Position systématique du genre Tetradenia

La flore malgache compterait selon les estimations entre 13 000 et 14 000 espèces avec un taux d’endémisme de 80% (CDB, 2014), dont 30% de plantes médicinales (Rabesa et al., 1990). La famille des Lamiaceae à laquelle appartient Tetradenia est à la fois parmi les familles des plantes médicinales et aromatiques (Ramasubramania Raja, 2012). La famille des Lamiaceae est très diversifiée avec 6 900 à 7 200 espèces réparties dans 236 genres (McKay & Blumberg, 2006). Elle est cosmopolite et est aussi bien répandue dans les zones tropicales que dans les zones tempérées du monde (Yuan et al., 2010).

A Madagascar, les Lamiaceae appartiennent aux dix premières familles les plus diversifiées (Gautier et al., 2013) avec d’environ 140 espèces (Phillipson et al., 1998) réparties dans 20 genres dont 3 sont endémiques : Dauphinea Hedge, Capitanopsis S. Moore et Madlabium Hedge (Tropicos, 2016).

Tetradenia, un genre africano-malgache a été décrit pour la première fois par Bentham en 1830 comme genre spécial à l’île de Madagascar. Codd (1983) a conclu que les espèces du genre Iboza africaines et celles du Tetradenia ont les mêmes caractéristiques ; ainsi 3 espèces du genre Iboza ont été transférées dans le genre Tetradenia. Cependant, les espèces malgaches se distinguent de celles de l’Afrique par la présence de poils dendroïdes, les fleurs plus grandes et pédicellées, les épis généralement plus lâches et le disque de l’ovaire à un seul lobe (Phillipson et al., 1998).

GENERALITES

Tetradenia est un genre malgache essentiellement rencontré en Afrique de l’Est et en Afrique du Sud. Il compte actuellement 22 espèces dont 12 endémiques de Madagascar et 10 espèces en Afrique (Phillipson & Steyn, 2008). Neuf parmi ces 12 espèces malgaches sont déjà acceptées et publiées tandis que trois (3) autres ne sont pas encore décrites mais restent en cours de vérification (Phillipson et al., 1998).

Position systématique du genre Tetradenia 

La classification systématique du genre Tetradenia selon l’APG III en 2009 est la suivante :

Domaine BIOTA
Règne PLANTAE
Sous-Règne VIRIDAEPLANTAE
Division MAGNOLIOPHYTA
Classe ASTERIDEA
Sous-Classe EUASTERIDEA
Super-Ordre ASTERANAE
Ordre LAMIALES
Famille LAMIACEAE
Ss/famille NEPETOIDEAE
Tribu OCIMEAE
Ss/tribu PLECTRANTHINAE
Genre Tetradenia Benth.

A Madagascar, selon leurs localités, les espèces de Tetradenia portent les noms vernaculaires communs suivants « Borona, Bororohana, Borondahy » (Phillipson et al., 1998).

Ecologie et distribution phytogéographique

Les espèces de Madagascar sont essentiellement rencontrées dans les régions montagneuses à travers tous les domaines du Centre, avec une extension vers la côte dans le Sud-Est (Planche 2). Elles sont l’une des caractéristiques de la végétation arbustive des « inselbergs» et escarpements rocheux. D’après les inventaires de Phillipson et al. en 1998, les espèces malgaches sont réparties comme suit :

❥ T. clementiana Phillip. se trouvant dans le massif de l’Itremo ;
❥ T. cordata Phillip. très répandue dans la partie Sud du plateau central ; dominant spécialement entre Ambalavao et Ihosy ; mais aussi dans le massif de l’Itremo, à Zazafotsy et à Ranohira-Tuléar.
❥ T. falafa Phillip. se rencontrant dans le Sud-Est de Madagascar : Parc National d’Andohahela, aux environs d’Amboasary, de Fort Dauphin et près de Bevilany.
❥ T. fruticosa Benth. est localisée dans le nord : Nord d’Ankazobe ; dans la partie Sud : au Sud de Fianarantsoa ; dans la partie Est de Madagascar : massifs d’Ikongo, du Vondrozo et d’Ifanadiana et aux environs d’Ambositra.
❥ T. goudotii Briq. qui pousse dans les massifs d’Ankaratra et d’Ibity ;
❥ T. herbacea Phillip. est seulement connue de la région sommitale du massif d’Itremo ;
❥ T. hildeana Phillip. a une aire de répartition très limitée dans la partie Sud-Est de la région occidentale de Madagascar : dans le Parc National d’Andohahela à Fort Dauphin.
❥ T. isaloensis Phillip. se situe dans le Parc National d’Isalo et dans les environs de Ranohira
❥ T. nervosa Codd. est localisée dans la partie Sud du plateau central et dans le Sud-Est de Madagascar : Volazato, Ranofotsy, Ivohibe, Andohahela, Ambinanibe et Bevitiky.

Les principales menaces qui pèsent sur les espèces de Tetradenia sont les feux de brousses.

Utilisations et importance économique

Aussi bien en Afrique qu’à Madagascar, les espèces du genre Tetradenia sont utilisées en médecine traditionnelle. De nombreux travaux chimiques et pharmacologiques ont été déjà effectués sur les espèces africaines (Ndamne et al., 2013 ; Gazim et al., 2014), pourtant à notre connaissance, peu d’études ont été menées sur les espèces de Madagascar. Tetradenia fruticosa est la plus citée dans les littératures. Cependant les espèces du genre ont presque les mêmes utilisations à Madagascar.

En dermatologie, les feuilles, en application externe, sont utilisées pour soigner la gale, l’abcès, les furoncles, la lèpre et les plaies (Pernet, 1957 ; Boiteau, 1986 ; Jenkins, 1987).
En gynéco-obstétrique : la décoction de feuilles permet de faciliter l’accouchement surtout en cas de couches laborieuses (Boiteau, 1986).
Pour l’appareil digestif : la plante est réputée très active contre le vomissement, la diarrhée, la dysenterie (Pernet, 1957), les maux d’estomac et l’ulcère (Bost, 1961 ; Jenkins, 1987).
En dentisterie : la plante permet de soigner les infections de la bouche et de traiter la carie dentaire (Bost, 1961).
Concernant les maladies de l’appareil respiratoire : les feuilles sont utilisées contre les toux rebelles (Debray et al., 1971). Elles sont très importantes dans le cas de traitement des maladies uro-génitales grâce à leurs propriétés antivénériennes et syphilitiques (Pernet, 1957). Les espèces de Tetradenia sont aussi utilisées pour lutter contre les actes de sorcellerie (Rahelivololona, 1997).

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Table des matières

INTRODUCTION
Partie I. GENERALITES
I.1. Position systématique du genre Tetradenia
I.2. Description de Tetradenia goudotii Briq. et T. nervosa Codd
I.3. Ecologie et distribution phytogéographique
I.4. Utilisations et importance économique
I.5. Etat de l’art sur les familles chimiques
I.6. Propriétés biologiques de quelques familles chimiques
Partie II. MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériels
II.1.1. Pour le criblage phytochimique et l’extraction d’huile essentielle
II.1.2. Pour l’étude anatomique
II.1.3. Pour l’étude histochimique
II.2. Méthodes
II.2.1. Criblage phytochimique
II.2.1.1. Criblage des alcaloïdes
II.2.1.2. Criblage des composées phénoliques
II.2.1.3. Criblage des terpénoïdes
II.2.1.4. Criblage des autres métabolites
II.2.2. Extraction d’huiles essentielles
II.2.2.1. Hydrodistillation
II.2.2.2. Analyse des Huiles Essentielles
II.2.3 Etude anatomique
II.2.3.1. Confection de coupes transversales de jeunes tiges, pétioles et feuilles
II.2.3.2. Confection de coupes paradermales
II.2.3.3. Clarification des feuilles
II.2.3.4. Observations
II.2.4. Etude histochimique
Partie III : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1. Résultats chimiques
III.1.1. Familles chimiques chez Tetradenia goudotii et T. nervosa
III.1.2. Cinétique d’extraction de l’huile essentielle
III.1.3. Caractérisation des huiles essentielles
III.2. Anatomie de l’appareil végétatif
III.2.1. Anatomie des jeunes tiges
III.2.2. Anatomie des pétioles
III.2.3. Anatomie des feuilles
III.2.4. Architecture des nervures secondaires des feuilles
III.3. Histochimie des tiges et des feuilles
Partie IV DISCUSSION
IV.1. Sur les études chimiques
IV.2. Sur les études anatomiques et histochimiques
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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