La lutte contre la violence sexuelle faite aux femmes, quel que soit leur âge et leur situation sociale, constitue un défi sanitaire et social grandissant auquel tous les pays font face. De plus en plus de recherches y sont consacrées, révélant des chiffres qui euxmêmes serviront à lutter contre ce phénomène, et ce en dépit des nombreux obstacles rencontrés. Il se trouve en effet qu’un très faible pourcentage de femmes déclare avoir été victime d’agression sexuelle, contribuant ainsi à ne dévoiler que la pointe d’un iceberg pourtant bien plus profond. Ainsi, ces chiffres vont de moins de 2% dans des endroits comme La Paz en Bolivie (1,4%), Gaborone au Botswana (0,8%), Beijing en Chine (1,6 %) et Manille aux Philippines (0,3 %) à 5% ou plus à Tirana en Albanie (6,0%), Buenos Aires en Argentine (5,8%), Rio de Janeiro au Brésil (8,0%) et Bogota en Colombie (5,0%) .
POLYMORPHISME DES VIOLENCES SEXUELLES
Définition
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit la violence sexuelle comme « tout acte sexuel, tentative pour obtenir un acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement dirigés contre la sexualité d’une personne utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais s’en s’y limiter, le foyer et le travail » (4). La coercition vise le recours à la force à divers degrés. En dehors de la force physique, l’agresseur peut recourir à l’intimidation psychologique, au chantage ou à d’autres menaces (par exemple, la menace de blessures corporelles, le renvoi d’un emploi ou la menace de ne pas obtenir un emploi recherché) (4). La violence sexuelle peut survenir alors que la personne agressée est dans l’incapacité de donner son consentement parce qu’elle est ivre, droguée ou incapable mentalement de comprendre la situation. L’agresseur peut tirer du plaisir des rapports sexuels imposés mais le mobile principal est généralement l’affirmation d’un pouvoir et d’une domination sur la victime .
Importance du phénomène
Les données disponibles sur la violence sexuelle proviennent de la police, des instances juridiques, des services médicaux, des organisations non gouvernementales (droits de l’homme, organismes humanitaires, juridiques, etc.), des associations internationales, nationales et locales (associations contre la violence, associations de femmes, associations des droits de l’enfant, etc.), d’enquêtes et d’études .
Il est à noter que l’on ne fait aucune distinction dans ces chiffres entre les viols commis par des étrangers et ceux commis par des partenaires intimes. Généralement, les enquêtes qui ne font pas cette distinction ou celles qui ne prennent en considération que les viols commis par des étrangers sous-estiment sensiblement la prévalence de la violence sexuelle (5). On peut considérer que ces sources ne permettent de voir que la partie émergée de l’iceberg représentée par la violence sexuelle . La pointe visible représente les cas signalés à la police. Une partie plus importante peut être révélée par des enquêtes et autres recherches et par le travail des organisations non gouvernementales. Mais sous la surface demeure une partie importante du problème, quoique non quantifiée. En effet, de nombreuses victimes hésitent à dénoncer la violence sexuelle qu’elles ont subies que ce soit à la police, à leur famille ou à d’autres personnes parce que :
– Elles appréhendent d’être maltraitées ou tuées. Chaque année, des femmes sont assassinées par un membre de leur famille pour laver la honte et recouvrer l’honneur familial.
– Elles redoutent d’être punies. Dans certains pays, la femme qui a été violée peut être emprisonnée pour le crime d’adultère si elle ne peut prouver qu’il s’agit d’un viol et non d’une relation consentie.
– Elles craignent d’être tenues pour responsables et risquent de subir le rejet social. Dans de nombreux pays du monde, les personnes sexuellement agressées sont jugées coupables des actes qu’elles ont subis (et de ce fait, font souvent l’objet de l’opprobre sociale) contrairement à l’Occident où elles sont considérées comme des victimes.
– Elles craignent d’être contraintes d’épouser leur agresseur. Dans les pays où la virginité de la femme est une question d’honneur familial, les femmes célibataires sont souvent contraintes d’épouser leur agresseur.
– Elles ont honte ou se sentent coupables.
– Elles appréhendent de ne pas être crues (notamment lorsque l’agresseur est un membre de la famille).
– Elles redoutent les représailles de la part de l’agresseur (principalement lorsque la victime connait son agresseur ou lorsqu’il s’agit d’une personne influente telle qu’un militaire, une autorité administrative, un professeur, etc.).
La violence sexuelle peut être perpétrée par un ou des inconnus. Néanmoins, les données des diverses sources disponibles indiquent qu’un pourcentage important des agresseurs sont des connaissances, des membres de la famille ou des personnes jouissant de la confiance (religieux, enseignants, médecin, etc.) de la victime ou d’une position d’autorité .
Les différentes faces de la violence sexuelle
Les formes que revêt la violence sexuelle ainsi que les contextes dans lesquels elle s’exerce sont multiples et variés. Cette violence concerne tous les individus quel que soit leur sexe ou leur âge.
Les différentes formes de violences sexuelles sont :
– Le viol
– Les agressions sexuelles sans contact
– La prostitution forcée et la traite des êtres humains à des fins sexuelles
– Les violences sexuelles « coutumières » .
Elles peuvent être commises à l’égard :
– Des femmes
– Des hommes
– Des enfants (garçons et filles)
– Des vulnérables (adultes et enfants, de sexe féminin ou de sexe masculin : handicapés physiques et personnes malades, handicapés mentaux, enfants, personnes âgées .
Le viol
Définitions
Le viol est un acte de pénétration, même légère, de la vulve ou de l’anus imposé notamment par la force physique (sans consentement), en utilisant un pénis, d’autres parties du corps ou un objet. Il y a tentative de viol si l’on essaie de commettre un tel acte. La violence sexuelle peut comprendre d’autres formes d’agression dans lesquelles intervient un organe sexuel, notamment le contact imposé entre la bouche et le pénis, la vulve ou l’anus. Lorsqu’il y a viol d’une personne par deux ou plusieurs agresseurs, on parle de viol collectif .
Différents types de viol
– Le viol commis par le conjoint ou le partenaire intime. Il n’est ni rare ni particulier à une région du monde que des partenaires intimes commettent des agressions sexuelles.
– Le viol commis par des étrangers.
– Le viol systématique ou opportuniste dans les conflits armés. Ces viols peuvent être commis par une ou plusieurs personnes. Les viols collectifs commis par au moins deux agresseurs sont fréquents dans de nombreuses régions du monde .
Les agressions sexuelles sans contact
Sont repris dans cette catégorie :
– L’exhibitionnisme
– Les propos obscènes
– Les avances sexuelles importunes et le harcèlement sexuel (y compris le fait de proposer des relations sexuelles contre des faveurs) .
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : REVUE DE LA LITTERATURE
I. POLYMORPHISME DES VIOLENCES SEXUELLES
I.1. Définition
I.2. Importance du phénomène
I.3. Les différentes faces de la violence sexuelle
I.3.1. Le viol
I.3.1.1. Définitions
I.3.1.2. Différents types de viol
I.3.2. Les agressions sexuelles sans contact
I.3.3. La prostitution forcée et la traite des êtres humains à des fins sexuelles
I.3.4. Les violences sexuelles « coutumières »
II. CONSÉQUENCES DES VIOLENCES SEXUELLES
II.1. Conséquences génésiques
II.1.1. Grossesse et complications gynécologiques
II.1.2. Maladies sexuellement transmissibles
II.2. Conséquences psychologiques
II.2.1. Santé mentale
II.2.2. Comportement suicidaire
II.3. Exclusion sociale
III- PRISE EN CHARGE DES VIOLENCES SEXUELLES
III.1. Les principaux objectifs de la prise en charge d’une victime de violences sexuelles
III.2. L’accueil
III.3. L’interrogatoire
III.4. Examen physique
III.4.1. Examen général
III.4.2. Examen génital
III.5. Prélèvements
III.6. Traitement
III.7. Prise en charge psychologique
III.8. Conclusion de l’examen : le certificat médical
DEUXIÈME PARTIE : NOTRE ÉTUDE
OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
MÉTHODOLOGIE
II.1. Type et période d’étude
II.2. Cadre d’étude
II.2.1. Lieu d’étude
II.2.2. Les Services et les Unités
II.3. Critères de sélection
II.3.1. Critères d’inclusion
II.3.2. Critère d’exclusion
II.4. Considération éthique
II.5. Matériels utilisés
II.6. Paramètres d’étude
RÉSULTATS
III.1. Résultats descriptifs
III.1.1. Épidémiologie
III.1.1.1. Âge
III.1.1.2. Adresse
III.1.1.3. Niveau d’instruction
III.1.1.4. Statut matrimonial
III.1.2. Autorité requérante
III.1.3. Mode de vie
III.1.4. Type d’habitat
III.1.5. L’agression
III.1.5.1. Lieu de l’agression
III.1.5.2. Moment de l’agression
III.1.5.3. Délai depuis l’agression
III.1.5.4. Nature de l’agression
III.1.5.5. Violence physique au moment de l’agression
III.1.5.6. Menace verbale
III.1.6. Présumé auteur ou agresseur
III.1.6.1. État de l’agresseur au moment de l’agression
III.1.6.2. Nombre d’agresseur
III.1.6.3. Relation entre l’agresseur et la victime
III.1.7. La victime
III.1.7.1. État de la victime au moment de l’agression
III.1.7.2. Antécédents de la victime
III.1.7.3. L’attitude de la victime pendant l’examen
III.1.7.4. Les signes fonctionnels au moment de l’agression
III.1.7.5. Les signes fonctionnels actuels
III.1.7.6. Lésions traumatiques
III.1.7.7. Lésions génitales
III.1.7.8. Les leucorrhées pathologiques
III.1.7.9. Le test de grossesse
III.1.7.10. L’issue de la grossesse
III.1.7.11. Les sérologies
III.1.7.12. Le prélèvement vaginal
III.1.8. Les conséquences psychologiques au bout d’un mois
III.1.9. Les suites judiciaires
III.2. Résultats analytiques
III.2.1. Corrélation entre la violence physique et l’état de lucidité de l’agresseur au moment des faits
III.2.2. Relation entre la violence physique et la relation existant entre l’agresseur et la victime
III.2.3. Relation entre les suites juridiques et le lien existant entre l’agresseur et la victime
III.2.4. Associations non significatives
TROIXIÈME PARTIE : DISCUSSION ET SUGGESTIONS
CONCLUSION