Place des parents et de l’environnement familial dans le développement d’un enfant

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Divorce et Séparation dans la législation familiale

Evolution de la famille dans la législation familiale depuis 1960

Depuis la fin de la seconde guerre, la famille multigénérationnelle a évolué vers la famille nucléaire constituée des seuls parents-enfants. La nécessité de cet acte juridique bilatéral pour fonder la famille qu’est le mariage, s’est progressivement estompée avec l’essor du concubinage et la création du PACS en 1999.
Cette évolution s’est faite en suivant l’idée d’accorder plus de liberté et d’égalité dans le droit de la famille. Ainsi la hiérarchie maritale paternelle a disparu, tandis que l’autonomie des individus au sein de la famille s’est affirmée. En conséquence, l’institution du mariage a perdu de son influence et les familles monoparentales et recomposées se sont développées (11).

Les dates de l’évolution de la législation familiale contemporaine

– Loi du 13/071965 affirme l’autonomie juridique de la femme mariée, la loi du 04/06/1970 efface la notion de chef de famille (« pater familias ») en remplaçant la notion de puissance paternelle, par celle nouvelle, d’autorité parentale.
– Loi du 03/01/1972 affirme l’égalité des enfants légitimes et naturels, bien que ne sont alors concernés que les enfants naturels simples.
– Loi du 11/07/1975 réforme le divorce en le libéralisant : jusqu’alors, seul le divorce pour faute (procédure contentieuse) était autorisé. S’y ajoute alors le divorce par consentement mutuel (procédure gracieuse). De plus, l’adultère est dépénalisé.
– Loi du 23/12/1985 améliore l’égalité, désormais totale entre époux dans leurs rapports personnels de nature matrimoniale et dans la gestion des biens de leurs enfants.
– Loi du 22/07/1987 aligne l’exercice de l’autorité parentale sur un enfant naturel sur celle qui s’exerce sur un enfant légitime.
– Loi 08/01/1993 institue le Juge aux Affaires Familiales, dès lors seul compétent en matière de conflits familiaux.
– Lois bioéthiques du 29/07/1995 répondent à la nécessité pour la législation familiale de suivre les progrès scientifiques et médicaux : sont ainsi encadrés la pratique de la procréation médicalement assistée (PMA) qui seront réformées par la loi du 23/06/2004.
– Loi du 15/11/1999 instituant le pacte civil de solidarité (PACS), nouveau statut pour le couple non marié, ouvert aux homosexuels. Il sera considérablement simplifié par la loi du 23/06/2006.
– Loi du 03/12/2001 réforme les successions, surtout en supprimant la discrimination des enfants adultérins.
– Loi du 04/03/2002 réforme complètement les règles de l’autorité parentale : égalité désormais fondamentale via l’exercice conjoint de l’autorité parentale, peu importe la filiation de l’enfant et la situation des parents. La possibilité est ainsi ouverte de fixer la résidence de l’enfant en alternance au domicile de chacun des parents.
– Loi du 04/03/2002, modifiant les règles d’attribution du nom de famille : dévolution égalitaire puisque le nom du père et de la mère peuvent tous deux être choisis, supprimant par là même l’expression « nom patronymique ».
– Loi du 26/05/2004 pour conserver la pluralité des causes de divorce tout en désengorgeant les tribunaux, facilitation des procédures.
– Ordonnance du 04/07/2005 affirme définitivement l’égalité entre tous les enfants par la suppression de termes fâcheux qui définissent la nature de la filiation. Ratifiée par la loi du 16/01/2009.
– Décret du 20/05/2009 relatif à l’audition de l’enfant en justice, art 388-1 CC précise ainsi que « le mineur capable de discernement est informé de son droit à être entendu, à la condition que la procédure judiciaire le concerne ». La circulaire du 03/07/2009 énumère ces procédures, notamment la délégation d’autorité parentale.
– Le législateur s’interroge actuellement quant au statut du beau-parent et quant à la gestation pour autrui (GPA) interdite en France pour l’instant mais autorisée dans d’autres pays de la communauté européenne (11). En effet, le 3 juillet 2015, la Cour de Cassation a rendu un arrêt énonçant que l’acte de naissance d’un enfant né à l’étranger par GPA et ayant un parent français, peut être transcrit à l’état civil en France.

