La lutte contre la pauvreté c’est-à-dire la recherche du bien-être social figure parmi la préoccupation principale des gouvernements des pays en voie de développement. Depuis son indépendance en 1960, les gouvernements successifs se sont efforcés d’apporter leur contribution au développement de Madagascar. Malheureusement, plusieurs crises notamment politiques ont malmené l’économie du pays. Aujourd’hui, Madagascar subit de plein fouet les effets d’une nouvelle crise politique qui a tourmenté le pays depuis déjà quatre ans. Couplée à la crise économique mondiale, la situation macroéconomique du pays se retrouve au plus mal. De plus, les catastrophes naturelles que connaît régulièrement l’île menacent constamment d’engendrer une hausse de prix des produits de premières nécessités.
De ce fait, les autorités fournissent beaucoup d’efforts pour réduire l’inflation et stimuler l’activité économique. Ces efforts se manifestent à travers l’application de plusieurs politiques économiques comme la politique monétaire, la politique budgétaire, ou la politique fiscale. Dans cette perspective, personne n’est en mesure de nier l’importance de la politique monétaire, puisqu’elle peut être considérée comme un instrument de la politique conjoncturelle, et est d’un grand apport dans la résolution de certaines crises économiques et financières. L’investissement, quant à lui est considéré comme une variable motrice de la croissance économique et ne peut aussi être ignoré dans sa contribution à l’épanouissement de l’économie.
A Madagascar, cependant, l’importance de la politique monétaire est souvent ignorée des dirigeants politiques. Ainsi, il importe de savoir quels sont les effets de la politique monétaire menée dans la grande île sur le niveau d’investissement. En d’autres termes, la conduite politique monétaire par la BCM permet-elle de résoudre le problème de financement des activités d’investissement au sein du pays ? Dans le but de répondre à cette problématique, notre étude est divisée en deux parties. Dans la première partie, nous aborderons une approche théorique de la politique monétaire, puis de sa mise en œuvre par la Banque Centrale et enfin un survol de l’investissement à Madagascar. Dans la deuxième partie, nous procèderons à une analyse empirique de la politique monétaire de la BCM, puis dans un second lieu nous réaliserons une analyse économétrique pour mettre en avant l’importance de certains agrégats économiques.
POLITIQUE MONÉTAIRE ET INVESTISSEMENT A MADAGASCAR
Fondements de la politique monétaire
La politique monétaire figure parmi l’un des principaux instruments de la politique économique. Afin de pouvoir bien saisir son importance, il est indispensable de mieux la comprendre.
Politique monétaire
Définition :
La politique monétaire est un instrument de politique économique qui consiste à mettre à la disposition de l’économie des moyens de paiement en quantité nécessaire et suffisante pour favoriser la croissance et le plein emploi, dans la stabilité des prix et tout en veillant à la parité externe de la monnaie. En règle générale, la capacité de la Banque Centrale à réguler la liquidité bancaire dépend de la structure de l’économie, du degré d’ouverture de l’économie et de la coordination entre la politique monétaire et la politique budgétaire.
Les objectifs de la politique monétaire :
Les objectifs finals de la politique monétaire sont la stabilité des prix et niveau minimal des réserves de change (ou taux de couverture extérieure de la monnaie). Afin d’atteindre ces objectifs finals, la Banque Centrale définit un objectif intermédiaire qui est l’ensemble de ses avoirs extérieurs et de ses crédits intérieurs, ensemble qui est appelé base monétaire permettant de maîtriser la croissance de la masse monétaire. L’adoption d’une cible intermédiaire permet d’agir en deux étapes, d’une part à déterminer le niveau adéquat de la masse monétaire et d’autre part à définir les moyens d’action permettant de contenir les agrégats monétaires dans ces limites. La BCM se retrouve ainsi face à un choix entre jouer sur les agrégats monétaires ou sur les taux d’intérêt . Néanmoins, un objectif intermédiaire doit remplir les trois conditions suivantes :
– être mesurable et rapidement connu par les autorités monétaires ;
– être relié à la ou les variables économiques réelles retenues comme objectifs ultimes ;
– être contrôlé directement ou indirectement par les autorités monétaires aux moyens des instruments dont celles-ci utilisent.
Le contrôle de l’expansion de la liquidité bancaire (encaisses des banques et dépôts des banques auprès de la BCM), considérée comme la source d’expansion des crédits intérieurs des banques primaires, joue un rôle important dans la limitation de leur capacité de création monétaire (monnaie scripturale).
La politique de change
❖ Son poids dans la politique de la BCM
La politique de change constitue une partie intégrante de la politique monétaire de la BCM. En effet, elle considère que la défense de la parité des pouvoirs d’achat passe avant tout par la stabilité des prix intérieurs. Le taux de change nominal de l’ariary en est un des principaux facteurs.
❖ Choix d’un régime de change
A partir de 1994, Madagascar a entrepris la réforme en profondeur de son système de change. Cette réforme, à savoir l’instauration d’un système de flottement libre du cours de la monnaie nationale a fait partie intégrante de celles entreprises dans le cadre de la libéralisation des changes. Auparavant, le régime de taux de change appliqué a été celui du taux de change fixe jusqu’en 1982, puis ajusté de manière discrétionnaire par la BCM jusqu’en Mai 1994.
