Certaines bactéries responsables d’infections graves chez l’enfant se singularisent par leur portage parfois fréquent au niveau du rhinopharynx. A partir de ce site, elles peuvent engendrer des infections de proximité diverses, porte d’entrée de pathologies sévères comme les méningites. Parmi elles, trois représentent les étiologies principales des méningites bactériennes pédiatriques(MBP) à travers le monde. Il s’agit de :
– Haemophilus influenzae b
– Streptococcus pneumoniae
– Neisseria meningitidis.
En milieu pédiatrique dakarois, d’autres germes viennent allonger cette liste en période néo-natale; ce sont :
– Streptococcus agalactiae
– Enterobacteriacceae : Escherichia coli Klebsiella pneumoniae…
Tous les ans, on estime à un million le nombre de cas de méningites survenant dans le monde, dont 200000 sont fatals. Le taux de létalité est fonction de l’âge et de la bactérie ; classiquement, il varie de 3% à 19% dans les pays développés et de 37% à 60% dans les pays en développement [60]. En effet, en l’absence de traitement spécifique, les méningites purulentes ont une évolution fatale inéluctable. L’antibiothérapie en a modifié le pronostic. Cependant le taux de mortalité, qui est fonction aussi, du terrain , n’a pas baissé au cours des dernières années malgré l’apparition de nouvelles molécules anti-infectieuses.
Devant les difficultés de mise en route d’une antibiothérapie précoce et adaptée dans le traitement de la méningite, des efforts ont été consentis dans les pays développés pour la mise au point d’une prophylaxie vaccinale. Cette prévention vaccinale repose sur les données épidémiologiques concernant les principales bactéries responsables des MBP à savoir: espèce, sérotype, biotype et antibiotype. Cependant, ces données des pays du Nord ne sont pas extrapolables systématiquement à d’autres régions du monde, notamment l’Afrique. Alors, chaque environnement géographique considéré devra effectuer ses propres études épidémiologiques sur les agents des MBP. Cela permettrait une adaptation de la composition des vaccins proposés et utilisés actuellement dans la prévention des MBP.
Haemophilus influenzae
C’est un coccobacille polymorphe, à Gram négatif, aéroanaérobie facultatif. Il exige pour sa croissance des facteurs contenus dans le sang : l’hémine (facteur X) et le nicotinamide (facteur V). C’est une bactérie qui « aime le sang ». On l’appelle encore bacille de Pfeifer. C’est la première étiologie des méningites bactériennes dans le monde surtout dans les pays où le vaccin antiHaemophilus influenzae b n’est pas spécifique.
Classification
Il appartient à :
● famille : Pasteurellacceae
● genre : Haemophilus
● espèce : Haemophilus influenzae
● sérotypes : a,b,c,d,e,f .
Caractères bactériologiques
– Caractères morphologiques
H. influenzae est un bacille à Gram négatif, court, coccoïde, mesurant 0,5 à 2 µ de long sur 0,3 à 0,4 µ de large. Immobile, il est disposé en paires, en amas parallèles (bancs de poisson) ou en courtes chaînettes dans les produits pathologiques.
Habituellement, H. influenzae est capsulé dans les produits pathologiques ou lors de son isolement à partir de milieux au sang. C’est une bactérie asporulée.
– Caractères culturaux
H. influenzae ne pousse que sur des milieux enrichis au sang. Les globules rouges apportent les deux facteurs x et v répondant ainsi aux besoins de la bactérie. Cette double exigence le distingue des autres espèces notamment H. parainfluenzae qui ne nécessite que du NAD et H. ducreyi le facteur X.
* Milieux de culture
Divers milieux sont utilisés :
• gélose au sang cuit
• milieu sélectif: gélose au sang cuit + bacitracine (50 UI / ml). La bacitracine inhibe la croissance de la plupart des bactéries à Gram positif de la flore rhinopharyngée.
* Conditions de culture
H. influenzae cultive à un optimum de température de +37°C. Sa croissance est habituellement meilleure en atmosphère ordinaire qu’en anaérobiose et est favorisée par la présence de CO2 et d’humidité.
* Aspect des colonies
Sur gélose au sang, les colonies sont petites, arrondies, opaques et blanchâtres, légèrement bombées et irisées, à bords réguliers. On peut noter des colonies muqueuses pour les souches capsulées.
– Caractères biochimiques
H. influenzae produit de l’oxydase, de la catalase, de l’ornithine décarboxylase(ODC), fréquemment de l’indole (souche S) mais ne produit pas d’hydrogène sulfureux (SH2). L’uréase est souvent positive. Le pouvoir glucidolytique est très variable : il fermente régulièrement, sans production de gaz le glucose et le xylose ; irrégulièrement le galactose et le maltose. Il n’attaque ni le lactose ni le mannitol. Il réduit irrégulièrement les nitrates en nitrites. Le biotypage repose sur la production d’uréase, d’indole et d’ODC.
