PLACE SOCIO-ECONOMIQUE DU TROUPEAU EN « PA YS LOBI »
Les systèmes de production
Les systèmes de cultures
Les Lobi tirent l’essentiel de leur subsistance de l’agriculture, en premier lieu de la culture du mil. Le sorgho, rouge et blanc, sert à la fabrication de la « bière de mil » ; le sorgho blanc sert aussi à l’alimentation. Les paysans cultivent aussi le maïs – culture de « soudure » -, l’igname, l’arachide, le
haricot. Le riz, introduit par l’administration coloniale, est encore peu cultivé et les essais de développement de la culture du coton ont connu des échecs répétés. L’agriculture vivrière garde une place prépondérante, les activités agricoles se succèdent au cours de l’année ( cf. tableau 1 page 14 ).Le matériel agricole comprend des dabas (sorte de houe), destinées aux semailles, buttages et sardages, des machettes ( ou grands couteaux), pour les défrichements et les récoltes. L’introduction de la chanue attelée est très récente et son usage encore peu fréquent pour les labours. Les Lobi pratiquent un système de culture itinérant sur brûlis associé à des cultures intensives peu développées dans les champs qui entourent la maison et sur les terres de bas-fonds.On distingue trois sortes de champs cultivés plus ou moins intensivement:- le phièr ( ou « champ de case ») sur lequel prédomine la culture du maïs, et dont la fertilité est maintenue par les déchets ménagers, la fumure naturelle des animaux domestiques et le feuillage des arbres maintenus par sélection: néré, karité, Acacia albida, et cultivé de façon permanente. Une partie du phièr est aménagée en jardin pour les légumes et les condiments.
– les cuor liè (ou « champ de maison »). Au delà du phièr ils forment un ensemble plus ou moins circulaire, la culture y est semi-permanente, les terres étant remises en culture après de courtes L – jachères. Ces champs bénéficient sporadiquement de la fumure du bétail lors de la pâture post-récolte.L- les po liè (ou « champ de marigots ») situés en bordure des cours d’eau.
Enfin, à l’extérieur de la zone habitée du territoire villageois se trouvent dispersés les hw oliè ( ou « champ de brousse »). Ces champs, de vaste dimension, ne sont pas fumés et sont cultivés en système à jachères, avec défrichages périodiques accompagnés de brûlis.La culture sur brûlis prédomine très largement sur les cultures intensives : 73% de champs de brousse contre 27% de champs de villages. Cependant, le mode d’exploitation des champs de brousse ne pennet pas de restaurer la fertilité du sol : après défrichage d’une parcelle et incinération de la végétation arbustive, la terre est utilisée jusqu’à épuisement selon un cycle cultural de 4 à 6 ans. Abandonné ensuite à la jachère pendant 6-8 ans au maximum, le champ est à nouveau cultivé jusqu’à l’extrême limite. Ce cycle de culture trop long pour une durée de jachère trop cout1e a pour effet d’épuiser rapidement la terre. Pour compenser, le cultivateur étend la superficie de ses cultures. Finalement, la pression démographique s’accentuant, il doit émigrer ailleurs. Ainsi, le type d’agriculture pratiqué par les Lobi favorise la mobilité résidentielle, très forte dans cette population.
Pour les Peuhl le système de culture se résume à deux grands champs vivriers (maïs, sorgho) en moyenne par famille. On note peu de jachères, les champs sont plutôt sédentaires aux abords du campement. De fait, ceci est essentiellement dû à un problème de place, les Peuhl cultivant l’espace que l’on veut bien leur allouer. Bien souvent ils ne sont que locataires des parcelles et ont recours à la main-d’oeuvTe autochtone (Lobi ou autre), qu’ils paient en liquidité, pour le travail de préparation (labour, sarclage … ); ils n’interviennent dans les champs qu’à partir des semis jusqu’à la récolte. Celle ci est destinée essentiellement à couvrir les besoins de la famille en matière alimentaire.
Les systèmes d’élevage
En 1989, les effectifs d’animaux dans la province du Poni sont de 72.300 bovins (baoulés, zébus et métis), 24.272 ovins (djallonké), 47.800 caprins (chèvre naine) et 27. 750 porcins (source: Service Provincial de Gaoua, 1989 in B.H. Bado, 1989).Différentes considérations sur les pratiques d’élevage, les types d’animaux utilisés et l’ethnie du i: propriétaire ont permis de dresser une typologie des élevages (A.Bassinga, 1vI.Coulibaly, 1989). Celle ci a été établie après une enquête réalisée sur 706 troupeaux, soit 14.062 bovins représentant 10%> du L cheptel de la province (cf. tableau 2 page 17). L’échantillonnage a été effectué de la manière suivante: des axes de parcours ont été tracés afin de couvrir toute la province. Sur ces axes, l’enquêteur avait le choix des éleveurs mais ne devait pas .faire de discrimination ethnique. Quatre types d’élevage ont ainsi été définis:
– TYPE I: Ce type d’élevage représente 78% des éleveurs enquêtés. Les propriétaires de ce type sont en majorité Lobi ou Birifor (92% ). Sédentaires, ils sont plutôt agriculteurs qu’éleveurs (aucun ne pratique l’élevage conune activité principale). Dans ces conditions, il est aisé de comprendre que peu d’efforts soient consentis à l’élevage. Ce sont en général des troupeaux de têtes (effectif moyen de 1991: 27,78 bovins; de 1992: 26,74 bovins) qui sont gardiennés par des enfants pendant la période culturale. Il y a peu ou pas de soins contre la trypanosomose, quelques vaccinations contre la peste et la péri-pneumonie bovines. Les animaux sont laissés en divagation pendant la saison sèche et ils s’abreuvent dans les eaux boueuses des cours d’eau, pour la plupart devenus des mares.Le responsable ou gérant du troupeau est le plus souvent unique mais la propriété des animaux multiple au sein du matriclan. Le logement des animaux est le plus souvent incorporé dans la résidence du chef de famille. Les animaux ne sont exploités principalement que dans un but social (sacrifices pour les différents cultes et rites religieux ou réservés pour la dot): les Lobi ne traient pas les animaux et ne consonunent guère que la viande des animaux morts ou sacrifiés.
