Pharmacologie
Activité anticancéreuse : Les extraits de feuilles testés par « Water Reed Army Médical Center » et par « Cancer Chemotherapy National Service Center » se sont révélés inactifs vis-àvis du paludisme expérimental mais ont une activité anti-tumorale modérée chez l’animal. Avec les extraits d’écorces, de meilleurs résultats ont été obtenus visà vis des tumeurs du sarcome (Kerharo, 1979 ; Odukoya, 1996).
Activité hypoglycémiante : L’étude de l’extrait méthanolique des feuilles de Dialium guineense fractionné par chromatographie d’exclusion-diffusion sur gel de SEPHADEX a permis l’obtention de cinq fractions (F1, F2, F3, F4 et F5). Les essais pharmacologiques réalisés chez des rats normoglycémiques ont révélé un effet hypoglycémiant de la fraction F5. L’administration de la fraction F5 prévient l’apparition d’un pic d’hyperglycémie lié à l’administration de glucose. En effet l’effet sur le glucose sanguin des fractions de l’extrait méthanolique serait corrélé à la présence de flavonoïdes en grande quantité dans la fraction F5, ce qui suggère leur probable implication dans la régulation de la glycémie (Doupa, 2014).
Activité antimicrobienne et anti-oxydante : Des études in vitro faites par Gidéon et al., (2013) sur l’activité antimicrobienne de l’extrait des feuilles de Dialium guineense (willd) ont montré une activité antimicrobienne contre des isolats cliniques de Staphyloccus aureus, Escherichia coli, Bacillus cereus, Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumonia, Microsporum.
Les saponosides
Définition Les saponines sont des molécules naturellement produites par des plantes ou des animaux. Ce sont des hétérosides complexes appartenant aux terpènes cycliques (nom générique donné aux hydrocarbures saturés cycliques ou acycliques ayant pour unité de base le terpène) ou aux stéroïdes. Les saponines ont reçu leur nom générique du fait qu’elles produisent une mousse semblable à celle du savon quand on les agite dans l’eau. Elles ont un caractère émulsifiant et détergent. Le nom saponine est lui-même apparenté au mot savon. Un glycoside de saponine (ou simplement saponine) est issu de la combinaison chimique d’un sucre et d’un stéroïde, d’un stéroïde alcaloïde (stéroïde comportant une fonction azotée) ou d’un triterpène. Les saponines sont retrouvées chez de nombreux végétaux mais elles sont généralement dégradées à la cuisson.
Propriétés physico-chimiques La saponine est aphrogène, c’est-à-dire qu’elle engendre une mousse persistante, elle est également sternutatoire. Elle présente une toxicité plus ou moins importante (selon les saponines, les espèces qui les ingèrent et le contexte). Injectée dans le sang ou dans les tissus, elle provoque la lyse de cellules ou de tissus ou des globules rouges. Elle est capable d’agir sur la perméabilité des membranes cellulaires.
Principe de la caractérisation La drogue est extraite par décoction aqueuse puis la teneur en saponosides sera évaluée par la détermination de l’indice de mousse (IM) sur le décocté (Bassène, 2012). L’IM est déterminé à partir du degré de dilution du décocté aqueux des feuilles de Dialium guineense qui, dans certaines conditions, donne une mousse persistante.
Principes des réactions de caractérisation
Les flavonoïdes donnent des colorations variées avec des solutions diluées de FeCl3 du fait de la présence des fonctions phénoliques dans leurs génines. La réaction colorée dite « de Shibata » permet de caractériser les flavonoïdes. En solution alcoolique, en présence d’hydrogène naissant produit in situ par action de l’acide chlorhydrique sur du magnésium, les flavonoïdes donnent des colorations variées allant du rouge orangé au violet. Par ailleurs, il est noté une accentuation de la couleur jaune des flavonoïdes en milieu alcalin due à leur dissolution (Bassène, 2012).
