Plutarque et l’éducation

Les Grecs

       De toutes les nations et les peuples que Plutarque cible, la Grèce est la patrie la plus représentée. Cela est visible quand on considère l’exposé de vies, d’anecdotes et/ou de dits mémorables de plus d’une personnalité. Citons, entre autres, Thémistocle, Alcibiade, Pisistrate, Epaminondas. Un apophtegme du premier révèle que les membres d’une même famille doivent rester solidaires les uns des autres. Un prince chéri et respecté par sa mère dans les conditions où celle-ci est en bons termes avec son mari peut se prévaloir d’une puissance plus remarquable que celle de tous. C’est ce qui vaut cette analyse de l’auteur des Apophtegmes : « Il disait de son fils, qui avait crédit sur sa mère, qu’il surpassait tous les Grecs en puissance : car, ajoutait-il, les Athéniens commandent au reste de la Grèce, je commande aux Athéniens, ma femme me maîtrise, et mon fils gouverne sa mère2 . » L’environnement familial joue une fonction essentielle dans l’épanouissement et l’éducation de l’enfant. C’est pour cette raison qu’on pourrait admettre que Thémistocle accuse indirectement son ascendance mal assise : son père n’était pas noble et sa mère l’avait rendu bâtard. Avec Alcibiade également, on peut se rendre compte que les Athéniens étaient préoccupés par la chose de l’éducation. Notre héros, déjà tout jeune, « s’exerçait à la lutte ». Il « entra un jour dans une école publique, et demanda un livre de l’Iliade. » Les Athéniens donc, à l’époque d’Alcibiade tout au moins, envoyaient leurs enfants recevoir une éducation physique. Au programme de cette instruction, on retrouve la lutte et certainement d’autres matières que nous aurons l’occasion de découvrir un peu plus loin dans notre étude. On sait aussi qu’Homère était au programme dans les écoles. Il y tenait une place si importante que Plutarque relève, juste après, un épisode dans lequel Alcibiade donne une correction au maître d’école qui ne détenait aucun manuel d’Homère. Pour Epaminondas, éducation va de pair avec exercice dans les gymnases. « Il voulait que les corps des gens de guerre fussent exercés, non comme ceux des athlètes, mais en vrais soldats. » Chacun, de l’avis de notre personnage, doit chercher à se former selon le modèle militaire, doit simplement recevoir une éducation militaire. Dès lors il proscrivait les corps gras, les gros ventres, comme pour dire qu’à Thèbes on faisait plus attention à la formation physique, ou en tout cas, celle-ci tenait une place de choix. Il ne ferait pas beau voir dans cet ordre d’idées que Pisistrate, l’Athénien, eût voulu se remarier pour faire d’autres enfants aussi valeureux que les siens propres. Leur ayant soumis ce projet, il ne rencontra ni opposition ni résistance, car ces derniers se conduisaient sagement. A Lacédémone, si l’éducation n’est pas affaire d’Etat, elle engage au moins la responsabilité de toute la communauté. Garçons et filles partageaient les mêmes principes d’éducation. Les plus âgés des membres de la tribu entraînaient les garçons dans le leschê. Les enfants étaient soumis à l’austérité d’une série d’épreuves et de conditions de vie. Par exemple, « les anciens surveillaient leurs jeux et, s’ils suscitaient à chaque fois une foule de bagarres et de disputes (entre eux), c’était pour examiner profondément le caractère de chacun d’eux à l’égard de l’audace et s’ils ne refuseront pas le combat dans les batailles. » Une politique eugénique était également appliquée sur eux. Les filles n’échappaient pas à ce principe d’eugeneia, bonne naissance. Elles subissaient une formation physique aux fins de tester leur capacité de résistance et de développer leur corps, de les préparer aux douleurs de l’enfantement. Elles apprenaient à courir, à lutter, à lancer le javelot et le disque. Plutarque évoque l’éducation en Macédoine quand il dresse celui d’Alexandre. L’exemple de ce roi montre que les parents macédoniens éprouvaient une certaine fierté et une joie profonde à la naissance de leurs enfants. Si Alexandre avait reçu une bonne éducation, il le dut en grande partie à la diligence d’un père qui avait mobilisé beaucoup de ressources pour lui assurer une juste formation. « Philippe, constatant que son fils avait une nature inflexible et qu’il luttait contre toute contrainte, mais se laissait aisément conduire à son devoir par la raison, essayait lui-même de le persuader plutôt que de le commander, et, comme il ne se fiait pas entièrement aux maîtres chargés de son instruction littéraire et scientifique pour le surveiller et le former10 », il recruta des maîtres de renom à l’image d’Aristote. Ce dernier en conséquence, alors que son père lui apprit à vivre, lui apprit à bien vivre, à mordre la vie à belles dents. Alexandre apprit la morale, la politique et tant d’autres sciences que nous aurons à cœur de divulguer plus tard.

