Politiques tarifaires de l’eau, sécurité alimentaire et vulnérabilité climatique au Sénégal

La question de la vulnérabilité climatique des économies d’Afrique subsaharienne 

La vulnérabilité climatique des économies d’Afrique subsaharienne est principalement liée au problème de disponibilité des ressources en eau.

C’est notamment le cas de l’Afrique de l’Ouest, une région très fortement marquée par des risques aigus de sécheresse. En effet de 1968 à 1998, une réduction importante de la pluviométrie a été notée sur presque toute l’Afrique de l’Ouest, des côtes du Golfe de Guinée au Sahara. Les déficits les plus significatifs ont concerné les régions sahéliennes et soudaniennes. La sécheresse du Sahel de ces trente années était sans précédent tant du point de vue de l’ampleur que de la persistance. Et ceci, bien que la zone ait connu d’autres sécheresses au cours des trois ou quatre derniers siècles, c’est-à-dire bien avant que les activités humaines n’aient pu rompre l’équilibre écologique de la zone.

La longueur de cet épisode de sécheresse, avec une réduction continue sensible de la pluviométrie, a engendré des variations du climat de la région du Sahel au cours du siècle. Les débits des fleuves Sénégal et Niger, ainsi que le niveau du lac Tchad ont enregistré des baisses significatives.

Depuis 1999, l’amélioration sensible de la pluviométrie laisse à penser que cet épisode de déficit pluviométrique ne perdurera pas. Cette amélioration semble constituer une rupture de l’épisode sec. Cependant, il est difficile de dire si elle initie une période humide ou s’il s’agit tout simplement d’une phase de transition climatique. De nombreux travaux ont tenté d’expliquer les causes de cette variabilité climatique du Sahel. Zheng et Eltahir (1998) concluent que la désertification serait responsable de la déficience persistante de la pluviométrie tandis que la déforestation engendrerait plutôt la variabilité à long terme de la pluviométrie. Ces travaux montrent que l’Afrique de l’Ouest demeure une région très contrainte par le problème de variabilité climatique et le risque de sécheresse.

La littérature économique reconnaît que les conséquences de la sécheresse peuvent être très néfastes pour les pays d’Afrique subsaharienne. On peut citer des travaux récents publiés par la Banque mondiale (Benson et Clay, 1998). Ces travaux débouchent sur une définition économique intéressante de la sécheresse. D’après les auteurs, la sécheresse économique est définie « comme se rapportant aux effets des précipitations anormalement basses, en dehors des paramètres normaux prévus ». Plus précisément, « son impact dépendrait de l’interaction d’un évènement ou d’une anomalie météorologique sur la structure dynamique changeante et la santé de l’économie ».

Conséquences de la sécheresse qui a longtemps touché le Sénégal 

Comme pour le reste du Sahel, l’année 1968 marque le début de la sécheresse au Sénégal. Cette sécheresse, qui constitue la variation climatique majeure de ces dernières décennies, s’est traduite par une accentuation de l’irrégularité de la répartition temporelle (interannuelle et mensuelle) et spatiale de la pluviométrie . La longue sécheresse a donc provoqué une accentuation des variabilités climatiques. Plus précisément, les saisons des pluies sont devenues plus courtes et moins humides, les saisons sèches plus prononcées.

Cette longue sécheresse a entraîné une forte altération du régime hydrique avec comme corollaire une réduction des possibilités d’humectation des sols, une réduction ou disparition des points d’eau, la réduction de la nappe phréatique et un renforcement de la sécheresse.

L’histoire a aussi montré que les cycles de sécheresse au Sénégal ont perturbé les activités économiques surtout dans le monde rural. Elle a entraîné un certain nombre de conséquences très dommageables : baisse de la production agricole, dérèglement du calendrier cultural, famine, exode vers les villes, forte mortalité du cheptel, assèchement des mares et des cours d’eau et, avancée du désert.

Depuis 1999, le Sénégal connaît un retour des années humides et des productions agricoles plus importantes. L’espoir renaît auprès des populations rurales, confrontées à des problèmes de sécheresse depuis trois décennies. Mais le retour des pluies sur plusieurs années consécutives n’autorise pas a priori à considérer qu’il s’agit de la fin de la période de sécheresse. Malgré un retour des pluies, la longue période de sécheresse a entraîné le renforcement de la variabilité climatique par une accentuation des phénomènes extrêmes. Enfin malgré une pluviométrie plus favorable ces dernières années, le Sénégal devra encore faire face dans le futur à un risque de désajustement entre l’offre et la demande notamment, en terme d’alimentation en eau potable.