Le divorce actuellement

Le divorce est un grand fait de société en France et dans l’ensemble des pays industrialisés. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, cette procédure s’est considérablement développée. Un mariage sur deux se termine désormais par un divorce dans les grandes villes.
Pourtant, si le divorce marque la fin de la vie conjugale des parents, il ne permet pas de considérer la problématique du couple comme résolue. La présence des enfants, nés du mariage, impose en effet le prolongement d’engagements à leur égard, au-delà de la rupture. Des aménagements doivent être mis en place pour assurer le lien parent-enfant et la responsabilité parentale doit être préservée.!
La législation en matière de divorce a considérablement évoluée depuis la révolution française, et plusieurs étapes clés peuvent être repérées:
– La Révolution Française:
En 1789, à la révolution tout est remis en cause, et en particulier le principe d’indissolubilité du mariage, sous l’impulsion des Lumières. C’est à cette époque que le divorce est autorisé, par la loi du 20 septembre 1792, adoptée par l’Assemblée nationale.
Il s’agit d’une loi en avance sur toutes les législations étrangères du XVIIIe siècle mais aussi plus libérale que la plupart des législations modernes. Elle permet en effet la dissolution du mariage par consentement mutuel des deux époux, et par simple allégation, d’une incompatibilité d’humeur et de caractère.
– Le code civil 1804:
Le Code civil Napoléon va tempérer certains excès de la révolution, mais ne va pas pour autant supprimer le divorce. Il restreint la possibilité de divorcer à la faute, les conditions sont limitées et pénalisantes pour les époux.
– La restauration 1816:
La Restauration sonne le retour à une monarchie, certes constitutionnelle, qui entraine la disparition du divorce,
considéré comme « un poison révolutionnaire ». Il est aboli par la loi Bonald du 8 mai 1816. Il faut, pour la royauté, « rendre au mariage toute sa dignité dans l’intérêt de la religion, des mœurs, de la monarchie et de la famille ». Seule la nullité ou la séparation de corps restent possibles.
– La loi Naquet 1884:
Il faut attendre la Troisième République et la loi « Naquet » du 27 juillet 1884 pour que le divorce soit réintroduit dans le Code civil. À partir de cette date, il ne disparaitra plus.
Mais le divorce est rétablit sur le seul fondement de fautes précises, constituant un manquement aux obligations conjugales, et rendant intolérable le maintien du lien conjugal (adultère, condamnation à une peine afflictive et infamante, sévices et injures graves). Il s’agissait donc essentiellement d’un divorce pour faute, avec la notion de « divorce sanction ».
– La loi du 11 juillet 1975:
Elle a profondément modifié les conditions du divorce en substituant à un divorce fondé uniquement sur la faute, une pluralité de cas de divorce.
On distinguait ainsi trois cas : le divorce par consentement mutuel, pour rupture de la vie commune et pour faute.
– La loi du 26 mai 2004:
Elle vise à simplifier les procédures et à apaiser les relations entre les époux qui recourent au divorce.
On distingue alors quatre cas de divorces: le divorce par consentement mutuel, par acceptation du principe de la rupture du mariage, par altération définitive du lien conjugal et pour faute.
– Le 2 janvier 2014:
Un rapport est remis à la garde des Sceaux ; Chritiane Taubira souhaite confier au seul greffier la procédure de divorce par consentement mutuel (soit plus de 50% des divorces).
– La loi du 16 février 2015 :
Elle autorise le gouvernement à légiférer par ordonnance notamment sur la liquidation du régime matrimonial suite au divorce (11).

