Phytopathologie de la tomate

Plusieurs études prospectives et épidémiologiques ont démontré qu’une consommation élevée de fruits et de légumes diminuait le risque de maladies cardio-vasculaires, de certains cancers et d’autres maladies chroniques. Quelques mécanismes d’actions ont été proposés pour expliquer cet effet protecteur. Entre autres, la présence d’antioxydants dans les fruits et les légumes pourrait y jouer un rôle [Bazzano et al, 2003 ; Lampe, 1999]. Parmi ces fruits et légumes, la tomate est aujourd’hui l’une des cultures légumières les plus répandues et les plus importantes économiquement. Selon les statistiques de la FAO, la production mondiale de tomates s’élevait en 2007 à 126,2 millions de tonnes pour une surface de 4,63 millions d’hectares, soit un rendement moyen de 27,3 tonnes à l’hectare [FAOSTAT, 2009]. A Madagascar, la culture industrielle ne fait que commencer à Ambato-Boeni. Il semblerait que les zones favorables soient la plaine de Betsiboka et le Moyen Ouest [Momento de l’Agronome, 2003]. En 2003, Madagascar a exporté 12 millions des tonnes pour 13,788 millions d’Ariary. L’année suivante, la production s’est élevée à 25 millions de tonnes pour 24,294 millions d’Ariary [INSTAT, 2004].

La tomate (Solanum lycopersicum) est une plante herbacée de la famille des Solanacées. Originaire du nord-ouest de l’Amérique du Sud, elle est largement cultivée pour son fruit climactérique. Le terme désigne aussi ce fruit charnu qui est l’une des légumes les plus importantes dans l’alimentation humaine et qui se consomme frais ou transformé. La tomate est devenue un élément incontournable de la gastronomie de nombreux pays, et tout particulièrement en Grèce (72 kg par habitant par an) [Prince jardinier, article 31, 2003], Italie, Espagne et en France. La culture de la tomate représente près du tiers des surfaces mondiales consacrées aux légumes. La tomate a donné lieu au développement d’une importante industrie de transformation, pour la production de concentrés, de sauces (notamment le ketchup), de jus et de conserves.

Etymologie

Le terme « tomate » vient de l’espagnol tomate, lui-même emprunté au tomatl (langue de la famille uto-aztèque) qui désignait le fruit de la tomatille (Physalis ixocarpa). En revanche le mot xictomatl (espagnol mexicain : jitomate) désigne la tomate (Lycopersicun esculentum) [Diccionario de la lengua espagnola, 2001 ; Smith, 2001]. La première appellation de « tomate » en français date de 1598 dans la traduction de l’ouvrage de José de Acosta : « Historia natural y moral de las Indias », par Robert Regnault. « Tomate » n’est entrée dans le dictionnaire de l’Académie française qu’en 1835, le fruit s’est longtemps appelé « pomme d’amour» ou « pomme d’or ». Certains affirment que c’est à cause de sa couleur rouge qui inspirait la passion ou parce qu’on le croyait aphrodisiaque. D’autres disent qu’il s’agit plutôt d’une traduction littérale de l’italien pomo d’amore, corruption de pomi di mori (pomme des Maures). Cette erreur viendrait de ce qu’on ignorait que la tomate venait d’Amérique. En effet, on attribuait habituellement aux Arabes l’introduction en Europe de tout nouveau légume ou fruit.

Le nom de la tomate figure dans les « mots sans frontières » recensés par Sergio Corrêa da Costa [Sergio da Costa, 1999]. On le retrouve en effet dans de nombreuses langues avec de faibles variations phonétiques et orthographiques. On a ainsi dans les langues européennes : tomato en anglais ; tomate en allemand, espagnol, français et portugais ; tomat en danois, norvégien, suédois et estonien ; tomaat en néerlandais, à l’exception notable de l’italien pomodoro et du polonais pomidor [Dauzat et al, 1971]. En malagasy : Voatabia (Haute terre), tamantesy (Nord-est), vondamoro (Est) .

