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Lโurbanisme
Dans la suite de ce chapitre, les rรฉfรฉrences historiques รฉvoquรฉes ร titre dโillustrations concernent prioritai-rement la France lorsque lโรฉchelle nโest pas prรฉcisรฉe.
Dรฉfinition Dโaprรจs lโEncyclopรฉdie Larousse1, lโurbanisme peut รชtre dรฉfini comme lโaction rรฉflรฉchie visant disposer, ร amรฉnager ou ร restructurer physiquement et socialement lโespace en vue dโassurer lโunification la plus harmonieuse et la plus efficace des fonctions que remplit un site donnรฉ. Il est insรฉparablement une thรฉorie et une pratique dont lโexercice entraรฎne le recours ร une technique. Lโurbanisme intervient dans la disposition des bรขtiments, la structure des rรฉseaux de communication et des รฉquipements publics, et, plus gรฉnรฉralement, dans lโamรฉnagement du territoire urbain.
En France, les premiers urbanistes sont apparus au tout dรฉbut du 20รจme siรจcle et cette appellation รฉtait alors essentiellement rรฉservรฉe aux architectes. Dโailleurs, LE CORBUSIER (architecte urbaniste, de son vrai nom Charles รdouart Jeanneret) soutient dans ยซ Maniรจre de penser lโurbanisme ยป publiรฉ en 1946 que ยซ lโurbaniste nโest autre chose que lโarchitecte ยป. Toutefois, lโouverture de lโurbanisme ร la sociologie et lโรฉconomie a progressivement permis de remettre en cause un tel formalisme. De nos jours, le mรฉtier dโurbaniste est exercรฉ par des architectes, des ingรฉnieurs, des administrateurs, des sociologues, des gรฉo-graphes et des รฉconomistes. Lโurbaniste ne prend pas les dรฉcisions : il se situe au niveau de la conception et de lโorganisation des transformations de lโordre spatial dans le cadre de procรฉdures administratives et de rรฉglementations juridiques relatives ร lโacquisition et ร lโutilisation des sols.
De la planification des villes ร lโurbanisme FRANรOISE CHOAY, historienne des thรฉories et des formes urbaines et architecturales, explique que les doctrines de lโurbanisme se fondent sur une analyse formali-sรฉe des besoins et des conditions de la rรฉalisation urbaine [43]. Ce serait donc le caractรจre analytique des contraintes et des besoins qui distinguerait lโurbanisme des pratiques antรฉrieures de planification des villes. Comme lโindique la Figure 2.1 , les principales diffรฉrences entre la planification des villes et lโurbanisme sont la disparition des rites de crรฉation et lโintroduction de deux phases majeures prรฉalable au projet propre-ment dit : lโanalyse de la situation existante qui doit conduire ร un diagnostic et une phase de programmation urbaine qui peut รชtre sommaire ou trรจs รฉlaborรฉe. De plus, il y a dรฉsormais itรฉration lorsque la croissance est continue : une fois un morceau de ville produit, le site urbain est modifiรฉ et il faut reprendre le processus au stade de lโanalyse et du diagnostic.
De lโutopie ร la rรฉalitรฉ La transformation de la sociรฉtรฉ passe par lโinvention de formes urbaines nouvelles. JEAN-BAPTISTE ANDRร GODIN, disciple de CHARLES FOURIER 2 et fabricant de poรชles ayant fait fortune dans lโindustrie, dessine les plans du Familistรจre de Guise [213] quโil construit ร proximitรฉ de son usine ร partir de 1859 : une vรฉritable ville dans la ville oรน vivront pendant prรจs dโun siรจcle jusquโร 2 000 personnes. Il sโagit dโun ยซ palais social ยป qui vise ร assurer le dรฉveloppement moral de lโouvrier et de sa famille et dans lequel les ouvriers disposent dโun confort รฉtonnant pour lโรฉpoque : ยซย un allรจgement aux souffrances des classes ouvriรจresย ยป.
Des citรฉs ouvriรจres aux lotissements populaires Pour รฉviter les problรจmes dโรฉloignement ร une รฉpoque oรน le transport individuel et collectif est inexistant, dโautres patrons pragmatiques construiront ร proxi-mitรฉ de leurs sites industriels des logements pour leurs employรฉs les plus mรฉritants. Mais ce modรจle est rapidement critiquรฉ car, en concentrant les ouvriers, le logement collectif devient ยซย foyer dโimmoralitรฉย ยป ou ยซย phalanstรจre de la misรจre et du crimeย ยป, selon certains contemporains. La maison individuelle paraรฎt alors รชtre la solution car elle permet dโรฉviter une trop grande concentration de familles ouvriรจres, politiquement et moralement dangereuse :
elle permet ร lโouvrier dโamรฉliorer son ordinaire grรขce au jardin ;
dโoccuper ses heures de loisir de maniรจre ร รฉviter quโil ne frรฉquente les cabarets ;
de stabiliser la famille en le rendant propriรฉtaire, donc responsable.
Cโest ainsi que naquirent les premiers lotissements populaires.
รmergence du logement social Cโest au cours du 20รจme siรจcle que le logement social va se dรฉvelopper, avec lโapparition dโune exigence nouvelle qui va profondรฉment modifier la ville et lโurbanisme : lโidรฉe quโil faut loger tout le monde dans des logements dรฉcents. La responsabilitรฉ de la crรฉation de ce logement va devenir, ร partir des annรฉes 50 et leur transformation en HLM, une prรฉrogative de lโรtat qui mettra en ลuvre la construction de logement ร grande รฉchelle avec les grands ensembles.
Naissance de lโurbanisme moderne et applications pratiques
Concernant lโinvention de modรจles pour une ville adaptรฉe au monde moderne, deux visions principales sโopposent :
dโun cรดtรฉ, il y a ceux qui, pour pallier les maux de la ville industrielle, prรดnent la crรฉation dโune ville verte, plus proche de la nature : faire la ville ร la campagne ;
de lโautre, il y a ceux qui, fascinรฉs par Manhattan, voient la mรฉtropole verticale comme un modรจle quโil sโagit de rationaliser et dโordonner. Cette vision privilรฉgie la ville en tant que creuset du dรฉve-loppement รฉconomique au dรฉtriment de lโamรฉlioration des conditions de vie de la population. รvolution de la ville traditionnelle A cรดtรฉ de ces visions opposรฉes, quelques architectes cherchent ร ma-rier densitรฉ, formes de la ville traditionnelle et conceptions hygiรฉnistes. Cโest le propos dโHENRI SAUVAGE, considรฉrรฉ comme lโun des principaux architectes franรงais du premier tiers du 20รจme siรจcle, qui propose de crรฉer un nouveau type urbain : lโimmeuble ร Gradins [178]. A la place des jardins, les appartements sont dotรฉs de vastes terrasses pouvant รชtre plantรฉes. Lโรฎlot entier est pensรฉ comme une vaste pyramide. Mรชme si LE CORBUSIER conรงoit lui aussi un projet dโimmeubles ร gradins, ce type sera un peu oubliรฉ aprรจs guerre.
Pendant la guerre, LE CORBUSIER va poursuivre ses rรฉflexions en รฉlaborant une doctrine nouvelle connue sous le nom de ยซย Charte dโAthรจnesย ยป [55] quโil publiera ensuite sous le titre ยซย La Ville fonctionnelleย ยป en 1941. Il sโagit dโune thรฉorie sans modรจle qui propose des concepts simples, voire simplistes : ยซย le soleil, la verdure et lโespace sont les trois premiers matรฉriaux de lโurbanismeย ยป. Pas de modรจle formel, mais des prรฉceptes doctrinaires facilement applicables et facilement interprรฉtables. La ยซย Charte dโAthรจnesย ยป prescrit un zoning strict, cโest-ร -dire un classement des grandes fonctions urbaines par catรฉgories. Seules les fonc-tions quotidiennes liรฉes ร lโhabitation sont intรฉgrรฉes aux unitรฉs dโhabitation. Ce document aura une trรจs grande influence sur tout lโurbanisme dโaprรจs la seconde guerre. Mรชme sโils nโappliquent pas ร la lettre ses prรฉceptes, les grands ensembles en sont les fils directs, un peu dรฉshรฉritรฉs, car bien souvent ils nโintรจgrent pas les รฉquipements prรฉvus, et la qualitรฉ des espaces verts, fondateurs du nouvel urbanisme, laisse ร dรฉsirer.
Urbanisme moderne : quand les doctrines idรฉologiques se substituent ร lโanalyse scientifique Dans la pratique, la plupart des projets dโurbanisme ne sโappuient pas sur une connaissance approfondie des sites et des environnements sociaux sur lesquels ils vont agir. Ils substituent la phase dโanalyse de lโexistant et du diagnostic ร des doctrines, qui tiennent lieu de thรฉorie scientifique. Les fonctions urbaines sont rรฉduites
quatre grandes catรฉgories : habiter, travailler, circuler, se cultiver.
Lโurbanisme moderne largement influencรฉ par la ยซย Charte dโAthรจnesย ยป est conรงu comme le moyen de faire une ville saine. Du point de vue de la composition urbaine, les rรฉalisations sโappuient sur quelques principes majeurs :
la volontรฉ de crรฉer un espace vert majeur au cลur de lโopรฉration ;
lโorientation des รฉdifices en fonction de lโensoleillement ;
la sรฉgrรฉgation des circulations ;
lโautonomie dโimplantation des bรขtiments par rapport ร la voirie ;
la volontรฉ dโintรฉgrer les รฉquipements nรฉcessaires ร la vie quotidienne au parc ou au bรขtiment.
Plus besoin dโanalyse approfondie de la rรฉalitรฉ puisquโil faut raser lโexistant, faire table rase pour re-construire une ville nouvelle idรฉale.
Consรฉquences des politiques successives
Ensembles urbains figรฉs, coรปteux et difficiles ร entretenir Aux objectifs directement liรฉs ร la doctrine de lโurbanisme moderne, lโรtat franรงais en surimpose deux autres :
rรฉsoudre la crise du logement ;
crรฉer une industrie du bรขtiment digne de ce nom.
Lโurbanisme moderne cherche ร disposer dโun ยซย sol libreย ยป oรน lโon peut bรขtir sans contrainte : lโimmeuble est dรฉterritorialisรฉ et le sol nโappartient plus ร ses habitants, mais seulement au gestionnaire, impersonnel ou collectif. Ce qui limite les possibilitรฉs dโรฉvolution de la ville. Les formes urbaines de lโurbanisme moderne posent deux autres problรจmes. Le premier est celui dโune extension extraordinaire des surfaces collectives quโil faut amรฉnager puis entretenir. Le second est celui dโune diminution des traitements minรฉraux au profit des espaces vรฉgรฉtaux. Or un espace vert est beaucoup plus fragile quโun espace urbain minรฉral et doit rรฉguliรจrement รชtre entretenu. Lorsque les rรฉalisations sont de qualitรฉ, que les espaces verts sont entretenus, quโil nโy a pas de problรจmes sociaux, lโurbanisme moderne produit des rรฉsidences agrรฉables oรน lโon habite dans la verdure. Sans doute lโurbanisme moderne, coรปteux dans sa structure comme dans son entretien, aurait-il dรป รชtre rรฉservรฉ aux riches ?
