvre du present qui « se cherche une caution dans Ia passé ». Les ethnologues le savent, eux qui « étudient des sociétés qu’ils disent traditionnelles quand, justement et paradoxalement, us ne connaissent rien ou pas grand chose de leur histoire » (Pouillon. Op. Cit., 1975. p.159). L’idCe de tradition dans le sens oü « je fais ça parce que mes ancêtres le faisaient », exprime « la conscience que le groupe possède de son caractère structure: elle signifie que le comportement en cause renvoie a tous les autres et que le système global n’a d’autre justification que son existence même qu’on projette dans le passé » (Pouillon, Op. Cit., 1975, p.l6O). On voit ici l’importance du passé même si ce n’est pas le passé en tant qu’événement antérieur. mais Un passé en tant qu’explication et justification du moment present. Le concept de tradition est ambigu dans Ia mesure oU la notion de tradition serait plus rattachée aux efforts pour conserver certains faits qu’aux faits eux-mêmes. D’oU tine difficultC pour mesurer Ic degré de tradition d’une attitude ou croyance. L’Cnoncé n’est pas vrai parce qu’il est conforme a des habitudes du passé mais II sent jugé en fonction d’autres critères qui feront que Ia tradition « se constitue et se renouvelle perpetuellement par l’accumulation de vérités » (Boyer, 1986, p.369)33.
– dans le passé tout n’est pas tradition. La tradition renvoie a tin dépôt culturel selectionné, elle serait un filtrage du passé. MaiS si la tradition implique des faits sociaux qui participent a une certaine vision du monde ces faits n’en sont pas moms souinis a des changements (Idem. p.352).
– Ia tradition évoque un certain mode de transmission (Pouillon. Op. Cit.. 1975. p.160). Toute société. en effet, est traditionnelle mais cc qui les différencie entre elles ce n’est pas tant le degré de tradition qu’elles montrent que le mode de transmission (Pouillon, 1977, p.205)34. « La difference essentielle entre une culture orate et une culture écrite tient aux modes de transmission: la premiere laisse tine marge étonnamment grande a Ia créativité, mats tine créativité de type cycique, tandis que Ia seconde exige la reproduction exacte comme condition d’un changement positif » (Pouillon. Op. Cit.. 1977, p.208). PIus que la dichotomie « traditionnel » et « moderne », il faudrait confronter les termes et les notions d’oral et dCcrit (Goody. 1979, p.96)35. Nous pouvons Cvoquer ici Ia transmission du mythe chez les Lo Dagaa. L’idëe premiere est qu’il existe une seule version exacte du mythe mais les conteurs sontencouragés a y intérer des ClCrnents nouveaux ainsi qu’à en abandonner certains (Idem. pp.75-76). On a une creation continue dans une optique traditionnelle.
En accord avec Pouillon. nous sommes tentés de dire que Ia tradition est en fait Ic present qui constitue le passé. Elle est une rétroprojection dans le sens oU nous choisissons ce par quoi nous voulons être déterminés. En Afrique du Sud si Ia tradition est a notre avis le résultat d’une construction historique, die est aussi une utilisation du present en fonction d’eléments passes soigneusement choisis. Dans Ic domaine de Ia médecine, par le biais des associations de guérisseurs nous voyons une revendication culturelle. La tradition foumit ici une caution au present.
Mais Ic terme de tradition signifie aussi, pour ceiui qui tente de s’y conformer, l’expérience d’un groupe humain. « Elle est la somme de la sagesse détenue par une sociCté a un moment donné de son existence » (Zahan. 1980, pp.80-Si)36. Ce n’est pas un phCnomène statique. La tradition est aussi un moyen de communication entre les défunts et les vivants. Elle représente Ia parole des ancêtres. Les humains doivent a leurs morts devenus ancêlres l’acquisition du savoir et de la sagesse et une garantie d’authenticité a l’égard de la tradition. L’idéal est un passé sans faute qui se realise dans le present, une répCtition indélmie d’un passé normatif, passé enrichi a chaque instant du present. Une partie du sens de l’histoire se trouve dans les Cvénements historiques mais si ces derniers se rCpCtent il ne Ic font pas de maniCre identique. Tout cc que l’homme fait est un rebroussement et la pensée est retrospective. C’est en rebroussant chemin que i’on va vers l’avant. Ce qui advient dans notre existence est déjà passé. Les ëvénements que nous vivons sont le retour de quelque chose de déjà vécu mais sons une autre forme. La conception du temps est cycique. L’avant est ce que l’on a déjà traverse (Camara)37. A partir de ces points sur la tradition nous allons aborder plus spécifiquement comment s’est peu a peu developpee Ia mCdecine noire dite traditionnelle, en vigueur aujourd’hui dans les zones urbaines.