❖ Son but
L’instauration du flottement vise par conséquent la libre détermination du cours par les forces du marché, le rapatriement rapide des recettes d’exportations et l’accroissement des flux de devises passant par le marché. La mise en place du MID le 09 Mai 1994 s’inscrit dans le processus de la réforme. La BCM peut y intervenir. Ses interventions sont effectuées afin de favoriser un fonctionnement ordonné du marché.
Au niveau de la réglementation des changes, les grandes orientations vers une économie de marché, suite à l’acceptation par Madagascar des obligations de l’Article VIII des statuts du FMI ont impliqué une réforme du cadre légal et réglementaire dont les dispositions sont définies par la loi n° 2006-008 du 02/08/2006 portant Code des Changes.
Les instruments utilisés par les autorités monétaires
L’utilisation des instruments de la politique monétaire dépend de son fondement théorique et du contexte dans lequel ces instruments sont utilisés. Avec la règle de Tinbergen, une politique économique doit avoir au moins autant d’instruments à utiliser que d’objectifs à atteindre. Celle de Mundell stipule qu’une politique économique doit utiliser chaque instrument pour réaliser l’objectif au regard duquel il possède par rapport aux autres instruments un avantage comparatif.
Deux types d’instruments peuvent être utilisés aux fins de régulation monétaire :
❖Les instruments directs
❖Les instruments indirects .
Les instruments directs
A partir de ces derniers, les autorités cherchent à réaliser leurs objectifs en fixant directement, par voie de règlement, les agrégats monétaires aux niveaux souhaités :
a) Le contrôle de change
Le contrôle de change permet de limiter les sorties de capitaux des résidents, afin de maintenir la valeur de la monnaie nationale et de maîtriser l’évolution de la masse monétaire à travers sa contrepartie extérieure.
b) Plafonnement du crédit ou encadrement du crédit
Cette politique consiste à fixer, pour tous les établissements de crédit, un pourcentage unique de variation des crédits distribués, ce qui tend à engendrer un gel des parts de marché. Elle participe des mesures limitatives imposées par les autorités monétaires à l’ensemble des établissements de crédit pour maîtriser la progression des crédits que ceux-ci accordent. Cet instrument a été suspendu en 1994.
c) Fixation administrative du taux d’intérêt
Elle a généralement pour but de rendre le coût du crédit bas, afin d’encourager les investissements et stimuler la demande globale. Elle peut s’accompagner d’une politique sélective du crédit avec des taux d’intérêt différenciés selon les secteurs bénéficiaires des crédits bancaires.
Face à l’évolution des différentes étapes réalisées en matière de libéralisation de l’économie, la BCM dans la mise en œuvre de sa politique a abandonné ces instruments directs à partir de 1994 au profit des instruments indirects.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : POLITIQUE MONÉTAIRE ET INVESTISSEMENT A MADAGASCAR
CHAPITRE 1 : FONDEMENTS DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE
I. Politique monétaire
1) Définition
2) Les objectifs de la politique monétaire
3) La politique de change
4) Les instruments utilisés par les autorités monétaires
5) Les canaux de transmission de la politique monétaire
II. La Banque Centrale de Madagascar
1) Statut et missions de la BCM
2) Analyse de la mise en œuvre de la politique monétaire de la BCM
CHAPITRE 2 : L’INVESTISSEMENT À MADAGASCAR
I. Atouts et faiblesses de Madagascar
1) Atouts de Madagascar
2) Faiblesses de Madagascar
3) Facteurs limitant le développement des activités au cours de l’année 2010
II. Quelques types d’investissements à Madagascar
1) Les IDE
2) Les ZFI
III. Investissement et croissance économique
PARTIE 2 : ANALYSE DES EFFETS DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE
CHAPITRE 1 : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA POLITIQUE MONÉTAIRE MISE EN PLACE À MADAGASCAR
I. Contexte socio-économique du pays
1) Conjoncture nationale
2) Les différents secteurs de l’économie
3) Structure du PIB
II. Bilan des actions de la banque centrale
1) Évolution de l’IPC
2) Évolution des agrégats monétaires
3) Intéraction entre la masse monétaire et l’inflation
4) Parité du taux de change face aux principales devises
III. Impacts sur les taux d’intérêt
1) Le taux d’intérêt sur le marché monétaire
2) Évolution des taux sur le marché des BTA
3) Évolution des taux bancaires
IV. Les conséquences des instruments de la politique monétaire utilisés à Madagascar sur le financement de l’économie
1) L’épargne
2) Conséquences du financement du déficit budgétaire de l’État
3) Surliquidité bancaire
4) Structure de la masse monétaire
5) Les taux intérêts élevés
CHAPITRE 2 : ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE ENTRE POLITIQUE MONÉTAIRE ET INVESTISSEMENT
I. Démarche de l’analyse économétrique
1) Présentation du modèle
2) Choix des variables utilisées
3) Interprétation des résultats
II. Conclusions de l’analyse
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
ANNEXES
TABLES DES MATIÈRES
RÉSUMÉ