Le paludisme est une des maladies infectieuses associées à la pauvreté. L’agent causal de la maladie a été identifié en 1880 par Laveran. Les travaux de génie de Ross ont permis au début du 20ème siècle de comprendre comment se transmettent les plasmodies. Ces acquis ont révolutionné la stratégie de lutte contre cette maladie.
La lutte antilarvaire (drainage, campagne de construction d’habitation décente, utilisation d’insecticides dont le DDT), l’accès au diagnostic biologique, le traitement des cas (utilisation de quinine et de chloroquine), l’amélioration du niveau de vie permettaient aux pays industrialisés en Europe, aux Etats Unis, etc. d’éradiquer le paludisme. Par contre dans les pays tropicaux – qui ont des problèmes économiques en Afrique, en Asie et en Amérique latine – aujourd’hui, l’idée d’éradication est utopique et le meilleur résultat qu’on peut espérer est un bon contrôle de la maladie (avec une réduction de la mortalité des enfants et des femmes enceintes). L’apparition de la résistance des parasites aux médicaments et celle des vecteurs aux insecticides, le manque de moyen financier et de personnel compétent, … ne font que compliquer la mise en œuvre des programmes de lutte.
Différentes études ont montré que même dans des zones d’endémie palustre, le niveau de transmission de parasites du paludisme en milieu urbain est plus faible par rapport à celui des zones rurales. Les cas de paludisme détectés en milieu urbain sont en très grande partie des cas introduits (contracter hors de la ville lors d’un déplacement).
Rappels sur le paludisme
Par définition, le paludisme, appelé tazo ou tazomoka en malgache, est une maladie infectieuse causée par un parasite protozoaire unicellulaire du genre Plasmodium et transmise à l’homme par des moustiques.
Bien que décrit avant l’ère chrétienne, le paludisme sévit toujours de nos jours. La lutte antipaludiques se résume essentiellement à la prévention (chimioprévention ou lutte antivectorielle) et la prise en charge des cas (traitement antipaludique contre des accès palustres simples ou accès palustres grave, avec des adjuvants si besoin est).
Les symptômes du paludisme apparaissent 9 à 14 jours après la piqûre par le moustique infecté, selon l’espèce de Plasmodium. Typiquement, le paludisme entraîne une fièvre, des maux de tête, des vomissements, des nausées, de la diarrhée, et des symptômes évoquant une grippe comme des frissons, des douleurs musculaires et une grande fatigue [1]. Si les médicaments ne sont pas disponibles ou si les parasites sont résistants aux traitements, l’infection peut rapidement progresser et menacer la vie. Le paludisme peut conduire au décès par infection et destruction des globules rouges (anémie hémolytique), par obstruction des capillaires qui transportent les globules rouges au cerveau (paludisme cérébral) ou à d’autres organes vitaux.
Poids du paludisme
Le paludisme, qui existe dans plus de 100 pays et territoires, reste un des défis majeurs de la santé publique dans les pays les plus pauvres du monde avec le HIV/SIDA et la tuberculose.
Selon l’OMS, 300 à 500 millions de cas cliniques et 2 à 3 millions de décès sont recensés chaque année dans le monde [2]. Cette maladie, connue des malgaches bien avant l’arrivée des européenne, est endémique à Madagascar [3, 4]. Le nombre de cas de paludisme présumés annuel est estimé à plus de 2 millions. Ainsi, le paludisme figure parmi les trois maladies infectieuses contre lesquelles le Ministère de la Santé et du Planning Familial.
Environ 40% de la population mondiale sont en danger de paludisme, spécialement les habitants des pays les plus pauvres du monde. Cette maladie a été plus répandue qu’à l’époque actuelle, mais elle a été progressivement éliminée de beaucoup de pays à climat tempéré pendant la première moitié du 20ème siècle. Aujourd’hui, le paludisme se rencontre essentiellement dans des régions tropicales et subtropicales du globe. Quatre-vingt-dix pour cent des décès dans la partie du continent africain située au sud du Sahara sont causés par le paludisme, la plupart du temps chez les enfants en bas âge. Le paludisme tue un enfant africain toutes les 30 secondes .
Cependant, une petite proportion seulement des infections malariques (1-2%) mène à des complications graves [5, 6]. Les raisons pour lesquelles un petit nombre d’enfants infectés par Plasmodium développent une maladie mortelle, alors que les autres réagissent par une maladie fébrile, ne sont toujours pas complètement comprises. Le parasite, la constitution génétique de l’hôte, et les facteurs socio-économiques semblent jouer un rôle important. Les décès dus à l’anémie du paludisme grave sont en train d’augmenter et la létalité due au paludisme cérébral représente environ 20% des cas mortels. Environ 10% des enfants survivant à un épisode de neuropaludisme souffriraient de dommages cérébraux, de déficits neurologiques ou de difficultés d’apprentissage .
Les femmes enceintes et leurs foetus sont particulièrement vulnérables : le paludisme est une cause majeure de la mortalité périnatale, des bas poids de naissance, et de l’anémie maternelle.
Cycle biologique de l’agent responsable du paludisme : Plasmodium sp
Plasmodium est un parasite eucaryote complexe dont l’expression génomique dynamique lui permet d’exploiter une série d’habitats différents chez l’homme et chez le moustique. Le genre Plasmodium appartient au phylum des Apicomplexa [8, 9]. Parmi près de 120 espèces et sous-espèces identifiées comme appartenant au genre Plasmodium et hébergées par une grande variété d’hôtes vertébrés susceptibles d’être parasités (reptiles, oiseaux, mammifères), quatre espèces différentes peuvent infecter l’homme et causer une pathologie grave : P. falciparum (paludisme tropical), P. vivax (fièvre tierce), P. malariae (fièvre quarte), et P. ovale (fièvre tierce).
Les trois dernières espèces sont moins courantes que P. falciparum, l’espèce responsable de la forme la plus grave du paludisme chez l’homme [10]. Plasmodium falciparum, l’espèce qui tue et qui peut résister aux antipaludiques est prédominant.
Il est présent chez 90 % à 95 % des sujets impaludés. Plasmodium malariae, Plasmodium vivax et Plasmodium ovale sont beaucoup plus rarement présents et ne posent apparemment pas de problème majeur de santé publique.
Le cycle biologique de P. falciparum est hétéroxène, à deux hôtes, et haplobiontique, le parasite étant haploïde pendant la majorité du cycle (figure 2). Son hôte définitif est un moustique femelle du genre Anophèles, insecte hématophage vecteur de la maladie, chez lequel a lieu la reproduction sexuée, suivie d’une méïose et d’une phase de multiplication mitotique appelée sporogonie. L’homme représente l’hôte intermédiaire, chez lequel le parasite subit deux phases de multiplication mitotique appelées schizogonies, l’une hépatique et l’autre érythrocytaire.
Les stades du cycle de vie ont été décrits il y a plus de 100 ans et les dénominations qui ont été données à l’origine sont basées sur la morphologie : mérozoïtes, trophozoïtes, gamétocytes chez l’homme d’une part, zygote, ookinète et sporozoïtes chez le moustique d’autre part [11]. En 1948, tous les stades du cycle de vie ont été enfin identifiés.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : RAPPELS SUR LE PALUDISME
I.1- Poids du paludisme
Figure 1 : Quatre espèces de Plasmodium infectant l’homme, vue au microscope
I.2- Cycle biologique de l’agent responsable du paludisme : Plasmodium sp
a- Cycle parasitaire chez l’homme
b- Cycle parasitaire chez l’anophèle
I.3- Epidémiologie du paludisme (http://asmt.louis.free.fr)
a- Degrés de stabilité du paludisme
b- Diversité des faciès épidémiologiques
c- Le paludisme urbain, cas particulier
I.4- Stratification épidémiologique du paludisme à Madagascar
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
II.1- Sites d’étude à Mahajanga
II.2- Patients et méthodes
a- Patients
b- Méthode de dépistage et prise en charge des malades
c- Collecte d’échantillon de sang sur papier filtre
d- Enregistrement et saisie des informations
CHAPITRE III : RESULTATS – ANALYSE – DISCUSSION
III.1- Résultats
III.2- Analyse des résultats
III.2.1- Population d’étude
III.2.2- Résultats du diagnostic biologiques du paludismes
III.2.3- Notion de déplacement (voyage) récent chez les patients paludés
a- Durée du séjour inférieur à 30 jours hors de la ville de Mahajanga
b- Séjour de plus de 30 jours hors de la ville de Mahajanga
III.2.4- Retour de voyage et manifestation des signes cliniques des accès palustres
III.2.5- Patients impaludés sans notion de déplacement en dehors de la ville de
Mahajanga
III.3- Discussion
SUGGESTION
CONCLUSION
REFERENCES