DEVELOPPEMENT DE L MEDECINE TRADITIONNELLE NOIRE

Nous avons vu dans le chapitre prcdent que les premiers contacts entre les Tswana et les Evan26listes a lieu vers 1820. Dans un premier temps, Ia médecine europëenne importëe par les missionnaires ne représente pas une menace pour les thërapeutes traditionnels. Si nous prenons le cas des Tswana, leurs thérapeutes sont habituës aux contacts avec les thrapeutes des ethnics rivales, et cc dans une optique de savoir plus tftendu. Les niissionnaires a cette époque reprësentent ni plus ni moms une nouvelle possibilitë d’acqurir un savoir plus grand. Les missionnaires étaient appe16s « Ngaka’38 et trouvaient ainsi leur place clans le système medical traditionnel Tswana. Un parallèle était trac6 entre le devin qui communique avec les ancétres et agit selon leur volonté et la relation que connait un missionnaire avec Dieu. Dans les deux cas le pouvoir vient d’êtres supérieurs et on les appelle par des « prières ». « Their new or different methods provided additional alternative treatments, and not something to replace Tswana medicine » (Fako. 1985. Op. Cit., pp. 207-208). Le système traditionnel n’est pas mis en cause dans Ia mesure oU l’Cchec d’une mCthode ne la discrCdite pas pour les occasions a venir. Dc même que le fait d’aller consulter un thtirapeute ne remet pas en cause l’efficacitë des autres. Une panic des objectifs du champ ma2ico-rei2ieux sont pragmatiques. II s’agit le plus souvent d’assurer la bonne sante de sa famille, de son bCtail, de sa communauté. Mais ii arrive que les invocations aux puissances superieures &houent et que les personnes continuent a tomber malade. Ccci conduit a Ia rotation et circulation de certaines formes de cultes. L’univers conceptuel d’une sociCté est alors repensC dans certains de ses aspects (Goody, 1979, Op. Cit., p.77). C’est dans ce contexte d’ouverture culturelle que les missionnaires arrivent.
DiffCrents facteurs vont contribuer a I’acception de la mCdecine occidentale de l’Cpoque. Les deux systèmes ont recours a des strategies de guCrison sirnilaires. Entre autres nous avons l’exemple de la saignée et des techniques d’inoculation contre Ia variole. Dans le premier cas, l’idée chez les européens est que le mal relève d’une distribution irrëgulière du sang. Chez les Tswana on pense que Ia maladie peut We causCe par un sang mauvais, trop épais ou trop fluide. …. Les thCrapeutes Tswana avaient souvent recours a l’application de ventouses (Fako. 1985. Op. Cit.. pp.198-201). Ces diffërentes similarités vont conduire la mCdecine occidentale a We utilisée comme un complement et non comme une substitution de Ia rnëdecine traditionnelle Tswana. Un dernier ë1rnent très important est que les missionnaires disent obtenir leurs pouvoirs de gutrison de Lear dieu et ii en va de mêrne avec les thérapeutes Tswana (« A16di711o »}39 (Idern. pp. I98-201).
Le chan2ernent au sein des systèmes culturels depend des inCcanismes d’innovation et d’ernprunt. Les changements qu’ont connu et que connaissent les diffCrentes populations noires d’Afrique du Sud ont lear source dans les contacts avec Ic monde occidental mais aussi, et on l’oublie souvent, dans les contacts inter-ethniques, qu’ils soient le rësultat des guerres tribales ou des « regroupements forces’40 (Cf. Carte N°6 p.30). 11 nous semble que de par les diffCrentes possibilites d’explication causale d’une maladie, le système medical traditionnel est ouvert. Dans Ia conception zulu un homme entretient une relation spéciale avec son environnement. Un individu est en équilibre avec un environnement spécifique, et c’est pour cela qu’il tombe souvent malade lorsqu’il voyage, on lorsqu’un étranger entre dans son environnement. Les thérapeutes traditionnels sud-africains ont une tradition d’echanges en matière de connaissances.