La séparation

La loi du 4 mars 2002 relative à l’autorité parentale institue officiellement la « coparentalité ». Cette loi énonce que l’enfant a le droit d’être élevé par ses deux parents, même s’ils sont séparés, et introduit la médiation familiale (notion que nous exposerons plus loin) dans le code civil comme moyen permettant de maintenir les relations avec les enfants.
Concernant les couples non mariés, d’une manière générale, la législation a également énormément évoluée. La fréquence des mariages reculant à grand pas au cours de l’histoire récente, ces familles formées par des parents non mariés et leurs enfants sont nombreuses.
La première législation concernant ces familles date de 1975 et impose alors l’autorité parentale exclusive à la mère pour les enfants nés hors mariage.
Il faudra ensuite attendre la Loi Malhuret de juillet 1987, puis la Loi de 1993 qui introduit la compétence du Juge aux affaires familiales, pour imposer une certaine équité entre les parents qui se séparent.
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant, de novembre 1989 confirmera ce droit de l’enfant à garder des liens avec ses 2 lignées. Dans son rapport de 2008, la Défenseure des enfants traite de cette problématique ». Le rapport revient sur l’ « éparpillement » des configurations familiales depuis 30 ans (baisse des mariages, recours à la cohabitation au début de la vie de couple, augmentation des PACS conclus entre hommes et femmes, familles monoparentales, recomposées ou homoparentales, naissances hors mariage, etc.…) ; le rapport affirme l’importance de la coparentalité dans l’intérêt de l’enfant tout en soulignant les difficultés pratiques bien souvent issues de la méconnaissance des modalités de l’exercice de l’autorité parentale conjointe et des droits de l’enfant.
« !La Défenseur des enfants – Rapport thématique 2008 – « Enfants au cœur des séparations parentales conflictuelles »!

