Politiques et actions menées sur la question des travailleurs saisonniers

QU’EST-CE QUE LE TRAVAIL SAISONNIER ? 

Il n’y a pas de définition juridique à proprement dite du travail saisonnier. Il est juste mentionné dans le code du travail. Cependant, des caractéristiques légales lui sont propres. Le contrat de travail saisonnier est généralement un CDD. Cela est expliqué par la nature temporaire de l’emploi qui ne nécessite pas de recours par les employeurs au CDI. Selon le code de la sécurité sociale (article R.171-3-1): « il s’agit de tâches appelées à se répéter chaque année aux même périodes en fonction du rythme des saisons » (par exemple les activités agricoles comme les vendanges ou les activités touristiques de saison comme le ski ou le tourisme balnéaire) « ou des modes de vie collectifs » (comme celui des vacances scolaires). La définition du travail saisonnier souffre d’un certain vide juridique, ce qui en fait un type d’emploi finalement assez précaire, plus même que les autres types d’emplois requérant l’utilisation de CDD (le CDD est déjà par définition considéré comme précaire aux yeux de la loi, c’est pour cela qu’existe par ailleurs la prime de précarité). Cette notion de précarité de l’emploi saisonnier sera abordée plus tard dans ce travail. Même s’il n’y a pas de distinctions apparentes faites entre différents types de travaux saisonniers, il est différent selon qu’il se trouve sur la côte méditerranéenne ou en montagne dans des stations de ski. Cette distinction peut parfois être établie à l’échelle communale même, tellement la politique communale et les aménagements concernant les saisonniers peuvent changer d’une commune à l’autre. Les besoins en main d’œuvre, les caractéristiques de ce type de main d’œuvre (type de saisonniers…) et les besoins des saisonniers ne sont donc pas partout les mêmes. Ainsi, une partie du contenu de ce projet individuel sera consacrée à essayer d’identifier les types de saisonniers sur Bourg-Saint-Maurice, ainsi que leurs attentes et leurs conditions de vie particulières sur le site. A Bourg-Saint-Maurice/Les Arcs, le travail saisonnier permet de compléter la main d’œuvre locale pendant la période hivernale (et un peu estivale) d’afflux des touristes. Il faut savoir que sur le territoire de la commune de Bourg-Saint-Maurice, on estime à 2500 le nombre de saisonniers d’hiver travaillant dans divers domaines tels que la restauration, les remontées mécaniques, l’hôtellerie… On en conviendra, le travail saisonnier soulève des problématiques différentes selon la nature même de l’emploi saisonnier mais aussi de la localisation de celui. En revanche, certaines questions posées le concernant, ainsi que certaines de ses formes et aspects peuvent être rapprochées à d’autres situations, à d’autres types de personnes. Par exemple, la question de l’accueil des saisonniers vivant dans des véhicules aménagés peut être comparée à celle de l’accueil des gens du voyage. On peut donc dire que le travail saisonnier est une notion complexe, soulevant des problématiques à la foi particulières et plus générales. Nous nous intéresseront ici principalement à la question du logement des travailleurs saisonniers sur BourgSaint-Maurice ainsi qu’à la question de leurs conditions de vie.

PRESENTATION DU LIEU D’ETUDE 

PRESENTATION GLOBALE DE LA COMMUNE 

Bourg-Saint-Maurice est une commune savoyarde qui se situe dans la vallée de la Tarentaise (Haute Tarentaise, voir figure 1). Elle se trouve au pied de nombreuses stations de sports d’hiver dont une se situant sur son territoire : le domaine skiable des Arcs.

Sa situation géographique et topologique assez difficile (vallée à environ 800m d’altitude) n’en fait pas pour autant une ville isolée car elle bénéficie d’un réseau de transport assez important. En effet, Bourg-Saint-Maurice est un point de passage obligé pour accéder à presque toutes les stations de ski de la vallée de la Haute Tarentaise (Les Arcs, Val d’Isère, Tignes, La Rosière, Sainte-Foi-Tarentaise, figure 2) ce qui explique qu’elle soit desservie par la RN90 (elle-même est reliée au réseau d’autoroute à partir d’Albertville). De plus, la commune comporte une gare accueillant l’hiver des trains TGV directs depuis Paris, ou encore des trains provenant d’Angleterre ou de Belgique. Bourg-Saint-Maurice est donc un centre névralgique pour la vallée et l’activité touristique de celle-là. Cependant il faut tout de même plus de 1h15 pour parvenir en voiture jusqu’à la préfecture Chambéry (2h si l’on ne prend pas l’autoroute et en train). Bourg-Saint-Maurice, parfois surnommée « la capitale de Haute-Tarentaise » regroupe de nombreux services et équipements tels qu’un collège, un lycée, un hôpital ce qui est plutôt important pour une ville qui ne compte que 7650 habitants en 2009. Mais l’analyse de Bourg-Saint-Maurice ne doit pas s’arrêter à celle de son territoire. En effet, la présence de tels services sur la commune est aussi justifiée par l’existence d’un certain nombre de villages périphériques et stations de ski qui dépendent plus ou moins de ces mêmes équipements et services. Ainsi à titre d’exemple, l’hôpital de Bourg-Saint-Maurice accueille l’hiver un nombre important de blessés des stations de ski de toute la partie Haute de la vallée de l’Isère (Tignes, Val d’Isère, les Arcs etc. Figure 2), ou encore le lycée accueille aussi des jeunes habitants vivant en amont (Séez, et autres villages de montagne) qu’en aval (Aime et ses environs, figure 2).

La commune a compté aussi la présence sur son territoire depuis 1962 du 7ème Bataillon de Chasseurs Alpins (7ème BCA) jusqu’en fin 2012. Mais celui, dans le cadre du projet de restructuration des Armées (Livre Blanc des Armées), a quitté la ville de montagne pour aller s’installer à Varces près de Grenoble. Cet événement qui a fait perdre plus de 10% de la population de la commune en à peine quelques année a été vécu comme un drame pour Jacqueline Poletti, la maire (DVD) de Bourg-SaintMaurice. En tout, ce sont plus de 1000 militaires et 350 familles qui ont quitté le site du 7ème BCA de la commune. En revanche, ce sont aussi 24 hectares de terrains militaires qui sont en passe d’être récupérés par la commune à partir de 2013, sur lesquels sont situés de nombreux locaux et logements qui abritaient les militaires. L’Etat français a aussi débloqué une enveloppe de 8.5 millions d’euros pour BourgSaint-Maurice afin d’aider la commune à mener en cinq ans des projets de redynamisation du site. Nous verrons dans la suite du projet, que tout cela peut avoir son importance. Cependant, la commune peut toujours compter sur son activité principale : le tourisme hivernal des sports d’hiver. Le nom de Bourg-Saint-Maurice est souvent associé aux stations de ski qui lui donnent une renommée nationale voire européenne.

UNE ACTIVITE PRINCIPALE : LE TOURISME DE MONTAGNE 

Bourg-Saint-Maurice a su tirer profit, tout comme d’autres communes Tarentaise, d’une géographie et une topologie montagnarde qui pouvant être considérée comme contraignante. La Tarentaise, qui est la haute vallée de l’Isère (de la source jusqu’à Albertville, figure 2), accueille le plus grand domaine skiable du monde avec ces stations à renommé européenne telles que Tignes et Val d’Isère (Espace Killy) ou encore Les Arcs et La Plagne (Espace Paradiski). Cette activité touristique hivernale surtout mais de plus en plus estivale (durant l’été 2009, le nombre de nuitées en Tarentaise était d’un peu moins de 4 millions) fait de Bourg-Saint-Maurice et de ses environs des lieux attractifs. Les retombées du tourisme sont donc multiples :
– Au niveau économique : les stations de Tarentaise comptabilisent un chiffre d’affaire de plus de 402 millions d’euros en 2009, soit 79% du chiffre d’affaires des stations de ski de Savoie (sachant que 50% du PIB de la Savoie est dû au tourisme).
– Au niveau de l’emploi : 65.7% des emplois savoyards en 2007 se rapportant au tourisme se situent en Tarentaise, ce qui représente environ 16 345 emplois (ASSEDIC). A Bourg-Saint-Maurice, le nombre d’actifs y est assez important (plus de 83% de la population de 15 à 64 ans) et le taux de chômage, très faible, n’est que de 4.2% en 2009 alors que la moyenne nationale pour la même année se situe elle à plus de 10% (INSEE). Cependant, il existe un chômage récurrent en dehors des périodes touristiques. On peut y voir ici une certaine dépendance de la commune à l’activité touristique, sachant que les autres activités (construction, industrie et agriculture) ne représentent que 9.8% des emplois de la commune alors qu’en France, cela représente 23.6%. Une très grande part des emplois de la commune est donc réservée aux services dont beaucoup sont issus de l’activité touristique.