L’evolution de toute population implique le dCveloppement d’un système culturel qui soit stable. « Stability in systems reflects the conservative force of adaptation in which systems which have become well adjusted to their environment tend to maintain themselves through time. But change is also a constant feature of evolution, and no system is ever completely stable » (Alland, 1970, p.179)41. L’Cvolution est un impCratif 6colo2ique. « Human development can be described as the sum-total of processes whereby man adapts to the demands of never-ending change in all facets of his environment » (Bodenstein. 1974. p. 2509)42. Les guCrisseurs/devins traditionnels s’adaptent dans une certaine mesure aux changements, et ce de par lear tradition de contacts et d’échanges entre eux.
« Divination never results in a simple restatement of tradition to be followed blindly. It is a dynamic reassesment of customs and values in the face of an ever-changing world » (Peek. 1991. p.195)43. C’est par Ic phCnomène de divination qu’un equilibre est maintenu. Les valeurs auxquelles une sociCtC est le plus attachie sont adaptees a La rëalitC dans un processus de continuité. Le dCveloppement croissant du recours au devin dans les milieux urbains en est un exemple. Le devin est a La fois un interprète entre diffCrents mondes et Ic traducteur d’un certain mode de pensëe (Idem, p.195). Lorsqu’une sociCté est amente a repenser son univers conceptuel, dans le cas par exemple d’une thCrapeutique qui se rëvélerait inefficace bien qu’appliquëe en fonction d’une causalitC spCcifique, le role du devin est d’introduire de nouvelles formes de cultes en fonction des attentes de Ia communautë (Goody, 1979, Op. Cit.. p.77).
Si l’on s’inspire de Pouillon (1977, op. Cit.. p. 207), nous dirons que le fait de disposer d’un modèle. qu’il soit l’original ou une version importe peu. ouvre Ia voie aux changements. La transmission orale permet une crëativitC cyclique. c’est-à dire que les diffCrentes versions vont former un système et c’est le système qui va se reproduire. Ccci s’applique a l’ensemble culturel d’une sociCtC sans Ccriture. C’est son caractère systèmatique qui en assure sa transmissibilité (Idem. p.208).
La disparition de certains rituels est peut-être dft au fait qu’ils impliquent un recours a des remèdes et non La participation de toute La communauté. Les remèdes sous de nouvelles formes sont facilement intCgrCs. Bien souvent. lors des premiers contacts les comprimCs des « Blancs » ont figures parmi les choses CchangCes. Lors de notre travail de pr&enquSte, les discours recueilhis nous ont confirmé le fait que ies devins voient réguiièrement de nouveaux médicaments en rêve cc qui leur permet d’innover sans être remis en cause (Argyle. Preston-Whyte. 1978. pp.158159)4.
L’anthropologie médicale doit prendre en compte Ia maladie et les comportements qui s’y rattachent et les replacer dans une perspective Cvolutioniste et ecolo2ique. « . . .medical anthropologists attempt to illuminate the relationship between disease and behaviour, disease in an ecological context as an environmental stressor for all human groups, and behaviour in a micro and macro evolutionary context as ways in which human organize to define, athpt to and modify the environmental stressors impinging on their survival » (Hunter. 1985. p.1298)45.

CREATION ET ROLE DES EGLISES ZIOMSTES

Jusqu’a rdcemment. les rgimes post-coloniaux ont dans le domaine de Ia mddecine suivi pratiquement les mêrnes politiques envers les thërapeutes traditionnels que les gouvernements coloniaux (Feierrnan, 1986, p.210)46. Durant Ia colonisation tout problème « politique » devient un problème technique qui relève de l’administration coloniale. L’administration vient s’interposer entre les dirigeants locaux et Ic consentement public qui les légitime. II en rdsulte un affaiblissement du pouvoir et de l’autoritd des dëtenteurs traditionnels. On assiste de nos jours a une re-sacralisation du pouvoir par le biais de mouvements religieux avec a leur tête des chefs charismatiques (Balandier, 1984, op. Cit.. pp.188-192).

CREATION DE CES EGUSES

Bien avant l’arrivëe des occidentaux. les socidtës africaines dtaient sujettes aux changements (facteurs climatiques, facteurs environnementaux, guerres tribales, commerce. ..). ‘The history of adjusting to new experiences by marshalling into line the old order acquired a fresh impems with the availability of the vernacular Scriptures » (Sanneh. 1985. p.111).
