DEFINITION ET GRANDES ETAPES DU CANCER
Le cancer correspond à la multiplication anarchique de cellules normales de l’organisme, qui échappent aux mécanismes normaux de différenciation et de régulation de leur multiplication. En outre, ces cellules sont capables d’envahir le tissu normal avoisinant, en le détruisant, puis de migrer à distance pour former des métastases. Chaque type de cancer a probablement des facteurs déclenchant, de promotion et de progression différents (Teste, 2008). Le cancer est une maladie caractérisée par la présence d’une (ou de plusieurs) tumeur(s) maligne(s) formée(s) à partir de la transformation, par mutation ou instabilité génétique, d’une cellule initialement normale (Ames et al, 1995). Une tumeur correspond à une masse anormale de tissus ; elle peut être bénigne ou maligne (cancéreuse) (Lenglet, 2010). La tumeur bénigne est une tumeur différenciée, à mitoses rares et sa croissance est lente. Elle est non invasive, non destructive et encapsulée. Elle est donc non cancéreuse. La tumeur maligne est une tumeur peu différenciée, à mitoses plus fréquentes et sa croissance est rapide. Elle est invasive, destructive et non encapsulée. Elle est donc cancéreuse (Manuel de cancérologie, 1984). Les cellules cancéreuses dérivent d’un même clone appelé cellule initiatrice du cancer dont certaines caractéristiques lui permettent de se diviser indéfiniment. Le cancer peut toucher tous les organes et présente de multiples origines, souvent cumulées, parmi lesquelles certaines expositions environnementales. L’environnement recouvre l’ensemble des agents physiques, chimiques et biologiques auxquels l’homme est exposé. Un agent cancérigène est un agent capable, seul ou en association, pour une espèce donnée, d’induire le cancer ou d’en augmenter significativement l’incidence. La cancérogenèse représente la transformation d’une cellule normale en cellule cancéreuse. Elle comprend trois étapes : l’initiation, la promotion et la progression.
L’initiation : L’initiation est une étape irréversible au cours de laquelle l’ADN est altéré par un agent cancérigène dit initiateur. Les cellules endommagées ou initiées échappent au contrôle normal de la division cellulaire. Les initiateurs peuvent être de nature chimique (composants de la fumée du tabac, aflatoxines), biologique (virus) ou physique (radiations ionisantes, rayonnement ultraviolet). L’initiation implique la mise en jeu d’effecteurs primaires variés qui dépendent de la nature du facteur déclenchant. L’initiateur peut s’agir d’un facteur exogène (plaie, brûlure, agents chimiques, agents infectieux) ou d’une cause endogène (réaction d’hypersensibilité, lésion d’ischémie-reperfusion) (Masson, 2002).
La promotion : La promotion consiste en un phénomène potentiellement réversible qui ne résulte pas de la modification de l’ADN. Elle aboutit à une lésion précancéreuse. La promotion tissulaire est caractérisée par une grande instabilité génomique et une augmentation de la perte d’homéostasie. L’instabilité génomique est due à des mutations de deux types de gènes :
– Les gènes de type Gatekeeper : ils assurent le contrôle du passage d’une étape à une autre du cycle cellulaire, ce sont des « points de contrôle » du cycle cellulaire. Une perte de fonction de ces gènes permet à la cellule cancéreuse de passer rapidement à la phase suivante du cycle cellulaire, donc de proliférer de façon incontrôlée.
– Les gènes de type Caretaker : ils assurent physiologiquement la réparation des anomalies liées à l’ADN. Leur inactivation entraîne une instabilité accrue et une accumulation d’anomalies génétiques (mutation, perte d’hétérozygotie, …) (Fofana, 2011).
La progression : La progression est l’étape finale dans le développement d’un cancer qui devient cliniquement détectable. Elle se caractérise par la transformation des cellules précancéreuses en cellules malignes qui se reproduisent et ont la capacité d’envahir les autres tissus (Boëns, 2012).
Facteurs endocriniens et hormonaux
Ces facteurs agiraient comme de puissants agents promoteurs, qu’il s’agisse de stimulines ou d’hormones périphériques. Chez les femmes, les traitements hormonaux de la ménopause sont à l’origine d’environ 2% des cas de décès par cancer, notamment celui du sein ou celui de l’ovaire. Il est constaté que le cancer du sein survient fréquemment sur un terrain d’ hyperoestrogénie. Le cancer de la thyroïde peut être lié à une hyperthyréostimulinémie prolongée, secondaire à une hypo-thyroïdie. Cependant, une privation hormonale peut avoir un rôle oncogène ; tel est le cas pour le cancer vulvaire (Diatta, 2012).
Radiothérapie
La radiothérapie consiste à exposer les cellules cancéreuses d’une tumeur à des rayonnements induisant des mutations génétiques qui bloquent la multiplication cellulaire et entraînent ainsi la mort de la cellule. Ces rayonnements peuvent être produits par des accélérateurs de particules ou par des sources radioactives. La radiothérapie est un traitement fréquent du cancer, mais il n’est pas systématique et son utilisation dépend de la localisation et du stade de la tumeur ainsi que de l’état général du patient. Elle est souvent associée à d’autres traitements comme la chirurgie ou la chimiothérapie (Bouclé, 2010).
La chimiothérapie cytotoxique
La chimiothérapie consiste à administrer des médicaments qui détruisent les cellules cancéreuses. Le rythme et la durée du traitement varient en fonction du type de cancer, du patient et du protocole établi au cours de la réunion de concentration pluridisciplinaire (RCP). Elle est destinée à diminuer au maximum le risque de réapparition de la maladie. L’administration des médicaments se fait par voie injectable le plus souvent, mais peut également se faire par voie orale (comprimés et gélules). Les agents cytotoxiques anticancéreux sont sélectionnés pour leur capacité à inhiber in vitro la croissance de lignées cellulaires tumorales. Cet effet antitumoral est la résultante d’un arrêt du cycle cellulaire (effet cytostatique) et d’une mort cellulaire (effet cytotoxique) qui se fait principalement par un processus d’apoptose. La plupart des agents cytotoxiques entraînent directement ou indirectement des lésions sur l’ADN : coupures, mutations, arrêt de la synthèse, … ; engendrant ainsi des perturbations dans le déroulement du cycle cellulaire. Les agents cytotoxiques couramment utilisés en clinique ont principalement deux types de cibles :
– l’ADN, pour la majorité d’entre eux.
– le fuseau mitotique (Diatta, 2012).
Les médicaments anticancéreux peuvent être classés en quatre principales familles (Association Française des Enseignants de Chimie Thérapeutique, 2003).
Les poisons du fuseau : principes actifs interférent avec la tubuline et les microtubules
Les poisons du fuseau, également désignés sous le terme plus large d’antimitotiques, sont des composés qui bloquent la mitose cellulaire et conduisent à l’apoptose des cellules traitées. Leur action s’exerce essentiellement sur la formation et la fonctionnalité du fuseau mitotique constitué par l’auto-assemblage d’une protéine particulière, la tubuline, et l’association de diverses autres protéines au rôle encore imprécis. Cependant, ils peuvent également prendre pour cible un certain nombre de facteurs qui contrôlent la mitose, ainsi que les gènes correspondants. S’attaquant au cœur de la division cellulaire, ils constituent un groupe privilégié de substances à potentialité antitumorale, contrairement à d’autres produits manifestant une cytotoxicité moins spécifique (Association Française des Enseignants de Chimie Thérapeutique, 2003).