– TYPE II: Ce type recouvre 5% des éleveurs enquêtés. C’est le type « semi-traditionnel ». Par conséquent, il ressemble au premier type sur plusieurs points: principalement agriculteurs, ils sont
sédentaires et les animaux sont gardés par des enfants. Les troupeaux sont en général plus importants, aux alentours de 40 têtes (effectif moyen de 1991: 38,06 bovins; de 1992: 41,2 bovins). On y retrouve la plus grande proportion des Dagari. Les animaux sont gardés même en saison sèche, par contre, les soins apportés aux animaux sont faibles. Le logement est le plus souvent un parc en bois ou en banco. Les éleveurs de ce groupe, nantis de revenus importants en convertissent une partie en bétail; sans consentir de gros efforts à l’élevage, ils le pratiquent toutefois en complémentarité de l’agriculture ( ouverture à la culture attelée). Le gérant du troupeau, COl1111).e dans le type I, est le plus souvent unique mais la propriété du bétail peut être multiple àu delà du matriclan.
– TYPE III: Tout comme les deux groupes précédents, ce groupe (13% des éleveurs enquêtés) est constitué uniquement de sédentaires mais il se particularise sur plusieurs points. D’abord
par sa composition ethnique avec l’apparition des Peuhl, bien que les Lobi y soient encore nombreU,'{. L’élevage prend dans ce groupe un caractère important. Une personne sur deux le pratique comme activité principale ou complémentaire, et des salariés sont régulièrement embauchés. Les soins contre la trypanosomose sont apportés aux animaux qui sont vaccinés contre la peste, la péri-pneumorùe et le charbon. La propriété du troupeau est souvent multiple, le nombre de têtes supérieur à 50 (effectif moyen de 1991: 52,03 bovins; de 1992: 64,03). Le logement des arùrnaux est constitué par des parcs en bois ou des zériba (parc constitué par des branchages épineux). Les Peuhl de ce groupe sont le plus souvent des propriétaires de zébus, qui, ayant vu décroître la population de leurs troupeaux, se sont lancé dans le métissage avec les taurins baoulés. On peut parler d’une évolution de l’élevage transhumant vers un élevage sédentaire « d’agro-pasteurs ».
– TYPE IV : C’est le groupe le plus caractérisé. Il représente 4% des éleveurs enquêtés et est composé de Peuhl transhumants ; on rencontre ce type un peu partout dans la province. L’élevage y constitue l’essentiel de l’activité: les arùrnaux sont exploités à la fois pour le lait et la viande.
Le gérant du troupeau est unique, la propriété du troupeau peut être multiple au sein du patriclan. Des bergers, quelquefois accompagnés d’enfants, sont employés pour le gardiennage des animaux. Les troupeaux sont souvent importants (effectif moyen de 1991: 61,74 bovins; de 1992: 81,81 bovins) et sont essentiellement composés de zébus. Le logement est composé par des zériba.Les arùrnaux sont l’objet d’une attention particulière: toujours gardés, ils reçoivent
régulièrement les trypanocides et sont vaccinés.
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Table des matières
TABLE DES ILLUSTRATIONS
INTRODUCTION
1. DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE
1.1. Le milieu naturel
1.1.1. Géographie
1.1.2. Végétation
1.1. 3. Pression glossinienne
1.2. Le milieu humain
1. 2.1. Histoire du peuplement de la province
1.2.2. Le « groupe Lobi »: Lobi-Birifor-Dagara
1.2.3. Les Peuhl .
1.3. Les systèmes de production
1. 3 .1. Les systèmes de culture
1.3.2. Les systèmes d’élevage
2. PLACE SOCIO-ECONOMIQUE DU TROUPEAU EN « PA YS LOBI »
2.1. Définition
2.2. Caractérisation des types de troupeaux .
2.2.1. Race et taille de troupeau par type d’élevage
2.2.2. Compositio~ des troupeaux
2.3. Le croît interne : la reproduction
2.3.1. Age moyen à la première mise-bas (AMP)
2.3.2. L’intervalle entre mises-bas (1MB)
2.3.3. Taux de fécondité
2.3.4. Répartition des mises-bas
2.4. Le croît externe : L’immigration
2.4.1. Le taux d’immigration
2.4.2. Les flux d’immigration
2. 5. Les sorties involontaires
2.5.1. La mortalité
2.5.1.1. Le taux de mortalité
2.5.1.2. Les causes de mortalité
2.5.1.3. Saison de mortalité
2. 5.1.4. Les ethnies face à la mortalité des bovins
2.5.2. Les autres sorties involontaires
2.6. Les sorties volontaires
2.6.l. L’exploitation du cheptel bovin
2.6.2. Les flux d’émigration
2.6.3. Commercialisation du bétail
CONCLUSIONS
BIBLIOGRAPHIE
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