Progression de lโรฉtalement urbain et mobilitรฉ accrue Cโest ร partir du milieu des annรฉes 60, que les gouvernements, trรจs critiques vis-ร -vis de la production des grands ensembles, dรฉcident de mettre en place une politique plus favorable aux maisons individuelles. Ce retournement politique, conjuguรฉ ร lโenrichisse-ment global de la population au cours des ยซ trente glorieuses ยป (50-70) vont permettre aux classes moyennes de rรฉaliser leur rรชve : habiter une maison individuelle. Sous couvert de mieux rรฉpondre aux aspirations des familles franรงaises, cette nouvelle politique rรฉpond ร plusieurs objectifs :
mieux mobiliser les ressources financiรจres des mรฉnages, ce qui permet un certain dรฉsengagement de lโรtat ร lโรฉgard du financement du logement ;
รฉlargir le champ dโintervention et de profit des banques ;
offrir de nouveaux dรฉbouchรฉs aux grandes entreprises de construction, par le lancement de nouveaux produits leur permettant de rentabiliser leurs investissements dans lโindustrialisation du bรขtiment.
Ainsi, au lieu de se concentrer, les nouvelles extensions urbaines sont รฉclatรฉes, augmentant considรฉrable-ment les surfaces urbanisรฉes. Les modes de vie changent avec comme caractรฉristique, celui dโun accroisse-ment de la mobilitรฉ. On se dรฉplace en permanence, et pas seulement pour le travail, mais aussi et de plus en plus pour le loisir.
Le naufrage des grands ensembles Au dรฉbut des annรฉes 60, les conditions matรฉrielles de vie dans les grands ensembles sont plutรดt mauvaises dรจs quโon sort de son logement bien รฉquipรฉ mais le climat social est bon. La dรฉgradation du climat social des grands ensembles commence dans les annรฉes 70 et sโรฉtend au dรฉbut des annรฉes 80, ร cause de trois facteurs principaux :
la libรฉralisation de la construction de la maison individuelle qui conduit les classes moyennes ร partir pour rรฉaliser leur rรชve ;
la politique de regroupement familial qui conduit les familles des migrants ร remplacer les classes moyennes dans les grands ensembles, alors que ce type de logement est totalement inadaptรฉ aux modes de vie dโรฉtrangers qui sont des ruraux dรฉracinรฉs ;
le chรดmage qui, ร partir de la crise pรฉtroliรจre de 1973, touche beaucoup les habitants des grands ensembles, en particulier les travailleurs immigrรฉs, ce qui dรฉstabilise leurs structures familiales.
Ceux qui restent sont ceux qui ne peuvent pas partir. Dรจs lors, on assiste ร une concentration des problรจmes. On constate une augmentation des loyers impayรฉs qui conduit alors certains organismes HLM ร minimiser lโentretien de leur patrimoine, ce qui induit une spirale de dรฉgradation matรฉrielle et symbolique du lieu. La construction des grands ensembles engendre un รฉtalement urbain relativement limitรฉ, mais une forte fragmentation : les zones bรขties sont rarement reliรฉes ร lโexistant et constitue des enclaves sรฉparรฉes de la ville proprement dite. Cโest dโailleurs lโun de leurs problรจmes majeurs.
Changement de politique : la rurbanisation, รฉtalement urbain ร grande รฉchelle Dans une circulaire de 1973, OLIVIER GUICHARD alors en charge du ministรจre de lโUrbanisme, arrรชte la construction des grands ensembles. La nouvelle politique va engendrer un รฉtalement urbain encore plus significatif avec une troisiรจme poussรฉe pavillonnaire prenant la forme de ce que BAUER et ROUX ont appelรฉ justement la rurbanisation [19]. Lโautomobile diminue les distances, et dรฉsormais, une partie croissante de lโespace rural est utilisรฉ par les urbains. La rurbanisation modifie profondรฉment la structure de la ville et la vie des citadins qui, bien quโils soient urbains dans leur mode de vie, peuvent vivre ร la campagne. Cโest une nouvelle phase de transformation de la ville. Le parc dโhabitat se modifie en profondeur pour atteindre, dans les annรฉes 90, 54 % de maisons individuelles contre 46 % de logements collectifs.
Thรฉories urbaines aprรจs lโurbanisme moderne
Bilan critique de lโurbanisme moderne La volontรฉ de rendre la ville claire et fonctionnelle conduit le modรจle de lโurbanisme fonctionnaliste ร supprimer la mixitรฉ fonctionnelle des quartiers alors que, lorsquโon regarde lโhistoire de la ville, tout laisse penser que cโest un fondement essentiel de la dynamique du fait urbain. Par ailleurs, elle conduit aussi ร supprimer le dรฉcoupage foncier qui est un autre รฉlรฉment matรฉriel fondateur de la ville. Lโurbanisme moderne se rรฉduit ainsi ร la production dโespaces figรฉs, sans rรฉalitรฉ sociale et ne rรฉpondant pas aux aspirations รฉvolutives des habitants. De tous cรดtรฉs vont apparaรฎtre des propositions rรฉhabilitant la ville traditionnelle qui cherchent ร revenir ร des formes urbaines plus classiques.
Redรฉcouverte de la valeur de la ville ancienne et rรฉhabilitation Les Italiens ont toujours prรฉservรฉ les centres anciens alors que les Franรงais les รฉventraient pour remplacer les รฎlots par des tours et des barres. Ce seront les premiers ร proposer de rรฉhabiliter les villes pour amรฉliorer les logements anciens plutรดt que de les raser et reconstruire. Un certain nombre dโarchitectes-enseignants vont mettre au point des mรฉthodes dโanalyse du bรขti existant dites ยซย typo-morphologiquesย ยป qui consistent ร regarder lโexistant dans le dรฉtail soit pour le rรฉhabiliter soit pour proposer des projets sโen inspirant. Il sโagit dโun urbanisme scientifique qui sโappuie sur les รฉtudes, sur la connaissance du bรขti mais aussi sur la connaissance des populations.
La dรฉfense de la ville europรฉenne Dans les annรฉes 70-80, une proposition de retour ร la ville classique europรฉenne va se mettre en place. Avant, la diversitรฉ urbaine rรฉsultait de son รฉvolution, de lโempilement progressif de ses couches. Maintenant, il faut crรฉer de la diversitรฉ esthรฉtique instantanรฉe. Cet urbanisme nous propose une vision de la ville ancienne avec des dรฉcors pittoresques mais une fonctionnalitรฉ contem-poraine, une ville idรฉale et humaine, comme elle nโa jamais existรฉ. Aujourdโhui, beaucoup de promoteurs et certains รฉlus ont adoptรฉ cette vision avec plus ou moins de talent et plus ou moins de cohรฉrence.
Modernitรฉ et urbanitรฉ Dans les annรฉes 80, les architectes sont presque unanimes ร critiquer les projets prolongeant lโurbanisme moderne. De leurs recherches ressort alors la volontรฉ de rรฉinventer un nouvel รฎlot qui sโinspire des expรฉriences du dรฉbut du siรจcle, avant lโurbanisme moderne : un รฎlot ouvert dans lequel le centre est occupรฉ par un vaste jardin. Ce retour ร lโarchitecture urbaine est largement rรฉpandu en Eu-rope. Cela ne veut pas dire pour autant que les prรฉceptes modernistes soient totalement abandonnรฉs. En dโautres lieux, comme en Asie, en Chine, ร Honk-Kong ou ร Singapour par exemple, on construit encore de grands ensembles, avec des tours gigantesques qui empilent les fonctions et qui semblent bien fonctionner socialement.
La congestion urbaine et le troisiรจme รขge de la ville Parallรจlement ร ce quโest devenu lโurbanisme officiel en Europe, rรฉalisรฉ avec plus ou moins de brio, deux doctrines se sont affirmรฉes. Dโun cรดtรฉ, il y a des architectes dans la mouvance du Hollandais REM KOOLHASS qui milite pour dรฉvelopper ยซย la congestion urbaineย ยป. Son plan dโEuralille cherche notamment ร renforcer la mixitรฉ avec la superposition des fonctions, mรชme lorsque cela nโest pas ยซ naturel ยป. De lโautre cotรฉ, il y a lโarchitecte et urbaniste franรงais CHRISTIAN DE PORTZAMPARC qui prรฉtend inventer ยซย le troisiรจme รขge de la villeย ยป [64], reprรฉsentant une synthรจse entre lโurbanisme moderne, aรฉrรฉ et vert et lโurbanisme traditionnel dโรฎlot. Il essaye de mettre en place des rรจgles complexes permettant de concilier densitรฉ et vรฉgรฉtal en รฉvitant la monotonie de lโรฎlot HAUSSMANNIEN. Cโest ainsi quโOLIVIER MONGIN, รฉcrivain franรงais et directeur de la revue ESPRIT, nโhรฉsite pas ร appeler les architectes et urbanistes de tous bords ร un vรฉritable travail de couture, avanรงant lโhypothรจse ยซ quโavec le troisiรจme รขge de la ville se joue lโavenir de la dรฉmocratie, tout simplement ยป [194]. Urbanisme durable et รฉco-quartiers Depuis quelques annรฉes, se dรฉveloppe ce quโon appelle les ยซย รฉco-quartiersย ยป qui sont des projets urbains globaux ร vocation รฉcologique. Ce mouvement en plein dรฉvelop-pement est nรฉ en Allemagne et en Hollande avec quelques exemples pionniers en Autriche, en Grande Bretagne et dans les pays Scandinaves, et il a fini avec quelques dรฉcennies de retard par atteindre la France. Il nโy a pas de norme ni de recette dโรฉco-quartier. Leur forme et contenu varie en fonction des lieux et des enjeux. Tous les รฉco-quartiers nโont pas les mรชmes ambitions en terme dโรฉconomie รฉnergรฉtique, dโรฉnergies renouvelables ou en terme de dรฉplacements.
Urbanisme rรฉglementaire et รฉcologie Officiellement les PLU3 devraient รชtre attentifs ร lโenvironnement. Dans les faits, lโinterprรฉtation de ce que doit รชtre la protection de lโenvironnement varie et fait que les PLU ne sont pas toujours rรฉellement รฉcologiques. Par exemple, certains articles du rรจglement imposent des rรจgles sur la hauteur ou lโaspect du bรขtiment qui peuvent aller ร lโencontre de la pose de panneaux solaires, de toitures vรฉgรฉtalisรฉes, etc.
Formes et structures de la ville contemporaine
Nous sommes aujourdโhui dans une civilisation urbaine oรน le modรจle de croissance radioconcentrique reste le modรจle de dรฉveloppement dominant des villes (le modรจle ยซ naturel ยป). Les rocades contribuent ร cette croissance, tout en crรฉant de nouveaux pรดles pรฉri-urbains. Les nouveaux lotissements cherchent avant tout une proximitรฉ avec les nลuds dโรฉchanges du rรฉseau. Les rocades gรฉnรจrent ainsi des situations de pรฉriphรฉrie en rupture avec une croissance continue de lโagglomรฉration. Cโest aux nลuds de ces voies (croisements, sor-ties) que sโimplantent les nouvelles ยซ centralitรฉs pรฉriphรฉriques ยป que sont les zones dโactivitรฉs, les centres commerciaux du grand commerce qui, au-delร de leur fonction de base, intรจgrent de nouvelles activitรฉs comme le travail tertiaire (bureaux) ou le loisir (multiplexes, centre de fitness, hรดtels restaurants). Ce phรฉ-nomรจne peut รชtre redoublรฉ par la crรฉation de plusieurs anneaux de rocades, comme cโest le cas ร Rennes ou Paris. Cโest le modรจle franรงais dominant.
Multiplication des types de tissus Avec lโรฉclatement urbain des annรฉes 1980-90, les formes urbaines se multiplient : nouveaux villages, lotissements pรฉriurbains, lotissements rurbains, zones pavillonnaires dif-fuses, villages ruraux, etc, ainsi que les nouvelles ยซ centralitรฉs pรฉriphรฉriques ยป : zones dโactivitรฉs, zones artisanales, zones commerciales. Ces derniรจres sont dรฉsormais les principaux acteurs de lโรฉconomie com-merรงante en France : elles reprรฉsentent 70 % des chiffres dโaffaires contre 20 % dans les centres villes et 10 % dans les quartiers. La mutation touche aussi le centre ville qui dโun cรดtรฉ sโembourgeoise et de lโautre voit sa structure commerciale se transformer. Les commerces se spรฉcialisent (prรชt-ร -porter) et il devient le lieu du dรฉveloppement dโannexes au grand commerce ร travers le dรฉveloppement dโenseignes franchisรฉes.
Sectorisation de la ville Le fonctionnement de ces fragments urbains diffรจre grandement de celui des tissus antรฉrieurs : la plupart sont conรงus comme des secteurs autonomes, desservis uniquement par lโauto-mobile et dont les accรจs sont limitรฉs en nombre. On ne traverse pas ces secteurs comme on le faisait dans les tissus urbains traditionnels et leur dimension est gรฉnรฉralement trรจs supรฉrieure ร celle des รฎlots antรฉrieurs.
Pour ceux qui peuvent choisir leur mode de vie, cette sectorisation peut paraรฎtre positive. On peut vivre entre soi dans un nouveau village, disposant ร la fois du bien รชtre de la campagne et, grรขce ร deux ou trois voitures, des services urbains. Mais pour les moins favorisรฉs, ceux qui abandonnent le centre ville parce quโil est trop cher, les choses sont moins positives. Dรฉjร soumis aux nuisances induites par la voie rapide, ceux-ci se voient de surcroรฎt รฉcartรฉs du centre-ville et de ses services par des infrastructures rendues quasi infranchissables.
Ces nouveaux types sont peu reliรฉs aux autres secteurs et trรจs figรฉs dans leurs formes comme dans leurs programmes. DAVID MANGIN parle de sectorisation de la forme urbaine [180]. De plus, les rรจglements des lotissements interdisent toute activitรฉ (autre que les professions libรฉrales), limitent fortement les extensions et interdisent les divisions parcellaires ou la construction en hauteur. Ces tissus urbains sont donc figรฉs ร lโexception de petits ajouts. De la mรชme maniรจre, bien quโelles soient en permanentes transformations, les zones dโactivitรฉs et les zones commerciales nโadmettent pas de mixitรฉ : on ne peut y implanter de logements.
Dรฉdensification La dรฉdensification de lโagglomรฉration est dโabord liรฉe ร lโintรฉgration de territoires pรฉri-phรฉriques et rurbains dans lโaire urbaine. Lโextension de la zone urbaine fait que dรฉsormais de nombreux secteurs trรจs peu denses sont intรฉgrรฉs. La dรฉdensification touche aussi tous les tissus de centre ville. La qualitรฉ de vie exige plus dโespaces verts avec des cours, des jardins et des logements plus grands. Pour le public, la densitรฉ a mauvaise presse et les รฉlecteurs font pression sur les รฉlus pour que les rรจglements ur-bains minimisent les autorisations de construire. Toutes ces รฉvolutions contribuent ร faire baisser la densitรฉ des centres urbains. Les seuls secteurs oรน la densitรฉ augmente sont ceux en mutation, banlieues ou friches urbaines, qui lors du rรฉamรฉnagement sont construits alors quโils รฉtaient souvent occupรฉs par de grands bรขtiments de faible densitรฉ.
Entrรฉes de ville et ville franchisรฉe En France, premiรจre nation touristique au monde, lโapparence et lโimage de la ville ont une importance รฉconomique considรฉrable. Toutefois, lโavรจnement du grand com-merce, en deux dรฉcennies, va conduire ร une homogรฉnรฉisation globale des parcours dโentrรฉe de ville, qui constitue une bien piรจtre vitrine pour la citรฉ : les entrรฉes des villes franรงaises sont largement composรฉes de hangars dรฉcorรฉs (bรขtiment รฉconomique dont la faรงade est utilisรฉe comme grand panneau dโaffichage pour lโactivitรฉ commerciale) alors que les canards (รฉdifice ou enseigne gรฉante qui รฉpouse gรฉnรฉralement la forme du produit vendu) sont beaucoup plus rares [275]. Cela relรจve de trois phรฉnomรจnes ร lโลuvre :
celui dโune logique dโinvestissement ร court terme : les bรขtiments sont en perpรฉtuelle รฉvolution et sont amortis en quelques annรฉes, nous sommes dans la ville jetable ;
celui dโune visibilitรฉ commerciale de la marque : logo, couleurs ou formes de bรขtiment doivent รชtre les mรชmes sur tout le territoire, voire dans le monde entier (Auchan, Carrefour, Leclerc, Mc Donald, Ikรฉa, . . . ), les particularitรฉs locales doivent รชtre gommรฉes ;
celui dโune visibilitรฉ locale du parking dรฉmontrant quโil est simple de se garer.
De maniรจre plus classique et plus conforme ร la tradition urbaine europรฉenne, les urbanistes franรงais requalifient les entrรฉes de villes, en cherchant ร les domestiquer et ร les rendre plus urbaines. Plusieurs voies ont รฉtรฉ ouvertes pour cela :
amรฉliorations des amรฉnagements urbains ;
amรฉliorations architecturales ;
meilleure intรฉgration du commerce dโentrรฉe de ville dans la structure urbaine globale ;
mutation du cadre lรฉgislatif.
Enjeux dโun dรฉveloppement soutenable sur le long terme
Les changements globaux Les changements globaux correspondent ร lโensemble des changements qui sโobservent ร lโรฉchelle de la planรจte entiรจre. Mais de nos jours, cette expression fait plus particuliรจrement rรฉfรฉrence aux effets de lโactivitรฉ humaine sur lโenvironnement qui regroupent les nombreuses รฉvolutions so-ciรฉtales (รฉvolution dรฉmographique, mode de vie, . . . ) et environnementales (climat, couche dโozone, usage des sols, montรฉe des ocรฉans, fonte des glaciers, biodiversitรฉ, . . . ). Lโimportance des changements globaux est liรฉe ร lโincertitude quโils font planer sur les gรฉnรฉrations futures ainsi que sur le devenir des รฉcosystรจmes dont elles dรฉpendent. La complexitรฉ de ces changements rรฉsulte non seulement de leur dynamique spatiale et temporelle, mais plus encore de lโinterdรฉpendance des diffรฉrentes problรฉmatiques. Lโactivitรฉ humaine dรฉpasse depuis quelques dรฉcennies les capacitรฉs de lโenvironnement et, par consรฉquent, cette activitรฉ ne se maintient que par la destruction du ยซย capital naturelย ยป qui nous a รฉtรฉ confiรฉ. Elle doit impรฉrativement se rรฉinscrire dans les limites de flux de matiรจres premiรจres et dโabsorption de dรฉchets autorisรฉes par lโenviron-nement [173]. Du fait de lโinertie des systรจmes naturels, les prochaines annรฉes pourraient engager sur des siรจcles nos conditions de vie sur la Terre [82]. Deux exemples de lโobstination humaine La perspective dโune accรฉlรฉration de la hausse du niveau des ocรฉans au cours du siรจcle prochain, รฉventuellement accompagnรฉe dโune augmentation de la force ou du nombre de tempรชtes, laisse prรฉvoir lโextension de submersions et lโexacerbation des reculs รฉrosifs. Convient-il alors de sโobstiner ร vouloir maintenir un รฉtat du littoral qui serait condamnรฉ par les lois de la Nature ? La solution de relocalisation des humains et de leurs activitรฉs se heurte ร des mentalitรฉs collectives qui รฉvoluent avec lenteur et perรงoivent tout repli comme un renoncement [160].
Concernant la biodiversitรฉ, les projections pour le 21รจme siรจcle font รฉtat de taux dโextinction dโenviron dix mille fois supรฉrieurs aux taux moyens du passรฉ. Quels que soient les chiffres exacts, nous sommes en passe de connaรฎtre une crise majeure de la biodiversitรฉ. Mais cette fois ci, la cause est liรฉe aux hommes qui ont rรฉussi ร bouleverser les รฉquilibres naturels par le biais de la connaissance et de la technique. Le problรจme, cโest que cette espรจce voit encore mal ce qui justifierait dโabandonner ce chemin [174].
De la croissance ร tout prix Concernant le dรฉveloppement durable, il subsiste une ambiguรฏtรฉ liรฉe ร lโidรฉe mรชme que le dรฉveloppement est trรจs souvent associรฉ ร une logique de croissance, contrairement ร ceux qui revendiquent la fin de la croissance [87]. Les trois piliers identifiรฉs lors du sommet de Rio (environnement, รฉconomique, social) รฉtant posรฉs รฉquivalents et substituables, le monde des affaires peut justifier une dimi-nution dโun pilier en contrepartie dโune augmentation sur un autre, le tout รฉtant exprimรฉ en valeur. Or, la conception marchande de la sociรฉtรฉ et de la nature confรจre une valeur nulle ร celle-ci : le poisson, lโeau ou la biomasse des sols nโont pas de prix, leur seul prix apparent se rรฉduisant ร leur coรปt dโextraction. Lโรฉcono-mie marchande dรฉrรฉgulรฉe produit mรฉcaniquement la ruine de lโenvironnement et la dรฉgradation du monde vivant. Ne poursuivant aucun but autre que la croissance pour la croissance, le dรฉveloppement durable se rรฉduit ร une mise en bourse de la nature [285].