La Filiation

La filiation se fonde en droit français sur la procréation (charnelle ou médicalisée) ou sur un acte de volonté (adoption) ; elle se définit comme le lien de droit qui unit un enfant à ses parents et l’introduit dans une famille. Elle est régie par les articles 310 à 370-5 du Code Civil (Titre septième du Livre premier).
La notion de filiation dans l’histoire du droit français évolue progressivement vers la consécration des principes d’égalité et de vérité des filiations. Longtemps elle a été marquée par l’institution d’une hiérarchie entre enfants légitimes et naturels. La volonté de défendre le mariage a conduit le législateur, jusqu’au dix-neuvième siècle à limiter les droits des enfants naturels ou les possibilités d’établir leurs filiations. En effet, en dehors des enfants issus du mariage, seuls ceux dont les parents sont célibataires (dits naturels simples) peuvent établir leur filiation, mais les voies ouvertes à cette fin sont réduites (reconnaissance volontaire presque exclusivement). Est interdit par contre l’établissement de la filiation des enfants dont l’un des parents au moins est marié avec un tiers au moment de leur conception (enfants adultérins) et de ceux dont les concepteurs ne peuvent se marier ensemble en raison d’un lien de parenté les unissant (enfants incestueux). Par ailleurs, l’enfant naturel reconnu ne peut pas entrer dans la famille de ses géniteurs (11).
De manière ponctuelle, quelques réformes viennent, au cours du 20ième siècle, améliorer la condition des enfants naturels. Ce n’est qu’avec la loi du 3 janvier 1972 qu’un changement radical est introduit. Celle-ci pose le principe de l’égalité des filiations, tout en apportant des tempéraments. Même si la distinction entre enfants légitimes et naturels est maintenue, elle admet néanmoins tous les enfants dans le droit à établir leur filiation, à l’exception de l’enfant issu d’un inceste qu’elle condamne à n’être rattaché qu’à l’un de ses parents. Elle dote ensuite les enfants des mêmes droits et devoirs, sous réserve de quelques discriminations subsistantes concernant les droits successoraux des enfants naturels notamment. Elle favorise également la mise en place de filiations conformes à la réalité, aussi bien sur le plan biologique que socioaffectif. D’autres réformes se sont ensuite succédées ; en particulier ont suivi celle très significative et simplificatrice, qu’a opérée l’ordonnance du 4 juillet 2005. Elle a en effet simplifié le droit de la filiation, reconnu l’égalité entre enfants et promu davantage la vérité des filiations. La distinction entre enfants légitimes et naturels a ainsi été supprimée. L’établissement de la filiation se trouve par conséquent régi désormais par des règles presque uniformes, quelle que soit la situation matrimoniale des parents, et le régime de la contestation de la filiation est unifié. Elle a permis enfin l’accès à la vérité biologique, tout en conservant à la vérité sociologique une capacité notable.
L’établissement de la filiation, qu’il y ait ou non mariage des parents obéit aujourd’hui à des règles précises. Dans la branche maternelle, il résulte hors contentieux de la désignation de la mère dans l’acte de naissance de l’enfant, d’une reconnaissance ou d’une possession d’état dûment constatée. Dans la branche paternelle, il s’opère par le jeu de la présomption de paternité pour l’homme marié et, hors mariage, par reconnaissance ou possession d’état. Faute d’être établie hors contentieux, la filiation peut en toute branche être instituée par jugement suivant des règles identiques, quelle que soit la situation conjugale des parents.
La filiation légalement établie, unit un enfant à ses auteurs et crée un lien de famille. Elle confère l’autorité parentale sur sa personne aux parents et détermine le nom de son titulaire. Elle oblige les parents à éduquer, entretenir, nourrir, soigner leur enfant et contraint ce dernier à devoir respect et honneur à ses parents. Elle crée enfin pour les intéressés une obligation alimentaire et une vocation successorale (12).
Quelle que soit la situation matrimoniale des parents, la contestation de la filiation est référée, depuis l’ordonnance du 4 juillet 2005, à un régime pleinement unifié. Elle s’opère à des conditions plus ou moins strictes (délais, parties) selon que le titulaire de la filiation attaquée est ou non doté d’un titre et d’une possession d’état conforme, existant depuis une durée plus ou moins longue. Le lien unissant les intéressés peut être anéanti en cas de succès de la procédure.
En résumé :
En étudiant la question de la séparation parentale dans nos sociétés depuis la fin du XIXe siècle, nous avons pu observer l’extraordinaire accélération de l’évolution des structures familiales. Cette évolution a conduit à positionner désormais le mariage, jusqu’alors base initiale unique de la structure familiale, comme l’une des institutions parmi d’autres, possibles pour accueillir et élever un enfant. L’éventail de ces dernières s’est en effet largement diversifié et la législation familiale suit cette évolution en instituant les cadres juridiques nécessaires, aussi bien d’ailleurs à un niveau européen.

Place des parents et de l’environnement familial dans le développement d’un enfant

Nous avons dans un premier temps, parcouru l’évolution et la diversité de l’environnement familial qui accueille et « élève » un enfant au cours du siècle dernier. Nous pouvons observer que, depuis, la psychiatrie a elle-même, et particulièrement en France, pris en compte cette dimension dans le développement psycho-affectif de l’enfant. Ce parallélisme d’évolution dans les deux champs, social et psychiatrique, nous semble d’ailleurs notable.
C’est Freud et la psychanalyse qui ont introduit cette donnée dans l’approche des troubles mentaux chez l’enfant. Freud, médecin neurologue, reconstitue la vie instinctuelle des enfants à partir de l’étude des cures psychanalytiques qu’il conduit. Il montre l’importance de l’environnent et tout particulièrement du milieu familial. Il insiste sur le fait que les troubles psychiques retrouvés chez l’adulte se constituent pendant l’enfance (13).
Freud a ainsi développé le concept du complexe d’Œdipe selon le modèle de la famille nucléaire père, mère, enfant. Il développait une conception critique de la famille du XIXe siècle, qu’il explorait sans pouvoir en son temps, être en mesure d’en percevoir les limites.
Freud posait comme principe, que l’enfant était toujours, l’enfant d’un homme ou de son substitut, qui incarnait l’autorité paternelle, et d’une femme ou de son substitut, qui avait investi la maternité. En conséquence, l’enfant, au sens freudien, se structurait inconsciemment à partir de l’histoire de ses parents et donc de ses ancêtres. Dans cette perspective, même s’il était regardé comme un sujet à part entière, il ne pouvait en aucun cas être traité hors du lien au couple parental.
La question de la séparation, qu’elle soit celle de l’enfant lui-même au cœur de son développement psycho-affectif ou celle des parents qui constituent son environnement familial, est centrale pour notre sujet. Elle guide notre progression, sans prétendre à l’exhaustivité, et isole simplement des étapes essentielles de l’évolution de sa définition. Les approches psychodynamiques depuis leur départ, la théorie de l’attachement, les nombreuses études et recherches cliniques, n’ont cessé d’évoluer avec les transformations de la société qui inévitablement les suivent ou les précèdent.

Le lien entre un enfant et ses parents – Apport des théories psychodynamiques : angoisse et séparation

Naissance et séparation

« Il y a beaucoup plus de continuité entre la vie intra-utérine et la toute petite enfance que l’impressionnante césure de l’acte de la naissance ne nous donnerait à croire. »
Cette citation de Freud extraite du texte de 1926 : Inhibition, symptôme et angoisse (14), nous amène à prendre en considération deux hypothèses.
– L’une est freudienne, elle consiste à situer l’existence du bébé avant sa naissance, dans le langage lui-même, dans le symbolique. Avant qu’il ne naisse, en effet « on parle de lui » dans sa famille, voire au-delà, il est attendu depuis un temps certain déjà.
– Une autre, nous est donnée, ou reprise par des pédopsychiatres contemporains comme B. Golse, en particulier. Il existe une dimension archaïque au fonctionnement sensoriel du fœtus, qui pour cet auteur, après Bowlby et les théoriciens de l’attachement, constitue le socle «inné» ou les fondements de sa vie psychique ultérieure (15).
Ainsi, la naissance est précédée pour le fœtus d’un univers sonore important. Le bébé, en effet, a déjà perçu différents sons au cours de sa vie fœtale. Le lien d’un enfant avec ses parents et le monde qui va l’accueillir est donc déjà là, en construction avant même sa naissance.
Didier Houzel propose que le nouveau-né disposerait à la naissance de parties psychiques «déjà nées», à côté de parties psychiques encore «non-nées». Les parties non-nées du psychisme que ces auteurs attribuent au fœtus «seraient ainsi celles en attente de la relation post natale à la mère en particulier» (16).
S. Maiello formule une hypothèse pour répondre à la question de la genèse prénatale de l’objet, car en effet il se présente à ce point une interrogation centrale : comment le fœtus pourrait-il se représenter l’objet alors même qu’il se trouve en son sein, inclus en lui (17).
On sait aujourd’hui, d’après B. Golse, que le fœtus développe « une sensorialité de manière très précisément programmée tout au long de la grossesse » (18). S. Maiello suggère que ce serait la voix maternelle, par ses discontinuités, atteignant le fœtus au travers de la paroi utérine, ainsi que les différents bruits produits par le fonctionnement du corps de la mère qui préfigureraient en quelque sorte, la problématique de la présence et de l’absence de l’objet qui sera rencontrée ensuite au cours de la vie post-natale. On sait en effet que depuis l’utérus, le fœtus perçoit des sons qui proviennent d’une part, du corps en « interne », relativement réguliers ou répétitifs d’origine cardiovasculaire ou digestive par exemple, et d’autre part, venant de l’extérieur: des sons ou des voix, en particulier de la mère ou plus globalement de son environnement quotidien. Cette partition sonore plus ou moins rythmée, alternativement programmée ou irrégulière, proposée à la perception du fœtus, formerait le terrain d’une préfiguration de la problématique de la présence et de l’absence, de l’éloignement ou de la proximité, appelée à se construire après la naissance. La rencontre post-natale avec l’objet externe permettrait dans l’après-coup, une « retraduction des traces mnésiques prénatales » inscrites par la discontinuité de la présence de l’objet sonore perçue « in utéro ».
Dans un tout autre contexte, cette notion d’après-coup, avait d’ailleurs été introduite par Freud lui-même pour la construction du concept de refoulement, fondamental pour la psychanalyse. J. Laplanche situe cette théorie de l’après-coup, comme une dynamique à double sens : « le bébé que l’on a été permet certes, en partie, de rendre compte de l’adolescent ou de l’adulte que nous sommes devenus, mais ce dernier nous permet en permanence de réécrire les traces de notre histoire infantile précoce » (19).
Tout ne commencerait donc pas avec la naissance. Pour B. Golse, le développement du bébé se joue à deux niveaux, entre le registre de l’intrapsychique durant la gestation et la relation interpersonnelle avec sa mère qui débute à la naissance.

