MECANISMES D’ACTION DE L’ASTHENIE
La théorie actuelle des neurophysiologistes tend à l’intervention du centre de la vigilia dans les phénomènes d’asthénie. Celui ci se trouve dans la zone réticulaire du tronc cérébral et reçoit le nom de système réticulaire activateur (S.R.A). Ce S.R.A renforce l’activité du moteur réfléchi de la vigilia et la perception en plus d’activer certaines cellules corticales. (45) La non-activation de ce centre est responsable de l’apparition de diverses manifestations de la fatigue au niveau périphérique. Ceci expliquerait la symptomatologie polymorphe de l’asthénie (35).
Fatigue d’origine organique
Pratiquement toutes les maladies organiques s’accompagnent de fatigue. Celle-ci est rarement le seul symptôme présent, mais peut représenter pendant un temps la seule plainte du patient. Le problème n’est pas de reconnaître par cœur un catalogue mais d’avoir à l’esprit les principales causes possibles.
a- L’anémie : mérite une place introductive, car une baisse importante du taux d’hémoglobine est habituellement cause de fatigue avec essoufflements. Les causes d’anémie sont très nombreuses et souvent anodines : règles abondantes chez les porteuses de dispositifs intra utérins (alias stérilets), micro-hémorragies d’origine œsogastrique (reflux gastro-œsophagien), hémorroïdaires etc. Les autres causes seront évoquées au passage au fil des diverses pathologies (32).
b-Infections et parasites : toutes les maladies infectieuses aigues, surtout si elles s’accompagnent de fièvre sont cause de fatigue. Les maladies infectieuses chroniques peuvent évoluer longtemps sous le masque d’une fatigue croissante dans le temps où évoluant par poussées, parallèle à celle de la maladie (tuberculose, hépatites chroniques B et C, infection par le HIV… (29).
c-Toxiques ou médicaments :
Toxiques : l’intoxication chronique au monoxyde de carbone est rarement évoquée spontanément, et conduit au diagnostic d’asthénie psychogène. Une intoxication au plomb peut être prise pour un syndrome de fatigue chronique idiopathique. L’abus de substances toxiques (tabac, alcool, drogues illicites ou de substitution) est une cause classique de fatigue.
Médicamenteuses : le pharmacien d’officine dispensateur des médicaments, occupe une place de premier plan pour identifier la cause médicamenteuse de l’asthénie dont se plaint un patient. La suspicion d’un tel phénomène est une excellente occasion de collaboration pharmacien-patient-médecin, d’autant que le pharmacien peut également identifier des interactions entre les médicaments prescrits au même patient par des médecins différents. De nombreuses classes médicamenteuses peuvent être impliquées comme les antalgiques du pallier 2 de l’OMS, les morphiniques (prescrits ou détournés), les médicaments de substitution des opiacées (méthadone, buprénorphine), les psychotropes, les antihistaminiques, les bétabloquants, les hypoglycémiants, les anti-comitiaux, les antimitotiques, les diurétiques…
Les cancers : l’asthénie est fréquente chez les malades cancéreux et à souvent le caractère d’une faiblesse musculaire et d’une fatigabilité. Une fatigue est rarement l’occasion de la découverte d’un cancer, sauf en cas d’anémie ou d’atteinte pulmonaire importante. Le plus souvent la fatigue accompagne les traitements anticancéreux (chimiothérapie, radiothérapie), ou est le témoin de l’évolution ou d’une rechute de la maladie.
Endocriniennes : les plus fréquentes sont les affections de la thyroïde (hyperthyroïdies ou hypothyroïdies), le diabète surtout de type I, plus rarement des atteintes des surrénales ou des parathyroïdes. Le syndrome d’apnées obstructives du sommeil dont le seul signe est parfois une somnolence et une fatigue diurne.
Défaillances d’organe : les dysfonctionnements des principaux organes (cœur, poumons, reins, foie) sont responsables d’une fatigue accompagnée dans presque tous les cas de signes plus spécifiques. Les patients atteints d’insuffisances cardiaque, respiratoire, rénale, etc ressentent tous une fatigue qui est souvent au premier plan de leurs plaintes. L’insuffisance rénale est souvent associée à une anémie, qui aggrave la fatigue. Les démences débutantes sont fréquemment accompagnées de plaintes de fatigue.
Digestives : les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin sont responsables de diarrhées chroniques (maladie de Crohn, recto-colite ulcéro hémorragique (RCUH), intolérance au gluten), maladies gastro-intestinales, ulcère gastro-duodénal et les cancers digestifs.
Inflammatoires : les causes vasculaires, les connectivites, les granulomatoses systémiques sont des pathologies peu fréquentes qui s’accompagnent souvent d’une altération de l’état général qui est cependant rarement isolé. Une anémie accompagne fréquemment les maladies inflammatoires.
Rhumatologiques : les maladies inflammatoires rhumatismales (polyarthrite rhumatoïde, maladie de Horton, spondylarthrite ankylosante…) et les formes sévères d’arthrose entrainent lors de leurs poussées et du fait de la douleur une diminution du sommeil et de la qualité de vie du malade ce qui sera à l’origine des limitations de la mobilité liées aux handicaps.
Neurologiques : maladie de parkinson, sclérose en plaque…
DISCUSSION
Le but de ce travail était de faire l’inventaire des plantes utilisées pour soigner l’asthénie. Cette enquête a été faite auprès des tradipraticiens mais aussi auprès de la population. Notre échantillon est constitué pour les tradipraticiens de 82,5% d’hommes et de 17,5% de femmes. Cette tendance a aussi été constatée par (THIAM A.L. 2010) qui a travaillé à Dakar auprès des mêmes cibles mais sur des sujets différents avec un pourcentage de 84% d’hommes et de 16% de femmes et dont le travail portait sur la phytothérapie traditionnelle de l’asthme au Sénégal. Au niveau des ménages, nous avons interrogé 59 hommes et 51 femmes, soit 110 personnes au total et 53, 64% des personnes enquêtées sont des hommes. Nous expliquons ce pourcentage par la meilleure connaissance des plantes médicinales par les hommes. L’enquête montre une majorité de personnes âgées de 25 à 30ans, soit un pourcentage de 18,18% pour l’échantillon chez la population. Les tranches d’âge les plus importantes des tradipraticiens sont celles de 40-45 ans et 55-60ans qui représentent le même pourcentage, soit 20% de l’échantillon. Il faut remarquer que des études antérieures dans la région de Dakar et Thiès par (Thiam D. 2004) et portant sur d’autres plantes ont conduit à des résultats similaires. Le pourcentage d’âge plus élevé chez les tradipraticiens s’explique par le fait que chez les tradipraticiens, la tradition veut que le savoir se fasse par héritage et que seuls les ainés ont le pouvoir de succéder ; cela retarde ainsi l’accès des jeunes au savoir. Au terme de l’enquête, cinquante trois plantes appartenant à 43 familles ont été recensées. La population au nombre de 110 n’a pu identifier en moyenne que 7 plantes alors que les tradipraticiens de nombre plus restreint seulement 40, ont pu citer en moyenne 53 espèces. Cela montre que les tradipraticiens, même s’ils refusent de répondre la plupart du temps pour des raisons de secret professionnel, détiennent des répertoires de plantes médicinales de la pharmacopée traditionnelle sénégalaise. Les plantes les plus utilisées par la population sont : Grewia bicolor, Hibiscus sabdariffa et Gingiber officinale. Les plantes les plus utlisées par les tradipraticiens sont : Pterocarpus erinaceus, Ficus iteophylla, Grewia bicolor, Hibiscus sabdariffa et Gingiber officinale. Les autres sont faiblement citées (voir tableau VI et VII). Il faut remarquer qu’aussi bien chez la population que chez les tradipraticiens, Hibiscus safdariffa, Grewia bicolor et Gingiber officinale sont les plus sollicités pour le traitement de l’asthénie. L’utilisation de ces plantes précitées dans le traitement de l’asthénie est confirmée par certains comme DIATTA et COLL (2009). Ces plantes sont utilisées pour combattre la fatigue. L’utilisation de Grewia bicolor comme antiasthénique est bien connue au Sénégal. En effet cette plante est vendue dans plus de 70% des boutiques de Dakar pour combattre la fatigue (DIENG IN DIATTA et COLL 2009). La présence d’acides aminés dans les écorces (PARIS ET THEALLET IN DIATTA ET COLL 2009) pourrait expliquer la prétendue activité anti asthénique. Nous devons cependant relever que pour Hibiscus sabdariffa l’emploi comme antiasthénique se justifie par la présence relativement importante d’acide ascorbique et d’éléments minéraux dans le calice (KERHARO et ADAM IN DIATTA ET COLL 2009) Cependant pour la majorité des plantes citées, il manque des données scientifiques pour confirmer les prétendues vertus de ces plantes. Ceci montre que la phytothérapie peut bien apporter sa contribution aux problèmes que pose l’asthénie.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE DE L’ASTHENIE
I. DEFINITION DE L’ASTHENIE
II. MECANISMES D’ACTION DE L’ASTHENIE
III. ÉPIDEMIOLOGIE
IV. CONDITIONS D’APPARITION
V. DIFFERENTS TYPES DASTHENIE
1- L’asthénie somatique
a- L’asthénie endocrinienne et métabolique
b- L’asthénie cardiovasculaire et respiratoire
c- L’asthénie toxique et iatrogène disséminée
d- L’asthénie neurologique
e- L’asthénie néoplasique
f- L’asthénie hématologique
g- L’asthénie des maladies hépatiques
h-L’asthénie sexuelle
i- L’asthénie chronique
2- L’asthénie d’origine psychique
a- L’asthénie liée à des états anxieux chroniques
b- L’asthénie de type trouble somatotrope
VI. DEMARCHE DIAGNOSTIQUE
1- Interrogatoire
2- Examen clinique
3- Examen para -clinique
VII. LES CAUSES DE L’ASTHENIE
1- Fatigue d’origine organique
a- L’anémie
b- Infections et parasites
c- Toxiques ou médicaments
2- L’asthénie d’origine psychique
3- L’asthénie d’origine somatique
4- Autres causes
a- Les habitudes de vie
b- La qualité du sommeil
c- Les aspects spécifiques de la fatigue de l’enfant
d- Les aspects spécifiques de la fatigue chez la personne âgée
VIII. CONDUITE A TENIR
1- Conseillez une consultation rapide du généraliste traitant si
a- Le patient présente des anomalies visibles
b- Le patient ne présente pas d’anomalies visibles
c- Pas d’anomalies évidentes mais troubles ou symptômes évoquant un trouble psychique ou émotionnel sévère.
2- Prise en charge à l’officine
IX. COMMENT SOIGNER LASTHENIE
1- Privilégiez certains aliments dans votre régime alimentaire journalier
2- Prenez ces thérapeutiques naturelles pendant un mois et demi
3- Mesures d’hygiène
DEUXIEME PARTIE : ENQUETE ETHNOBOTANIQUE
I. OBJECTIF
II. METHODOLOGIE
1- Echantillonnage
a- Population d’étude
b- Critères de sélection
2- Instruments de collecte de données
3- Traitement de données
4- Identification botanique
5- Difficultés rencontrées
a- Les difficultés liées aux personnes interrogées
b- Les difficultés liées à la dénomination des espèces
III. LES RESULTATS ET COMMENTAIRES
1- Statut des personnes enquêtées
a- Répartition de la population selon le sexe
b- Répartition de la population selon l’âge
c- Répartition de la population selon la profession
2- Inventaire des plantes utilisées et leur fréquence de citation
3 Plantes utilisées contre l’asthénie : parties utilisées, mode de préparation et d’emploi
IV. PARTIES ET FORMES UTILISEES
1- Parties de plante utilisée
2- Formes utilisées
V. DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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