DISCUSSION
La présente étude a révélé l’existence de vingt-trois (23) plantes médicinales ouest-africaines à activité anticancéreuse. Ces plantes sont réparties en dix-huit (18) familles dont les plus représentatives sont : Mimosaceae, Euphorbiaceae et Annonaceae. Ces trois (3) familles sont chacune représentées par deux (2) plantes. L’activité anticancéreuse est associée à un ou plusieurs organes de la plante ou, dans certains cas, à la plante entière. Toutefois, les organes dont l’usage est le plus répandu sont les écorces de racine et les écorces de tige (Tableau I). Des remèdes traditionnels sont préparés à partir de certaines de ces plantes ; ils se présentent sous diverses manières, tels que sous forme de cataplasme, de décoction, de mélange ou d’infusion des différents organes. Ces remèdes sont utilisés dans la prise en charge de l’inflammation, qui est un phénomène procarcinogène, et de nombreux autres types de pathologies cancéreuses (Tableau II). Des travaux de recherche ont permis de mettre en évidence la composition chimique d’extraits d’organes de ces vingt-trois (23) plantes à activité anticancéreuse. Les constituants chimiques de ces extraits sont divers et variés, appartenant ainsi à différentes familles. A titre d’exemple, nous pouvons citer les composés terpéniques, les composés polyphénoliques, les anthraquinones, les saponines et les alcaloïdes (Tableau III). Des extraits d’organes des vingt-trois (23) plantes ont fait l’objet d’études scientifiques qui ont notamment révélé des effets antiprolifératif et/ou cytotoxique in vitro sur des lignées de cellules cancéreuses. Des molécules anticancéreuses ont également été isolées à partir de quelquesunes des vingt-trois (23) plantes. Ces molécules sont au nombre de vingt-quatre (24) parmi lesquelles neuf (9) diterpènes (Tableau IV). Par ailleurs, l’étude monographique que nous avons réalisée indique l’utilisation de quelques-unes des vingt-trois (23) plantes dans d’autres pathologies non tumorales.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LE CANCER
I. DEFINITION ET GRANDES ETAPES DU CANCER
II. HISTORIQUE
III. PHYSIOPATHOLOGIE
III.1. Facteurs endogènes
III.1.1. Facteurs génétiques
III.1.2. Les facteurs immunitaires
III.1.3. Facteurs endocriniens et hormonaux
III.1.4. Facteurs nutritionnels
III.2. Facteurs exogènes
III.2.1. Facteurs viraux et bactériens
III.2.2. Facteurs physiques
III.2.3. Facteurs chimiques
III.2.4. Facteurs traumatiques
IV. EPIDEMIOLOGIE
V. DIAGNOSTIC
V.1. Signes cliniques
V.2. Signes biologiques
VI. TRAITEMENT
VI.1. Radiothérapie
VI.2. Chirurgie
VI.3. La photothérapie dynamique
VI.4. L’hormonothérapie
VI.5. L’immunothérapie
VI.6. La chimiothérapie cytotoxique
VI.6.1. Les agents alkylants : médicaments induisant des modifications covalentes de l’ADN
VI.6.1.1. Les moutarde à l’azote
VI.6.1.2. Les Oxazophorines
VI.6.1.3. Les sels de platine
VI.6.1.4. Les nitroso-urées
VI.6.2. Les inhibiteurs de topo-isomérases : médicaments induisant ou stabilisant des coupures de l’ADN
VI.6.3. Les antimétabolites
VI.6.3.1. Les analogues des bases pyrimidiques ou antipyrimidines
VI.6.3.2. Les analogues des bases puriques ou antipurines
VI.6.3.3. Les analogues de l’acide folique ou antifoliques
VI.6.4. Les poisons du fuseau : principes actifs interférent avec la tubuline et les microtubules
VI.6.4.1. Les vinca-alcaloïdes ou alcaloïdes de la pervenche de Madagascar
VI.6.4.2. Les taxoïdes ou taxanes
DEUXIEME PARTIE
I. Objectif
II. METHODOLOGIE
III. Résultats
III.1. Plantes ouest-africaines à activité anticancéreuse in vitro
III.2. Utilisation en médecine traditionnelle des plantes ouest africaines anticancéreuses
III.3. Composition phytochimique des extraits d’organes de plantes à activité anticancéreuse in vitro
III.4. Molécules anticancéreuses isolées de plantes médicinales ouest-africaines
III.5. Mécanisme d’action des plantes à activité anticancéreuse
III.6. Quelques études réalisées sur des plantes à activité anticancéreuse
IV. Monographie de quelques plantes anticancéreuses
IV.1. Acacia macrostachya
IV.2. Acalypha wilkesiana
IV.3. Annona senegalensis
IV.4. Balanites aegyptiaca
IV.5 Cajanus cajan
IV.6. Calotropis procera
IV.7. Holarrhena floribunda
IV.8. Jatropha curcas
IV.9. Khaya senegalensis
IV.10. Parkia biglobosa
IV.11. Zinziber officinalis
IV.12. Synthèse de l’étude monographique
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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