L’éducation militaire et princière

       L’éducation militaire peut traduire toute la science enseignée aux soldats et futurs soldats et qui a rapport avec la guerre. L’expression la plus évidente de cette forme d’éducation demeure la violence, la dureté de cœur des formés, leur intransigeance, leur inflexibilité, etc. Flamininus « reçut l’éducation militaire par la pratique, en un temps où Rome était engagée dans plusieurs conflits importants et où les gens apprenaient dès leurs débuts à commander en servant dans l’armée. » C’est cette forme d’éducation que reçut Marius : « D’un naturel viril et combattif, formé par une éducation plutôt militaire que civique, il montra dans les charges qu’il exerça une humeur intraitable31. » Plutarque, tenant à la , douceur, semble même critiquer une éducation exclusivement militaire. Il prône l’insertion de la , politique, dans la formation de l’individu. Evoquant l’éducation des princes, il relève le manque d’éducation du jeune Denys. Naturellement cette inculture le fléchit devant tant de tentations causées par les flatteurs. Denys est donc versé dans la recherche effrénée de plaisirs sensuels comme l’ivresse, les actions facétieuses, les aventures, les femmes, les parties de boisson, la musique, les amusements honteux, etc32. Il est peint comme quelqu’un de taré qu’arrogance, désobligeance, rudesse, présomption et dureté caractérisent, comme le confirme, du reste, une lettre que le divin Platon lui adressa. Auparavant Plutarque avait défini le rôle de l’Académie dans l’éducation des princes. Celle-ci a rendu d’énormes services aux Grecs et aux Romains par l’éducation de Dion et de Brutus. « [Dion] assista aux leçons de Platon lui-même, et [Brutus] se nourrit de sa doctrine ; tous deux sortirent donc, pour ainsi dire, de la même palestre avant d’aller livrer les plus grands combats. » Il fait ce commentaire à la suite : « Il n’est pas étonnant qu’en accomplissant beaucoup d’actions analogues et comme fraternelles, ils aient rendu témoignage à leur guide dans le chemin de la vertu, que sagesse et justice doivent se rencontrer avec puissance et fortune, pour que la conduite politique ait à la fois de la beauté et de la grandeur. » La raison est le guide des âmes dont elle est la maîtresse en toutes circonstances. Elle engendre harmonie et rythme en elles de sorte qu’elles sont plus facilement identifiables.

Education et loi

      Epictète recommande dans un de ses exposés que l’homme digère les préceptes qu’il a appris et qu’il fasse tout pour ne pas les vomir, car il s’en dégage des exhalaisons répugnantes et sales causées par les vomissures. A contrario, il doit, comme un athlète subjugué par son entraînement et son hygiène qui expose ses biceps, montrer qu’il a changé dans sa faculté directrice. Il l’interpelle : « Mange, bois, pare-toi, marie-toi, aie des enfants, occupe-toi de la cité en homme ; supporte les injures, supporte un frère ingrat, un père, un fils, un voisin, un compagnon de route. Montre-nous tout cela pour que nous voyions que tu as réellement appris quelque chose chez les philosophes. » Cette analyse met en exergue la portée de la raison pratique. Epictète pense que philosopher, c’est s’interdire toute forme d’ostentation, de démonstration de ses connaissances en vue de l’action, de la pratique quotidienne. Il est besoin de digérer, de méditer sur ses connaissances, les enseignements reçus sinon on les vomit, on les rabâche sans aucune retenue. Pourtant la raison a une double vocation : faire penser et faire agir. L’éducation de cette façon est en étroite relation avec la loi : loi plus souvent écrite injonctive et loi intérieure qui expérimente la responsabilité de l’individu.
