Politique de destabilisation des royaumes senegambiens par la france

Au Sénégal, l’historiographie du système colonial s’est largement focalisée sur ses dimensions militaires, sociales, politiques et économiques. Elle a produit une abondante littérature d’une qualité incontestable quant à la connaissance du système colonial. Partant de ce constant nous avons jugé nécessaire, en proposant à la communauté, d’approfondir et de mettre en exergue les événements entrainant les crises sociales, politiques et économiques entre la colonie du Sénégal et les royaumes du Waalo et du Kajoor. En ce sens, l’accent sera mis sur le rôle de déstabilisateur de la France dans les affaires internes des royaumes sénégambiens. En effet, déstabilisation prend ici tout le sens de perturbation de l’ordre hiérarchique de l’aristocratie traditionnelle héritée de la dislocation du grand Jolof. Elle signifies la création d’un dysfonctionnement du mode de gouvernance déjà établi dans les royaumes sénégambiens sur le plan politique, économique et social. Il s’agit d’une option qui a été bien pensée, réfléchie avec des objectifs, une méthodologie et surtout une certaine stratégie à l’avance. Déstabilisation peut avoir, toutefois, le sens de tentative d’affaiblissement avec des objectifs derrière la question c’est-à-dire une façon d’affaiblir à dessein avec un but précis qui consiste à faire manœuvrer, bien élaborer sa politique, à mettre en place un dispositif de monopole pour préserver et accroître ses propres intérêts, surtout ceux économiques.

Les progrès économiques, militaires, politiques et sociaux qui garantissaient la constitution d’un Etat étaient toujours en rapport avec la maîtrise de l’organisation d’un ordre sociale et culturel dynamique d’un peuple, or l’existence d’une structure politique étrangère solide n’était possible que par une division sociale au sein des royaumes. Ce qui fait que le caractère de déstabilisation, dans un contexte d’affrontement entre un système colonial et des royaumes indépendants est synonyme d’affaiblissement des royaumes sénégambiens dans leur organisation sociale, politique et économique interne nécessaire. Ainsi, la suspicion des théories et des actions des colonialistes sur cette question ne surprend guère. C’est pourquoi dans la formulation du discours des indépendances par l’élite intellectuelle africaine l’histoire occupait une place considérable. Dès lors, on comprend mieux le combat mené par Cheikh Anta Diop contre les Africanistes pour la restauration de la conscience historique des peuples négro-africains.

L’histoire nous fait comprendre qu’autant les affaires européennes restèrent au premier plan de ses préoccupations, la France fit pourtant beaucoup pour développer son territoire  colonial. Cette politique d’expansion visait tout d’abord à ouvrir des marchés nouveaux au commerce français puis à défendre les intérêts politiques et économiques.

Toutefois, la traite négrière, qui demeure au centre du commerce tout au long du XVIIIe siècle détermine largement l’évolution des Etats et des sociétés de la Sénégambie. Dans tous les cas, la violence engendrée par la traite renforce partout l’arbitraire et la centralisation du pouvoir monarchique dans le cadre des petits Etats hérités du démembrement territorial. Chaque Etats, en fonction de sa proximité de la côte et des influences du commerce atlantique, connaît une évolution intérieure qui rend compte des divers aspects de la crise économique, politique et sociale quasi permanent, pendant cette période de violence généralisée.

Les royaumes du Kajoor et du Waalo issus de la dislocation de la confédération du Jolof en 1549, connaissant, dans leur ensemble, une évolution similaire vers la centralisation et le renforcement du pouvoir ceddo . Cette évolution autocratique du pouvoir central est liée aux conséquences du commerce atlantique dominé par la traite négrière au cours du XVIIIe siècle. En outre, la crise du commerce atlantique, l’échec des différentes tentatives de colonisation agricole et la ruineuse spéculation sur la gomme précipitèrent très tôt les conflits de souveraineté entre la France et les royaumes de la Sénégambie qui furent le théâtre de profondes mutations économique, politiques et sociales.

LE CADRE GEOGRAPHIQUE 

Sur le plan historique comme sur le plan géographique le premier contact de la France, on a le Waalo qui est face à Saint-Louis et le Kajoor qui est le lien entre le Nord et Dakar avec la possession de Gorée d’abord. Nous ne devons non plus ignorer l’existe de ressources qui est un autre aspect parait-il aussi être très important et qui intéressait le plus aux Français.

Situation

Avant de donner les limites du Waalo et du Kajoor, il serait plus intéressant, en premier lieu, de les replacer dans leur contexte géopolitique qu’est la Sénégambie. Vaste ensemble géographique, la Sénégambie connaît plusieurs délimitations selon les historiens. C’est ainsi que Jean Boulègue la situe entre les vallées du Sénégal et de la Gambie et qui constituent l’extrême Ouest de la zone soudano-sahélienne. Elle est comprise entre le désert et les premières forêts ombrophiles de la Casamance. Selon Boubacar Barry, cette région est limitée au nord par la vallée du fleuve Sénégal et au sud par le cours de la Kolonté. D’autres chercheurs sont allés plus loin considérant la Sénégambie non seulement comme un ensemble territorial couvert par la Gambie et le Sénégal mais tous les pays ayant des frontières communes avec notre pays. C’est dans cette entité territoriale que se situent le Waalo et le Kajoor.

Les limites du Waalo 

L’histoire du Waalo de 1830 à 1855, est particulièrement agitée. C’est, en effet, la période pendant laquelle le Waalo, quoique encore indépendant, subit de manière permanente, à cause de sa position géographique, la pression de ses voisins. Au Nord les Maures Trarzas qui occupaient dès la fin de la deuxième moitié du XVIIIe siècle la rive droite du fleuve Sénégal, ne cessent d’envahir le Waalo pour piller et rançonner la population. A l’Est, ce sont des voisins non moins redoutables, les Toucouleurs du Fuuta Tooro qui renoncent difficilement à étendre au Waalo leur prosélytisme religieux. Au Sud, c’est le Djoloff qui, ayant perdu sa prépondérance, n’est pas d’un grand danger ; mais au Sud-Ouest, le Kajoor reste menaçant et ne renonce pas à rester maître des riches salines du Gandiole et à étendre son hégémonie au Waalo. Cette pression des peuples voisins qui a été une constante dans l’histoire du Waalo, va se renforcer à la faveur des rivalités politiques entre les différentes familles royales, et surtout à l’occasion de nouvelles prétentions de la colonie française du Sénégal sur le Waalo .

De Saint-Louis à Dagana, le royaume du Waalo, confiné à la rive gauche, s’étendait en 1830 au Sud jusqu’au niveau de la ligne oblique constituée par les villages de Ndialakhar, Mpal, Budi et Sirinké. Le terme Waalo désigne les terres inondées en période de crue par opposition au dieeri, terres sèches que seules les pluies d’hivernage arrosent. Comme son nom l’indique c’est un royaume amphibie où se côtoient des régions marécageuses, des îles fluviales et des plaines en grande partie soumises aux inondations. Son territoire occupait, en fait, l’ancien delta du fleuve Sénégal et se situait au point de vue du climat, à l’extrême limite septentrionale des cultures.

La densité du réseau hydrographique avait permis très tôt l’établissement dans cette région semi-sahélienne, d’une nombreuse population sédentaire. En effet, tous les villages de grande importance sont au bord de l’eau, et le nom Waalo-Waalo que portent les habitants désigne bien leur position de part et d’autre du fleuve Sénégal ou du lac de Guiers sur la partie inondable. Géographiquement, le Waalo offrit en lui seul une cadre stratégique, une porte de pénétration de par le Nord avec des caractéristiques plus ou moins comparables à ceux du Kajoor avec son emplacement aussi stratégique.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I- Problématique
II- Hypothèse
III- Méthodologie
IV- Les sources
V- Objectif global et objectifs spécifiques
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION PHYSIQUE
CHAPITRE I : LE CADRE GEOGRAPHIQUE
CHAPITRE II : LA STRUCTURE POLITIQUE FRANÇAISE
A- Politique française au Kajoor
B- La politique française au Waalo
C- Le contrôle des territoires
DEUXIEME PARTIE : LES ENJEUX POLITIQUES ET SOCIAUX
CHAPITRE I : LES CRISES POLITIQUES ET SOCIALES AU WAALO
A- La révolte du Diawdine Madiaw Khor contre le Brak Fara Penda Adama Sall
B- Sidia et l’autorité française
CHAPITRE II : LES CRISES POLITIQUES ET SOCIALES AU KAJOOR
A- La situation politique au Kajoor
B- Le conflit entre Lat-Dior et Ahmadou Seckou
TROISIEME PARTIE : LES ENJEUX ECONOMIQUES ET L’EVOLUTION RELIGIEUSE
CHAPITRE II : LES DIFFICULTES DE LA POLITIQUE AGRICOLE, LES DIFFERENDS SUR LES COUTUMES ET L’EVOLUTION RELIGIEUSE
A- L’impact de la culture arachidière
B- La guerre des coutumes
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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