DISCUSSION
La teneur en eau de la poudre de feuilles de Dialium guineense (7,35%) était inférieure à 10%. Ce qui signifie que la drogue, serait à l’abri de détériorations dues aux microorganismes tels que les moisissures et les bactéries. L’action enzymatique est également fortement diminuée prévenant ainsi les réactions d’hydrolyse, d’oxydation etc. Ainsi, la drogue pourrait être conservée pendant une durée assez prolongée, si elle est conservée dans les conditions idoines, sans risque majeur de détérioration de ses principes actifs (Basséne, 2012). A partir des poids des produits issus de l’extraction et du fractionnement, ont été calculés les rendements correspondants. Le solvant d’extraction utilisé était un mélange d’eau et d’alcool qui sont deux solvants polaires. Ils peuvent donc extraire les composés polaires tels que les polyphénols (les flavonoïdes et les tanins) contenus dans les feuilles de D. guineense (Michael et al., 2010). Mais, l’alcool, grâce à son caractère lipophile est aussi un bon solvant d’extraction pour les composés apolaires tels que les stérols et les génines d’hétérosides. Ainsi l’extraction hydro-éthanolique de la poudre de feuilles de Dialium guineense a fourni un rendement de 9,6%. Ce rendement est inférieur à celui obtenu par Gueye (2018) qui avait travaillé sur les feuilles de Detarium senegalense, une plante appartenant à la même famille que D. guineense, à savoir celle des Caesalpiniaceae. En effet Gueye avait obtenu un rendement d’extraction de 11,64%. Cette différence pourrait s’expliquer par une variabilité des matières extractibles en fonction de l’espèce végétale. Le lieu et la période de récolte pourraient aussi influer sur le rendement d’extraction. La solubilité d’une molécule dans un solvant dépendant en grande partie de sa polarité, les phytoconstituants de l’extrait hydro-éthanolique des feuilles de D. guineense se sont variablement repartis au niveau des trois fractions. Les composés apolaires (contenus dans la fraction dichloromethanique) ne se dissolvent pas bien en général dans les solvants polaires, contrairement aux composés polaires (contenus dans les fractions d’acétate d’éthyle et aqueuse). En effet, l’acétate d’éthyle et l’eau étant des solvants polaires sont capables d’extraire des composés polaires tels que les hétérosides de flavonoïdes et de tanins. Les composés polaires contenus dans les fractions polaires (d’acétate d’éthyle et aqueuse) représentaient respectivement 6,49% et 41,12% de l’extrait hydro-éthanolique des feuilles de D. guineense. Quant à la fraction apolaire, c’est-à-dire celle dichlorométhanique, elle constituait 18% de l’extrait sec hydro-éthanolique. Les constituants polaires étaient majoritaires et constituaient globalement 47,61% de l’extrait hydro-éthanolique. Le screening phytochimique a révélé la présence de tanins condensés, de flavonoïdes, de stérols et triterpènes dans l’extrait hydro-éthanolique des feuilles de Dialium guineense. Les stérols et triterpènes ont été identifiés dans la fraction dichlorométhanique. Ces phytoconstituants étant apolaires, se dissolvent bien dans le dichlorométhane qui est un solvant organique apolaire. Les flavonoïdes ont été bien extraits par l’acétate d’éthyle et l’eau. Les flavonoïdes de polarité moyenne seraient présents dans la fraction d’acétate d’éthyle, les plus polaires se localiseraient dans la fraction aqueuse. Les tanins condensés quant à eux seraient de forte polarité car retrouvés dans la fraction aqueuse. La présence de polyphénols a types de tanins et flavonoïdes dans les feuilles, décrite par Michael et al., (2010) a été confirmée par le screening chimique que nous avons réalisé. La teneur en polyphénols des feuilles de Dialium guineense était de 65,2±3,42 mg EAT /g. Celle-ci est faible par rapport à celle des feuilles d’Aphania senegalensis qui, selon Fall et al., (2015) en contiennent 151,63±1,92 mg EAT /g. La plus faible teneur en polyphénols de la fraction