a) La loi intérieure : Cette forme de loi qui a rapport avec l’éducation est bien présente dans la pensée plutarquéenne. Elle consacre cette fois-ci la primauté de l’inné sur l’acquis. Ainsi Plutarque éclaire la position d’Homère qui « attribue à notre libre arbitre les actes les plus naturels, habituels et qui s’accomplissent logiquement. » Il relève plusieurs passages de l’Iliade ou de l’Odyssée où est mise en valeur cette suprématie de la raison. Par ailleurs, pour justifier pourquoi les Phocidiens, les Eubéens, les Locriens, les Acarnaniens, les Maliens, les Thessaliens, les Argiens, les Eléens, les Arcadiens qui accompagnèrent les Thébains suivirent naturellement leurs chefs, il avance : « C’est que la première loi, semble-t-il, la loi la plus naturelle, la plus absolue, est celle qui impose à quiconque veut être sauvé de se soumettre au chef capable de le sauver. » Il n’y a pas de raison de cette manière de voter quoi que ce soit, de signer quelque décret en vue de l’adhésion des masses à ses projets. C’est aussi en réalité parce que « la loi écrite, la loi contrat, ne fournit qu’une fausse garantie parce qu’elle dépend d’un équilibre de forces passager et que les puissants transgressent dès qu’ils peuvent. L’éducation, au contraire, imprime dans chaque individu une loi absolue65. » Chaque individu qu’intéresse l’éducation doit s’évertuer à ne nourrir aucune loi que celle qui se trouve au fond de lui même. Seulement cette loi est protéiforme. C’est, pour reprendre une formule de François Rabelais, cet instinct naturel qui porte à la vertu, qui enjoint de ne faire que le bien et de chasser le mal. C’est la faculté de juger qui permet de distinguer le bon du mauvais, les inverses. Les sens communiquent à la raison toutes les impressions qui s’offrent à eux sans distinction de formes. Le choix revient ensuite aux arts au moyen de la raison. Pour s’en convaincre, qu’il plaise de rappeler que la musique ne s’intéresse à la dissonance et le médecin à la maladie que pour en trouver le remède, le contraire : bon son ou guérison. C’est donc une des formes de la conscience. Elle convoque un jugement motivé de la raison ; celle-ci passe à l’identification des actes qui méritent qu’on s’y habitue. Elle est motivée par la présence divine. A vrai dire les dieux influencent les plus grandes actions. Ils placent leur confiance et entretiennent leur espérance à l’intérieur de chacun. Les impulsions divines « éveillent la partie active et volitive de notre âme, ou, au contraire, la détournent et l’arrêtent. » L’action, loin d’être certes involontaire, transforme la personne, l’amène à se transcender et il en résulte un franc succès. C’est ainsi que Valérie, pour ôter à sa cité toute ignominie née d’une guerre fratricide, c’est-à-dire devant découler de la marche de Coriolan contre Rome, alla rencontrer Volumnie, mère de Coriolan, pour la convaincre d’intercéder en faveur du peuple romain auprès de son fils. Caius Marcius, foudroyé par la rencontre de sa mère qui en compagnie d’une foule de femmes venait accomplir sa mission, saisi d’un profond amour filial, finit par concéder à la volonté de sa génitrice. L’étude de la philosophie contribue à rendre audacieux l’homme. Il ne peut se montrer mélancolique, accablé par les tourments de la vie. La vie politique y a pourtant mené Cicéron que les manigances, ou plutôt le comportement de Clodius, avaient fini d’affaisser : « Humilié, abattu par son infortune, il montra beaucoup de faiblesse et de pusillanimité qu’on n’en eût attendu d’un homme qui avait passé toute sa vie dans de si profondes études. Pourtant plus d’une fois il avait prié ses amis de ne pas l’appeler orateur, mais philosophe. « Je me suis attaché à la philosophie, disait-il, comme au but de toutes mes actions ; et l’éloquence n’est pour moi que l’instrument de ma politique ». Mais l’opinion n’a que trop de pouvoir pour effacer de notre âme les impressions de la raison, comme une teinture qu’on n’a pas pénétrée assez profondément ; et les hommes d’Etat, à force de traiter avec le peuple, finissent par s’imprégner des passions du vulgaire, à moins qu’ils ne veillent sur eux avec une attention continuelle68. » Cela pourrait être justifié par le fait que l’opinion influence de façon gravissime la raison, qu’elle lui est supérieure. L’écoute de cette loi intérieure est certes difficile vu que l’environnement ne plaide pas toujours en sa faveur, comme on vient de le voir, mais elle est nécessaire. Elle joue un rôle fondamental. C’est elle qui était au côté de Denys : « élevé sous un tyran dans des