Des responsabilitรฉs partagรฉes Les dรฉcideurs qui ont en charge de construire la sociรฉtรฉ de demain doivent prendre en compte les changements globaux qui sont ร lโลuvre pour assurer ร nos sociรฉtรฉs un avenir sur le long terme. Or, la recherche scientifique nourrit parfois lโillusion que la course ร la technologie รฉmanant des travaux scientifiques peut proposer des issues ร toute difficultรฉ [82]. Sans prรฉtendre aux miracles, il revient donc aux scientifiques de toute part de jouer un rรดle essentiel pour dรฉcrire, comprendre, analyser, modรฉliser, prรฉvoir et dรฉvelopper des stratรฉgies adaptรฉes ร ces mutations. Dans ce contexte, lโinterdisciplinaritรฉ est une aide majeure dans lโanalyse et la comprรฉhension des phรฉnomรจnes et des systรจmes complexes, dans le dรฉveloppement de technologies de rupture ou la comprรฉhension et la conception de rรฉponses aux grands enjeux sociรฉtaux de la planรจte [26]. Alors, bien plus que de se cรดtoyer, les diffรฉrents champs disciplinaires scientifiques de tous les horizons doivent absolument collaborer avec obstination, รฉcoute rรฉciproque et humilitรฉ pour contribuer ร relever ces dรฉfis colossaux qui se dressent face ร nous.
Dรฉtour philosophique et politique Pour Kant, seuls les รชtres raisonnables ont une valeur intrinsรจque et tout le reste est considรฉrรฉ comme moyen ou valeur instrumentale. Cette position ยซย Anthropocentriqueย ยป ne reconnaรฎt de dignitรฉ morale quโaux seuls รชtres humains. Le ยซย Biocentrismeย ยป considรจre lui que tout individu vivant est, ร รฉgalitรฉ avec tout autre, digne de considรฉration morale. Certains environnementalistes vont plus loin avec lโapproche ยซย รcocentriqueย ยป en considรฉrant quโil faut accorder de la valeur non pas ร des รฉlรฉments sรฉparรฉs, mais ร lโensemble quโils forment [165].
Dโun point de vue plus politique, lโaffirmation qui laisse ร penser que les sociรฉtรฉs humaines peuvent avoir un avenir infini dans un monde aux ressources limitรฉes reste un pari hasardeux [202]. Et aprรจs plu-sieurs annรฉes de politiques qualifiรฉes de dรฉveloppement durable, force est de constater la contradiction entre lโintention de la durabilitรฉ et la continuitรฉ de pratiques court-termistes [277]. Pour rebรขtir les condi-tions dโun vrai dรฉveloppement durable, une refonte des rรฉgulations doit รชtre opรฉrรฉe pour rendre trรจs coรปteux tout comportement dรฉgradant les รฉcosystรจmes et trรจs profitable ceux qui contribuent au maintien ou ร lโamรฉ-lioration des potentiels naturels [285]. Lโobjectif demeure le dรฉveloppement, mais encadrรฉ par une nouvelle technique de gouvernance, fondรฉe sur la recherche dโun รฉquilibre.
Dimensions urbaines du dรฉveloppement durable
Le modรจle actuel de dรฉveloppement urbain des pays riches nโest pas durable. Si tous les pays se mettaient ร consommer comme nous, les ressources seraient รฉpuisรฉes en quelques dรฉcennies. Le dรฉveloppement de la Chine et de lโInde selon nos modรจles de consommation est un scรฉnario catastrophe.
Lโenjeu de lโurbanisme en Europe aujourdโhui est celui de crรฉer une ville durable. Pour cela, il est nรฉcessaire de rendre plus dense et plus compacte la ville lors des mutations. Cโest pourquoi on considรจre aujourdโhui que les friches sont devenues des enjeux majeurs pour ยซ reconstruire la ville sur la ville ยป. Il faut donc veiller ร ce que les projets soient denses, mais que cette densitรฉ soit acceptable pour le public. Il faut chercher ร densifier le plus possible la ville en fonction du contexte et ร recrรฉer des liens entre les secteurs. Il faut redรฉvelopper ce que DAVID MANGIN appelle la ยซ ville passante ยป [180]. Mais, parallรจlement, il faut transformer les rรจglements urbains qui, bien souvent interdisent la densitรฉ et les mutations urbaines, cherchant ร prรฉserver chaque fragment en lโรฉtat.
Mรฉtropolisation La mรฉtropolisation peut se comprendre comme lโavรจnement dโun rรฉseau mondial dโaires mรฉtropolitains connectรฉes entre elles par des rรฉseaux dโรฉchanges. Elle rรฉsulte de deux processus :
la mรฉtamorphose du capitalisme qui sโuniversalise, entraรฎnant des mutations profondes des modes dโorganisation de la production parallรจlement ร la rรฉvolution numรฉrique ;
la polarisation spatiale croissante au profit des zones les plus dรฉveloppรฉes.
A lโรฉchelle locale, la mรฉtropolisation entraรฎne une restructuration spatiale et รฉconomique du marchรฉ du travail qui concerne un territoire plus vaste que la ville centre incluant les banlieues, le pรฉriurbain et parfois les espaces ruraux et naturels. Elle exige une grande mobilitรฉ de la part des individus pour effectuer les trajets entre les espaces rรฉsidentiels, les lieux de travail, des loisirs et des services. Dans un monde globalisรฉ, seule la scรจne mรฉtropolitaine autorise le dรฉploiement stratรฉgique des contraintes รฉconomiques, sociales et environnementales relevant simultanรฉment de lโรฉchelle planรฉtaire et locale. ร condition de lโintรฉgrer dans le territoire mรฉtropolitain, la ville reprรฉsente donc un espace pertinent du dรฉveloppement durable en raison de sa pรฉrennitรฉ historique, de son ancrage dans lโรฉconomie globalisรฉe et de ses capacitรฉs dโadaptation face au changement climatique et des enjeux du mieux vivre ensemble [109].
Penser globalement / agir localement Les villes attirant lโessentiel des ressources et รฉtant ร lโorigine, di-rectement ou indirectement, de la plupart des รฉmissions, la connaissance et la maรฎtrise de leur mรฉtabolisme 1 constituent des enjeux majeurs.
Lโarchitecte RAYMOND LORENZO note quโun habitant de la ville de Denver, dont la densitรฉ est trรจs faible, consomme environ 3800 litres dโessence par an alors quโun habitant de Manhattan en consomme 335 litres, soit onze fois moins. Cela veut donc dire que les formes de la ville, sa densitรฉ et les modes de vie qui leur sont liรฉs ont une influence importante et donc quโil est possible dโagir ร travers lโurbanisme. Il faut repenser les infrastructures urbaines, mais il faut aussi agir localement, en particulier sur la maniรจre dโaugmenter la densitรฉ par des amรฉnagements favorisant un sentiment de faible densitรฉ : la prรฉsence vรฉ-gรฉtale et les quartiers mixtes sont des รฉlรฉments pouvant y contribuer. Il faut avoir des visions globales en proposant des politiques spรฉcifiques. Mais il faut ensuite que chaque agglomรฉration ait une rรฉflexion locale sur son impact territorial et sur les moyens de lโamรฉliorer. Comme lโa souvent montrรฉ FRANรOIS ASCHER, on ne peut plus aujourdโhui faire lโurbanisme du haut vers le bas, comme dans les annรฉes 60. Il faut รฉcouter les habitants de base, faire du bottom / up, de la pรฉdagogie, convaincre mais aussi รฉcouter pour inventer de nouvelles solutions. Il faut donc avoir une action parallรจle et forte ร des รฉchelles plus petites comme celle du quartier.
En fait, il sโagit dโune application du principe ยซ penser globalement, agir localement ยป.
Mais le renouvellement du parc urbain reprรฉsentant environ 1 % par an, il ne suffira pas ร lui seul ร produire une ville รฉcologique. Il faut donc aussi rรฉflรฉchir au moyen dโagir sur lโancien, sur lโexistant pour lโamรฉliorer et le rendre plus performant.
Comprendre et agir sur la forme des villes [71]
Ensemble des processus par lesquels les villes importent, consomment, transforment, stockent ou exportent รฉnergies et matiรจres.
DรVELOPPEMENT DURABLE
Les modes de transport ont faรงonnรฉ les villes La forme des villes est en grande partie liรฉe aux possibilitรฉs de dรฉplacement des citadins. Les modes de transport rapide ont transformรฉ la ville. Avec le chemin de fer, la vitesse moyenne des citadins est passรฉe de 3 km/h ร 15 km/h et les villes ont connu une premiรจre pรฉriode dโรฉtalement urbain caractรฉrisรฉe par des faubourgs et des banlieues disposรฉes en ยซ doigt de gant ยป le long des axes ferroviaires. Avec lโautomobile, et le passage ร une moyenne de 30 km/h, la ville a pu sโรฉtendre ร nouveau mais cette fois ci de faรงon dispersรฉe : tout terrain รฉtant devenu potentiellement urbanisable dans un large rayon autour des centres urbains. La ville peut alors sโรฉtaler et sโรฉmietter puisque les villages proches peuvent รชtre le support dโune urbanisation souvent peu dense.
La vitesse a favorisรฉ lโรฉtalement urbain et les sรฉgrรฉgations La vitesse rend la proximitรฉ moins impรฉrieuse et permet ร de nombreux citadins de sโaffranchir de la promiscuitรฉ. Avec la vitesse et des mรฉ-canismes fonciers qui renforcent souvent les sรฉgrรฉgations sociales et fonctionnelles, la diversitรฉ dans la proximitรฉ nโest plus le principe dโorganisation de la ville, seulement celui de certains de ces quartiers. La vitesse ne fait pas gagner de temps : elle accroรฎt les possibilitรฉs de choix et permet lโespacement.
Impacts des choix passรฉs En raison de leurs valeurs patrimoniales, les politiques de mise en valeur des centres ont รฉtรฉ plus fortes en Europe quโen Amรฉrique du Nord : leur dรฉdensification a donc รฉtรฉ moins marquรฉe. Concernant les politiques fonciรจres visant ร limiter la consommation des sols, elles ont รฉtรฉ his-toriquement puissantes dans un pays dense et vulnรฉrable au risque dโinondation comme les Pays-Bas. Les fortes densitรฉs de lโยซ Europe rhรฉnane ยป ont impliquรฉ trรจs tรดt une promotion des transports publics alors que lโยซ Europe latine ยป y est restรฉe longtemps indiffรฉrente, favorisant un systรจme territorial fortement dรฉpen-dant des transports motorisรฉs et dโune รฉnergie peu chรจre et abondante. En France, le secteur rรฉsidentiel ne compte que pour un quart de lโextension des surfaces urbanisรฉes chaque annรฉe. Ce sont les infrastructures de transports, notamment routes et aรฉroports, les zones commerciales et les espaces dโactivitรฉs qui sont responsables des trois quarts de lโextension spatiale.
Nรฉcessitรฉ dโune approche systรฉmique Lโaction sur la seule densitรฉ ne conduit pas nรฉcessairement
rรฉduire les besoins de dรฉplacement. Sans action simultanรฉe sur la localisation des diverses ressources territoriales, que ce soit les lieux dโemploi, de loisir, dโรฉquipement ou encore dโhabitat, la densification ne permet pas une rรฉduction des distances pour relier ces diffรฉrentes ressources. Dโautre part, certains agencements pรฉriurbains ou ruraux peuvent se rรฉvรฉler favorables ร la marche ร pied, au vรฉlo ou au transport collectif et les zones dโimbrication entre espaces urbanisรฉs et territoires agricoles et naturels peuvent รชtre intรฉressantes pour des circuits de proximitรฉ alimentaires et la prรฉservation de la biodiversitรฉ. Enfin, bien que dรฉcriรฉ, nโoublions pas que lโรฉtalement urbain a permis ร de nombreux citadins dโaccรฉder ร la propriรฉtรฉ.
Une politique relative aux formes de la ville ne peut se rรฉsumer ร une simple limitation de lโusage des sols, car agir sur la forme dโune ville, cโest agir sur les systรจmes de formation de prix des fonciers, sur lโorganisation des rรฉseaux ou encore sur les mรฉcanismes รฉconomiques qui la sous-tendent.
รcologie urbaine Dโaprรจs le dictionnaire Le Robert, le mot รฉcologie aurait deux sens : รฉtude des milieux oรน vivent les รชtres vivants ainsi que des rapports de ces รชtres entre eux et avec le milieu ;
mouvement visant ร un meilleur รฉquilibre entre lโhomme et son environnement naturel, ainsi quโร la protection de celui-ci.
Lโรฉcologie urbaine doit partir de lโรฉtude du milieu en incluant non seulement les aspects physico-biologiques mais aussi les rapports sociaux humains, pour tendre vers un meilleur รฉquilibre entre lโhomme et son envi-ronnement naturel, ainsi quโร la protection de celui-ci. Lโรฉcologie ne peut pas se limiter aujourdโhui ร ยซย la protection de la natureย ยป mais doit avoir une vision plus large selon laquelle lโurbain est un milieu global et que la densitรฉ urbaine nโest pas en soi un mal, peut-รชtre mรชme une qualitรฉ. La ville intelligente, intรฉressรฉe sa propre survie, doit รชtre plus รฉconome et attentive aux composantes de lโenvironnement, mais aussi aux รฉquilibres sociaux qui, pour une part, la conditionnent.
Un amรฉnagement รฉcologique, cโest-ร -dire rรฉpondant aux exigences de dรฉveloppement durable, doit por-ter sur une dizaine de thรจmes [69] :
mixitรฉ et densitรฉ ;
qualitรฉ de lโair ;
qualitรฉ de lโenvironnement sonore ;
transport et dรฉplacement ;
gestion du cycle de lโeau (pluies, eaux usรฉes, alimentation, nappe phrรฉatiques, riviรจres) ;
gestion des dรฉchets ;
รฉnergies : consommer moins et tendre vers les รฉnergies renouvelables ;
prรฉsence de la nature en ville : bio diversitรฉ, milieu naturel, faune et flore ;
paysage et protection du patrimoine ;
une รฉconomie durable.
รco-quartiers Les planificateurs et gestionnaires de la ville ont utilisรฉ depuis les vingts derniรจres annรฉes diffรฉrentes techniques pour limiter les รฉmissions de polluants (en particulier les gaz ร effet de serre) par les transports [253] :
proximitรฉ dโun tramway ou dโun mรฉtro ;
rapprochement des commerces et des รฉcoles ;
prioritรฉ donnรฉe ร la marche ou au vรฉlo ;
rรฉduction de la place de la voiture.
Grรขce ร la mobilisation des citadins et ร la contribution des รฉlus et techniciens locaux, les รฉco-quartiers ont souvent dรฉpassรฉs les aspects environnementaux avec :
une diversitรฉ du peuplement renforcรฉe par une forte prรฉsence de logements ;
lโintรฉgration dโรฉtablissements pour personnes รขgรฉes favorisant lโintergรฉnรฉrationnel ;
des lieux dโanimation multiculturels et multifonctionnels.
Dans cette รฉvolution liรฉe aux รฉco-quartiers, lโenjeu est double :
pousser le curseur รฉcologique le plus loin possible ;
faire en sorte que ce type dโapproche ne soit pas rรฉservรฉ aux grandes opรฉrations, mais imprรจgne toutes les opรฉrations, mรชme les plus petits lotissements.
Pour ROLAND CASTRO, architecte et urbaniste de renom habituรฉ des plateaux de tรฉlรฉvision et des stations radiaphoniques, les รฉco-quartiers posent effectivement la question des villes de demain. Mais au terme รฉco-quartier quโil nโaime pas beaucoup, il prรฉfรฉrerait quโon emploie le terme quartier-รฉco, parce que lโobjectif principal consiste dโabord ร faire un quartier, un lieu que lโon habite, que lโon a envie de voir et qui nous sourit. Ensuite seulement, il sโagit de sublimer la contrainte lorsquโelle arrive pour ne pas la subir. Dans notre cas, tout ne doit pas รชtre subordonnรฉ ร la contrainte รฉcologique, ce qui pourrait alors conduire ร faire trรจs mal les morceaux de la ville. Proposer une sรฉrie de logements, de maisons de diverses formes, de taille variable, mais ร chaque fois dans un scรฉnario de trajet, de rapport ร lโautre, donner le sentiment quโon peut รชtre ร la fois chez-soi et avec les autres si on le veut : cโest vers cela quโil faut tendre. De nos jours, beaucoup dโarchitectes tentent de faire des logements qui ne soient pas alignรฉs, des logements qui soient dans un rapport les uns avec les autres, qui participent ร la formation des rues, des places ou des venelles. Des logements qui font les centres et qui fabriquent de la marche, du trajet, de la promenade. ยซ Il faut faire les quartiers comme un promeneur, comme un flรขneur, et crรฉer de la surprise ! ยป.
Renouvellement des grands ensembles Les pratiques actuelles en urbanisme de renouvellement des grands ensembles en France [1] se concentrent autour du principe dโune recomposition urbaine visant ร : dรฉsenclaver les sites par la recomposition des rues, des parkings, la crรฉation de moyens de transports collectifs, lโintroduction dโรฉquipements publics ;
permettre une certaine mixitรฉ par la dรฉmolition des bรขtiments posant le plus de problรจmes (gรฉnรฉra-lement les immeubles les plus hauts, en particulier les tours) et la crรฉation de nouveaux bรขtiments valorisant le foncier, gรฉnรฉralement des logements en accession pour les classes un peu moins pauvres et des immeubles locatifs proposant un type de logement spรฉcifique amรฉliorant lโoffre ;
amรฉliorer la qualitรฉ des lieux et les possibilitรฉs dโappropriation par les habitants grรขce ร la transfor-mation des espaces de proximitรฉ des immeubles.
Deux instruments majeurs sont aujourdโhui utilisรฉs :
la dรฉmolition- reconstruction ;
la rรฉsidentialisation.
La dรฉmolition – reconstruction Pendant longtemps, lโรtat est restรฉ rรฉticent ร lโidรฉe de dรฉmolir des bรขtiments qui nโรฉtaient pas toujours amortis. Ce nโest quโร partir du milieu des annรฉes 90, que lโidรฉe de dรฉmolition va sโimposer avec, pour objectif, de modifier lโimage des quartiers et dโinverser les processus de dรฉvalorisation. Lโidรฉe globale est que, pour modifier en profondeur ces quartiers, il faut recrรฉer de la mixitรฉ sociale et que, pour cela, il faut favoriser lโintervention dโopรฉrateurs privรฉs dont la production sโadresse aux classes moyennes. On dรฉmolit donc beaucoup aujourdโhui et lโon reconstruit, soit sur place, soit en lisiรจre des zones, soit parfois un peu plus loin, des logements selon des formes urbaines plus traditionnelles : des rues, des places, de petits immeubles avec un nombre limitรฉ de cages dโescalier et, gรฉnรฉralement, des hauteurs limitรฉes.
La rรฉsidentialisation Lโaction sur le bรขti ne rรฉpond pas ร tous les problรจmes, mais elle est utile. Cโest un des moyens de participer ร une transformation positive du lieu. La rรฉsidentialisation est une forme par-ticuliรจre dโaction qui sโoppose dans son concept ร la dรฉmolition / reconstruction : on requalifie les espaces collectifs et les espaces publics, afin de transformer les formes urbaines issues des thรฉories de lโurbanisme moderne. La rรฉsidentialisation vise ร ยซย configurer un ou plusieurs immeubles et leurs abords en une unitรฉ rรฉsidentielle clairement identifiรฉe, matรฉrialisรฉe par un marquage plus ou moins symbolique de ses limitesย ยป. Cette requalification des espaces de proximitรฉ, publics et privรฉs des grands ensembles, permet de gรฉrer le problรจme des poubelles, du nettoyage des espaces publics et privรฉs. Mais aussi dโamรฉliorer le confort du logement : on peut ajouter des balcons, crรฉer des jardinets pour les logements du rez-de-chaussรฉe. En modi-fiant le statut du sol et les formes urbaines, la rรฉsidentialisation rรฉpond aux besoins des habitants en crรฉant des lieux bien diffรฉrenciรฉs et supprime lโindรฉtermination des espaces du quotidien au-delร du logement.
Enjeux ร lโexport du savoir-faire franรงais en matiรจre de ville du-rable
Le Paris de Haussmann a รฉtรฉ interprรฉtรฉ dans nombre de grandes villes ร travers le monde. A lโรฉchelle de la planรจte, il est reconnu que Londres, New York, Paris et Tokyo sont observรฉes et influencent les orientations des autres grandes villes qui sont le rรฉceptacle des populations qui sโy agglutinent [41].
Compte tenu de ces รฉlรฉments et forts de leur expรฉrience en matiรจre de ville durable, certains acteurs franรงais se mobilisent et se regroupent pour exporter leur savoir faire. Cโest le cas par exemple de VIVAPO-LIS2, une marque franรงaise de la ville durable qui cherche ร fรฉdรฉrer de nombreux acteurs autour de quatre caractรฉristiques fortes qui dรฉfinissent la ยซ French touch ยป :
lโhomme positionnรฉ au cลur de chaque projet pour amรฉliorer les conditions de vie de lโhabitant ou de lโusager ;
la performance pour atteindre une consommation rรฉduite des ressources naturelles et une intรฉgration optimale des fonctions de la ville ;
une gouvernance forte et participative pour pouvoir organiser la ville, la projeter dans le futur, la financer, dรฉfinir des rรจgles et la faire fonctionner au quotidien ;
une adaptation systรฉmatique au contexte local reposant plus sur une dรฉmarche ou une vision que sur un modรจle tout fait : ร chaque cas correspond une solution particuliรจre en fonction du climat, de la gรฉographie des lieux, de la culture, de son histoire.
La France possรจde plusieurs champions dans diffรฉrents domaines :
en construction : BOUYGUES, VINCI, EIFFAGE ;
en mobilitรฉ : ALSTOM ;
en รฉnergie : EDF, GDF SUEZ ;
en gestion des dรฉchets ou de lโeau : VรOLIA.