Le Sénégal, comme tous les pays du Sahel, est donc très contraint par cette forte variabilité de la pluviométrie qui accroît le risque de déficit hydrique et de désajustements entre l’offre et la demande. C’est d’ailleurs dans un contexte de pénurie que le Sénégal a du engager une réforme de son secteur de l’eau en 1995 pour permettre la mise en place d’une politique volontariste de lutte contre les risques de désajustements offre/demande.

La réforme du secteur de l’eau dans un contexte de pénurie 

Motivations de la réforme 

La réforme du secteur de l’eau au Sénégal (1995) a été introduite dans un contexte de pénurie d’eau à Dakar qui a duré des années sans qu’une solution rapide ne pût être trouvée. Cette pénurie d’eau était non seulement liée à l’insuffisance des infrastructures de production et de distribution d’eau potable mais aussi, liée à un déficit pluviométrique. Or, cette pénurie d’eau à Dakar était très dommageable pour l’ensemble de l’économie sénégalaise puisque 80% des activités économiques du pays se concentrent dans la capitale. Les efforts qui ont été faits dans les années 80 en matière d’alimentation en eau potable de la capitale se sont révélés très rapidement insuffisants du fait que les nappes d’eau proches de Dakar étaient surexploitées. Compte tenu de la hausse de la demande, il a fallu chercher de l’eau de plus en plus loin mais moyennant des coûts de transport et de distribution de plus en plus importants. Ainsi en 1994, le déficit en alimentation de Dakar en eau potable était de l’ordre de 100 000 m3 par jour. Beaucoup de quartiers de Dakar connaissaient des ruptures dans la distribution d’eau potable avec, parfois, des services qui n’atteignaient pas 3 heures à 4 heures de temps par jour.

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Table des matières

Introduction générale
La question de la vulnérabilité climatique des économies d’Afrique subsaharienne
Conséquences de la sécheresse qui a longtemps touché le Sénégal
La réforme du secteur de l’eau dans un contexte de pénurie
La politique d’accroissement de l’offre
Malgré une politique volontariste d’offre, des risques futurs de désajustements offre demande
La politique de gestion de la demande
Les deux principaux objectifs de la recherche
La deuxième partie de la thèse : la prise en compte des variabilités climatiques et des politiques tarifaires de gestion de la demande dans un cadre EGC
Première partie Une enquête à Dakar pour modéliser la demande en eau potable des ménages (2005)
Chapitre 1 Les modèles de la demande en eau potable dans les pays en développement : présentation et résultats de la littérature
Section 1 : Les modèles des déterminants de la demande ex ante pour un service amélioré d’eau potable
Section 2 : Les modèles des déterminants de la demande ex post pour les modes d’approvisionnement en eau présents
Section 3 : Synthèse des facteurs explicatifs du consentement à payer des ménages pour des services améliorés d’approvisionnement en eau potable : résultats des études et discussion des résultats
Chapitre 2 L’enquête eau Dakar (2005) : objectifs, méthodologie et principaux résultats
Section 1 : Objectifs, méthodologie et principales étapes de notre enquête eau Dakar (2005)
Section 2 : Les grands résultats de l’enquête auprès des ménages « eau », Dakar (2005)
Section 3 : Les résultats concernant le consentement à payer des ménages pour des systèmes améliorés d’eau potable (branchements privés et bornes fontaines)
Conclusion : « Comparaison » des résultats avec l’enquête de la Banque mondiale (1997)
Chapitre 3 Un modèle explicatif de la probabilité du raccordement à un branchement privé d’eau des ménages de Dakar (2005)
Section 1 : Le modèle économétrique utilisé
Section 2 : Les variables disponibles pour l’analyse de la probabilité d’être raccordé à un branchement privé à partir du questionnaire (enquête eau 2005, Dakar)
Section 3 : Un premier modèle sans restriction sur les variables explicatives liées aux caractéristiques présentes
Section 4 : Un deuxième modèle avec restriction sur les variables explicatives liées aux caractéristiques présentes
Conclusion : Comparaison et discussion des résultats des deux modèles au regard de la littérature
Chapitre 4 Un modèle explicatif de la probabilité que les ménages de Dakar utilisent les bornes fontaines (2005)
Section 1 : Les grandes tendances révélées par l’enquête sur la consommation d’eau des ménages de Dakar aux bornes fontaines (2005)
Section 2 : Analyse des relations existantes entre les différents modes d’approvisionnement en eau (2005)
Section 3 : Les variables explicatives retenues pour l’analyse
Section 4 : Un premier modèle sans restriction sur les variables d’opinion des ménages
Section 5 : Un second modèle avec restriction sur les variables d’opinion des ménages
Conclusion : Comparaison et interprétation des résultats des deux modèles au regard de la littérature
Conclusion générale

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