mœurs dégradants, et plein des habitudes d’une vie marquée par l’inégalité et la crainte, au sein d’un luxe de parvenu, de délices grossières et d’un mode d’existence qui plaçait son idéal dans les plaisirs et les gains, il n’eut pas plutôt goûté à une doctrine et une philosophie maîtresses de vertu que son âme s’enflamma. » Ce ne sont pas plus les appels de Dion qui firent changer Denys, qui le portèrent à rencontrer Platon et à apprendre la philosophie que sa loi intérieure. Les convoitises, les tentations pour l’en extirper en témoignent même. Il a cherché à faire mourir Platon pour les beaux discours qui épataient le public. La loi intérieure, si tant est qu’elle corresponde à la vertu, entretient la nature humaine, sinon l’âme. L’absence de dissentiment, d’envie et de jalousie que renforcent l’entente et l’estime mutuelles entre Epaminondas et Pélopidas trouve sens dans leur vertu : « La cause véritable en était la vertu, qui, au lieu de leur faire chercher par leurs actions la gloire et la richesse auxquelles s’attache l’envie hargneuse et querelleuse, leur inspira à tous deux dès le début un divin amour pour leur patrie70 . » C’est un exemple éclatant pour les gouvernants qui s’accrochent au pouvoir, qui ne recherchent que des intérêts à la limite dégradants, car penchés vers l’acquisition de la gloire. La vertu n’autorise pas certaines actions. Elle purifie, rend méritant, bonifie… Elle n’a pas de frontières, elle ne fait pas de différences entre les individus. L’immense contentement intérieur ne dépend pas de sa position sociale, ni de son origine, ni de sa naissance. Notre auteur, comme Epictète, en est convaincu : « Moi, au contraire, je pense que, pour l’homme qui aspire à la félicité véritable, laquelle consiste presque toute dans la disposition de notre âme, il est tout aussi indifférent d’être né dans une patrie pauvre ou obscure, que d’avoir une mère laide et de taille chétive. » Il prend le contrepied de celui qui liait cette joie intérieure à la naissance dans une ville de bonne réputation. Il faut l’avouer, l’homme lui-même est responsable de son manque de vertu et de sagesse. Il importe exclusivement qu’il se soigne au besoin. L’homme est changeant, versatile. Il peut être généreux et mû par une bienveillance intéressée ; il est tantôt obséquieux, tantôt hautain ; l’indulgence tout comme l’esprit vindicatif peuvent se révéler ses attributs. L’âme, ce siège de la loi intérieure, a besoin de soins profonds et non pas superficiels, lorsqu’attaquée par un bric-à-brac de maladies aussi dangereuses que la passion. Pour preuve, elle enlevait à Sylla toute réflexion « et il laissait la colère diriger sa conduite72. » Sylla, qui marchait davantage sur Marius que sur Rome, était dépossédé de tout libre arbitre et de toute sagesse qui le fit discerner ses amis et ses ennemis, les innocents et les coupables de la guerre civile, il ne faisait même plus attention à ses parents et alliés à cause de la passion qui l’avait envahi. Agissant comme une furie, il brûlait tout, comme quoi la passion, cette boite de Pandore, est d’une dangerosité incommensurable. De même, « Celui qui a plus que le suffisant et qui aspire à plus encore, ce n’est ni l’or ni l’argent qui le guériront, pas plus que chevaux, moutons et bœufs, mais il a besoin d’éliminer et de se purger. » Dans ces conditions, c’est une maladie de l’âme que le désir d’accumuler, d’amasser des richesses. Une terminologie médicale est employée à juste titre pour préciser cette affection abjecte. L’auteur en est habitué à coup sûr ! Pour lui, l’homme n’est cupide vraiment que par passion. Il importe alors, pour soigner le mal, de s’attaquer non pas à la pauvreté, mais à la passion même qui engendre les mauvais jugements. Dans la catégorie des passions, il faut ranger les désirs. Ces derniers corrompent l’âme. Celle-ci ne peut être comblée tant qu’elle désire. Toute tentative de satisfaction des désirs de ce principe de pensée et d’existence conduit inéluctablement à des conséquences néfastes. Ainsi, au lieu de la gloire on obtient la disgrâce, des joies profondes, les malheurs … Il faut nécessairement trouver quelque chose qui puisse entretenir le principe vital lorsque de besoin. Ce rôle pourrait être dévolu à la philosophie, à l’apprentissage de la philosophie : « C’est ainsi que nos jugements, avance le disciple de Platon, s’ils ne tiennent pas de la raison et de la philosophie fermeté et force en vue de l’action, sont aisément ébranlés et déviés par les éloges ou les reproches des premiers venus qui nous font rejeter nos propres raisonnements. » Seules la philosophie et la raison font naître assurance et puissance, ne sapent pas le moral et évitent les détournements d’objectifs dus à l’entourage, comme nous l’avons vu avec Cicéron. Qui plus est, la philosophie a un caractère thérapeutique. Un manque d’éducation philosophique entraîna la méfiance, l’extrême prudence, le caractère changeant d’Aratos dans ses relations. Et pourtant il aurait suffi d’un peu de pratique philosophique pour que notre héros pût retrouver ses sensations : « Quand vous aurez fait des progrès dans la philosophie, vous ne trouverez plus de situation fâcheuse. »