Il y a รฉgalement en France une multitude de petites et moyennes entreprises qui sont leaders sur des niches du dรฉveloppement durable. Lโobjectif est dโarriver ร une alchimie de la ville durable en regroupant diffรฉrents acteurs franรงais autour dโune vision unique pour รชtre capable de lโexporter. La construction de la ville se fait partout, et plus particuliรจrement dans les pays รฉmergents comme le Maroc, la Chine, le Brรฉsil ou la Turquie. Il faut รชtre capable de travailler ensemble pour apporter des rรฉponses globales aux questions posรฉes afin de rรฉaliser un quartier ou une ville durable. Dans ce contexte, les collectivitรฉs locales franรงaises pourraient servir de vitrine ร ce qui peut รชtre proposรฉ ร lโexport.
Autre exemple, la crรฉation du Groupement dโIntรฉrรชt Scientifique ยซ Modรฉlisation Urbaine ยป (GISMu)3 qui sโest donnรฉ pour objectif de faire converger les besoins entre les mondes de la recherche, de lโingรฉnie-rie, de la maรฎtrise dโouvrage et de la maรฎtrise dโลuvre dans le champ de la modรฉlisation urbaine, depuis la gouvernance et la conception des villes jusquโร leur exploitation [130]. Sa vocation consiste ร promouvoir une approche plus intรฉgrรฉe de la modรฉlisation urbaine en abordant les diffรฉrentes รฉchelles spatiales et tem-porelles, en intรฉgrant un dรฉveloppement des villes plus durable, en รฉtudiant diffรฉrentes typologies de villes et en explorant des domaines novateurs (comme la modรฉlisation des flux entrants et sortants de la ville). Cette entitรฉ regroupe ร elle seule 73 membres dont 13 รฉtablissements, 12 entreprises, 38 unitรฉs de recherche et 10 pรดles, agences ou autres organisations. Parmi ses nombreuses missions, on retrouve la promotion ร lโexportation du savoir-faire franรงais en matiรจre de modรฉlisation urbaine.
La voiture au cลur dโune nouvelle rรฉvolution industrielle ?
Autrefois un luxe, hier encore une commoditรฉ, la voiture est devenue une nรฉcessitรฉ pour une large frange de la population sous lโimpulsion dโun mode dโurbanisation qui lui est dรฉvolu et qui sโest largement rรฉpandu. A cause de sa vitesse, des grandes distances quโelle autorise, dโun trรจs grand choix dโitinรฉraires et dโun accรจs presque continu le long des voies, la voiture รฉparpille la ville et, avec elle, la demande de livraisons ou de collectes. Elle favorise la diffusion de lโhabitat, la dรฉcentralisation des activitรฉs ou la concentration de certains services. Par les effets de coupure des voies rapides dangereuses et bruyantes, elle divise le territoire et sรฉpare plus quโelle ne lie de grands pavรฉs voisins. Et dรจs quโune artรจre prend de lโimportance, lโarrรชt et la vie en bordure devenant de moins en moins confortable, son accรจs se limite ร quelques points de plus en plus รฉloignรฉs ou alรฉatoires. En conformant la ville ร ses possibilitรฉs ou besoins, la demande de transport sโest dispersรฉe loin de lโoffre crรฉdible de transport en commun et lโรฉparpillement croissant a disqualifiรฉ les modes de dรฉplacement doux (marche ร pied, vรฉlo).
Cet outil toujours plus envahissant pousse ร bitumer et ร bรฉtonner ร grande รฉchelle des surfaces toujours plus gigantesques pour rรฉaliser des infrastructures, des voies de circulation et des aires de stationnement qui lui sont dรฉdiรฉs. Le transport routier de marchandises qui reprรฉsente 1/3 des รฉmissions de CO2 en ville a su profiter des infrastructures dรฉveloppรฉes pour la voiture sans supporter les dรฉpenses liรฉes aux dรฉgradations quโil occasionne. Le systรจme routier en croissance a dรฉpassรฉ un seuil au-delร duquel il est devenu contre-productif. Il produit de grandes injustices et complique toujours plus les politiques de redistribution des richesses, quand ceux qui subissent ses nuisances ne sont pas ceux qui profitent de ses commoditรฉs. Les populations les plus pauvres peuvent rester piรฉgรฉes dans les zones les plus pauvres, les plus polluรฉes ou bruyantes et les plus privรฉes dโemplois, de services urbains ou de paysages agrรฉables [186].
Nรฉanmoins, les jeunes occidentaux รฉprouvent de moins en moins dโintรฉrรชt pour lโautomobile et ils nโont plus envie de la grosse voiture de leurs parents. Lโimaginaire dominant de notre univers automobile durant les trente glorieuses nโest plus adaptรฉ ร cette nouvelle gรฉnรฉration quโil va falloir prendre en compte pour rรฉinventer les moyens de dรฉplacement de demain. Lโautomobile doit se redรฉfinir et on peut faire lโhypothรจse de nouveaux modes de transports situรฉs aux interstices des deux et quatre roues : probablement un modรจle de petite voiture lรฉger et รฉcologique.
Mais pour le moment, des pays comme lโInde ou la Chine sont dans une dynamique de rattrapage รฉconomique et encore dans la fascination pour un modรจle occidental qui nโest pourtant pas viable. Chaque jour, 1 200 vรฉhicules nouveaux sont immatriculรฉs en Chine et la terre comptera cinq fois plus de voitures dโici 2050. Ceci va provoquer une course aux matiรจres premiรจres de plus en plus effrรฉnรฉe au fil des annรฉes
venir, avec des consรฉquences dรฉjร visibles (par exemple lโintรฉrรชt croissant de la Chine pour lโAfrique). Il va pourtant falloir adopter de nouveaux modes de croissance รฉcologiquement responsables et le modรจle รฉnergivore apparu au dรฉbut du 19รจme siรจcle va devoir se rรฉinventer. Cโest une nouvelle rรฉvolution industrielle qui est en train de se dessiner sous nos yeux, et la voiture est au cลur de ce bouleversement [20].
Utopies
Une ยซ Utopie Concrรจte ยป pour Paris
Le Grand Paris ROLAND CASTRO fait partie dโune gรฉnรฉration dโarchitectes et urbanistes qui a รฉnor-mรฉment rรฉflรฉchi et appris des รฉchecs du passรฉ, une gรฉnรฉration qui a beaucoup dรฉconstruit la pensรฉe des temps modernes. Sa pensรฉe intรจgre lโaspect politique et citoyen dโune architecture urbaine. Il est partisan de la rรฉhabilitation par le remodelage des grands ensembles. Il a รฉgalement initiรฉ le mouvement politique de lโUtopie Concrรจte pour transformer sans rรฉvolution la sociรฉtรฉ vers plus dโรฉgalitรฉ rรฉpublicaine et de justice. Il y dรฉfend lโidรฉe dโavancer des utopies concrรจtes et รฉvolutionnaires pour redonner du sens ร la politique. Pour lui, lโutopie concrรจte : cโest la vรฉritรฉ de demain. Tout comme les congรฉs payรฉs ou lโabolition de la peine de mort รฉtaient des utopies en leurs temps, elles sont devenues des rรฉalitรฉs de nos jours.
Il a รฉtรฉ choisi par le prรฉsident NICOLAS SARKOZY pour encadrer une รฉquipe pluridisciplinaire lors de la consultation sur le Grand Paris : un projet de loi adoptรฉ le 19 juillet 2013 et visant ร crรฉer une mรฉtropole qui regroupera, dรจs 2016, Paris et trois dรฉpartements de la petite couronne, dotรฉ de compรฉtences en matiรจre de logement et dโamรฉnagement du territoire. Ce projet a รฉtรฉ initiรฉ sous FRANรOIS MITTERRAND4, lancรฉ par NICOLAS SARKOZY et repris sous FRANรOIS HOLLANDE. Il sโagit donc dโun projet qui dรฉpasse de loin les clivages politiques habituels de la France (gauche / droite).
Lorsque ROLAND CASTRO dรฉcrit ce projet, il considรจre un territoire rรฉel plus grand que celui retenu par la loi, quโil dit enfermรฉe dans des limites administratives trop รฉtroites. Pour lui, le Grand Paris sโรฉtend sur une zone de 40 km par 40 km, concerne 10 millions dโhabitants et regroupe 400 communes. Ce projet porte lโambition de faire une mรฉtropole multipolaire caractรฉrisรฉe par une multitude dโรฉlรฉments attractifs en dehors du centre historique. A cette รฉchelle, le Grand Paris sera aussi grand que Berlin ou le Grand Londres. Le Grand Paris va permettre de faire la ยซย ville ร la campagneย ยป avec un territoire beaucoup plus riche du point de vue vรฉgรฉtal ou mรชme agricole, un espace mรฉtropolitain dans lequel chaque quartier est attractif, sympathique, caractรฉrisรฉ par le plaisir dโy habiter et partagรฉ par tous, ou chaque quartier ยซ vaut bien ยป nโimporte quel autre. Cโest en cela que le Projet du Grand Paris reprรฉsente une utopie concrรจte.
Mais en dehors des aspects techniques, ce projet est soumis ร dโimportantes crispations politiques liรฉes dโune part ร lโinsuffisance dโune implication forte au plus haut niveau de lโรฉtat, et dโautre part ร la prรฉsence de nombreux ยซ barons ยป locaux qui disposent dโune influence importante et qui ne servent pas systรฉmati-quement la cause collective. Pour ROLAND CASTRO, le manque de budget identifiรฉ pour financer le projet nโest pas la question la plus grave car il y a beaucoup dโรฉconomies ร rรฉaliser en rรฉformant des formes dโad-ministration du territoire devenues superfรฉtatoires avec le temps (notamment en supprimant les conseils gรฉnรฉraux). De plus, le projet de loi relatif au Grand Paris prรฉvoit :
lโobjectif de crรฉation dโun million dโemplois supplรฉmentaires en รle-de-France sur les quinze pro-chaines annรฉes5 ;
lโobligation de construire 70 000 logements par an.
Paris ville-monde Dans sa note ouverte dโoctobre 2013 adressรฉe au Prรฉsident de la Rรฉpublique et intitulรฉe Vivre un Grand Paris ยป [41], Michel CANTAL-DUPART interpelle ร sa maniรจre Franรงois HOLLANDE pour lui faire part de son inquiรฉtude face aux orientations de ce projet qui sont contraires aux convictions quโil porte. Dans son document, il dresse un bilan complet de la situation et suggรจre sept objectifs pour redresser la barre.
Raccommoder les quartiers Il nโy aura pas de Grand Paris possible dans une ville ร plusieurs vi-tesses : il ne sโagit pas de rรฉaliser des opรฉrations comme des รฉco-quartiers qui poussent de toute part sans se soucier de lโรฉvolution des quartiers dans lesquels ils sโinsรจrent. Plus que de revisiter les Quartiers Prio-ritaires, il faut vรฉritablement dรฉsenclaver les citรฉs. Quand ils existent, les fleuves sont des รฉlรฉments intรฉres-sants pour fรฉdรฉrer une ville car ils ne subissent pas les limites administratives.
Premier et dernier logement Les petits logements disponibles pour les jeunes (premier logement) sont souvent inaccessibles pour cause de loyer prohibitif et cโest la mรชme chose pour un nombre important de retraitรฉs (dernier logement) qui doivent quitter la capitale parce que la vie et les logements y sont devenus trop chers : ce phรฉnomรจne contribue ร dรฉsรฉquilibrer la ville. Pour corriger ce phรฉnomรจne, il est possible dโaugmenter encore la densitรฉ de la ville dans des proportions raisonnables en utilisant ses rรฉserves fonciรจres aรฉriennes qui sont vastes sans pour autant faire de grandes tours. Dโautre part, il peut รชtre intรฉressant de revisiter les immenses zones dโactivitรฉs et leurs parkings pour proposer une รฉvolution fonciรจre lorsquโil est possible dโy accueillir des logements. Au lieu de rajouter des bureaux dรฉjร en nombre et parfois vacants, il faudrait leur prรฉfรฉrer des programmes dโhabitation pour arriver ร un รฉquilibre, notamment ร proximitรฉ immรฉdiate des gares pour inciter les habitants ร utiliser les trains plutรดt que des voitures (lorsquโon construit des bureaux ร proximitรฉ immรฉdiate des gares, cโest lโeffet inverse qui se produit : les gens quittent leur domicile avec leur vรฉhicule et tentent par tous les moyens possibles de rejoindre leur lieu de travail en voiture).
Les chemins de lโรฉcolier Lโรฉcole est un lieu dโapprentissage de la ville, tant par le contenu de ses enseignements que par le chemin empruntรฉ, itinรฉraire qui mรจne du domicile aux portes de lโรฉcole et fait dรฉcouvrir aux รฉcoliers les rรฉseaux de la ville. Contrairement au parvis des mairies et des รฉglises, on soigne rarement celui des รฉcoles qui mรฉriterait pourtant dโรชtre plus accueillant pour recevoir les parents qui sโy regroupent en attendant leurs รฉcoliers.
Cultiver le bien รชtre Concernant lโimplantation hospitaliรจre, une position centrale dans lโagglomรฉra-tion peut รชtre idรฉale ร condition que les accรจs soient aisรฉs et que soit prรฉvue, pour le personnel soignant, une possibilitรฉ dโun habitat adaptรฉ de proximitรฉ. Si lโimplantation est pรฉriphรฉrique, lโaccรจs ร une intermodalitรฉ est impรฉratif. Le plateau technique innovant et performant reste ร lโhรดpital, mais lโhรดpital doit trouver des moyens de se dรฉployer en ville au plus prรจs du milieu de vie de ses patients, pour leur confort. Concernant les possibilitรฉs de restauration des habitants et des visiteurs, la convivialitรฉ dโun Grand Paris passe par le bien manger. Paris est une ville magnifique, riche dโune poรฉsie fabuleuse, mais qui gagnerait tout de mรชme ร offrir un meilleur accueil aux touristes venus du monde entier pour la rencontrer.
Donner accรจs ร toute la ville Il est essentiel de pouvoir se dรฉplacer dans toute la ville pour accรฉder au savoir, au travail, ร la promenade ou aux biens de consommation. Les nouvelles lignes de mรฉtro express et les 70 gares et stations qui seront construites devront รชtre lโoccasion de valoriser les quartiers qui les accueilleront en recherchant lโintermodalitรฉ et la transversalitรฉ sans imposer un passage obligรฉ par le centre de Paris.
Gommer lโattrait du vide Il faut dรฉlimiter de faรงon prรฉcise et sans tolรฉrer de flou les parcelles urba-nisรฉes et urbanisables des parcelles ร vocation agricole pour concevoir un urbanisme dโune certaine densitรฉ (sinon les lisiรจres restent permรฉables pour les amรฉnageurs) et crรฉer un front de terre semblable ร un front de mer pour offrir de larges perspectives aux paysages franciliens et protรฉger les terres agricoles qui peuvent fournir aux citadins des produits rรฉgionaux valorisants. Les terres agricoles ainsi protรฉgรฉes pourront รฉvoluer sereinement pour mieux assurer les besoins alimentaires de la ville quโelles cรดtoient.
Valoriser la Seine La Seine est la plus belle avenue de Paris, mais dรจs quโon quitte le centre et quโon arrive en banlieue, cโest fini ! Elle est pourtant un liant รฉvident ร tout le projet parce quโelle coule ร travers le territoire sans se soucier des limites administratives et parce que se concentrent sur ses rives universitรฉs et centres de recherche qui correspondent ร lโimage et ร lโavenir du Grand Paris. De plus, elle abrite sur ses berges de nombreuses friches industrielles qui permettraient de qualifier un paysage exceptionnel.
La ยซ Ville Creuse ยป : un exemple de ville idรฉale
La ville est le lieu complexe oรน de multiples forces sโopposent et se disputent. Comment par exemple rรฉconcilier les attentes lรฉgitimes du citadin (plus dโespace, des facilitรฉs dโaccรจs aux activitรฉs et services, un cadre de vie de qualitรฉ, convivial et sain, etc.) avec une rรฉduction de nos consommations en ressources naturelles, une diminution de nos pollutions, de nos dรฉchets ou dโun รฉtalement urbain sans fin ? Existe-t-il une forme de ville optimale capable dโamรฉliorer son fonctionnement, de rรฉduire ses besoins, ses gaspillages et ses nuisances ? Y a-t-il une forme dโorganisation de lโespace qui puisse nous conduire ร ces diffรฉrentes optimisations ?
JEAN-LOUIS MAUPU6, bien quโil ne soit pas urbaniste, sโest risquรฉ sans รฉtat dโรขme ร cet exercice dans son livre intitulรฉ ยซ La ville creuse pour un urbanisme durable ยป [186]. La ville utopique quโil propose repose sur trois grands principes complรฉmentaires :
un rรฉseau de transport multiple qui suit une forme hexagonale constituรฉe de 6 nลuds et formant une boucle (maille ou anneau) parsemรฉe tous les 500 m dโune station de transport collectif (TC) ; des constructions avec une densitรฉ importante aux abords de la maille, son centre รฉtant rรฉservรฉ ร de grands espaces verts et naturels traversรฉs dโallรฉes, dโune riviรจre, dโun lac, dโexploitations agricoles, maraรฎchรจres et horticoles, de terrains de sport, dโun cimetiรจre, de jardins et de vergers privรฉs acces-sibles aux seuls modes doux et vรฉhicules de service ;
une mixitรฉ des lieux de logement et dโactivitรฉ jusquโร mรชme les superposer dรจs que cโest possible.
Chaque anneau autonome fait environ 4 km de largeur pour 12 km de longueur, son tracรฉ รฉtant enve-loppรฉ dโun bรขti mixte et dense pouvant accueillir 60 000 habitants dont 30 000 emplois et 25 000 mรฉnages comptabilisant de 10 ร 20 000 voitures. La ville peut croรฎtre en y ajoutant des anneaux supplรฉmentaires sur le principe dโune structure alvรฉolaire en nid dโabeilles.
Sur le contour de chaque anneau, on retrouve une ligne de TC aรฉrienne guidรฉe qui comprend 24 stations ainsi quโune voie dรฉdiรฉe aux vรฉlos et piรฉtons, et une troisiรจme ligne si possible en sous-sol rรฉservรฉe aux vรฉhicules utilitaires, aux vรฉhicules de service ou de transport de marchandises ainsi quโaux voitures particu-liรจres qui se partagent lโespace du niveau infรฉrieur รฉgalement rรฉservรฉ aux machineries, aux divers rรฉseaux techniques, aux aires de stockage et ร la totalitรฉ des parkings publiques et privรฉs. Les activitรฉs engendrant les plus gros trafics de marchandises se situent prรจs ou au niveau de lโartรจre routiรจre alors que celles qui induisent un trafic de voyageurs sont positionnรฉes ร proximitรฉ de la ligne de TC. les lieux de logement et dโactivitรฉ sont mรฉlangรฉs et rรฉpartis selon leur nรฉcessitรฉ en termes de proximitรฉ des diverses autres lieux, de la lumiรจre, de lโair libre ou en direction de la verdure, tout cela pour rรฉduire les besoins de dรฉplacement, la longueur des trajets et respecter la diversitรฉ des attentes.
Toutes les constructions rรฉparties de faรงon homogรจne รฉtant ร proximitรฉ immรฉdiate de la boucle, et plus particuliรจrement des stations de TC, la ligne de TC devient trรจs attractive et la plupart du temps, la voiture nโest plus dโune nรฉcessitรฉ absolue. De plus, comme le rรฉseau de TC dessert lโensemble des lieux frรฉquentรฉs sur lโanneau, il est en mesure de capter 1 ร 2 voyages par habitant et par jour contre 0,1 ร 0,2 en rรจgle gรฉnรฉral. Compte tenu de sa structure en boucle, la ligne de TC peut donc รชtre rentabilisรฉe avec 10 fois moins dโhabitants desservis. Pour mieux rรฉpondre ร la diversitรฉ des attentes individuelles, des pavillons, villas et cabanons peuvent รชtre tolรฉrรฉs dans lโespace de verdure en conservant des rรจgles justes et strictes dโaccessibilitรฉ, dโimplantation et de construction pour garder ร la partie dense la vue et la proximitรฉ de la verdure et des beaux espaces libres.
Pour lโapprovisionnement en marchandises, les transporteurs dรฉposent ou prennent leur chargement sur des plateformes logistiques situรฉes aux entrรฉes de la ville et directement branchรฉes sur les voies interur-baines rapides ou sur une gare ferroviaire. Un service de vรฉhicule adaptรฉ peut alors distribuer et collecter les colis ou assurer les รฉchanges internes en accรฉdant aux points de livraison et de collecte localisรฉs sur le court linรฉaire de voirie couvert qui reste dโaccรจs facile aux poids lourds.
Pour traverser un anneau (diamรฉtralement), il faut compter entre 40 et 60 mn ร pieds, 15 mn ร vรฉlo et 15 mn en TC. Une ville constituรฉe de 3 hexagones formant un trรจfle รฉquivaut ร 2,5 anneaux bรขtis, soit 150 000 habitants. Un motif de 7 hexagones formant une fleur ร 6 pรฉtales รฉquivalent ร 5 anneaux, soit une ville de 300 000 habitants. Avec une bande urbanisรฉe de 500 m de large sur une maille complรจte, on obtient une densitรฉ de 100 hab/ha7 (carrรฉ de 500 m de cotรฉs avec une station de TC en son centre, soit 25 ha avec 2 500 hab) oรน chaque habitant est ร moins de 350 m dโune station de TC et ร moins de 250 m dโun grand espace de verdure. Avec une bande urbanisรฉe de 1 000 m de large, la densitรฉ tombe ร 50 hab/ha 8 et chacun est ร moins de 550 m dโune station de TC. Le grand espace de verdure central devient moins accessible (il reste ร moins de 500 m) mais il est davantage prรฉsent dans toute la bande construite.
Avec cette organisation, la ville creuse permet de rรฉduire efficacement les besoins de mobilitรฉ et de transport de biens, elle se caractรฉrise par un trafic concentrรฉ sur sa boucle et une forme urbaine attractive (densitรฉ pas trop รฉlevรฉe, logements individuels, proximitรฉ de la nature) รฉconome en รฉnergie et matรฉriaux, produisant peu de dรฉchets et sโapprovisionnant en prioritรฉ sur son territoire agricole. Elle peut sโaccommo-der facilement de la gรฉographie dโun lieu, de sa gรฉologie ou de son histoire et sโy insรฉrer en douceur tout en le prรฉservant, le tracรฉ choisi pouvant suivre un chemin existant, encercler un petit bourg de caractรจre ou lโintรฉgrer comme nลud principal.
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Table des matiรจres
1 Introductionย
1.1 Contexte gรฉnรฉral
1.2 Objectifs et contributions de cette thรจse
1.2.1 Objectifs
1.2.2 Contributions
1.3 Plan de la thรจse
I Contexteย
2 Urbanismeย
2.1 Quโest-ce quโune ville ?
2.2 La ville perรงue comme une entitรฉ vivante
2.3 De la ville ร lโaire urbaine
2.4 Lโurbanisme
2.5 Naissance de lโurbanisme moderne et applications pratiques
2.6 Consรฉquences des politiques successives
2.7 Thรฉories urbaines aprรจs lโurbanisme moderne
2.8 Formes et structures de la ville contemporaine
2.9 Conclusion
3 Dรฉveloppement durableย
3.1 Enjeux dโun dรฉveloppement soutenable sur le long terme
3.2 Dimensions urbaines du dรฉveloppement durable
3.3 Enjeux ร lโexport du savoir-faire franรงais en matiรจre de ville durable
3.4 La voiture au cลur dโune nouvelle rรฉvolution industrielle ?
3.5 Utopies
3.5.1 Une ยซ Utopie Concrรจte ยป pour Paris
3.5.2 La ยซ Ville Creuse ยป : un exemple de ville idรฉale
3.6 Conclusion
4 Cadre mรฉthodologique et problรฉmatiqueย
4.1 Synthรจse des รฉlรฉments contextuels
4.1.1 Articulations entre urbanisme et dรฉveloppement durable
4.1.2 Un champ dโapplication moteur de la recherche thรฉorique
4.2 Le cadre mรฉthodologique
4.2.1 Un carroyage symbolique rรฉgulier
4.2.2 Lโรฎlot comme unitรฉ de travail
4.2.3 Rรฉsolution optimale et rรฉsolution interactive
4.2.4 Positionnement de la PPU par rapport aux plateformes de conception urbaine existantes
4.3 Problรฉmatique
4.3.1 Proposer un modรจle de prรฉ-programmation urbaine
4.3.2 Rechercher une bonne organisation spatiale de la ville ร partir du modรจle de PPU dans un contexte batch ou interactif
4.3.3 Imaginer une interaction avec lโutilisateur capable de maintenir la cohรฉrence globale dโune solution
4.4 Mรฉthode gรฉnรฉrale de travail
4.5 Conclusion
II รtat de lโartย
5 Problรจmes dโoptimisation combinatoire sous contraintesย
5.1 Caractรฉristiques des problรจmes combinatoires
5.1.1 Problรจme dโoptimisation combinatoire
5.1.2 Complexitรฉ
5.1.3 Problรจmes de satisfaction de contraintes
5.1.4 Problรจmes dโoptimisation sous contraintes
5.1.5 Problรจmes dโoptimisation dynamique sous contraintes
5.2 Rรฉsolution des problรจmes dโoptimisation combinatoire
5.2.1 Panorama des mรฉthodes complรจtes
5.2.2 Panorama des mรฉthodes incomplรจtes
5.3 Discussion sur le choix dโune mรฉthode de rรฉsolution
5.4 Programmation par contraintes
5.4.1 Principes de la PPC
5.4.2 Complรฉment sur les contraintes
5.4.3 Rรฉsolution des DCSP
5.4.4 Rรฉsolution des CSOP
5.4.5 Conclusion
5.5 Heuristiques de construction (approchรฉes)
5.5.1 Algorithmes gloutons
5.5.2 Algorithmes gloutons alรฉatoires
5.5.3 Conclusion
5.6 Mรฉtaheuristiques ร base de voisinages
5.6.1 Gรฉnรฉralitรฉs sur les mรฉtaheuristiques
5.6.2 Mรฉtaheuristiques de voisinage
5.6.3 Concepts communs aux mรฉtaheuristiques de RL
5.6.4 Mรฉthodes de descente (Simple Improvement-based Local Search)
5.6.5 Mรฉcanismes dโintensification et de diversification
5.6.6 Recherche Locale Itรฉrรฉe (Iterated Local Search, ILS)
5.6.7 Recuit Simulรฉ (Simulated Annealing, SA)
5.6.8 Recherche Tabou (Tabu Search, TS)
5.6.9 Adaptive Search (AS)
5.6.10 Autres mรฉtaheuristiques obtenues par recombinaison de mรฉthodes simples
5.6.11 Conclusion
5.7 Mรฉtaheuristiques parallรจles (ร base de voisinage)
5.7.1 รvaluation concurrente des voisins
5.7.2 Dรฉcomposition de domaine
5.7.3 Recherche multiple
5.7.4 Conclusion
5.8 Environnements logiciel et cadre gรฉnรฉrique
5.8.1 Les origines
5.8.2 Bibliothรจques et frameworks
5.9 Conclusion
6 Systรจmes interactifs dโaide ร la dรฉcisionย
6.1 Aide ร la dรฉcision
6.1.1 Dรฉcision
6.1.2 Processus de dรฉcision
6.1.3 Aide ร la dรฉcision
6.1.4 Systรจmes Interactifs dโAide ร la dรฉcision
6.1.5 Classification des SIAD au niveau utilisateur
6.2 Rรฉsolution temps rรฉel
6.2.1 Algorithme anytime
6.2.2 Mรฉthodes de rรฉsolution adaptรฉes au contexte de dรฉcision temps rรฉel
6.2.3 Contribution du parallรฉlisme
6.3 Principe de maintien de solution dans un systรจme dynamique
6.3.1 Besoins utilisateurs
6.3.2 Rรฉparation de la solution prรฉcรฉdente
6.4 Conclusion
7 Modรฉlisation urbaineย
7.1 Reprรฉsentations historiques de la ville
7.1.1 Les modรจles dโรฉconomie spatiale
7.1.2 Les modรจles de lโรฉcologie urbaine
7.1.3 Les modรจles dโinteraction spatiale
7.2 Vers une approche systรฉmique et individu-centrรฉe
7.3 La modรฉlisation LUTI
7.4 Trois modรจles urbains passรฉs au crible
7.4.1 Le projet UrbanSim
7.4.2 Le projet GeOpenSim
7.4.3 CommunityViz
7.5 Les problรจmes de positionnement
7.5.1 Cadre gรฉnรฉral dโun problรจme de positionnement
7.5.2 Problรจme dโaffectation quadratique (Quadratic Assignation Problem, QAP)
7.6 Conclusion
III Contributionsย
8 Modรจleย
8.1 Introduction
8.2 Modรจle urbain de prรฉ-programmation durable
8.2.1 Modรจle urbain
8.3 Modรจle de contrainte pour le problรจme dโamรฉnagement urbain
8.3.1 Reprรฉsentation de la ville par une grille
8.3.2 Contraintes gรฉnรฉrales
8.3.3 Contraintes spรฉcifiques
8.4 Conclusion
9 Rรฉsolution initiale basรฉe sur Adaptive Searchย
9.1 Choix dโune mรฉthode de rรฉsolution
9.2 Configuration initiale
9.2.1 Initialisation alรฉatoire
9.2.2 Initialisation gloutonne alรฉatoire
9.3 Algorithme sรฉquentiel
9.3.1 Cache de donnรฉes et calcul incrรฉmental
9.3.2 Liste des candidats bannis
9.3.3 Mode multi-candidats
9.3.4 Mode multi-permutations
9.4 Version distribuรฉe de lโalgorithme
9.4.1 Caractรฉristiques liรฉes au fonctionnement de la version distribuรฉe
9.4.2 Complรฉments intรฉgrรฉs au modรจle
9.4.3 Protocoles distribuรฉs
9.5 Conclusion
10 Mode interactifย
10.1 Principes retenus
10.2 Prรฉsentation des composants impliquรฉs dans lโinteraction
10.2.1 Gestionnaire de messages
10.2.2 Dispositif tactile
10.2.3 Solveur interactif
10.3 Gestion des scรฉnarios
10.4 Paramรฉtrage du comportement interactif
10.4.1 Comportement de saisie
10.4.2 Administration distante du solveur
10.4.3 Mode de fonctionnement autonome
10.4.4 Administration des composants graphiques de retour
10.4.5 Rรฉglage du poids de chaque contrainte
10.4.6 Taille de chaque cellule
10.5 Manipulations directes sur la grille
10.5.1 Dรฉplacer une forme urbaine ou un ensemble de formes urbaines
10.5.2 Verrouiller ou dรฉverrouiller des cellules ร la demande
10.6 Retours visuels
10.6.1 Carte de chaleur
10.6.2 Historique dโรฉvolution des coรปts
10.7 Vidรฉo dโaccompagnement
10.8 Conclusion
11 Expรฉrimentationsย
11.1 Mรฉthodologie
11.1.1 Versions incrรฉmentales de nos prototypes
11.1.2 Jeux de donnรฉes
11.1.3 Paramรจtres de configuration
11.1.4 Implรฉmentation et dรฉploiement
11.2 Tableau de bord
11.2.1 Mode opรฉratoire
11.2.2 Variation des coรปts
11.2.3 Rรฉpartition des coรปts par contrainte
11.2.4 Rรฉpartition des temps de calcul par contrainte
11.2.5 Paysage des gains liรฉ ร chaque candidat sรฉlectionnรฉ
11.2.6 Comparaison des performances entre diffรฉrentes versions de lโalgorithme de rรฉsolution
11.3 Expรฉrimentations liรฉes ร la rรฉsolution initiale
11.3.1 Comparaison entre les principales versions et modes de fonctionnement
11.3.2 รvaluation des protocoles 1 et 4 de la version distribuรฉe
11.4 Retour des urbanistes
11.4.1 รvaluation des solutions initiales
11.4.2 รvaluation du mode interactif
11.5 Conclusion
IV Conclusionย
12 Conclusion gรฉnรฉrale et perspectivesย
12.1 Conclusion gรฉnรฉrale
12.2 Perspectives de recherche
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