Potentiels habitats de conservation des singes à ventre rouge

Potentiels habitats de conservation des singes à ventre rouge 

Il ressort de l’analyse des résultats d’enquêtes réalisées dans les six villages riverains du complexe d’aires protégées à savoir : Tovégoé, Dévé, Siyimé, Tométy Kondji, Atchankéli et Gbowlé que le singe à ventre rouge est très bien connu (par tous les 39 chasseurs interrogés). Suite aux indications des chasseurs et des guides, toutes ces six zones et la forêt sacrée de Godjinmé (forêt sacrée située à 9 km environ du complexe d’aires protégées) ont été prospectées. Il s’agit essentiellement des forêts semi-décidues caractérisées par des lianes qui sont des lieux privilégiés de jeux pour la sous espèce et ses congénères. On distingue également des forêts galerie (surtout de la zone de Siyimé), des sanves ou encore des forêts dégradées et des cultures-jachères. La prospection dans les six zones (Tovégoé, Dévé, Siyimé, Tométy-Kondji, Atchankéli et Gbowlé) et dans la forêt sacrée de Godjinmé a permis de réaliser des observations directes des individus de singes à ventre rouge sauf dans la zone de Gbowlé malgré l’existence de quelques forêts galeries pouvant abriter la sous espèce. C’est dans cette zone que l’exploitation forestière des ligneux est la plus importante. Les essences naturelles (notamment les Pterocarpus erinaceus) sont sciées puis exploitées en bois de services et en bois d’œuvre ou transformées en pirogues pour être emportées au Bénin par le fleuve Mono d’une part, et utilisées pour la fabrication de charbon de bois d’autre part. C’est le cas d’Anogeissus leiocarpus qui est prisé dans ce cas. Non seulement, ces exploitants (majoritairement des béninois) impactent le complexe par leur exploitation, mais aussi par leur présence plus ou moins permanente grâce aux abris de fortune qu’ils construisent au sein du complexe pour y mener une vie de famille. A part ces six zones, d’autres zones également ont été pressenties aussi bien dans le complexe qu’en dehors. Ces zones feront objet plus tard de prospections à l’exception de la forêt fétiche de Godjinmé déjà prospectée avec succès. Les populations de primates sont soumises à de nombreuses menaces dont les plus récurrentes sont la dégradation des habitats (Edwards, 1992). La présence de singe à ventre rouge dans des forêts environnantes comme c’est le cas dans la forêt sacrée de Godjinmé dénote le degré de l’influence des activités anthropiques sur leur répartition spatiale. Ces activités amenuisent leur espace vital et accentuent leur isolement leur privant ainsi de brassage génétique nécessaire pour la dynamique de leur population. Le rythme sans cesse croissant et l’étendue des perturbations émanant des activités anthropiques amènent la sous espèce à s’adapter à des milieux dégradés comme les abords des champs les rendant encore plus vulnérables.

Taille des singes à ventre rouge et leur relation avec les autres primates dans le complexe et dans la forêt sacrée de Godjinmé

Dans le complexe

Nombre d’individus de Cercopithecus erythrogaster erythrogaster Gray et leur IKA Les observations ont été faites sur une distance de 250,14 km pendant environ 9 jours (213 heures). Ce qui a permis de dénombrer quatre-vingt-dix-neuf (99) individus. Etant donné qu’aucune méthode classique susceptible de nous permettre de calculer la densité absolue n’a été utilisée, seul l’indice kilométrique d’abondance (IKA) a été calculé. Il est de 0.39 individu par kilomètre.