Une tertiarisation des emplois est observé en Tarentaise. Le secteur tertiaire représente aujourd’hui plus des deux tiers des emplois de Tarentaise. Cette tertiarisation est en grande partie expliquée par le développement des services aux particuliers liés au tourisme tels que l’hôtellerie ou encore la restauration par exemple (17% des effectifs salariés) ou dans le domaine des transports dont dépendent les services de remontées mécaniques (11% des effectifs salariés). Enfin en plus des activités touristiques, la montagne est à la base du développement d’autres activités (même si un certain nombre sont tout de même indirectement liées au tourisme). Ainsi, des entreprises de bâtiment et travaux publics profitent du cadre montagnard et de la constructions ou maintenance d’infrastructures particulières comme les remontées mécaniques pour se développer sur le territoire.  Un certain nombre d’emplois sont aussi liés aux sports de montagne (comme le ski ou le kayak) comme ceux se rapportant à la fabrication d’équipements de sports ou de matériels sportifs. Par ailleurs, Bourg-Saint-Maurice propose des activités sportives en dehors du ski, attirant elles aussi des touristes sportifs comme par exemple le kayak dans la base internationale d’eau vive, une des plus importantes et prisées de France.

LA QUESTION DU TRAVAIL SAISONNIER 

Comme indiqué précédemment, la commune de Bourg-Saint-Maurice est assez dépendante de l’activité touristique et une partie de sa population active exerce une profession liée à celle-ci. Cela explique en partie que de nombreux salariés hommes et femmes de la commune soient en CDD : 42.5% chez les hommes et 32.7% chez les femmes (contre respectivement 6.6% et 10.7% en moyenne pour la France). En effet, les employeurs du tourisme ont souvent recours au CDD à cause de la nature temporaire de certains emplois liés au tourisme.

Parmi les travailleurs du tourisme, on peut en identifier plusieurs types :
– Les travailleurs locaux à l’année : ils exercent toute l’année, peu importe la saison, le même emploi. Ce peut par exemple être le cas de commerçants louant du matériel de sport (skis en hiver et VTT en été par exemple).
– Des travailleurs locaux saisonniers employés dans le secteur touristique l’hiver et exerçant une autre activité sans lien avec le tourisme l’été. Il s’agit par exemple d’employés de remontées mécaniques l’hiver travaillant l’été dans des entreprises locales du BTP (secteur d’emploi important pour la commune).
– Des travailleurs saisonniers non locaux, provenant de toute la France, enchainant parfois les saisons d’été et d’hiver à des lieux différents (exemple : remontés mécaniques l’hiver et plagiste l’été).

Les entreprises du tourisme, ainsi que d’autres entreprises, administrations ou services qui doivent faire face à un afflux plus important de population, ont un grand besoin de main d’œuvre durant les périodes touristiques (surtout en hiver). A titre d’exemple, dans la station des Arcs/Peisey-Vallandry ont été proposés aux touristes 40 836 lits durant la saison hivernale 2011-2012. Avec des taux de remplissages de plus de 90% durant la saison, on peut imaginer le nombre important de touristes que doivent gérer les acteurs du tourisme et les collectivités. Les employeurs engagent donc des travailleurs saisonniers pour combler ce manque de main d’œuvre. Ainsi un grand nombre de saisonniers d’hiver affluent en Tarentaise, à la recherche d’un emploi et d’un mode de logement. Sur les 160 400 travailleurs saisonniers que comptait la région Rhône-Alpes en 2007, la Tarentaise en concentre 20%, ce qui la fait arriver en tête devant les cinq autres zones d’emploi des saisonniers de la région (Grenoble avec 16 %, Lyon 16 % Vallée de l’Arve 11 %, le Chablais et Chambéry 6 %). La commune de Bourg-Saint-Maurice en concentre elle 2500 sur son territoire pour la saison d’hiver. Ce qui assez important si on compare ce chiffre au nombre d’habitants de la commune (un peu plus de 7000).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE 1 : DIAGNOSTIC
I- Les principaux types de travailleurs saisonniers sur Bourg-Saint-Maurice/Les Arcs
II- Le logement
III- Conditions de vie
IV- Déplacements et transports
V- Politiques et actions menées sur la question des travailleurs saisonniers
VI- Synthèse
PARTIE 2 : PROPOSITIONS D’AMENAGEMENT
Proposition n°1 : Réutilisation de l’ancien site du 7ème BCA
Proposition n°2 : Permettre aux saisonniers « mobiles » de stationner l’hiver dans la future aire d’accueil des gens du voyages de Bourg-Saint-Maurice
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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