La place de la psychanalyse

Freud et le complexe d’Œdipe

Même si la psychanalyse n’a plus la place qu’elle avait jusqu’à la fin du siècle dernier, de nombreuses notions issues de son corpus théorique demeurent présentes et actives, il en va ainsi de celle de complexe d’Œdipe.
Le complexe d’Œdipe, qui noue la relation de l’enfant à ses deux parents, à son père et à sa mère, est une notion centrale du corpus freudien, qui avec l’inconscient, le refoulement et le transfert fait toujours partie des bases conceptuelles de la psychanalyse.
Le mythe d’Œdipe est l’un des mythes les plus célèbres de l’Antiquité. Il a été repris de façon écrite par deux auteurs de la Grèce ancienne, Euripide et Sophocle. La légende d’Œdipe, que nous allons résumer ici, se réfère à l’histoire de la ville de Thèbes.
Laïos et Jocaste, souverains de Thèbes sont prévenus, après avoir consulté la Pythie (l’oracle d’Apollon), que, s’ils avaient un fils, ce dernier tuerait son père et épouserait sa mère. De ce fait, Laïos ne veut plus avoir d’enfant. Mais sa femme, Jocaste, l’enivre, et un fils est conçu. A la naissance de ce fils redouté, Laïos charge un serviteur d’abandonner ce dernier sur le Mont Cithéron après lui avoir attaché les pieds. Un couple de bergers qui le trouve, prend soin de lui avant de le confier à un voyageur qui conduit l’enfant à la cour de Polybe, roi de Corinthe. Celui-ci s’attache à l’enfant et l’élève comme son propre fils, sans lui révéler le secret de ses origines. Il lui donne le nom d’Œdipe qui signifie en grec ancien : Oidipous, « pieds enflés ». Mais, la légende de sa malédiction lui est un jour révélée en consultant Apollon. Il fuit alors ses parents adoptifs, croyant ainsi échapper à son destin. Pourtant, il rencontre sur sa route un homme qui lui refuse le passage à un carrefour et roule sur ses pieds avec son char. Sans savoir qu’il s’agit de son père Laïos, Œdipe le tue. Poursuivant sa route, Œdipe arrive à Thèbes et se trouve confronté à la Sphinge qui assiège la ville. Comme à tous les voyageurs qui veulent entrer à Thèbes, elle lui pose une énigme : « Qu’est-ce qui marche à quatre pieds le matin, à deux pieds le midi, à trois pieds le soir ? » Œdipe, après avoir répondu « l’homme », tue la Sphinge et entre en héros dans son pays d’origine.
Les Thébains qui pleurent leur roi qui vient donc de mourir, choisissent leur libérateur de la Sphinge qui doit s’unir à son épouse et veuve, Jocaste, comme le veut la tradition. Il reste marié pendant quinze ans et a quatre enfants avec elle, deux fils et deux filles. Un jour, après une succession de catastrophes naturelles, une épidémie de peste survient. Le devin Tirésias affirme alors que l’épidémie ne cessera qu’avec l’élucidation du meurtre de Laïos, premier mari de Jocaste et roi de Thèbes. Œdipe lance alors une enquête au terme de laquelle il découvre la vérité dans toute sa cruauté. En apprenant qu’Œdipe est son fils, Jocaste se suicide par pendaison, tandis que ce dernier, de désespoir, se crève les yeux, afin de ne pas voir son propre malheur. Œdipe part avec sa fille, Antigone, il rejoint un lieu de culte non loin d’Athènes, Colone, où il mourra.
À la fin du XIXe siècle, le mythe d’Œdipe est revisité par Freud, qui en fait l’un des fondements de la théorie psychanalytique. Dans une lettre adressée à son ami Fliess le 15 octobre 1897, il fait une première référence à ce mythe : « j’ai trouvé en moi des désirs d’amour envers ma mère et de jalousie envers mon père, sentiments je pense, qui sont communs à tous les jeunes enfants (…) ». Freud a l’intuition que la problématique qu’il a repérée chez lui vis-à-vis de ses parents est un fait universel. Il ajoute : « S’il en est bien ainsi (…), alors on comprend l’effet saisissant d’Œdipe- roi malgré toutes les objections que la raison élève contre les présuppositions du destin » (20).
Selon lui, la légende grecque reflète une inclination que chacun reconnaît en soi. Toute personne a été au moins en fantasme un Œdipe, et a refoulé avec effroi l’idée de la réalisation concrète de ce rêve. Freud attribue d’abord à ce phénomène le terme de « complexe nucléaire ». Il lui donne finalement en 1910 le nom de complexe d’Œdipe, dans son écrit Contribution à la psychologie de la vie amoureuse (21).
Au plan psychopathologique, le complexe d’Œdipe est constitué de l’ensemble des investissements amoureux et hostiles que l’enfant projette sur ses parents. Par l’intervention de l’instance interdictrice, portée par le père, qui barre l’accès à la satisfaction du désir incestueux, ce processus doit conduire à la disparition de ces investissements et à leur remplacement par d’autres figures. Le refoulement du complexe d’Œdipe amène la phase de latence, entre l’âge de cinq et douze ans. Cela permet l’inscription dans le psychisme du Surmoi (le refoulé) et de l’Idéal du Moi (le sublimé). L’enfant intériorise les interdits, en particulier les interdits de l’inceste.
Pourtant, ce complexe familial a été très rapidement sujet à des questionnements et des remaniements, en particulier concernant les rôles respectifs de la mère et du père.

La place de la mère

Mélanie Klein, déjà, avait focalisé ses travaux sur la place de la mère et ses effets sur le plan développemental chez l’enfant en mettant l’accent sur ce qu’elle a appelé l’archaïque. D’autres auteurs postfreudiens, comme Winnicott, ont également mis en évidence l’importance des toutes premières relations avec l’environnement maternel ainsi que J. Bowlby avec ses travaux sur l’attachement. Ces premières élaborations ont beaucoup apporté à la compréhension des tous premiers temps de développement de l’enfant dans la mesure où elles ont interrogé l’importance de la référence à la mère de deux points de vue essentiels :
– Des observations de séparations, en particulier d’hospitalisations de très jeunes enfants, ont mis en évidence des états d’indifférence affective et de besoin primitif d’affection qui précèdent et appellent la fonction mère.
– D’autre part, des critiques ont été élaborées à l’adresse de Freud pour n’avoir pas suffisamment porté son attention sur la mère et avoir construit une théorie trop «phallo-centrée» et faisant donc fortement référence au père.
D’autres analystes femmes, à côté de Mélanie Klein, comme Anna Freud, Hélène Deutsch ou Karen Horney ont contesté en leur temps les positions de Freud sur ce plan : la mère comme premier objet d’amour, ne devait-elle pas supplanter le père comme figure dominante ?
Ainsi dans les années 1930, la question d’un déplacement majeur du paradigme analytique a pris place: du père vers la mère, de la castration vers la séparation, de l’autorité vers la dépendance, mais également de l’acquis vers l’archaïque voire l’innée.