b) Les autres types de lois : Après cet exposé sur la loi intérieure, réfléchissons à présent sur les autres types de lois qui nourrissent un rapport évident avec l’éducation. Avouons dès le départ notre désappointement puisque nous n’avons, en l’état actuel de nos connaissances, presque aucune loi écrite et injonctive (charte, convention, règlement, doctrine administrative et circulaire) qui exige certaines conditions d’étude ou de formation qui soit rapportée par le moraliste et biographe de Chéronée. Bernard Legras relève pour nous des « lois scolaires » à Téos : « Le héraut demandera aux citoyens assemblés d’élire pour pédotribes et maîtres de lettres ceux qu’ils considéreront comme les meilleurs pour s’occuper des enfants et de ne pas laisser la partialité troubler la justice de leur décision *…+. Le salaire de chaque pédotribe sera de 30 drachmes, celui de chaque maître de lettres de 40 drachmes ; ils accompliront en tout leur tâche selon les stipulations de la loi sur l’enfance. *…+ 76» Ces lois portent sur le choix des maîtres et responsables d’écoles et sur leur rémunération. Nous convenons avec lui que la rareté des sources ne signifie pas l’inexistence d’aucune loi. Peut-être est-il besoin pour nous de trouver quelque élément de réponse à l’absence ou quasi absence de législation dans le personnage de Lycurgue. Ce dernier en effet ne voulait pas de lois écrites. Il affirma un jour : « Les hommes qui ont été bien élevés savent juger de ce que les circonstances exigent. » En d’autres termes, une bonne éducation responsabilise et c’est un instinct naturel. Il n’est pas nécessaire ainsi de dicter quoi que ce soit à un individu que sa juste éducation rend vertueux. Nous allons cependant relever, à la suite de Legras qui se fonde sur une inscription, quelques règles rapportées dans l’œuvre de notre auteur. La première a trait au principe d’eugénisme. Ce principe est une donnée fondamentale de la société grecque. Son rapport à l’éducation est clairement justifié par l’auteur du De liberis educandis quand on juge digne d’être considéré le regard que l’on porte sur la progéniture, qui résulte de la bonne ou mauvaise naissance de l’enfant. Cela ne peut paraître surprenant alors que l’on retrouve dressées dans l’exposé de l’auteur quelques normes inhérentes à la surveillance des naissances légitimes. Une de ces normes apparaît dans la Vie de Périclès, la loi sur les , gens de naissance illégitime : « Voici ce qu’il en était de cette loi ; bien des années auparavant, Périclès, au comble de sa puissance et père, comme je l’ai dit, d’enfants illégitimes, avait fait passer une loi qui ne reconnaissait pour Athéniens que ceux qui étaient nés de père et de mère athéniens79. » Quand même Périclès réviserait, voire abrogerait cette loi qui concerne les sang-mêlé parce qu’il avait beaucoup de considération pour sa phratrie et qu’il voulait la sauver de l’extinction, elle a longtemps satisfait les Athéniens. Aussi fléchirent-ils par pure compassion ou sollicitude. La protection des enfants principalement pour lesquels il est fondamental de mobiliser des ressources éducatives n’en demeure pas moins une autre donnée de l’histoire grecque. C’est pour cela que Thémistocle, pour battre le rappel de ses troupes contre Xerxès, « dressa le décret qui portait (…) que chacun pourvoirait du mieux qu’il lui serait possible à la sûreté de sa femme, de ses enfants et de ses esclaves. » Les hôtes des Athéniens déplacés témoignèrent ensuite de l’égard envers eux. Leurs enfants par exemple pouvaient cueillir des fruits dans n’importe quel jardin. Ainsi donc, la formation occupe une place importante dans la société antique. Mais notre étude sur la nécessité et le fondement de l’éducation resterait certainement vaine si nous ne projetions d’étudier la façon dont Plutarque défend ses points de vue éducationnels. Cherche-t-il à démontrer l’intérêt de l’éducation ? Cherche-t-il à convaincre ou à persuader ses lecteurs ?

