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Concepts sur l’exclusion sociale et sur la théorie de la hiérarchie des besoins
Qui parle de réinsertion évoque d’abord la notion d’exclusion. Avant d’aborder la réinsertion sociale et économique, il faut d’aborddisposer d’une certaine connaissance sur l’exclusion sociale qui permet de comprendre la situation générale. La théorie de besoins d’Abraham Maslow constitue un élément essentiel dans l’analyse de la position de l’ASA.
Elle permet aussi de situer et de définir l’intervention de l’Asa, en matière de satisfaction des besoins des groupes marginaux.
Selon Serge Paugam3
Le terme d’exclusion sociale, en tant que concept d’analyse, a fait son apparition dès 1969, à travers des publications liées notammen au mouvement ATD Quart Monde. C’était la période de prospérité économique en France, mais déjà certains sont restés sur le bord du chemin. C’est pour cette raison que Serge Paugam a déclaré que l’exclusion sociale est « la désillusion du progrès » A ce moment là, la notion d’exclusion renvoie essen tiellement à une notion économique. Elle est liée à la pauvreté. D’une façon générale, dans la pensée économique libérale, la pauvreté est considérée comme un phénomène individuel. La pauvreté est liée à l’exclusion d’un individu sur le monde du travail . Il suffit donc de remettre les pauvres au travail pour régler le problème.
Pour René Lenoir
En 1974, le livre de René Lenoir au titre évocateur« les exclus, un français sur dix » a le mérite de faire évoluer le concept d’une notion purement économique à la notion d’inadaptation sociale. Pour Lenoir, il ne s’agit pas d’un phénomène individuel, mais d’un phénomène social, qui trouve son originedans le fonctionnellement même des sociétés modernes, auxquelles certains acteurs, plus fragilisés pour diverses raisons ne sont pas préparés ou simplement non adaptés. Il enva ainsi des orphelins, des malades mentaux, des marginaux de par leurs activités professionnelles.
Cependant, la crise économique s’installant, le chômage (donc l’exclusion du monde du travail) devint une question centrale qui éclipse pour un temps la question de l’inadaptation sociale. C’est ainsi que le caractère instable des situations sur le marché du travail fait apparaître la notion de précaritéet la notion de trajectoire. La précarité dans le monde de l’emploi fragilise les acteurs qui adaptent individuellement leurs comportements
à travers une série d’ajustements de leur mode de vie et de leur style de vie. L’étude des diverses adaptations aux contraintes qui pèsent sur eux permet d’établir le lien entre précarité et exclusion. Le terme « exclusion » se rapportait également aux diverses catégories de gens qualifiées de « cas sociaux » et qui ne bénéficientd’aucune protection sociale. L’exclusion sociale dans ce contexte se réfère à un processus de désintégration sociale, dans le sens d’une rupture progressive des relations entre l’ind ividu et la société.
Pour Père Joseph Wresinski
Le terme d’ « exclusion » 7 a été largement diffusé dans la littérature scientifique et les médias, le rapport du Père Joseph Wresinski auConseil Economique et social « Grande pauvreté et précarité économique et sociale » de 5819 a marqué que la société ne saurait pour autant être envisagée comme divisée en deuxd’un: côté les « exclus » et, de l’autre, les « inclus ». La situation des exclus est multiple. Les concepts de « déclassement » selon Pierre Bourdieu, ou de « disqualification sociale », selon Serge Paugam ou encore de « désaffiliation » selon Robert Castel, montrent mieux comment de plus en plus de personnes ,qui se trouvent en situation de grande vulnérabilité sociale, en finissent par se trouver « déclassés » ou « disqualifiées » en tantque membres de leurs catégories initiales d’appartenance. De par cette définition de Père Joseph Wresinski, l’exclusion sociale correspond à un « manque d’appartenance, au fait de ne pas être accepté et reconnu ». Les gens qui sont socialement exclus sont plus vulnérables économiquement et socialement. Par conséquent, ils ont tendance à avoir des expériences amoindries dans la vie.
Changements économiques et sociaux
Généralement, les causes de l’exclusion sociale ont rapport aux changements économiques et sociaux dans les pays à économie demarché libre, ainsi qu’aux faiblesses des politiques et services de l’Etat. Etant donné que les gens qui sont socialement exclus sont vulnérables, certains d’entre eux peuvent décider de s’affirmer ou de réagir de manière inappropriée. Une étude au Royaume–Uni a conclu qu’un nombre disproportionné de crimes est commis par des individus qui sont socialement exclus.
le manque de la capacité de projection de l’avenir
Pour les familles se trouvant dans la catégorie plus vulnérable, penser en termes de projet à long terme est extrêmement difficile. Les projets sont le plus souvent du domaine du rêve : avoir une maison, avoir un commerce sontperçus comme tels. Cet imaginaire limité est dû au fait que ces familles en grande précarité sont conscientes qu’il n’existe que très peu de moyens dont ils pourraient disposer pour leur permettre de réaliser ces rêves. Faire des projets nécessite la mise en œuvre des mo yens pour les atteindre, mais comment ces familles en grande précarité pourraient – ellesimaginer réellement qu’un tel avenir soit possible pour elles alors qu’elles ne peuvent même pas épargner les quelques Ariary quotidiens pour nourrir convenablement leurs enfants ? La question de penser à moyen ou à long terme est en effet directement liée à la sat isfaction, dans un contexte de relative sécurité, des besoins essentiels aussi bien physiques (se loger, manger) qu’affectifs. Dès lors que les conditions de cette relative sécuriténe sont pas remplies, les acteurs sont contraints de dépenser leur énergie à trouver des olutions à très court terme. L’acceptation de son sort en plus de la passivité, ce que Gaulejac appelle « l’installation de sa condition » sont des signes d’exclusion. Le fait que les acteurs sont directement victime de cette obligation de penser à très court terme est également un signe précurseur de l’exclusion sociale lorsqu’il perdure longtemps 8.
Principes de base du processus de réinsertion
Un processus de réinsertion réussie repose sur l’interdépendance de 5 principes de base dont la réalisation se doit de manière progresive.
Tester la motivation
Elle est appelée également phase probatoire. Pour viteré tout changement d’avis ou toute diminution de la motivation pendant le processus de réinsertion, un programme de réinsertion doit être accompagné d’une préparationpsychologique des familles sur les changements exigés par la phase d’observation (phase 1). Cette phase initiale prépare psychologiquement les familles aux changements exigés pendant leurs parcours de réinsertion.
Privilégier l’approche sociale
Au moment des premiers contacts, la plupart des sans –abri sont très marginalisés et incapables de reprendre une vie sociale classique. La réintégration dans la société nécessite l’acceptation de ses règles. Autrement dit, il s’agit d’une réadaptation sociale par immersion progressive des familles dans un nouveau mode de vie Les séances d’animation socioculturelles ainsi que les différentes démarches pour la régularisation de la situation administrative sont les bases fondamentales d’une réinsertion réussie. La méthode permet d’abord de se concentrer d’abord sur les personnes en tant qu’individus afin de leur faire retrouver confiance en elles. Ensuite, l’attention est portée sur la personne en tant que membre d’une famille puis d’un groupe, et sur le rô le qu’elle peut y jouer ; enfin la personne est amenée à se projeter dans un autre contexte tel l’intégration dans le milieu environnant.
Prise en considération de l’individu
La méthode permet de se concentrer d’abord sur les personnes en tant qu’individu, afin de leur faire retrouver confiance en elles .Ensuite, l’attention est portée sur la personne en tant que membre d’une famille, puis d’un groupe, et sur le rôle qu’elle peut y jouer.
Enfin, la personne est amenée à se projeter dans un autre contexte tel l’intégration dans le milieu environnant.
Développer leur autonomie
Grâce à un apprentissage agricole approfondi, la mé thode permet d’amener à la terre des personnes qui ont acquis les bases essentielles du métier et qui peuvent rapidement être efficaces. Elles ont également appris progressivement à compter sur leur savoir –faire, leurs compétences, leurs propres forces .Elles ne sont donc pas en attente d’une aide extérieure qui décidera pour elles, maiselles sont au contraire motivées par la possibilité d’être maîtres de leurs terres, conscientes que le résultat dépendra de leur travail.
Privilégier la liberté du choix du bénéficiaire
Le principe de base sur lequel repose le fonctionnement et le déroulement de tout ce programme est que chaque famille adhérant aux processus de réinsertion dispose d’un libre choix de continuer ou de quitter le programme à tou t moment.
Analyse des facteurs de réussite de la réinsertion
Plusieurs facteurs doivent être réunis pour garantila réussite d’une réinsertion sociale et économique. Cela exige une synergie d’action entre les différentes entités, sinon il est difficile d’obtenir un bon résultat. Les différentes dimensions suivantes doivent être mises en exergue :
Dimension psychologique13
Cette dimension est à la base des facteurs, c’est l ’état d’esprit qui dirige l’individu de réaliser ou de ne pas faire quelque chose, de prendre une décision. Dans le cas d’une réinsertion sociale et économique des groupes défavorisés, où ils ont un esprit de dépendance, cette réparation plutôt psychologique est primordiale. Cette réparation leur permet de réfléchir sur leurs vies et de penser àleur avenir. Après, ils peuvent choisir les chemins qui leur conviennent, c’est là que la polit ique de la réinsertion proprement dite intervient. Cette politique consiste à offrir une g amme de moyens. Pour l’ASA, l’exploitation agricole et l’élevage constituent des moyens pour la réinsertion ; plus précisément de la réinsertion en milieu socioprofessionnel. Les familles qui ne sont pas persuadés du travail de la terre, comme quelques PST et FGD rencontrent des différents problèmes. Tandis que ceux qui sont déjà préparéssychologiquementp au travail de la terre se développent.
Dimension politique
Il s’agit d’établir une politique afin d’atteindre l’objectif fixé. Elle cherche les différents moyens pour arriver au but. Il fait appel à des différentes stratégies et tactiques. Avant d’établir une bonne politique, l’analyse de la situation s’avère primordiale. Dans le cas d’une telle réinsertion, une analyse pertinente de la situation est à la base du fondement de la politique. En tant que politique, il faut faire une anticipation rationnelle de l’avenir, cela réduit l’effet de surprise et rapproche la réalité aux objectifs. Il faut faire attention dorénavant qu’il s’agit d’une science humaine, alors que la politique doit être flexible et capable de s’adapter aux différents événements.
Dimension culturelle
Le respect de la culture de chaque famille fait partie d’une stratégie de réinsertion sociale et économique. La mise en confiance entre l’ASA et les familles n’aura pas lieu sans le respect leur culture. La stratégie de réinsertion doit s’intégrer dans leur culture pour que le changement ne doit pas drastique. La confrontation de deux cultures : « l’ASA et familles » dégage une culture consensuelle et facilite la démarche de réinsertion. Ce respect de culture doit avoir lieu dès l’animation de rue (pré casa) où il y a le premier contact entre les deux.
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Table des matières
Première partie : PRESENTATION DES OUTILS CONCEPTUELS ET DE L’ASSOCIATION ASA
Chapitre1 : Cadre théorique
Section 1 : Cadre conceptuel
1.1. Définition sur les sans-abri
1.1.1. Simple signification
1.1.2. Les « sans protections »
1.1.3. Des familles en grande difficulté
1.1.4. Exclusion
1.2. Concepts sur l’exclusion sociale et sur la théorie de la hiérarchie des besoins
1.2.1. Concept sur l’exclusion sociale
1.2.1.1.Définitions
A- Selon Serge Paugam
B- Pour René Lenoir
C- Pour Joseph Wresinski
1.2.1.2.Causes de l’exclusion sociale
A- Changements économiques et sociaux
B- Dans le contexte de la pauvreté extrême
a. le manque de la capacité de projection de l’avenir
b. l’altération de l’estime de soi
c. les violences et pratiques déviantes
d. la santé des familles en grande précarité
1.2.2. Concept sur la théorie de la hiérarchie des besoins (Maslow en 1954)
A- les besoins physiologiques
B- les besoins de sécurité
C- les besoins d’appartenance
D- les besoins d’estime
E- le besoin d’identité
F- la réalisation
Section 2 : Etat des lieux de la réinsertion
2.1. Définition
2.1.1. Concept de la réinsertion
2.1.2. Définition de la réparation (repairing)
2.2. Principes de base du processus de réinsertion
2.2.1. Tester la motivation
2.2.2. Privilégier l’approche sociale
2.2.3. Prise en considération de l’individu
2.2.4. Développer leur autonomie
2.2.5. Privilégier la liberté du choix du bénéficiaire
2.3. Facteurs de réussite de la réinsertion
2.3.1. Analyse des facteurs de réussite de la réinsertion
2.3.1.1. Dimension psychologique
2.3. 1.2.Dimension politique
2.3.1.3. Dimension culturelle
Chapitre 2 : Cadre général de l’Association ASA
Section1 : Cadre institutionnel
1.1. Cadre juridique
1.2. évolution historique
1.3. Généralités des ménages concernés par le projet ASA
1.3.1. La catégorie 1 : les familles sans –abri (FSA)
1.3.2. La catégorie 2 : les familles en grande difficulté (FGD)
1.3.3. La catégorie 3 : les paysans sans terre (PST)
1.4.. Formulation des objectifs et stratégies
1.4.1. Objectifs
1.4.2. Missions
1.4.2.1. Réinsérer socialement les familles cibles
1.4.2.2. Permettre à l’ensemble de ces familles de tirer des revenus suffisants et de trouver leur autonomie
1.4.2.3. Améliorer le savoir – faire des artisans et la qualité de leurs produits
1.4.3. Stratégies
1.4.3.1. Dans le cadre de la réinsertion rurale
1.4.3.2. Dans le cadre de la réinsertion urbaine
Section 2 : Structure de l’Association ASA
2.1. Organigramme
2.1.1. Organigramme de l’ASA
2.1.2. Organigramme détaillé pour l’axe réinsertion rurale
2.2. Fonctionnement
2.2.1. Le conseil d’Administration
2.2.2. L’exécutif
2.2.2.1.Organisation générale de l’ASA
2.2.2.2. L’axe réinsertion rurale de l’ASA
2.3. Les ressources
2.3.1. Les ressources humaines
2.3.2. Les ressources financières
Deuxième partie : BASE D’UNE POLITIQUE DE REINSERTION ET IMPACTS DU PROCESSUS QUANT A LA REINSERTION EN MILIEU RURAL DES FAMILLES DEFAVORISEES
Chapitre 3 : La base d’une politique de réinsertion sociale et économique et Le processus de réinsertion socioéconomique selon la démarche de l’ASA
Section1 : Importance d’une stratégie de réparation
1.1. La stratégie de réparation dans la réinsertion initiée par l’ASA
1.2. Le préalable d’une stratégie de réparation dans la réussite de la réinsertion
Section 2 : Processus de réinsertion socioéconomique des familles en grande précarité
selon la démarche de l’ASA
2.1. Réinsertion progressive initiée par l’ASA
2.1.1. Phase préparatoire (PRECASA)
2.1.2. Phase d’observation et d’initiation (CASA 1)
2.1.3. Phase d’apprentissage (CASA2)
2.1.4. Phase d’application de l’apprentissage (CASA 3)
2.1.4.1. Phénomène de villagisation
2.1.4.2. Autosuffisance alimentaire
2.1.4.3. Désengagement de l’ASA
Chapitre 4 : Analyse de l’impact du processus de l’ASA quant à la réinsertion en milieu rural des familles défavorisées
Section1 : les impacts positifs de la réinsertion : La réussite de la réinsertion
1.1. Le développement de l’aspect socioculturel
1.1.1. La satisfaction des besoins fondamentaux
1.1.1.1.L’accès à un habitat viabilisé
1.1.1.2. Accès à une alimentation régulière
1.1.1.3.Don de vêtement
1.1.2. Possibilité d’accès à un enseignement primaire et secondaire et à une formation professionnelle
1.1.2.1.Formation des adultes
1.1.2.2. Possibilité d’accès à un enseignement primaire et secondaire
1.1.2.3. Accès à la santé
1.2. Le développement économique
1.2.1. Croissance du niveau de revenu des paysans
1.2.2. Amélioration du niveau de vie
1.2.2.1.Habitat viabilisé et doté d’éclairage
1.2.2.2.habillement : paramètre d’évaluation du niveau de vie des ménages
1.2.3. Capacité de dotation de matériels nécessaires et de financement soutenu
1.2.4. L’autonomie des familles
1.2.4.1. Autonomie comme désengagement
1.2.4.2. Autonomie dans le domaine social et alimentaire
12.5. La situation administrative des familles régularisées
Section 2 : Les points de vigilance du projet de réinsertion
2.1. Problèmes socioéconomiques
2.1.1. Dépendance à l’aide
2.1.2. Absence de motivation au suivi des activités de l’ASA
2.1.3. Conflits conjugaux
2.1.4. Problème de débouchée des récoltes
2.1.5. Le désintéressement à l’activité agricole
2.1.6. L’insécurité rurale
2.2. Les retombés de l’organisation de la réinsertion initiée par l’ASA sur les ménages concernés
2.2.1. Au niveau de la stratégie de réparation
2.2.2. Au niveau d’insertion professionnelle
Troisième partie : RECOMMANDATIONS ET PERSPECTIVES
Chapitre1 : Proposition de recommandations
Section1 : Etablissement des outils d’évaluation
Section 2 : Acquérir les qualifications nécessaires
Section 3 : Modifier leurs attitudes et habitudes sociales et psychologiques
Section 4 : Participer activement à l’élaboration de leur système économique et social
Section 5 : Autres modalités à suivre dans la mise en place d’une réparation
A- le renforcement des compétences des intervenants
B- ouvertures d’autres AGR
C- l’exploitation agricole comme axe de réparation économique
Chapitre 2 : Perspectives : Stratégie de pérennisation du projet
A- programme d’amélioration
B- Condition de viabilité de la stratégie de réinsertion
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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