.-\. l’origine. Ia notion de Dieu Supreme est peu ddveloppde chez les populations noires d’Afrique du Sud. Les premiers chrétiens africains sont rattachds a des missions blanches üü les préceptes ensei ntis sont essentiellement orthodoxes. Les premieres missions, titablies pour Ia plupart entre 1825 et 1835. titaient protestantes et 6vang6istes. Les anaiicans et les catholiques viendront ensuite. Dans ce contexte, l’idte de guêr son n’est pas très dveloppée et le rimel se resume a Ia prière et i !’onction48. La prCoccupation premiere 61ait de sauver des Irnes. Cependant si. au sein-mCrne de l’glise, des rituels de guérison n’avaient pas lieu, l’hopital va petit a petit devenir indissociable de Ia maison de Dieu, et dans [‘esprit des populations l’eglise et l’hopital allaient ensemble (1-lammond-Tooke. 1989. p. 135).
Les premiers groupes ethniques chez lesquels les missionnaires vont s’installer sont les Xhosa et les Sotho/Tswana. L’arrivée des premiers missionnaires coincide avec une pCriode de violence et d’insécuritt, de peur et de suspicion: affrontements entre les fenniers blancs et les Xhosa ou nguni du Cap, attaques des guerriers Zulu dans la province du Natal. A cette epoque les prophètes ont un role important notamment chez les Xhosa. Ces prophètes peuvent réagir positivement ou ntgativement aux idées chrétiennes apportées par les blancs. Certains acceptent ces idCes et en deviennent le porte-parole. D’autres exprirnent une rtaction contre les blancs et les idCes cbrétiennes. Dans ce dernier cas I’un des exemples les plus marquant est celui du « Cattle-Killing » (Le massacre du bCtail), qui eu lieu en 1857. D’aprCs les prophCties d’une jeune flue les ancêtres avaient promis de sauver Ic peuple noir de Ia domination blanche. Pour cela il fallait cesser toute activité de sorcellerie, flier tout le bCtail. dëtruire les rCcoltes et abandonner les activitCs agricoles. Un grand nombre de Xhosa crurent a ces messages ancestraux et suivirent les recommandations. Le résultat fut une famine au cours de laquelle des milliers de personnes perirent. Cet Cvtnement ainsi que d’autres auront raison de Ia rCsistance des populations a l’encontre des niissionnaires (Paw. 1974. p .417).
A partir de 1880 les Cglises chrCtiennes sont solidement Ctablies mais a ce moment apparaIt un mouvement separatiste au sein de l’Cglise. Les populations noires dCsirent avoir plus d’autononiie au sein des Cglises. Trois formes vont naltre: l’église ëthiopienne, l’église de type « sabbatarian-baptisv’, et l’Cglise zioniste (Paw. Op. Cit.. 1974. pp.419-420).
Ces ëglises indëpendantes seraient le resultat de Ia rencontre entre le message chrëflen et Ia reli2ion traditionnelle africaine. Les chrétiens africains ont construit leur propre et indépendante interpretation de l’Evan2ile (Becken. 1970-72. p.221). Cetle hypothCse du choc culturel entre la religion des Blancs et celle des Noirs est parfois complétëe par une autre qui veut que le role de ces Cglises soit de consolider Ia difference qui existe entre Ia position des Blancs et celle des Noirs, difference qui rCsulte du système de l’apartheid (Kiernam, 1974, pp.79.. 81)52. Si l’on prend la premiere hypothèse oü La creation de ces ëglises serait en partie due a une reaction contre Ia culture dominante blanche, on peut s’étonner du peu de propagande contre les Blancs au sein des activités religieuses: ces derniCres sont concentrCes stir la prière et la guërison. Ces eglises sont peut-être nées d’un mouvement de protestation contre les Blancs mais ii reste a prouver que ce ressentiment est exprimC collectivement au travers des offices et des rituels mis en place dans les églises ( Idem, p.81). II est cependant possible que le zionisme soit une réponse pratique a un ensemble de conditions économiques et politiques contre lesquelles les membres protestaient sans pour autant obtenir de modification. « Trapped within the constraining confmes of the apartheid state, it was destined to reiterate its message of estrangement and resistance » (Cornaroff, 1992. a.. p.80)53. La seconde hypothèse soulève de nombreuses questions dont celle du pourquoi vouloir installer des barriCres qui existent déjà et qui de surcroIt sont efficaces.
Le mouvement mere est Ia « Christian Catholic Apostolic Church in Zion » aux USA, créCe en 1896 au sein de Ia classe ouvrière a Chicago. L’idëe emit de soigner l’être humain en pleine destructuration a cause des pechCs du monde moderne. « Physical reconstruction would prefigure the restoration of an ‘original theocracy’, a medical rapprochement of man and spirit, church and state » (Comaroff. 1992. a.. Op. Cit.. p.81). En Afrique du Sud, tous les groupes zionistes. quelles que soient les variantes qu’ils offrent. cherchent a inverser I9mpact de l’état moderne sur leur monde: le premier élëment devant We modiflé est l’Cmigration forcée pour travailler (Idem, p.81). Le zionisme répond a un dësir de crëer un nouvel ordre social qui se situe entre les institutions traditionnelles en rupture (par exemple l’unité familiale qui n’existe plus avec les mouvements migratoires), et les structures de l’Ctat nCocolomal (ëglises protestantes. Ia creation des bantustans, l’Cconomie urbaine). « It incorporated elements of both local and external origine and revalued them in relation to each other, thereby creating a tertium quid – a discourse with its own distinct logic » (Idem, p.86).
Le postulat dont partent les zionistes est que Ic christianisme a etC apportC dans un premier temps aux Blancs mais qu’ils n’ont pas su rCpondre aux exigences. C’est maintenant l’homme noir qui a reçu une mission et elle s’exprime an travers des zionistes. Dans ce contexte les zionistes ne ressentent aucune haine envers les Blancs, tout au plus de Ia pitiC (Kiernam, 1974, Op. Cit., p.82).

LES PRINCIPES ZIONISTES

Les zionistes ont pour obligation de ne pas boire de bière ni de fumer. Ces interdictions sont les caractèristiques de Ia femme traditionnelle zulu. Son integration a un groupe de zionistes ne change en rien ses habitudes et Ia laisse donc libre de continuer a se mClanger avec les autres femmes. La seule restriction qu’elle doive parfois observer par rapport a ses compagnes non zionistes est l’interdiction d’avoir recours a un « umuthi » on rnCdicament traditionnel. « Outside of Zion is chaos and disorder crystallized in the indiscriminate use of umuthi » (Kiernam. 1974, Op. Cit., p.87). II n’en va pas de même avec les hommes. Le fait de fumier et de boire de Ia bière sont des activitCs inhCrentes a l’homme zulu et une fois zioniste ii doit enter de se mClanger avec les autres qui reprCsentent des influences nCfastes. Pour les zionistes Ia vile est un lieu de forces malCliques. La maladie vient de l’extCrieur. Un malade est une personne qui n’a pas respectC ses engagements zionistes. qui s’est mop approchCe du monde exterieur et des influences mystiques Cirangères. On retrouve ici dans un discours reigieux une notion « traditionnelle » déjà CvoquCe, a savoir celle de « piste » qui peut contaniiner une personne. La maladie est aussi souvent Ia consequence d’une conduite hors normes. « The aetiology of illness indicates movement across the boundary between Zionism and the secular world » (Kiernam, 1976, p.361)54. Les membres les plus vulnCrables sont les femmes qui peuvent se mClanger plus facilement aux autres femmes du monde exterieur (Kiernanit, 1974, Op. Cit.. p.87). Les interdits alimentaires se basent sur les restrictions du Leviticus. interprCtCes comme I’interdiction de consommer des aliments salesiimpurs. Nous retrouvons ici un parallèle avec la sorcellerie.
‘This linked indigenous notions of malevolent invasion with biblical injunction. yet its content, the specific avoidances themselves, served to separate Zionist activity both from ‘tradition’ and from protestant and colonial culture » (Comaroff, 1992, a.. Op. Cit., p.86).