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Table des matières

Introduction
I/ La séparation parentale
1/ Les structures familiales : de la famille aux familles
1.1/ La famille traditionnelle: nucléaire
1.2/ Les nouvelles familles :
1.2.1/ La famille recomposée
1.2.2/ La famille monoparentale
1.2.3/ La famille homoparentale
2/ Le divorce : de la séparation aux séparations
2.1/ Les chiffres
2.1.1/ Le divorce
2.1.2/ La résidence des enfants
2.2/ Divorce et Séparation dans la législation familiale
2.2.1/ Evolution de la famille dans la législation familiale depuis 1960
2.2.2/ Les dates de l’évolution de la législation familiale contemporaine
2.2.3/ Le divorce actuellement
2.2.4/ La séparation
2.2.5/ La Filiation
II/ Place des parents et de l’environnement familial dans le développement d’un enfant
1/ Le lien entre un enfant et ses parents – Apport des théories psychodynamiques : angoisse et séparation
1.1/ Naissance et séparation
1.2/ La place de la psychanalyse
1.2.1/ Freud et le complexe d’OEdipe
1.2.2/ La place de la mère
1.2.3/ Angoisse et séparation : après Freud trois contributions Mélanie Klein, René Spitz et Margareth Mahler
1.2.4/ L’ouverture vers le père
1.2.5/ La place du père
1.3/ La place du couple parental dans le développement de l’enfant
2/ La théorie de l’attachement : construction du lien entre un enfant et ses parents
2.1/ Les fondements théoriques
2.2/ Le « caregiving »
2.3/ Les modèles internes opérants (M.I.O)
2.4/ Procédures d’évaluation de l’attachement
2.4.1/ Une étude expérimentale de l’attachement : « la Situation Etrange »
2.4.2/ L’Entrevue d’Attachement Adulte (E.A.A.)
2.4.3/ Les Histoires d’Attachement à Compléter
2.5/ Les troubles de l’attachement chez l’enfant
2.6/ Portée et valeurs prédictives de la théorie de l’attachement
2.7/ Quelques perspectives actuelles
3/ Anxiété et séparation
3.1/ Anxiété ou angoisse de séparation
3.2/ Rapports entre l’angoisse de séparation développementale et le trouble « angoisse de séparation »
III/ Les conséquences de la séparation parentale
1/ Le divorce : facteur de vulnérabilité ?
1.1/ La vulnérabilité
1.2/ Divorce et troubles psychologiques de l’enfant
2/ La résidence alternée
2.1/ Trois notions juridiques
2.2/ Loi du 4 mars 2002
2.2.1/ Intérêt supérieur de l’enfant
2.2.2/ La parole de l’enfant
2.2.3/ Quatre questions au magistrat
2.3/ Le recours aux spécialistes
2.3.1/ La résidence alternée – 3 notions essentielles :
2.3.2/ Comment se construisent les enfants en résidence alternée sur le plan de leur adaptation socioaffective ?
3/ Les situations de conflits parentaux majeurs
IV/ Cas cliniques
1/ Le cas Flora
2/ Le cas Bilal
V/ Discussion
1/ Troubles liés à la séparation : la famille et le pédopsychiatre
2/ Les demandes sociétales adressées au pédopsychiatre
3/ Séparation parentale et troubles de l’enfant : place du pédopsychiatre
Conclusion

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