Botanique

Description

La tomate est une plante herbacée sensible au froid, vivace sous climat chaud, généralement cultivée comme annuelle. C’est une plante à croissance indéterminée, mais il existe des variétés à croissance déterminée, c’est-à-dire dont la fonction végétative s’arrête précocement. Chez les variétés à port indéterminé, chaque bouquet floral est séparé par trois feuilles et la plante peut croître ainsi indéfiniment. Chez les variétés à port déterminé, les inflorescences sont séparées par deux feuilles, puis une feuille, avant de se retrouver en position terminale sur la tige. Son port dressé, en début de croissance, devient retombant ou semi-retombant au fil de la croissance et de la ramification des tiges, nécessitant des supports selon les types de culture.

Terminologie

Les termes utilisés pour décrire une tomate font référence à :
➤ sa couleur : blanche, jaune, noire, orange, rose, rouge, verte, violacée, violette, zébrée,
➤ son apparence : allongée, cerise, cerise hybride, cocktail, en forme de cœur, côtelé, en grappe, grosse, oblongue, petite, très grosse,
➤ sa chair : à cuire, bonne, dense, douce, ferme, parfumée, à peau épaisse, rustique, savoureuse,
➤ ses caractéristiques de production : port (déterminé, indéterminé, compact) , précoce, productive (moyennement, peu, très) , régulière, résistante, tardive, tolérante (au climat humide, à la chaleur).

Physiologie

La tomate cultivée est une plante à jours neutres, dont la floraison est indifférente au photopériodisme, ce qui a permis son adaptation sous diverses latitudes. Par ses fleurs hermaphrodites, elle est auto-fertile et principalement autogame. Cela résulte de la morphologie de la fleur : le style est, en effet, inséré dans le tube formé par les étamines, les stigmates n’apparaissant généralement pas à l’extérieur. Cela limite fortement la pollinisation croisée, sans l’interdire totalement. La pollinisation nécessite toutefois l’intervention d’un agent extérieur, le vent ou certains insectes comme les bourdons, capable de faire vibrer les anthères et de libérer le pollen [Benton, 1999]. Chez la tomate, la photosynthèse est du type « en C3 », c’est-à-dire qu’en première étape elle produit des hydrates de carbone à 3 atomes de carbone [Benton, 1999]. Elle est influencée notamment par la température de l’air, la teneur en CO2 et par l’intensité lumineuse.

Classification

La tomate, dont l’appartenance à la famille des Solanacées avait été reconnue par les botanistes de la Renaissance, a été classée scientifiquement par Linné en 1753 dans le genre Solanum, avec comme nom binomial Solanum lycopersicum. Le botaniste français Joseph Pitton de Tournefort avait placé la tomate cultivée à gros fruits dans le genre Lycopersicon qu’il décrivit formellement en 1694 dans son ouvrage Institution esreiher bariae [Peralta, 2006]. En 1768, Philip Miller, considérant que la tomate différait substantiellement des autres espèces du genre Solanum, telles la pomme de terre et l’aubergine, il la reclassa dans ce genre et la renomma Lycopersicon esculentum. Ce nom, qui eut un succès notable, ne respectait pas une règle de la nomenclature botanique qui veut que lorsqu’on déplace une espèce dans un nouveau genre, l’épithète spécifique (Lycopersicum) doit être conservée : Karst corrigea l’erreur en 1882 et publia le nom formellement correct, Lycopersicon lycopersicum. Ce nom a été peu utilisé, mais l’est toujours, notamment pour la réglementation phytosanitaire internationale [CE, 2000]. Le nom donné par Miller est toutefois resté le plus usité, mais les techniques modernes de biologie moléculaire ont permis d’établir des arbres phylogénétiques plus précis. Ceux-ci ont montré que la tomate devait être rattachée au genre Solanum, dans le même clade que la pomme de terre (Solanum tuberosum) [Mikanowski et al, 1999], donnant ainsi raison à Linné.

Taxonomie [Carl Von Linné 1753]

Règne : PLANTAE
Sous-règne : TRACHEOBIONTA
Division : MAGNIOLIOPHYTA
Classe : MAGNILIOPSIDA
Sous-classe : ASTERIDAE
Ordre : SOLANALES
Famille : SOLANACEAE
Genre : Solanum
Espèces : lycopersicum .

Synonymes

Liste des noms binomiaux synonymes de Solanum lycopersicum.
➤ Solanum lycopersicun [Carl Von Linné 1753]
➤ Lycopersicon esculentum [Philip Miller 1768]
➤ Lycopersicon pomumamoris [Conrad Moench 1794]
➤ Lycopersicon lycopersicum [Gustav Herman Karster 1882] .

Variétés botaniques

L’espèce Solanum lycopersicum compte plusieurs variétés botaniques, dont :
❖ Solanum lycopersicum esculentum à gros fruits, est la tomate cultivée de laquelle découlent presque toutes les variétés (cultivars) trouvées sur le marché.
❖ Solanum lycopersicum cerasiforme, la tomate cerise, est la seule forme sauvage du genre rencontrée en dehors de l’Amérique du Sud [Rick, 1986]. Elle est connue dans les Antilles et en Guyane françaises sous le nom de tomadose. Il est possible que la tomate cultivée ait été domestiquée à partir de cette forme sauvage.

Autres espèces de tomates

Outre Solanum lycopersicum, le genre Solanum comprend neuf (jusqu’à quinze selon certains auteurs) autres espèces de tomates [USDA, 2006] classées dans la section Lycopersicum. Toutes ces espèces, autrefois regroupées dans le genre Lycopersicum, sont originaires des régions andines du nord-ouest de l’Amérique du Sud, de l’Equateur au nord du Chili, à l’exception de deux : Solanum chmielewskii et Solanum galapagense, endémiques des îles Galápagos. Ces tomates sauvages, pour la plupart à fruits verts ou noirs, ne sont pas comestibles, sauf Solanum pennellii, la tomate-groseille, à fruits rouges de très petite taille, qui est à la base du véritable ketchup. Ces espèces sont toutes diploïdes avec le même nombre de chromosomes (2n = 24) que la tomate cultivée. Elles n’ont pas été domestiquées, mais constituent une réserve forte utile de variabilité pour l’amélioration de la tomate domestique. Plusieurs d’entre elles peuvent s’hybrider facilement avec Solanum lycopersicum à condition de prendre cette dernière comme femelle. Pour certaines espèces, comme Solanum peruvianum et Solanum chilense, le croisement nécessite le recours à la culture d’embryons immatures [Gallais, Bannerot, 1992].

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Table des matières

I-INTRODUCTION
II- RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE
II.1- Etymologie
II.2- Botanique
II.2.1- Description
II.2.2- Terminologie
II.2.3- Physiologie
II.2.4- Classification
II.2.4.1- Taxonomie
II.2.4.2-Synonymes
II.2.4.3- Variétés botaniques
II.2.4.4- Autres espèces de tomates
II.2.4.5-Valeur nutritionnelle
II.3- Histoire
II.3.1- Origines
II.3.2- Diffusion en Europe et dans le monde
II.4- Les ennemis de la tomate
II.4.1- Ravageurs
II.4.2- Les maladies
II.4.2.1- Maladies cryptogamiques
II.4.2.2- Maladies bactériennes
II.4.2.3- Maladies virales
II.4.3- Accidents physiologiques
II.4.4- Adventices
III. METHODOLOGIE
III.1- Première partie : POSTULAT DE KOCH DE LA TOMATE
III.1.4- Matériels et méthodes
III.1.4.1- Inoculation par blessure de la feuille
III.1.4.2- Inoculation par dépôt au niveau du collet
III.1.4.3- Isolement après postulat de KOCH
III.2- Deuxième partie : VALORISATION DES RECETTES TRADITIONNELLES
III.2.1- Traitement des plantes inoculées avec les recettes
III.2.2- Tests d’activité antibactérienne et antifongique
III.2.3- Isolement de bactéries présentes dans la recette n°1 non filtrée/non autoclavée
III.2.4- Traitement des plantes
IV- RESULTATS
IV.1- POSTULAT DE KOCH DE LA TOMATE
IV.1.1- Inoculation par dépôt au niveau du collet
IV.1.2- Inoculation par blessure de la feuille
IV.1.3- Isolement après postulat de KOCH
IV.2- VALORISATION DES RECETTES TRADITIONNELLES
IV.2.1- Test antifongique
IV.2.2- Test antibactérien
IV.3- Traitement des plantes
IV.4- Comparaison des bactéries isolées à partir de la recette et des bactéries isolées à partir des plates malades pendant le traitement
V. DISCUSSIONS
V.1- Phytopathologie des plantes
V.2- Postulat de Koch
V.3- Valorisation des recettes traditionnelles
VI- CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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