Toute Ia vie quotidienne est basée sur la prière. « …so that much of zionist activity is concerned with the distribution of social and spiritual, rather than economic, rewards and with manipulating the moral and mystical bases of physical health » (Kiemam, 1976, p.357). On est en presence d’un syncrétisme oü « they combine a Biblical revivalism with African traditional practices in relation to illness and misfortune » (Idem, p.357). Leurs activités principales sont le prêche et la guCrison. Ces deux actions sont interdtpendantes: « Preaching properly culminates in healing, while healing in the absence of preaching is rendered ineffectual » (Idem. p.357). La parole « liturgique » est essentielle. « Car le verbe possède it La fois les caractëristiques de l’eau et de la chaleur: ii est puissance fëcondante » (Zahan. 1980. Op. Cit.. p.57). La Bible est toujours prdsente. Les actes de guêrison sont replaces dans un cadre institutionnel. Sans ce cadre le prophète zioniste n’a pas un statut different du devin (sangoma) ou du guCrisseur (invanga) dont les activitês sont considCrëes comme commerciales et mauvaises (Kiernam, 1976, Op. Cit., p.363). Les zionistes ëvitent de se prononcer ouvertement sur certaines traditions comme la polygamie. Le zionisme est une religion syncrétique qui a ses propres méthodes pour se défendre conire la sorcellerie, la magic ou d’autres dangers (Paw, Op. Cit., 1974, p.425).
La structure hiCrarchique entre les hoinmes et les femmes au sein de l’Cglise zioniste s’intègre plus ou moms a Ia vision traditionnelle de La sociCtC zulu. On peut Cmettre Yhypothèse qu’il existe un parallèle avec Ia structure du patrilignage zulu exogame oU l’homme est Ic pilier et la femme se trouve sur les côtés (Kiernam, 1974, Op. Cit., p.88). Le fait d’être aux côtés de l’homme ne diminue en rien l’importance de sa presence. En general un groupe zioniste est dirige par un évêque, un homme, responsable de l’administration de l’église, aide par des « officiels » et au moms un prophète qui est souvent tine femme. Le prophete est Ic chef charismatique du mouvement et celui vers qui les gens se tournent pour se faire pardonner etiou guerir. La thCologie s’appuie sur l’Ancien Testament et l’office se caractCrise par Ia creation d’Cmotions (attitudes ecstatiques, chants. …). L’administration est pour ainsi dire entièrement entre les mains des hommes mais sans la femme qui intervient dans Ic role du prophète le 2roupe zioniste est inconiplet. Les prophètes sont des guërisseurs qui peuvent prëdire et gutrir. Its peuvent être aides par les esprits ancestraux mais us reçoivent leur pouvoir de Dieu (Hammond-Tooke. Op. Cit.. 1989, p.l.36- 137). Dans le cadre des eglises zionistes les sacrifices ne sont plus dCdids aux ancétres mais a Dieu. Les ancêtres existent toujours mais us ne doivent plus faire l’objet de vCndration (Becken. 1970-72. Op. Cit.. p.221).
Un problème important de Ia vie urbaine contemporaine auquel repondent les Cglises zionistes est celui de la pauvretd. Le fidèle zioniste doit suivre tine ligne de conduite trés puritaine et sobre. « . . .it is clear that in practising the Puritan ethic Zionists possess a powerful weapon in moderating the worst effects of poverty » (Kiernarn, 1977, p.35)55. Les activitës d’un groupe zioniste « fulfills many of the functions of kinship groups in traditional Bantu society », cues permettent de rompre la monotonie de Ia vie quotidienne mais aussi de donner une forme de pouvoir a des personnes qui de par leur sexe, age ou statut gCndalogique n’y auraient pas droit dans la sociétë traditionnelle (Paw, Op. Cit.. 1974. p.426).

LÀ GUERISON DANS UEGLISE ZIONISTE

Le phdnomène de guërison spirituelle est recent. H est apparu avec les changements sociaux qui ont rdsulté entre autres des mouvements inigratoires et de l’activitC enseignante des missionnaires. La consCquence est un Clargissement des horizons cosmologiques Hammond-Tooke. Op. Cit., 1989, p.126). Dans un monde changeant et inquiCtant, les personnes ont besoin de toute l’aide possible et it n’est pas contradictoire dassister a un office chrCtien et une fois rentrd chez soi de procëder a un sacrifice aux ancêtres. La contradiction existe clans Fesprit scientifique occidental. La maladie est caustic par un dtistiquilibre dans Ia nature et dont les causes peuvent être multiples. « It all comes down to multiple treatments for multiple causes. Ritual becomes the enhancing ceremony » (du Toit. 1985, c.. p.176).
