L’homme s’est toujours efforcé à utiliser les ressources que lui fournit la nature, son environnement immédiat ou lointain, pour résoudre ses problèmes de santé. C’est dans cette longue et passionnante recherche qu’il a eu à recourir aux plantes pour se soigner. Les peuples, dans toutes les régions du monde, ont cette vieille tradition. En effet, l’histoire des peuples montre que les plantes ont toujours une place de choix en médecine, dans la composition de parfums et dans les préparations culinaires (Blot et al., 1993). D’après Karou et al. (2005), plus de 25% des médicaments prescrits dans les pays développés dérivent directement ou indirectement des plantes. De nos jours, malgré le développement des structures modernes de santé et sans nier l’importance de la chimiothérapie, la phytothérapie demeure une source thérapeutique essentielle en Afrique; 80% de la population, notamment celle rurale « urbanisée » y font recourir (Arbonnier, 2002). L’étude des activités biologiques revêt un grand intérêt (Blot et al., 1993). Cependant les plantes, en tant que sources de médicaments, sont sous exploitées surtout dans le domaine de la microbiologie médicale (Kirby, 1996).
Piliostigma reticulatum (D.C) Hochst
Systématique, synonymie et noms vernaculaires
Systématique
La classification systématique de Piliostigma reticulatum s’établit comme suit:
-Embranchement: Spermaphytes
-Sous-embranchement: Angiospermes
-Classe: Dicotylédones
-Sous-classe: Rosideae
-Ordre: Rosales
-Famille: Caesalpiniaceae
-Sous-famille: Caesalpinioideae
-Genre: Piliostigma
-Espèce: Piliostigma reticulatum (D.C) Hochst (Eklu-natey et al., 2012).
Synonymies
Selon Baumer (1989), Piliostigma reticulatum doit son nom spécifique au réseau très détaillé de nervilles réticulées qui est visible sous le limbe entre les nervures. P. reticulatum est aussi connu sous d’autres appellations:
-Bauhinia reticulata D.C,
-Bauhinia benzoin Kotschy,
Bauhinia glabra A. Chev.,
-Bauhinia glauca
-Elayuna bilota Raf. (Kerharo, 1974)
Noms vernaculaires
Wolof: nguiguis, guiguis
Sérére: ngayo, nga, ngayor
Madingue: fara, faramesin
Peul: bakehi; barkévi; mbarkéy; barki; barkédé.
Toucouleur: barkéy
Français: semellier (le fruit rappelle la semelle)
Djola: burékatod, kfalat, (Eklu-natey et al., 2012).
Description botanique et répartition géographique
Description botanique
Piliostigma reticulatum est un arbuste ou un petit arbre de 8 à 9 mètres de hauteur pouvant atteindre 10 mètres, avec une cime arrondie et touffue (Eklu-natey et al., 2012). Il se présente fréquemment sous forme de buisson à nombreux rejets partant de la souche. L’écorce est profondément fissurée longitudinalement, très foncée et fibreuse (Kerharo, 1974). Selon Pousset (1989), les feuilles de cette essence sont simples, alternes, distiques et persistantes, de couleur gris vert mat, glabre et coriaces. Longue de 6 à 12 centimètres sur 4 à 8 centimètres de large, elles comprennent 2 lobes obtus tronqués à la base avec 9 nervures principales palmées.
Le pétiole est dilaté aux deux extrémités avec une longueur de 1 à 3,5 cm (Nacoulma-Ouédraogo, 1996). Les fleurs sont blanches et striées de rose avec cinq (5) pétales obovales de 2,5 cm de diamètre. Les panicules ramifiées sont courtes, axillaires ou terminales de fleurs blanches d’environ deux (2) cm de long (Berhaut, 1975). Les gousses brun-foncées à maturité persistent longtemps sur les arbres (Baumer, 1995).
Répartition géographique
P. reticulatum est une espèce sahélo-soudanienne et soudanienne qui aime surtout les sols lourds et mal drainés (mares et cours d’eau temporaires) mais aussi les sols latéritiques et sableux. Elle a l’habitude de recoloniser ou d’envahir les jachères (Gaston et Daget, 2001). C’est une espèce commune, localement abondante et grégaire. Au Sénégal, la plante est présente le long de la vallée et s’arrête seulement à la forêt guinéenne dela Casamance (Nacoulma-Ouédraogo, 1996).