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Table des matières

Introduction
Chapitre I : Qu’est-ce que l’éducation ?
I / Un concept large
1°) Un vocabulaire varié
2°) Une réalité partagée par plusieurs peuples
a) Les Grecs
b) Les Romains
c) Les autres peuples
3°) Une notion qui embrasse plusieurs domaines
a) L’éducation religieuse
b) L’éducation financière
c) L’éducation militaire et princière
d) L’éducation libérale et philosophique
e) Autres formes d’éducation
II/ La valeur de l’éducation
1°) Les fondements de l’éducation
a) Le caractère universel de l’éducation
b) Le caractère collectif de l’éducation
c) Les composantes du processus éducatif
2°) Education et loi
a) La loi intérieure
b) Les autres types de lois
3°) La méthode de Plutarque
a) Une exégèse anecdotique
b) Une exégèse analytique
c) Une exégèse polémique
d) Autres formes d’exégèses
Chapitre II : Les possibilités éducationnelles
I / Les étapes du processus éducatif
1°) La première enfance
a) Avant la naissance
b) Après la naissance
2°) Le cursus des études
a) L’éducation élémentaire
b) Les études secondaires
c) L’enseignement supérieur
3°) L’éducation tout au long de la vie
II / Les outils éducatifs
1°) Les jeux éducatifs
2°) Les matières d’enseignement
a) La poésie
b) La musique
c) La philosophie
d) L’histoire
e) Les autres matières
3°) Les cadres de l’enseignement : lieux et circonstances éducatifs
III / Les méthodes éducatives
Chapitre III : Enjeux et objectifs de l’éducation
I / Les enjeux de l’éducation
1°) Les enjeux économiques
2°) La sauvegarde de l’environnement
a) L’environnement familial
b) Le cosmopolitisme
c) Les honneurs
3°) Education et autonomie
II / Les objectifs de l’éducation
1°) Le développement physique
2°) Le développement intellectuel
3°) Le développement moral
a) Education à la tempérance
b) Education à la sensibilité
Chapitre IV : Les acteurs de l’éducation
I / L’Etat
1°) L’éducation libérale
2°) L’Etat coordonnateur
3°) L’Etat protecteur
4°) Rôle et/ou place de l’homme d’Etat
II / La société
III / L’univers familial
1°) Les nourrices et les compagnons des enfants
2°) Le père de famille
a) La responsabilité du père de famille
b) L’efficacité de cette éducation
IV / Les enseignants
1°) Le statut de l’enseignant
a) Le pédagogue
b) L’instituteur et les autres enseignants
2°) Les relations pédagogiques
3°) La figure de l’enseignant
a) L’enseignant face à la société
b) Son enseignement
V / Les formés
1°) Les devoirs de l’enfant
a) Envers la société
b) La piété filiale
c) Les relations fraternelles
2°) Les devoirs de l’élève
a) Envers les maîtres et les condisciples
b) L’élève par rapport à l’enseignement-apprentissage
Chapitre V : Autres dimensions de l’éducation
I / Les femmes et l’éducation
1°) Petit panorama de la condition des femmes durant l’Antiquité
a) Les femmes vues par la littérature antique
b) Les femmes selon une perspective plutarquéenne
2°) Rôle et/ou place des femmes dans le système éducatif
a) Des femmes instruites ou bien éduquées
b) Devoirs des épouses
c) Devoirs des mères
3°) L’éducation féminine
a) Le contenu de l’éducation féminine
b) Les objectifs de l’éducation féminine
4°) L’éducation sexuelle
II / éducation, lacédémonienne
1°) Le cursus éducatif
a) Petite enfance et rites d’intégration sociale
b) La formation physique, intellectuelle et morale
c) L’éducation des femmes
2°) Les pratiques éducatives
3°) Les objectifs
Conclusion
Bibliographie

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