– Caractères antigéniques
H. influenzae possède différents antigènes dont:
• antigène somatique ou AgO. Il est spécifique d’espèce.
• antigène capsulaire (AgK). De nature polyosidique (polyribose ribitol phosphate: PRP) cet antigène est spécifique de sérotype. Ainsi six types capsulaires sérologiquement différents sont décrits pour H. influenzae (a, b , c, d, e, f) dont le type b est responsable de la quasi-totalité des infections graves à H. influenzae.
Trois applications médicales pratiques sont actuellement disponibles pour l’AgK d’H. influenzae :
– son utilisation comme vaccin dans la prévention des méningites et épiglottites.
– sa recherche dans les produits pathologiques LCR, sang, urines) lors des tests de diagnostic rapide(test au latex).
– son rôle dans la taxonomie(sérotypage) des souches d’H. influenzae.
– Sensibilité aux antibiotiques
H. influenzae est un germe très sensible aux antibiotiques. Cependant à partir de 1971 sont apparues des résistances plasmidiques. Celles-ci codent pour des enzymes inactivant l’ampicilline (10 à 15%), le chloramphénicol, les tétracyclines et la kanamycine (faibles fréquences). Les souches sécrétrices de β-lactamases restent sensibles aux céphalosporines de troisième génération (C3G), au triméthoprime-sulfaméthozaxole, aux quinolones et à l’association amoxicilline-acide clavulanique.
– Propriétés physico-chimiques
La vitalité du germe est faible : il est sensible à l’action de la chaleur, du froid, de la lumière , de la dessiccation et des antiseptiques. Il se conserve bien par la lyophilisation et par la congélation.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
1.1. Haemophilus influenzae
1.1.1. Introduction
1.1.2. Classification
1.1.3. Caractères bactériologiques
1.1.4. Epidémiologie
1.1.5. Pouvoir pathogène naturel
1.1.6. Diagnostic bactériologique
1.1.7. Eléments de thérapeutique
1.2. Streptococcus pneumoniae
1.2.1. Introduction
1.2.2. Classification
1.2.3. Caractères bactériologiques
1.2.4. Epidémiologie
1.2.5. Pouvoir pathogène naturel
1.2.6. Diagnostic bactériologique
1.2.7. Eléments de thérapeutique
1.3. Neisseria meningitidis
1.3.1. Introduction
1.3.2. Classification
1.3.3. Caractères bactériologiques
1.3.4. Epidémiologie
1.3.5. Pouvoir pathogène naturel
1.3.6. Diagnostic bactériologique
1.3.7. Eléments de thérapeutique
1.4. Streptococcus agalactiae
1.4.1. Introduction
1.4.2. Classification
1.4.3. Caractères bactériologiques
1.4.4. Epidémiologie
1.4.5. Pouvoir pathogène naturel
1.4.6. Diagnostic bactériologique
1.4.7. Eléments de thérapeutique
1.5. Autres bactéries
2. DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
1. Cadre de l’étude
1.1. Hôpital pédiatrique national
1.2. Période de l’étude
2. Patients
2.1. Population d’étude
2.2. Critères d’inclusion
2.3. Critères d’exclusion
3. Matériels
3.1. Matériels de prélèvement
3.2. Matériels de laboratoire
3.3. Fiches d’enquête
4. Méthodes
4.1. Prélèvements
4.2. Technologie au laboratoire
4.2.1. Traitement des échantillons
4.2.2. L’isolement des germes
4.2.3. L’identification des germes
4.2.4. Etude de la sensibilité des bactéries aux antibiotiques
5. Résultats
5.1. Population d’étude
5.1.1. Nombre
5.1.2. Age et sexe
5.1.3. Diagnostic à l’entrée
5.1.4. Notion d’hospitalisation/Malades externes
5.1.5. Antibiothérapie préalable
5.1.6. Statut vaccinal
5.1.7. Saison de recrutement
5.1.8. Répartition géographique
5.1.9. Répartition de ces différents germes suivant les autres produits pathologiques
5.2. Bactéries isolées
5.2.1. Données globales
5.2.2. Profil de sensibilité aux antibiotiques
5.2.3. Sérotypes et biotypes des germes isolés
5.2.4. Répartition des germes selon l’âge et le sexe
5.2.5. Distribution saisonnière
6. Discussion
3. 6.1. Données générales
6.2. Bactéries isolées
6.2.1. S. pneumoniae
6.2.2. H. influenzae
6.2.3. Neisseria meningitidis
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE