Politique linguistique educative : l’exemple de l’ecole d’expression francaise « les angelots »

Madagascar est un pays plurilingue où coexistent différentes langues comme les variétés régionales du malgache et des langues étrangères comme le français, l‟anglais,…etc. La Constitution confère au malgache le statut de langue nationale et au malgache et au français celui de langues officielles. (Constitution de la IVe République de Madagascar, Titre premier, Article IV). Boyer définit la sociolinguistique comme « une linguistique de la parole, c’est-à-dire une linguistique qui, sans négliger les acquis de l‟approche structuraliste des phénomènes langagiers, situe son objet dans l‟ordre du social et du quotidien, du privé et du politique, de l‟action et de l‟interaction (Boyer, 1999, p.28). Pour étudier aussi les variations et les usages des mots que des rituels de conservation, les situations de communication que les institutions de la langue ; les pratiques singulières de langage que les phénomènes collectifs liés au plurilinguisme. »Selon Labov et William, l‟objet d‟étude de la sociolinguistique est la structure et l‟évolution du langage au sein du contexte social formé par la communauté linguistique. (Labov , William, 1976 , p. 258).

PROTOCOLE D’ENQUETE

La sociolinguistique en tant qu‟ « approche des sciences du langage a pour objectif de voir l‟ensemble des manifestations langagières situées dans un contexte social, interactionnel, conversationnel donné qui rend ainsi compte des rapports sociaux entre groupes et individus » (Bulot, Blanchet, 2003, p. 41). Elle analyse donc la langue en tant que fait social. La pluralité malgache est décrite comme une diglossie enchâssée à trois niveaux variétés régionales / malgache/ français/ anglais. Le premier niveau correspond à une diglossie endogène entre les langues apparentées c’est-à-dire le malgache et les variétés régionales. Le deuxième niveau renvoie à une diglossie de contact entre le malgache et le français. Et le troisième est une diglossie endogène le couple français/ anglais, charrié dans le contexte malgache par la mondialisation (Randriamarotsimba, 2012, p.24). Afin de savoir le fonctionnement de ce plurilinguisme dans le milieu éducatif malgache, nous avons procédé à une enquête. C‟est un travail dit de terrain. Elle dépasse l‟écrit et l‟oral et a pour objectif de construire des représentations linguistiques sur les témoins : « Ce qui est spécifique de ce que l‟on appelle linguistique de terrain, c‟est l‟idée que, pour construire des représentations linguistiques, il faut qu‟un observateur pénètre sur ledit terrain et devienne partie prenante d‟une relation face à face et individuelle. » (Blanchet, 2000, p. 28).Pour cela, il faut interroger, écouter et observer les usagers de la langue (Bulot, 2013, p. 30). L‟Enquêteur doit donc s‟intégrer dans le terrain proprement dit et y être membre. En effet, les deux notions ne peuvent se séparer car une enquête nécessite de faire du terrain. Par ailleurs, le travail de terrain se fonde sur un protocole d‟enquête. Ce qui va suivre tentera dans un premier temps de définir les objectifs et les fondements théoriques de celle-ci. Ensuite évoquer la présentation du terrain et enfin décrira les modalités de réalisation de l‟enquête.

Objectif et cadrage méthodologique

Objectif de l’enquête 

L‟objectif de l‟enquête est double. Le premier est de décrire les rapports aux langues des témoins c‟est-à-dire l‟usage de langues déclarés par les témoins ainsi que les représentations qu‟ils ont des langues et des langues d‟enseignement. Le second est de s‟intéresser aux réalités de classe et son lien avec les rapports aux langues des témoins.

Méthode et méthodologie d’enquête

Dans son ouvrage intitulé « La linguistique de terrain : Méthode et théorie : une approche ethno-sociolinguistique », Philippe Blanchet décrit et met en pratique des méthodes et des méthodologies d‟enquête. Nous allons nous référer à lui en pratiquant les méthodes descriptive, comparative, analytique et interprétative. La méthode descriptive consiste à décrire la situation sociolinguistique observée. Cela se fera en observant le contexte, les usages et les représentations linguistiques des témoins. La méthode comparative sert à identifier la singularité d‟une situation, mieux comprendre chaque situation et avoir une vision globale (plus universelle). Elle contribue à réduire le biais induit par l‟implication subjective du chercheur en l‟amenant à se distancier d‟un cas pour le confronter à un autre et participe à une meilleure information du chercheur. De plus, cette méthode permet au chercheur de remettre en question chacune de ses démarches, l‟activité scientifique ce qui induit une progression (Blanchet, 2000, p. 55-56). La méthode analytique permet de mener des réflexions en examinant en détail les données, les trier et les ranger dans un ensemble descriptif dont elle forme une pièce. Cela consiste aussi à rapporter l‟analyse du fonctionnement des éléments à celle du fonctionnement du contexte globale des situations de communication. Cette méthode conduit nécessairement à une synthèse mettant l‟accent sur la globalité contextuelle du cas examiné (Blanchet, 2000, p. 49). Et la méthode interprétative vise à construire une signification à partir des données recueillies lors du terrain. Elle conserve aussi la perspective d‟un tout, de toujours revenir à la complexité du contexte des données dans lequel le travail de recherche est mené (Blanchet, 2000 , p. 57). Pour mettre en œuvre ces méthodes nous adopterons une méthodologie empiricoinductive. Cette méthodologie consiste à « s‟interroger sur le fonctionnement et la signification de phénomènes humains qui éveille la curiosité du chercheur à rechercher des réponses dans les données et à comprendre (donner du sens à des évènements spécifiques) (Blanchet, 2000, p. 30). Elle conviendra bien à atteindre nos objectifs en développant une compréhension de la situation sociolinguistique de l‟établissement à partir des données rassemblées tout en primant les faits aux théories.

Cette méthodologie adopte une démarche inductive et qualitative. Le chercheur va tenter de développer une compréhension des phénomènes à partir d‟un tissu de données, plutôt que de recueillir des données pour évaluer un modèle préconçu ou des hypothèses a priori. Les sujets ou les groupes ne sont pas réduits à des variables mais sont considérés comme un tout c’est-à-dire que le chercheur étudie le contexte dans lequel évoluent les personnes ainsi que le passé de ces dernières. De plus, il est attentif à l‟effet qu‟il produit sur les personnes concernées et cet effet d‟interaction doit-être pris en compte dans l‟interprétation des données. Le chercheur aussi observe la signification sociale attribuée par les sujets au monde qui les entoure, les écoute parler et essaie de les comprendre. Tous les points de vue sont précieux et le chercheur ne met pas ses propres convictions, perspectives et prédispositions en avant. Les méthodes qualitatives impliquent l‟ouverture à l‟autre et au social. Tous les sujets sont dignes d‟étude mais restent uniques. Cette méthodologie exige autant de techniques que de savoir faire c‟est pourquoi le chercheur crée lui-même sa propre méthodologie en fonction de son terrain d‟observation (Blanchet, 2000, p. 30-31). Par conséquent, d‟une certaine façon, les données priment sur la construction intellectuelle, tant en termes de déroulement de travail qu‟en méthodes d‟enquête et de traitements de ces données puisque l‟interprétation produite est toujours relative aux données dont elle émerge (Blanchet, 2000 , p. 31). Cependant, ces méthodes présentent des limites à savoir leur manque de rigueur analytique de par la causalité et des classifications. Aussi, le problème de subjectivité à cause de la distance et de la neutralité du chercheur et la multiplicité des conclusions possibles. Malgré ces limites, la démarche qualitative a permis d‟étudier des problèmes trop complexes pour une approche classique (Blanchet, 2000, p. 31-32).

Présentation du terrain

Lieu et milieu d’enquête 

Lieu
L‟enquête s‟est déroulée dans un établissement scolaire d‟expression française situé à Ankazomanga, un quartier assez défavorisé d‟Antananarivo, la capitale du pays. Fondé en 1995, l‟école fête ses 20 années d‟existence, l‟année de notre enquête. Elle compte 435 élèves et comprend trois niveaux à savoir le préscolaire, le primaire et le collège. Le préscolaire compte 5 classes avec 5 enseignants. Le  primaire compte 9 classes dont 9 enseignants. Le collège comprend également 9 classes. Le chef d‟établissement a précisé que l‟inexistence de lycée est due à l‟insuffisance d‟espace. Les personnels administratifs sont en nombre de 5 dont 2 surveillants et 3 femmes de ménage. La salle de lecture n‟existe pas encore mais faisant partie des projets du chef de l‟établissement pour cette célébration du 20ème anniversaire. En classe de quatrième et troisième, les élèves ont l‟opportunité d‟étudier les langues dites « secondes » comme l‟Allemand et l‟Espagnol. Ainsi quand les élèves vont passer leur Brevet, ils ont le choix entre l‟Anglais ou l‟une des langues « secondes ».

Nous avons voulu comprendre par ce choix l‟importance que les parents accordent aux langues d‟enseignement au regard de leurs situations sociales. De plus, il nous a paru intéressant d‟observer les rapports aux langues et comment les élèves acquièrent les pratiques réelles des langues dans les salles de classe. En outre, nous n‟avons pas choisi d‟effectuer nos enquêtes dans les établissements publiques car à notre connaissance ces établissements sont victimes des changements de politique linguistique éducative. Cela n‟enrichisserait donc pas notre recherche. Puis, la connaissance des différents personnels de l‟établissement nous a permis de bien achever les enquêtes. Nous avons enquêté dans les classes dites charnières à savoir la classe de CE et la classe de CM2. Aussi, est-il important d‟analyser le fonctionnement de l‟entrée dans cet établissement ou la base d‟où le niveau CE et la sortie manifestant les résultats ce qui nous a poussé de plus à s‟intéresser au niveau CM2.

Milieu
Comme nous l‟avons annoncé, cette école se trouve dans un quartier plus ou moins défavorisé : Ankazomanga. Elle se situe dans la capitale d‟Antananarivo. Les frais de scolarité conviennent bien au pouvoir d‟achat des parents et répondent bien à leur besoin : une école d‟expression française avec frais d‟écolage abordable. Ce n‟est pas une simple école d‟expression française, en plus de cela, elle a 20 ans d‟expérience en matière d‟enseignement. Une raison de plus pour attirer les parents qui ont un soif linguistique pour leurs enfants.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : PROTOCOLE D‟ENQUETE
1. Objectif et cadrage méthodologique
2. Présentation du terrain
3. Modalités de la réalisation de l’enquête
DEUXIEME PARTIE : DES POLITIQUES LINGUISTIQUES EDUCATIVES AUX REALITES DE CLASSE
2. Politiques linguistiques éducatives de l’établissement choisi
3. Réalités des langues d’enseignement dans les classes
4. Politiques linguistiques familiales
TROISIEME PARTIE : DES RAPPORTS AUX LANGUES DES TEMOINS AUX LANGUES ET ENSEIGNEMENT
1. Rapports aux langues des témoins
Tableau 3 : Représentations linguistiques des témoins
2. Langue et enseignement
Conclusion générale
Annexe I
Annexe II
Annexe III
Annexe IV
Annexe V
Annexe VI
Annexe VII
Annexe VIII
Annexe IX
Annexe X
Annexe XI
Annexe XII
Annexe XIII

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