Politiques de conservation du patrimoine archeologique cas du site archeologique de madaure

«Nous n’héritons pas la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants» .

Une terre, c’est le symbole des mémoires, qui nous livre nos origines. Chargées d’un message spirituel du passé, le patrimoine archéologique enfouis dans cette terre, demeure le témoignage vivant des traditions séculaires des peuples anciens. Vis-à-vis des générations futures, l’humanité se reconnaît solidairement responsable de leur conservation. Elle se doit de les leur transmettre dans toute la richesse de leur authenticité . Ce patrimoine est un précieux fondateur de l’identité humaine, facteur non négligeable de la promotion de la diversité culturelle, du développement du sens du civisme et de la réduction de l’exclusion sociale, c’est pourquoi sa prise en charge effective et sérieuse ne peut être que salutaire. La chose essentielle, sinon primordiale, concernant ce patrimoine archéologique exposé aux aléas naturels et anthropiques, c’est de réfléchir à une stratégie globale, aussi bien sur le plan local que régional, destinée à la sauvegarde de ces fleurons du génie humain. De plus, cette réflexion pourrait inclure et prendre en compte la perspective inéluctable de l’après pétrole, à travers le développement du tourisme culturel. La survie de ce patrimoine archéologique passe avant tout par une opération de grande envergure dont elle est tributaire, qui consiste en sa conservation. Une attention particulière sera portée dans notre étude à la part de responsabilité des textes algériens dans cette dégradation en s’inspirant de modèles et internationaux. La communauté internationale ayant bien mesuré toute la portée de l’importance du patrimoine, a mis au jour des organismes internationaux, tels que l’UNESCO et l’ICOMOS qui ont pour but la gestion de ce précieux legs. Nous nous proposons dans ce qui suit, d’analyser les résultantes de leur travail et ses répercussions. Nous nous pencherons ensuite sur l’exemple de la Tunisie. Cet état ayant conscience de l’importance de ce patrimoine, a réussi à mettre au jour une politique et une stratégie efficaces de prise en charge du patrimoine archéologique. Nous développerons leur démarche tout en l’analysant.

PROBLEMATIQUE 

L’Algérie dispose d’un riche héritage culturel exceptionnel de part sa portée historique et symbolique, témoignant du passage de nombreuses civilisations. Il s’agit d’une variété inestimable de patrimoine architectural, urbanistique et archéologique. Nous citons à titre d’exemple les sites préhistoriques du Tassili et de l’Ahaggar, les vestiges des Médina, Alger, Tlemcen, les Ksour sahariens, les villages Kabyles, les nombreux édifices hérités de l’époque coloniale et les villes antiques tels que : Timgad, Thévèste, Hippone, Cirta, et Madaure. Ce patrimoine fait de notre temps l’héritier et le dépositaire d’une partie de notre mémoire par le biais des sites historiques de renommée mondiale qui ont été classés patrimoine de l’humanité, dont El Kalaa des Beni Hammad classée en 1980, Le Tassili n’Ajjer, Djemila, Timgad, Tipasa : classés en 1982, La Vallée du M’Zab, La Casbah d’Alger : Classés en 1992.

Malheureusement, on ne s’accroche à notre patrimoine qu’en tant que souvenir et repère mémoriel, sa prise en charge n’est pas effective, et est loin de constituer une priorité par la tutelle qui a la charge de la protection de ce patrimoine et cet ensemble de legs, même si elle a produit des textes législatifs dans le but de sa sauvegarde.

D’autres pays tel que la Tunisie qui a instaurée une politique de prise en charge du patrimoine, en direction notamment des vestiges archéologiques et de la réhabilitation des sites à des fins touristiques, on citera l’exemple des sites de Kerkouen et Tozeur, où les Tunisiens ont déjà commencé à faire des fouilles ; et où le degré de prise de conscience envers le patrimoine ne cesse de s’accroître aussi bien de la part de la société civile qui s’est organisée en associations, que de l’état, qui de sa part, a mis en place un dispositif juridique efficace et l’ ouverture du pays sur les partenariats avec les pays occidentaux. Ceci contribue à les rendre des destinations touristiques très prisées, et réputées à travers le monde. Le patrimoine archéologique, partie prenante du patrimoine algérien, subit des dégradations volontaires comme les actes de vandalisme et le pillage des pièces archéologiques, ou involontaires comme les mauvaises stratégies de conservation. Ceci le menace par moment de disparition. En effet des sites archéologiques classés au patrimoine de l’humanité tels que celui de Tipaza, figurent dans la liste du patrimoine en péril. La sauvegarde et la conservation de ce patrimoine devient ainsi, un défi complexe, une tâche dont le succès nécessite la participation de tous les acteurs, notamment les pouvoirs publics (ministère de la Culture) qui activent dans ce domaine, les autorités locales où sont situés les vestiges, les partisans de l’architecture moderne, les défenseurs des monuments historiques ainsi que l’ensemble de la population envers laquelle sont à mener des opérations de sensibilisation et de vulgarisation.

En Algérie, les sites archéologiques subissent tous les effets de dégradation naturelle et anthropique. Des sites archéologiques très riches en histoire, traduite par le passage de nombreuses civilisations à l’exemple du site de Madaure, ville dans laquelle étaient édifiées les meilleures écoles de lettres en Afrique et ayant formé de grands professeurs tels que : Maxime, Apulée et surtout Augustin de Thagaste (connu sous le nom Saint Augustin), qui se trouve malheureusement dans un état de dégradation alarmant , ne fait que perdre ses aspects originaux et risque même de disparaître. Il est livré tant aux actions destructrices des aléas naturels et anthropiques, totalement délaissé, livré au vandalisme des visiteurs, et à l’inconscience des paysans locaux qui labourent les terres riches en vestiges, entourant le site et y font paître leurs troupeaux, et surtout par des mauvais choix de stratégies de la part ses gestionnaires. Nous essayerons dans les chapitres suivants de détailler ces situations, à travers une analyse détaillée des textes et lois, algériens, pour saisir leurs répercussions sur le site archéologique d’étude de Madaure. Et la situer dans un contexte international celui tunisien, et essayer d’en tirer les enseignements des chartes internationales.

L’ANALYSE DES CONTEXTES INTERNATIONAUX DE LA CONSERVATION DU PATRIMOINE

Afin, de situer l’expérience algérienne dans le domaine de la conservation du patrimoine archéologique, nous avons jugé nécessaire d’étudier le contexte international à travers la présentation et la définition des différents rôles et missions des organismes internationaux à savoir, l’UNESCO, l’ICOMOS et l’ICCROM qui activent dans ce domaine, pour ensuite aborder les chartes internationales qu’ils ont élaborées, et des recommandations qu’elles induisent dans le but d’optimiser toutes les démarches à suivre dans notre domaine. Les méthodes avancées à travers les recommandations de ces chartes :

➤ Pour l’organisation en réseaux ; nous serviront de repères à notre analyse notamment la Grille élaborée par le réseau PISA pour l’évaluation de notre site d’intervention. Ce réseau composé de l’Union Européenne, Euromed Héritage et les différents organismes des pays membres.

➤ La Genèse du mouvement associatif ses critères d’évaluation ainsi que les rôles qu’il joue dans la préservation du patrimoine, seront abordés de façon comparative puis sous forme d’état des lieux, à travers des exemples d’associations algériennes situées dans un contexte large : français et tunisien ; et ce dans le but d’en tirer les enregistrements, la lecture du contexte tunisien, ce pays voisin, mais ayant évolué dans le domaine de conservation, grâce à la place prépondérante qu’occupe le tourisme dans les revenus du pays, à travers le développement de la notion du Tourisme culturel, notre choix, s’est donc porté sur ce pays, pour le prendre comme exemple, et essayer d’effectuer une analyse détaillée de la stratégie tunisienne à  travers le principal texte qu’elle a adopté loi 94-35 du 24 février 1994, relative au code du patrimoine archéologique, historique et des arts traditionnels , et ce, afin de ressortir ses points de force, qui nous serviront de modèles.

ANALYSE DE LA LEGISLATION TEXTE NATIONAUX 

Dans cette partie nous avons essayé d’effectuer une analyse critique des textes législatifs algériens qui gèrent notre patrimoine et notamment celui archéologique. Afin d’en faire ressortir les apports et les carences existantes dans ces textes. Pour ce faire nous avons suivi la méthodologie suivante :

– A travers une lecture rétrospective depuis la période coloniale jusqu’à la promulgation de la loi 98-04 relative à la protection du patrimoine culturel, toujours en vigueur nous allons effectuer une analyse comparative entre les deux principaux textes algériens sur la protection du patrimoine la première qui est l’ordonnance 67-281 abrogée et remplacée par la seconde qui est la loi 98-04 toujours en vigueur ainsi que leurs conditions de promulgation. En mettant en évidence les carences du premier texte et définir les apports du second.

– La lecture approfondie du texte de la loi 98-04, projetée sur notre site d’étude nous a permis de faire ressortir et de remarquer quelques insuffisances et carences qui existent au niveau de cette loi, on les a énuméré, pour par la suite essayer de vérifier leur impact sur l’état de conservation du site archéologique objet de notre étude.

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Table des matières

Introduction générale
PREMIERE PARTIE INTRODUCTION ET APPROCHE EPISTEMOLOGIQUE
CHAPITRE I: Introduction
PROBLEMATIQUE
HYPOTHESES
OBJECTIFS D’ETUDE
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
CHAPITRE II: Approche des concepts et état des savoirs
INTRODUCTION
1. LE CONCEPT DE PATRIMOINE
1.1 Le patrimoine et sa genèse
1.2 Patrimoine archéologique
1.3 Monument historique
1.4 Sites historiques
1.4.1 Les sites
1.4.2 Les ensembles
2. CONCEPTS DE LA CONSERVATION
2.1 Définition et genèse de la conservation
2.1.1 La conservation des sites archéologiques
2.1.2 La sauvegarde du patrimoine archéologique
2.1.3 La préservation du patrimoine archéologique
2.2 Les opérations de conservation des sites archéologiques
2.2.1 La réhabilitation
2.2.2 La restauration
3. ORGANISMES CHARGES DE LA PROTECTION DU PATRIMOINE EN ALGERIE
3.1 Ministère de la culture
3.2 L’organigramme de 1970
3.2.1 La sous-direction des beaux-arts et des antiquités
3.2.2 La sous-direction des monuments historiques et sites
3.3 L’organigramme de 1994
3.3.1 La sous-direction de la recherche archéologique et des études historiques
3.3.2 La sous-direction des monuments, des sites, des parcs nationaux et de musées
3.4 L’agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques
3.5 L’organigramme de 2005
3.5.1 La direction de la protection légale des biens culturels et de la valorisation des biens culturels. Celle-ci comprend trois sous-directions
3.5.2 La direction de la conservation et de la restauration du patrimoine culturel qui comprend également trois sous directions
CONCLUSION
DEUXIEME PARTIE LA CONSERVATION DU PATRIMOINE ARCHEOLOGIQUE DANS LES DEUX CONTEXTES INTERNATIONAL ET NATIONAL
CHAPITRE III: La conservation du patrimoine archéologique dans le contexte international
INTRODUCTION
1. ORGANISMES INTERNATIONAUX, CHARTES, ET MOUVEMENT ASSOCIATIF
1.1 Les organismes
1.1.1. L’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Eduction la Science, et la Culture)
1.1.2. L’ICOMOS (Conseil International des Monuments et Sites)
1.1.3. l’ICCROM (le Centre International d’Etudes pour la Conservation et la Restauration des Biens Culturels)
1.2. Les Chartes Internationales
1.2.1. La Charte d’Athènes pour la Restauration des Monuments Historiques
1.2.2. Charte Internationale sur la Conservation et la Restauration des Monuments et des Sites (Charte de Venise)
1.2.3. Charte Internationale pour La Gestion Du Patrimoine Archéologique : Adoptée par l’ICOMOS en 1990
1.3. Le mouvement associatif dans le contexte international
1.3.1. Association de la sauvegarde de la ville de Sayada (Tunisie)
1.3.2. Réseau des sites majeurs de Vauban (France)
Présentation du réseau
Les missions du réseau
Les partenaires
Les mécènes
1.3.3. Réseau euro-méditerranéen PISA
1.3.4. Etude comparative entre le mouvement associatif en Algérie et en France
Présentation des associations objet de la recherche
Principaux résultats
2. L’EXEMPLE DE LA LEGISLATION TUNISIENNE ET SES ORGANISMES POUR LA PROTECTION DU PATRIMOINE
2.1. L’évolution de la législation
2.2. Les organismes charges de la protection du patrimoine en tunisie
2.2.1. L’Institut National du Patrimoine
2.2.2. L’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle
2.3. L’analyse de la loi tunisienne en vigueur pour la protection du patrimoine
2.3.1. Les sites culturels
2.3.2. Les secteurs sauvegardés
2.3.3. Les monuments historiques
2.3.4. La protection
2.3.5. Le classement
2.3.6. Les abords des monuments historiques
2.3.7. Les fouilles et les découvertes
2.3.8. Des sanctions
2.4. La transmission des savoir-faire et la sensibilisation
2.5. La sensibilisation
2.6. Exemples de projets réalisés par l’Institut National du Patrimoine
2.6.1. Carte Nationale des Sites Archéologiques et des Monuments Historiques
Buts du projet
Avancement du projet
2.6.2. IPAMED – Carte informatisée du patrimoine
Avancement du projet
Buts du projet
2.6.3. Projet de Conservation et de mise en valeur du site archéologique de THINA (Sfax)
Historique du site
Travaux de réhabilitation
CONCLUSION
Conclusion générale

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