GENERALITES
L’oligodontie est une maladie rare du développement dentaire humain qui peut être isolée ou associée à un syndrome polymalformatif. Lorsqu’elle fait partie d’un syndrome, elle est généralement associée à des anomalies de la peau, des ongles, des yeux, des glandes sudoripares, des oreilles et/ou du squelette (4). Elle est de sévérité variable et peut aller jusqu’à l’absence congénitale de toutes les dents temporaires et/ou permanentes sur une ou deux arcades, on parle alors d’anodontie (5). Dans la population européenne, la prévalence de l’oligodontie syndromique et nonsyndromique est estimée de 0,08% à 0,16% selon les études. Elle affecte plus souvent les femmes que les hommes (6). L’absence congénitale des incisives latérales maxillaires, des deuxièmes prémolaires maxillaires et des incisives centrales mandibulaires sont le plus souvent observées dans les cas d’oligodontie ; tandis que les agénésies des incisives centrales maxillaires, des canines maxillaires ou mandibulaires et des premières molaires permanentes sont rares (4). La denture permanente est plus touchée que la denture temporaire (7, 8). Dans la majorité des cas, l’oligodontie a une origine génétique (8). Le développement dentaire ou odontogenèse, est un processus embryologique complexe qui suit trois stades : l’initiation, la morphogenèse et la cytodifférenciation, chacun marqué par un patron génique spécifique et hautement régulé. Une mutation de l’un des acteurs génétiques peut conduire à une anomalie dentaire. Plus le gène intervient tôt dans l’odontogenèse, plus les conséquences sont importantes, avec fréquemment un arrêt du développement dentaire, cliniquement signé par une agénésie dentaire (9).
Anamnèse
L’interrogatoire médical est un élément primordial du diagnostic, il doit être systématique, rigoureux et complet. Il permet au chirurgien-dentiste de connaître l’étiologie des dents absentes (congénitale ou acquise) et d’en jauger la composante génétique. Il faut s’interroger sur l’historique médical du patient :
– Antécédents familiaux : prédispositions des parents et de la fratrie aux agénésies, antécédents syndromiques dans la famille (22).
– Antécédents médico-chirurgicaux : troubles de la sudation ; atteintes des phanères ; eczéma, allergie ou autres pathologies dermatologiques ; retard de développement général ou psychomoteur ; anomalies squelettiques ; cardiopathies ; fente labio-palatine ; troubles cognitifs ou pathologies endocriniennes ; anomalies de la chambre antérieure de l’œil ; du nombril ; antécédents de cancers.
– Antécédents bucco-dentaires : anomalie de l’éruption, traitement d’anomalies morphologiques coronaires ou traitement prothétique antérieur (23).
La radiographie panoramique
La radiographie panoramique ou orthopantomogramme est l’examen radiologique de première intention. Elle doit être systématique lorsqu’une oligodontie est suspectée (28). Elle donne une vue d’ensemble des arcades dentaires, des maxillaires, des articulations temporo-mandibulaires, du trajet du nerf alvéolaire inférieur, de la partie basse des fosses nasales et du plancher du sinus. Elle permet d’analyser le phénotype dentaire avec l’identification des agénésies en denture temporaire et/ou permanente, ainsi que des anomalies morphologiques, inclusions dentaires ou malpositions (28). Vers l’âge de 6 ans, l’ensemble des germes définitifs (sauf les dents de sagesse) sont visibles à la radio panoramique. Si plus de 6 dents sont manquantes, le diagnostic d’oligodontie peut être posé (6).
Centres spécialisés
Des centres de référence labellisés, regroupant des équipes hospitalo-universitaires hautement spécialisées, ont été créés lors du plan national maladie rare afin de structurer l’organisation de la prise en charge des maladies rares. Ces centres de référence ont de nombreuses missions de santé notamment celle de faciliter le diagnostic et définir une stratégie de prise en charge globale. Ils sont en lien avec Haute Autorité de Santé (HAS) et l’Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie (UNCAM) pour établir des protocoles de prise en charge (33). Le réseau O-rares regroupe les centres spécialisés dans les manifestations orales et dentaires des maladies rares. Il est constitué de deux centres de référence : un site coordonnateur rattaché aux hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) et un site constitutif à l’hôpital Rothschild de Paris. Pour assurer un maillage territorial efficace, ces centres de référence des maladies rares orales et dentaires (CRMR) ont été associés à des centres de compétences (CCMR) en 2008 pour permettre aux patients d’être pris en charge et suivis à proximité de leur domicile. Il existe ainsi 16 centres de compétences des maladies rares orales et dentaires (34).
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Table des matières
INTRODUCTION
I. GENERALITES
II. DIAGNOSTIC DE L’OLIGODONTIE PENDANT L’ENFANCE
A. Anamnèse
B. Examen clinique
C. Examens complémentaires
1. La panoramique
2. Les clichés rétro-alvéolaires, la téléradiographie de profil et le scanner
D. Centres spécialisés
E. Diagnostic moléculaire
III. CONSEQUENCES DE L’OLIGODONTIE ET ENJEUX DE REHABILITATION
A. Conséquences sur la morphologique des arcades
B. Conséquences fonctionnelles
C. Conséquences esthétiques et psycho-sociales
IV. PRISE EN CHARGE
A. Abstention thérapeutique
B. Prévention et odontologie conservatrice
C. Traitement orthodontique
D. Avulsion
E. La prothèse fixe
F. Traitements implantaires
G. La prothèse amovible
1. Place en denture temporaire
2. Place en denture mixte
3. Place en denture permanente
V. AVANTAGES ET INCONVENIENTS DE LA PROTHESE AMOVIBLE
A. Avantages
B. Inconvénients
CONCLUSION
TABLE DES ILLUSTRATIONS
BIBLIOGRAPHIE
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