Le résultat de quatre-vingt-dix-neuf (99) individus recensés a permis de confirmer non seulement leur présence dans le complexe d’aires protégées Togodo, mais aussi d’identifier leur zone de distribution dans le complexe. En effet, dans la partie nord du complexe où quatre-vingt-trois (83) individus ont été dénombrés, huit (8) contacts ont été enregistrés dont cinq (5) dans les forêts galerie, deux (2) dans les forêts claires et un (1) dans la savane/jachère. Quant à la partie sud, pour seize individus (16), cinq (5) contacts ont été notés dont deux (2) dans les galeries forestières, deux (2) dans les forêts claires et un (1) dans la savane. Ce qui confirme la présence régulière de cette sous espèce au Togo contrairement travaux de Sinsin (2002) et de Nobimè (2005) qui l’ont signalée que dans la partie béninoise du Dahomey Gap. Ces résultats viennent compléter les travaux de Oates (1994) et de Campbell (2005) qui, malgré leur prospection dans des conditions similaires n’ont pas réalisé des observations directes de la sous espèce au Togo même si Campbell (2005) déclare avoir entendu une vocalisation qui serait son cri. Ce qui montre toutes les difficultés en ce qui concerne les travaux d’inventaire des espèces rares ou endémiques dans les forêts denses semi-décidues où la visibilité est réduite et surtout dans une zone aussi perturbée par les activités anthropiques que celle du complexe d’aires protégées Togodo. La méthode d’inventaire du cercopithèque à ventre rouge (bien qu’elle soit une espèce forestière et endémique) ne peut pas se baser sur le comptage des nids qui ne nécessite pas le contact visuel avec l’individu comme c’est le cas des autres espèces rares telles que le chimpanzé et le gorille en République Centrafrique (Bloom, 2001); car, contrairement à ces derniers, les communautés des singes à ventre rouge ne construisent pas de nids. L’effectif de 99 individus du cercopithèque à ventre rouge dans le complexe confirme en partie le résultat de 9 individus inventoriés uniquement au niveau de la partie sud du complexe par Houngbédji (2010) mais dans des conditions un peu différentes comme la durée qui est de 72 heures seulement et la plupart d’observations faites depuis la berge béninoise. Cet effectif bien qu’inférieur à celui de la forêt de la Lama conforte l’assertion de Houngbédji (2015) qui estime que l’habitat source serait le complexe d’aires protégées Togodo par rapport à la dépression de Tchi (sud du Bénin) eu égard à son étendue (plus grande que la dépression de Tchi) et au nombre de potentiels habitats qui s’y trouvent. Sur cette base, on pourra dire que le spécimen envoyé à Mulhouse Zoo en France par le marchand Eric Fouchard serait extirpé du sud Togo. En effet, bien avant les années 90, le Togo était cité comme un modèle en matière de protection de la faune et de son habitat. Contrairement à la plupart des pays africains, le Togo n’a pas attendu la conférence de Rio pour se doter d’un département ministériel chargé de la gestion de l’environnement en 1987. Cependant, la gestion intégrale des aires protégées a connu ses limites avec leur envahissement par les populations riveraines révoltées pendant la période de transition démocratique entre 1991 et 1993. Ceci a contraint les animaux à fuir vers les pays voisins et vers d’autres habitats du Togo (Godjinmé par exemple). Les travaux d’Oates (1995) se sont déroulés juste après ces périodes troubles caractérisées par l’envahissement des aires protégées par les populations riveraines avec des conséquences drastiques sur la faune togolaise. C’est ainsi qu’une bonne partie de la communauté des singes à ventre rouge aurait quitté le complexe d’aires protégées et autres forêts pour se réfugier dans certaines forêts du Bénin voisin. La présence des singes à ventre rouge dans la forêt sacrée de Godjinmé montre qu’ils ne sont pas confinés seulement dans le complexe mais, ont une large répartition et peuvent se retrouver dans d’autres forêts présentant des similarités avec le complexe en terme de végétation.

Les résultats obtenus dans le cadre de cette étude dans le complexe d’aires protégées Togodo sont similaires à ceux obtenus par les travaux de Ségniagbéto et al. (2015). Des résultats similaires ont été également obtenus au Bénin en ce qui concerne la répartition de la sous espèce par les travaux de Nobimè (2008). Cependant, ils diffèrent des résultats obtenus par Houngbédji (2010) dans la partie sud du complexe au Togo. Pour un effort de prospection de 72 heures, il a recensé 9 Cercopithecus erythrogaster erythrogaster Gray. Cette différence peut se justifier par la durée courte de sa prospection pédestre et la taille réduite de la zone d’étude par rapport à la présente étude. Tout compte fait, l’hypothèse selon laquelle la taille des populations de singes à ventre rouge est faible eu égard aux nombreuses menaces anthropiques du complexe est vérifiée. Toutefois, on reste convaincus que des prospections plus rigoureuses prenant en compte plus de secteurs et la forêt fétiche Dékouvé révèleraient un effectif plus important des singes à ventre rouge que celui obtenu par la présente recherche.

Ethologie et alimentation 

Au cours des prospections, les individus des singes à ventre rouge ont été observés pour la plupart des temps en compagnie des Cercoptihecus mona. Ils ont su développer des stratégies de survie qui consistent à s’associer à ces derniers et en profitant de leur indiscrétion pour découvrir des substances nutritives et se protéger en se camouflant dans les sous-bois en cas de danger. Ils sont friands des fruits de Diospyros mespiliformis, Cola gigantea, Spondias mobin, Adansonia digitata, Bombax costatum, Vitex doniana, Elaeis guineensis et Mangifera indica plantés aux abords des champs.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
1.1. DESCRIPTION DE L’ESPECE
1.2. SYSTEMATIQUE DU SINGE A VENTRE ROUGE
1.3. ETUDES REALISEES SUR LA SOUS ESPECE DANS LE DAHOMEY GAP
CHAPITRE II : SITE, MATERIEL ET METHODES
2.1. SITE
2.1.1. Situation géographique du complexe d’aires protégées
2.1.2. Milieu naturel
2.1.3. Caractéristiques socio-économiques
2.2. MATERIEL
2.3. METHODES
2.3.1. Revue documentaire
2.3.2. Collecte et analyse des données
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1. EFFECTIF DE LA POPULATION DES SINGES A VENTRE ROUGE
3.1.1. Potentiels habitats de conservation des singes à ventre rouge
3.1.2. Taille des singes à ventre rouge et leur relation avec les autres primates dans le complexe et dans la forêt sacrée de Godjinmé
3.2. IDENTIFCATION DES MENACES SUR LA SOUS ESPECE, LES ATOUTS A SA CONSERVATION ET SUGGESTION DES NICHES ECOLOGIQUES POUR UNE CONSERVATION DURABLE
3.2.1. Menaces sur les populations des singes à ventre rouge
3.2.2. Environnement biophysique et culturel propice à la conservation de la sous espèce
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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