Le principe dC du pouvoir de gutirison zioniste est le contrôle de « umova » (Esprit) qui serait l’tiquivalent du Saint Esprit chrtitien. A l’origine Ic terme signifie le vent, l’air. Ia respiration. Ce n’est qu’après les contacts avec le christianisme quil a acquis ce nouveau sens d’ Esprit. « Uinova » correspond pour les chrétiens au Saint Esprit et ii sert aussi a designer La spiritualitC d’une personne (Berglund. 1989. p.85)57. Pris dans ce sens nouveau, l’Esprit a aussi héritC des qualites positives qui caractCrisent l’air et le vent. En effet ces elements font partis de Ia categoric des elements frais, ceux qui neutralisent les élCments chauds. dangereux. 9Umoya ‘ s’acquiert lors du bapteme par immersion. A Ia difference de la pensCe traditionnelle l’eau se voit ici attibuCe des proprietes curatives (Kiernam, 1978, pp.28-29)58. L’avantage de l’eau est quelie ne rCsulte pas de manipulations humaines et ne prësente rien de mystèrieux. Ce qui compte ce sont les paroles prononçées avec. Paroles prononçëes en public par une personne reconnue par l’ensemble de Ia communautd. Tout comme l’usage de Ia Bible que nous avons mentionné précedemment, cette attitude permet de replacer le rituel dans un cadre institutionnel. Leau avalée comme médicament est associCe a des cendres. Le mélange qui est bu est appelé isiwasho » (‘layer »), et son effet est de provoquer des nausCes et des vomissements (Idem. p.30). De nouveau, on retrouve sous un discours reli2ieux des notions existantes dans la mCdecine traditionnelle oü l’usage des purges et vomitifs est abondant. Ce mélange agit sur le contenu physique de l’estomac mais l’objecfif est aussi d’Climiner les mauvais esprits. L’attitude face a Ia maladie est, au scm de l’ëglise zioniste. similaire i celle qui a lieu dans la famille traditionnelle. Les membres de l’Cglise assistent, supportent et agissent de Ia même manière que les membres d’une famille face a la maladie ou a La sorcellerie (du Toit, c., Op. Cit., p.l55). Dans la conception traditionnelle, la maladie peut We d’origine naturelle mais cue a une base mystique qui demande une investigation et tine demonstration dans un contexte publique. La maladie est associCe a l’action sociale et c’est le rituel qui structure et articule cette action. La base des mouvements zionistes est cette perception de Ia maladie. « The common experience of disenchantement and the assumption of the mystical source of illness draw people into a mass catharsis through the crucible of conversion ( … ) healing gathers people from the margins of a diminished existence and brings them into inter-personal relationship » (Sanneh, 1985, Op. Cit., p.1 15).

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE I. FIISTORIQUE DU SYSTEME MEDICAL « TRADITIONNEL » El « OCCIDENTAL » EN AFRIQUE DU SUD 
A. Aperçu historique
B. Implantation de Ia bio-médecine
C. Le concept de médecine traditionnelle noire
La notion de tradition
Développement de Ia médecine Irrationnelle noire
D. Création et rôle des églises sionistes
Création de ces Églises
Les principes sionistes
La guérison dans l’église sioniste
PARTIE II. LA DIMENSION CULTURELLE DU CHAMP DE LA SANTE CHEZ LES PEUPLES NGUNI 
La sante dans une perspective culturelle
Définition du rôle et statut du crapahute traditionnel
Importance du milieu économique, politique et social
Phénomène de pluralisme médical
PARTIE III. POUR L’ETUDE DU DEVELOPPE[ENT SANITAIRE ET DES THERAPEUTES TRADITIONNELS CHEZ LES PEUPLES NGUNL PRO.JET DE THESE
A. Méthodologie
La pré-enquête
Difficiles inhérentes au terrain choisi
Les sources
Prolongement de La méthode dans le cadre dune thèse
B. Contexte politique contemporain de Ia médecine
C. Présentation d’un projet pilote
D. Projet d’analyse du programme
CONCLUSION
ANNEXES 
Objectifs generaux du programme
Contenu 2lobal des modules de formation
Programme dCtaillC de la formation destinée aux guCrisseurs
traditionnels
BIBLIOGRAPHIE
Généralités thropologiques et méthodes
Anthropologic de Ia sante
Afrique
CARTES

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