Chimie
Selon Kerharo et Adam, (1974), les études sur la chimie de Piliostigma reticulatum datent de 1938 et sont dues à Rabaté et Gourévitch. Ces auteurs ont isolé différents constituants sur les différentes parties de la plante.
➤ Fruit
Ces auteurs ont isolé du fruit entier avec un rendement important de l’acide L tartrique, découvert pour la première fois à l’état naturel (1,4% d’acide libre et 3,9% de tartrate acide de potassium exprimé en acide tartrique).
➤ Péricarpe
L’analyse du péricarpe montre la présence des composés suivants: extrait balsamique (16%), sucres réducteurs, saccharose et hydropectine (6%).
➤ Feuilles
Dans les feuilles sèches ont été isolés de l’acide L tartrique et du quercitroside (Rabaté, 1938). L’acide L tartrique existe dans la plante sous forme d’acide tartrique libre et de tartrate de potassium et de calcium. Rabaté (1940) estime que les feuilles constituent une excellente source d’acide tartrique lévogyre et a mis au point un mode opératoire simple permettant d’obtenirles tartrates gauches. Par ailleurs, Toury (1967) a fait une analyse diététique des feuilles et y a retrouvé pour 100 g : eau (78,3 g), protéines (4,8 g), lipides (0,10 g), glucides (14,4 g), cellulose (6,8 g), cendres (2,40 g), calcium (435 mg), phosphore (80 mg), vitamine C (68 mg). D’après Babajide et al. (2008) les feuilles sont aussi riches en flavonoïdes et ceux qui y ont été identifiés sont:
-Piliostigmol (6-C-méthyl-2-p-hydroxyphenyloxychromonol)
-6,8-di-C-méthylquercetine-3,3′,7-triméthyl éther,
-6,8-diméthylquercetine-3,3′-diméthyl éther,
-3′,6,8-triméthylquercetine-3,7-diméthyl éther,
-6-C-méthylquercetine-3-méthyl éther,
-6,8-di-C-méthylkaempferol-3-méthyl éther,
-6-Cméthylquercetine-3,3′,7-triméthyl éther.
➤ L’écorce et les tiges
L’écorce et les tiges contiennent du tanin (Persinos, 1967). Les études chimiques d’Agoda (1984) et de Travares (1986) ont montré que ces écorces et ces tiges contiennent 16% d’extrait balsamique; 1,1% de sucres réducteurs; 2,7% de saccharose et 6% d’hydro pectine (Noma, 1996).
Pharmacologie et usages
Activités pharmacologiques
➤ Activité antitussive
L’étude de l’activité antitussive de l’extrait lyophilisé des feuilles de P. reticulatum sur le cobaye a été effectuée. Les résultats obtenus par cet auteur montrent que l’extrait a une action antitussive qui s’apparente à celle des feuilles de Guiera senegalensis.
➤ Activité anti-inflammatoire
Selon Noma (1996), l’effet anti-inflammatoire des feuilles n’apparait qu’à la dose de 3,5g/kg chez le rat après gavage et qu’il est maximal au bout de la troisième heure.
➤ Activité cicatrisante
L’étude des propriétés cicatrisantes faite par Noma (1996) a permis de conclure que: une pommade à base d’extrait de guiguis s’est révélée douée de propriétés anti-inflammatoire et cicatrisante lors d’un essai clinique ayant porté sur dix (10) patients.
➤ Activité antimicrobienne
L’extrait des feuilles de P. reticulatum est doué de propriété antimicrobienne et plus particulièrement vibriocide. Il est actif sur Vibrio cholerae (Akinsinde et Olukoya, 1995). L’extrait des feuilles de Piliostigma reticulatum a montré une activité antimicrobienne à l’encontre de quelques bactéries et champignons tels que Staphylococcus aureus (NCTC 6571), Escherichia coli (NCTC 10418), Bacillus subtilus (NCTC 8236), Proteus vulgaris (NCTC 4175), Aspergillus niger (ATCC 10578) et Candida albicans (ATCC 10231) (Babajide et al., 2008). Le piliostigmol serait le composant le plus actif sur Escherichia coli avec une concentration minimale inhibitrice (CMI) de l’ordre de 2,57 µg/ml (Von Maydell, 1983).
➤ Activité anticonvulsivante et sédative
L’extrait des feuilles de P. reticulatum a une activité anticonvulsivante et sédative sur le rat. En effet, il protège 62,5% des souris contre les convulsions et 100% de ces dernières contre les troubles du comportement d’après les expériences de Bum et al. (2009).
➤ Activité antalgique
Diallo et Diouf (2000) ont effectué des essais cliniques sur 140 patients. Ces essais montrent que l’extrait des feuilles de P. reticulatum possède une activité antalgique périphérique à la dose de 750 mg/kg (6 g/kg de feuilles séchées). Cette activité augmente en fonction de la dose.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: ETUDES BIBLIOGRAPHIQUES
CHAPITRE I: PRỂSENTATION DES PLANTES ỂTUDIỂES
I.1. Piliostigma reticulatum (D.C) Hochst
I.1.1. Systématique, synonymie et noms vernaculaires
I.1.1.1. Systématique
I.1.1.2. Synonymies
I.1.1.3. Noms vernaculaires
I.1.2. Description botanique et répartition géographique
I.1.2.1. Description botanique
I.1.2.2. Répartition géographique
I.1.3. Chimie
I.1.4. Pharmacologie et usages
I.1.4.1. Activités pharmacologiques
I.1.4.2. Usages
I.1.5. Toxicologie
I.2. Tamarindus indica L
I.2.1. Systématique, synonymes, noms vernaculaires
I.2.1.1. Systématique
I.2.1.2. Synonymes
I.2.1.3. Noms vernaculaires
I.2.2. Description botanique et répartition géographique
I.2.2.1. Description botanique
I.2.2.2. Répartition géographique
I.2.3. Chimie
I.2.4. Pharmacologie et usages
I.2.4.1. Pharmacologie
I.2.4.2. Usages
CHAPITRE II: RAPPELS SUR LES RADICAUX LIBRES
II.1. Généralités
II.2. Toxicité des radicaux libres
II.2.1. Action sur les protéines
II.2.2. Action sur les acides nucléiques
II.2.3. Action sur les lipides
II.3. Système de protection contre les radicaux libres
II.3.1. Les moyens de défense endogènes
II.3.1.1. Les systèmes enzymatiques
II.3.1.2. Les systèmes non enzymatiques
II.3.2 Les moyens de défense exogènes
CHAPITRE III: LES METHODES D’ETUDE DE L’ACTIVITE ANTIOXYDANTE
III.1. Test TEAC (Trolox Equivalent Antioxydant Capacity) ou test ABTS+ Decolorization Assay
III.2. Test DPPH (1, 1 diphenyl-2-picryl-hydrazyl)
III.3. TEST ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity)
DEUXIÈME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I: MATERIEL ET METHODES
I.1. Matériel et réactifs
I.1.1. Matériel végétal
I.1.2. Matériel de laboratoire
I.1.3. Réactifs
I.2. Méthode d’études
I.2.1. Extraction
I.2.2. Activité anti-oxydante: test au DPPH
I.2.2.1. Protocole expérimental
I.2.2.2. Expression des résultats et analyses statistiques
CHAPITRE II: RESULTATS
II.1. Rendement d’extraction
II.2. Dosage de l’activité antioxydante
II.2.1. Pourcentage d’inhibition
II.2.1.1. Piliostigma reticulatum
II.2.1.1.1. Feuilles de Piliostigma reticulatum
II.2.1.1.2. Ecorces de Piliostigma reticulatum
II.2.1.2. Tamarindus indica
II.2.1.2.1. Feuilles de Tamarindus indica
II.2.1.2.2. Extrait alcoolique des gousses de Tamarindus indica
II.2.1.2.3. Extrait aqueux des gousses de Tamarindus indica
II.2.1.3. Acide ascorbique
II.2.2. Concentration inhibitrice 50% (CI50)
CHAPITRE III: DISCUSSION
III.1. Rendement d’extraction
III.2. Activité anti-oxydante
CONCLUSION