dichlorométhanique pourrait s’expliquer par le fait que le dichlorométhane, solvant apolaire, n’extrairait que les génines de composés polyphénoliques qui sont minoritaires comparativement aux hétérosides. Ces polyphénols constituent une grande famille de molécules bioactives qui jouent d’importants rôles dans l’organisme (Rashidi et al., 2010), ils sont connus par leur pouvoir de lutter contre les infections dans l’organisme. Ils auraient aussi un effet préventif dans la survenue de maladie comme le diabète, l’hypertension artérielle, les cancers etc. Les flavonoïdes, constituants du groupe des polyphénols, étaient présents dans l’extrait hydro-éthanolique avec une teneur de 0,8±0,16mg ER/g. Cependant, les études de Dia (2018), avaient montré que les feuilles de Detarium senegalense (teneur en flavonoïdes : 2,27 mg ER/g) seraient plus riches en flavonoïdes que l’extrait de D. guineense que nous avons obtenu. Les flavonoides, en raison de leur forte polarité, ont été majoritaires au niveau de la fraction aqueuse avec une teneur de 7,03±1,43 mg ER/g. Les groupes phytochimiques identifiés dans les feuilles de Dialium guineense ont été rapportés comme ayant des propriétés biologiques diverses, à savoir anticancéreuse, hypoglycémiante, antimicrobienne (Kerharo, 1979 ; Doupa, 2014). Ainsi, les polyphénols sont réputés être de bons antioxydants et protégeraient l’organisme de la survenue de plusieurs pathologies (Favier, 2003).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
CHAPITRE I : GENERALITES SUR DIALIUM GUINEENSE
I.1. Eléments de Taxonomie et dénominations
I.1.1. Classification
I.1.2. Dénominations
I.2. Description botanique
I.2.1. Le port
I.2.2. Les feuilles
I.2.3. Les fleurs
I.2.4. Les fruits
I.3. Habitat et répartition géographique
I.4. Composition chimique
I.5. Usages et pharmacologie
I.5.1. Usages
I.5.2. Pharmacologie
I.6. Toxicité
CHAPITRE II : GENERALITES SUR LES GROUPES PHYTOCHIMIQUES
II.1. Alcaloïdes
II.1.1. Définition et classification
II.1.2. Propriétés physico-chimiques
II.1.3. Principe des réactions de caractérisation
II.2. Les saponosides
II.2.1. Définition
II.2.2. Propriétés physico-chimiques
II.2.3. Principe de la caractérisation
II.3. Les polyphénols
II.3.1. Les tanins
II.3.1.1. Définition et classification
II.3.1.2. Propriétés physico-chimiques
II.3.1.3. Principes des réactions de caractérisation
II.3.2. Flavonoïdes
II.3.2.1. Définition et classification
II.3.2.2. Propriétés physico-chimiques
II.3.2.3. Principes des réactions de caractérisation
II.3.3. Autres types de polyphénols
II.3.3.1 Stilbènes (C6-C2-C6)
II.3.3.2. Coumarines (C6-C3)
II.4. Hétérosides cardiotoniques
II.4.1. Définition et classification
II.4.2. Propriétés physico-chimiques
II.4.3. Principe des réactions de caractérisation
II.5. Anthracénosides
II.5.1. Définition et classification
II.5.2. Propriétés physico-chimiques
II.5.3. Principe de la réaction de caractérisation
II.6. Triterpènes et stérols
II.6.1. Définition et classification
II.6.2. Principe de la réaction de caractérisation
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1. Matériel et réactifs
I.1.1. Matériel de laboratoire
I.1.2. Réactifs
I.2. Méthodes d’études
I.2.1. Teneur en eau
I.2.2. Extraction
I.2.3. Fractionnement de l’extrait
I.2.4. Screening phytochimique
I.2.4.1. Recherche des alcaloïdes
I.2.4.2. Recherche des saponosides
I.2.4.3. Recherche des tanins
I.2.4.4. Recherche des flavonoïdes
I.2.4.5. Recherche des hétérosides cardiotoniques
I.2.4.6. Recherche des anthracénosides
I.2.4.7. Recherche des stérols et des triterpènes
I.2.5. Dosage des polyphénols totaux
I.2.6. Dosage des flavonoïdes
CHAPITRE II : RESULTATS
II.1. Teneur en eau
II.2. Rendement d’extraction
II.3. Rendements de fractionnement
II.4. Screening phytochimique
II.5. Dosage des polyphénols totaux
II.6. Dosages des flavonoïdes totaux
CHAPITRE III : DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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