POIDS DE LA MORBIDITE ET DE LA MORTALITE DES MALADIES CIBLES DU PEV
Après avoir obtenu un résultat extraordinaire et satisfactoire dans l’éradication de la variole par la méthode de vaccination, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a lancé en 1977 le Programme Elargi de Vaccination (8)(9). L’objectif est de vacciner l’ensemble des enfants du monde contre six maladies ; à savoir : la tuberculose, la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite et la rougeole.(10) La raison de cette politique est que, dans le monde, plus de deux millions d’enfants de moins de cinq ans continuent à mourir chaque année de ces maladies :
– La rougeole, à elle seule est à l’origine d’environ 800 000 de ces décès (1). En effet, cette maladie continue de faire rage dans les villes d’Afrique et d’Asie, particulièrement dans les quartiers défavorisés. 85% de ces décès dus à la rougeole, c’est à dire 722 000 décès, se trouvent dans 20 pays, la moitié se trouve en Afrique et 230 000 en Inde,(11)
– Le tétanos néonatal continue de tuer près de 300 000 nouveau-nés et 40 000 mères chaque année. En 1990, il a tué quelques 360 000 nouveau-nés dans les 20 pays où il était le plus répandu. Ce nombre a pu être réduit à 224 000 grâces aux efforts, en terme de vaccination. Cette réduction a pu être constatée dans presque tous les pays, entre autres :
• au Brésil : réduction de 99% de la maladie : 6000 décès en 1990 et 80 décès en 1997,
• au Vietnam : réduction de 94% dans le nombre de décès,
• en Chine : plus de 75 000 nourrissons en 1990 et un peu moins de 14 000 en 1997, soit un recul de 82%,
An Nigeria par contre, le résultat est négatif avec une augmentation du nombre de décès de 62%, c’est à dire que ce nombre est passé de 23 000 à 38 000,(1)
– La poliomyélite existe encore malgré l’initiative mondiale d’éradication. Toutefois, on constate une nette réduction des cas : en 1988, le taux était de350 000 cas par an et en 1999, il était de 20 000 au maximum. Pendant cette période, le nombre de pays touchés par la poliomyélite est passé de 125 à 30.(1) La plupart d’entre eux se situent dans certaine région de l’Afrique subsaharienne et du sous-continent indien et surtout dans les zones de conflits où la couverture vaccinale antigène systématique est faible et où les conditions sanitaires sont médiocres. Il y a sept pays endémiques: l’Inde, le Nigeria, le Pakistan, l’Egypte, l’Afghanistan, le Niger et la Somalie (par ordre décroissant de la charge de mobirdité). Pratiquement, tous les cas de poliomyélite du monde (99%) sont concentrés dans trois pays : l’Inde, le Nigeria et le Pakistan. Six autres pays sont toutefois considérés comme pays à risque élevé de réinfections : l’Angola, le Bengladesh, l’Ethiopie, le Népal, la République Démocratique du Congo et le Soudan.(12)
– La coqueluche est l’une des principales causes de morbidité et de mortalité chez l’enfant. Il y a 20 à 40 millions de cas par an dont 90% dans les pays en développement. L’OMS avance le chiffre de 300 000 décès par an.
Pour le cas de Madagascar
Des rapports fournis par les Centres de Santé de Base (CSB), Centres Hospitaliers de District (CHD), Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) et Centres Hospitaliers Régionaux (CHR), dans toute l’île et concernant les enfants de moins de 5 ans ont montré que :
– 3 230 cas de coqueluche ont été vus en consultation externe en l’an 2000. Ce chiffre a nettement baissé avec 1 919 cas en 2002. La morbidité hospitalière enregistrée pour l’année 2002 est de 27. Et la mortalité est de 1 enregistrée dans une CHD si elle était de 4 en 2000 et 2 en 2001,
– Pour la même année 2002, 5 903 cas de rougeole ont encore été enregistré dans les CSB dont 2 930 chez des enfants vaccinés. Il y a eu 184 cas de rougeole compliquée dans les CHD, CHU et CHR. La morbidité hospitalière de rougeole compliquée s’élève à 99 tandis que la mortalité est de 8. Mais il n’y a pas que les services de santé publics qui ont vu des cas de rougeole. En tout, 200 000 cas ont été déclarés : 65% chez les enfants de plus de cinq ans et 26% chez les moins de cinq ans. Et 6 350 personnes sont morts à la suite des complications,
– A propos du tétanos, 121 cas ont été recensés en 2002 dont 101 étaient constitués par le tétanos néonatal, la morbidité ayant été de 43 et la mortalité de 15,
– 99 cas de tuberculose ont été recensés en consultation externe, la morbidité hospitalière s’élève à 154 et la mortalité à 16 pour l’année 2002,
– La découverte de quatre cas de virus poliomyélitique d’origine vaccinale dans la région de Fort-Dauphin fut l’origine de la création des Journées Nationales de Vaccination dénommées FAV POLIO 2002 en septembre et octobre 2002. 28 cas de Paralysie Flasque Aiguë (PFA) ont été enregistrés en consultation externe dans la même année. La morbidité est de 71 et la mortalité est de 4. On a remarqué une augmentation des chiffres car en 2001, 5 cas de poliomyélite ont été recensés ; la morbidité et la mortalité étaient respectivement 1 et 0.
Pour le cas d’Antananarivo
Les derniers chiffres obtenus concernent également l’année 2002. Ils ont été fournis par les mêmes rapports mensuels des CSB, CHD, CHU et CHR. Les consultations externes ont détecté : 284 cas de coqueluche, 2 010 cas de rougeole (dans les CSB) dont 1 270 chez des enfants vaccinés et 37 cas de rougeole compliquée (dans les CHD, CHU et CHR), 1 cas de tétanos néonatal, 27 cas de tuberculose et 2 cas de PFA, La morbidité hospitalière pour la coqueluche est de 13, tandis que pour la rougeole compliquée elle est de 14 ; pour le tétanos néonatal elle est de 8, pour la tuberculose elle est de 101 et pour la PFA, 0. La mortalité est de 1 pour la coqueluche, 0 pour la rougeole compliquée, 4 pour le tétanos néonatal, 10 pour la tuberculose et 0 pour la PFA.
NIVEAU DE COUVERTURE VACCINALE
Lors du Sommet du Millénaire tenu à New York en septembre 2000, les Etats membres des Nations Unies ont convenu d’un ensemble de huit objectifs de développement pour le millénaire (ODM). Le quatrième objectif est de réduire la mortalité infantile de deux tiers parmi les moins de cinq ans entre 1990 et 2015. (13) Visiblement, la santé est devenue, en matière de développement, une préoccupation plus importante que ce soit en tant que facteur de développement durable qu’indicateur de celui-ci. D’une manière générale, la pauvreté semble devoir demeurer la première cause de mortalité dans le monde. C’est une des principales raisons qui fait que les bébés ne sont pas vaccinés. Une telle réalité est justifiée par le grand écart qui existe entre le taux de couverture vaccinale dans les pays développés et celui dans les pays en développement.
Dans le monde
Dans la majorité des pays, la couverture vaccinale antigène contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la tuberculose, la rougeole et la poliomyélite est actuellement supérieure ou égale à 80% contre 30% il y a vingt ans. (1) Pour le cas du vaccin antipoliomyélitique, le taux de couverture vaccinale a atteint 80% en 1990 pour la quasi-totalité des pays du globe et ce taux continue à augmenter. La finalité du programme étant l’éradication prochaine de la poliomyélite. (8) Tous les ans, 26 millions de nourrissons dans le monde ne reçoivent pas leurs 3 injections de DTC.
Depuis 1990, le taux de couverture vaccinale anti-rougeoleuse reste stable ou diminue dans 32 cas des pays les plus pauvres notamment :
• Au Burundi : recul de 25% de la couverture,
• En Papouasie, Nouvelle-Guinée et au Yémen : 23%,
• Au Malawi : 14%,
• Au Bénin : 13 %, et
• Au Mali : 12%.
Pour les pays en développement, le taux global de VAR oscille maintenant autour de 77% des enfants âgés de moins de 1 an, et les deux tiers des pays ont déjà atteint l’objectif fixé pour l’an 2000, à savoir une réduction d’au moins de 95% des décès dus à la rougeole.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA COUVERTURE VACCINALE : INSTRUMENT DE PLANIFICATION POUR LE PEV
I. Poids de la morbidité et de la mortalité des maladies cibles du PEV
II. Niveau de couverture vaccinale
II.1. Dans le monde
II.1.1. En Amérique
II.1.2. En Europe
II.1.3. Au Cambodge
II.1.4. En Afrique
II.2. A Madagascar
II.2.1. Evolution de la couverture vaccinale
II.2.2. Les différentes enquêtes
• EDS
• Enquête par grappe
II.2.3. Cas d’Antananarivo : enquête de routine
III. Enoncé du problème
IV. Objectifs de la recherche
DEUXIEME PARTIE : MATERIEL ET METHODE
I. Cadre de l’étude
II. Variables et indicateurs
III. Technique de collecte de données
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
I. Résultat
II. Commentaires et discussion
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE