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Biologie du parasite
Agent pathogène
Les agents du paludisme sont des protozoaires de la classe des Sporozoaires appartenant au genre Plasmodium. Cinq espèces de Plasmodium peuvent parasiter l’homme : P falciparum, P. vivax, P. malariae, P. Ovale et P knowlesi. P falciparum est l’espèce la plus pathogène. P knowlesi a été reconnu en 2008 par l’OMS comme la cinquième
Vecteurs
es vecteurs du paludisme humain appartiennent à l’odre des Dipteres à la famille des Culicidae et au genre: Anopheles.
En Afrique tropicale, on retrouve 14 espèces d’anophèles vecteurs, dont 5 vecteurs principaux: An. gambiae s.s., An. arabiensis, An. funestus, An. nili s.l., An. mouchet (18).
La durée de vie de l’anophèle adulte est de 7 à 10 jours pour un mâle et de 2 à 4 semaines pour une femelle, en région tropicale. Seules les femelles sont hématophages. Fécondées, elles ont besoin d’un repas sanguin tous les 2 à 3 jours chez l’homme. Elles trouvent dans le sang de mammifères les éléments protéiques nécessaires au développement des ovocytes.
Cycle de vie de P falciparum.
Le cycle biologique des Plasmodiums se déroule alternativement chez deux hôtes : un hôte définitif qui est l’anophèle femelle hématophage hébergeant la reproduction sexuée ou sporogonie et un hôte intermédiaire représenté par l’homme chez qui se déroule la reproduction asexuée ainsi que la formation des premiers stades sexuées devant initier de la reproduction sexuée (Figure 4) (19).
Cycle chez l’homme
Chez l’homme, le cycle comporte deux phases: une phase hépatique ou exo-érythrocytaire et une phase sanguine ou intra-érythrocytaire.
Pendant leur repas sanguin, les Anophèles femelles infestés inoculent via leur salive des sporozoïtes dans un capillaire sanguin de l’homme (20-22). Ces sporozoïtes migrent vers le foie où ils traversent la paroi sinusoïde pour se retrouver dans les hépatocytes (21, 23).
Au cours de cette migration, de nombreux sporozoïtes sont détruits par les macrophages seul un petit nombre parvient à gagner les cellules du foie.
Dans les hépatocytes, les sporozoïtes se multiplient et au bout 1 à 2 semaines de maturation, ils se transforment en schizontes pré-érythrocytaires ou « corps bleus ». Ces schizontes intra-hépatiques éclatent et libèrent dans le sang environ 40 000 mérozoïtes pour P. falciparum qui vont initier la phase érythrocytaire.
Cette phase de multiplication est asymptomatique et dure de 8 à 15 jours selon les espèces (20, 24).
La phase érythrocytaire débute par l’invasion des hématies saines par des mérozoïtes libérés suite à la rupture des schizontes hépatiques. Cette invasion est un processus complexe faisant intervenir de multiples interactions entre ligands et récepteurs(26) à la suite desquelles le parasite entre dans l’hématie avec la formation d’une vacuole parasitophore.
Au sein de la vacuole parasitophore, le parasite se différencie d’abord en trophozoïte jeune puis âgé. Par la suite, il donne un schizonte intra-érythrocytaire, qui, après une segmentation se transforme en rosace renfermant 16 à 32 mérozoïtes pour P. falciparum. Ces derniers seront libérés dans le sang avec l’éclatement de la rosace. Les mérozoïtes pourront alors infectésr rapidement de nouvelles hématies saines (20, 27). Le cycle schizogonique (ou endoérythrocytaire) dure 48 heures. Elle est responsable de manifestations cliniques observées au cours du paludisme.
Après plusieurs schizogonies, certains mérozoïtes après invasion d’érythrocytes se différencient en formes sexuées appelées gamétocytes mâles et femelles. Ces gamétocytes ne peuvent poursuivre leur développement que s’ils sont ingérés un anophèle femelle (20, 21).
Cycle chez l’anophèle femelle
Lors d’un repas sanguin chez un individu infecté, l’anophèle femelle ingère les différents stades du parasite, avec le sang. Seuls les gamétocytes mâles et femelles émergent au sein des globules rouges infectés et subissent une fertilisation. Parvenus dans l’estomac du moustique, ils se transforment en gamètes. Le gamète mâle subit un processus d’exflagellation à la suite duquel les gamètes femelles sont fécondés. Cette fécondation permet la formation d’un œuf mobile appelé ookinète. Arrivé à maturité, l’ookinète traverse d’abord la matrice péritrophique, puis l’épithélium intestinal avant de se différencier en oocystes végétatives au niveau de la membrane basale de l’épithélium.
Au bout 10 à 14 jours, cette phase diploïde permet le développement de sporoblastes puis de sporozoїtes aux termes d’une division méiotique suivie de plusieurs mitoses. L’éclatement de l’oocyste libère des sporozoïtes mobiles dans la cavité du corps ou hémocèle. Ces sporozoïtes migrent vers les glandes salivaires de l’anophèle où ils pourront être à nouveau injectés à l’homme avec la salive lors d’un repas sanguin (28).
La durée du cycle sporogonique varie en fonction de la température extérieure et de l’espèce. Pour P. falciparum, ce cycle dure 12 jours à 25°C et 23 jours à 20°C (29).
MEROZOÏTE ET SES ANTIGENES
Les formes sanguines de P. falciparum sont les stades les plus explorés dans la recherche vaccinale. Elles sont surtout à l’origine de la symptomatologie des accès palustres simples et graves. Le stade de mérozoïte est encore le plus étudié et les investigations se sont surtout focalisées sur ses antigènes de surface comme les protéines de type MSP dont MSP1 (Merozoite Surface Protein-1), MSP3, MSP4 mais aussi l’antigène AMA1 (Apical Membrane Antigen-1) qui sont des candidats vaccins en cours d’évaluation. Les antigènes AMA-1 et MSP1-19 ont des zones dans la séquence génétique de P. falciparum.
Ultra-structure du mérozoïte
Le mérozoïte est la forme libre et invasive du parasite. La plupart des données relatives à sa structure ont été obtenues chez P. knowlesi. Les mérozoïtes de cette espèce étant moins fragiles que ceux des autres. La structure des mérozoïtes de P. falciparum a été décrite par Langreth en 1978 (30). C’est une petite cellule polarisée de forme ovoïde, avec une faible saillie à bout plat à une extrémité, mesurant environ 1,6 μm de long et 1 μm de large. Malgré sa petite taille, c’est une forme parasitaire très complexe contenant de nombreux organites apicaux impliqués dans le phénomène d’invasion des globules rouges: ce sont les rhoptries, micronèmes et granules denses (Figure 5). Le mérozoïte est recouvert d’un manteau, sous lequel, en plus de la membrane plasmique, se trouvent deux autres membranes connectées par un important matériel fibrillaire et reliées au cytosquelette.
Le manteau est épais, hérissé de poils et chaque poil est un bouquet de fines filaments de 2 à 3 nm ancrés par leurs bases au niveau de la membrane plasmique (32). Les filaments sont utilisés par le mérozoïte pour se fixer sur le globule rouge; ils sont ensuite laissés à la surface de ce dernier après l’invasion (33).
Quelques antigènes
Merozoïte Surface Protein 1 ou (MSP1)
C’est une protéine complexe de P. falciparum qui est un élément essentiel dans le processus d’invasion des érythrocytes (31). Elle est synthétisée au cours de la schizogonie sous forme d’un polypeptide précurseur de 200 kDa avant d’être exprimée à la surface du mérozoïte intra-érythrocytaire. L’analyse des séquences des gènes de plusieurs clones de P. falciparum, a permis de déterminer sa structure primaire divisée en blocs numérotés de 1 à 17 (Figure 6).
Ces blocs sont répartis en trois types: conservés, semi-conservés et variables. Les blocs 1, 3, 5, 12 et 17 sont très conservés, les blocs 4, 6, 8, 10, 14 et 16 sont variables. Le bloc 4 est l’un des plus variables et les blocs 7, 9, 11, 13 et 15 sont semi-conservés (34, 35).
Apical Membrane Antigen 1 ou AMA-1
C’est une protéine localisée dans les micronèmes et jouant un rôle essentiel dans l’invasion des hématies. Lors de sa maturation protéolytique, le précurseur d’AMA1 (83 kDa) est transporté au niveau du pole apical du mérozoïte où il sera convertit en une protéine de 66 kDa. Au moment de l’invasion, AMA166 est délocalisée à la surface du mérozoïte. La majeure partie de l’ectodomaine AMA166 est clivée libérant 2 fragments : un fragment de 48 kDa et un autre de 44 kDa. L’ectodomaine AMA166 solidement stabilisé par 8 ponts disulfures, est composé de 3 domaines: I, II et III (Figure 9).
PATHOLOGIE DE L’INFECTION PALUSTRE
Les manifestations cliniques du paludisme sont liées directement ou indirectement au cycle parasitaire notamment à la phase de schizogonie érythrocytaire. La gravité des symptômes dépend de l’espèce plasmodiale en cause, de la densité parasitaire et du degré de prémunition de l’hôte infecté. Deux principales formes cliniques sont observées dans l’infection par P. falciparum: l’accès palustre simple et les accès sévères ou accès pernicieux.
Accès palustres simples
La primo invasion apparaît chez un sujet non immun et le temps d’incubation est de 7 à 21 jours et parfois plusieurs mois pour P. vivax et P. ovale. Elle est cliniquement muette.
Lors de la phase d’état, la fièvre est la manifestation classique. Elle est observée au cours de l’étape sanguin du cycle parasitaire. Avec l’éclatement des schizontes intra-érythrocytaires, il y a une libération des mérozoïtes, d’un pigment plasmodial appelé hémozoïne et de différentes endotoxines aux propriétés pyrogènes comme la PfGPI. Ces substances sont à l’origine d’une inflammation et d’une fièvre (43). La crise débute brutalement par des frissons intenses et des tremblements. La fièvre atteint 40 à 41°C dans le paludisme à P. falciparum et persiste généralement pendant 2 à 4h. Elle est suivie d’une hypersudation. Ces accès de frissons et de fièvre intermittents sont observés et ils peuvent devenir périodiques survenant toutes les 48h pour les infections dues à P. falciparum, P. vivax et P. ovale (fièvre tierce), tandis que pour celles causées par P. malariae l’intervalle entre les crises est de 72h (fièvre quarte). En dehors de la fièvre, on peut observer des céphalées, des douleurs articulaires, des myalgies, une anémie et même un ictère, accompagné souvent de nausées et de vomissements. Un accès dû à P. falciparum peut à tout moment se transformer en une forme grave surtout chez les enfants et les personnes non immunes (44).
Formes graves du paludisme
Définition et critères du paludisme sévère:
L’accès pernicieux palustre a été initialement défini par Alphonse Laveran comme une «forme suraiguë de paludisme à P. falciparum susceptible de tuer rapidement le malade en 36 à 72h lorsqu’un traitement spécifique n’est pas rapidement et correctement institué» (45). Il touche essentiellement les sujets non immuns. Seule l’instauration rapide d’une prise en charge adaptée en réanimation peut alors permettre une survie du patient (46). Le décès, quand il survient, est secondaire à la défaillance aiguë d’une ou plusieurs grandes fonctions, et ce parfois même si la mise en place d’un traitement étiologique s’avère efficace (47, 48).
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Table des matières
INTRODUCTION
I. GENERALITES SUR LE PALUDISME
1. Historique
2. Epidémiologie de l’infection palustre
2.1. Paludisme dans le monde
2.2. Paludisme au Sénégal
3. Biologie du parasite
3.1. Agent pathogène
3.2. Vecteurs
3.3 Cycle de vie de Plasmodium falciparum
3.3.1. Cycle chez l’homme
3.3.2. Cycle chez l’anophèle femelle
4. Mérozoïte et ses antigènes
4.1. Ultra-structure du mérozoïte
4.2. Quelques antigènes
4.2.1. Merozoïte Surface Protein 19 (MSP119)
4.2.2.Merozoite Surface protein 4 (MSP4)
4.2.3. Apical Membrane Antigen 1(AMA1)
5. Pathologie de l’infection palustre
5.1. Accès palustres simples
5.2. Formes graves du paludisme
5.2.1. Définition et critères du paludisme sévère
5.2.2. Physiopathologie du paludisme sévère
5.2.2.1. Aspects physiopathologiques liés au parasite
5.2.2.2. Aspects physiopathologiques liés à l’hôte : phénomènes inflammatoires
5.2.3. Manifestations cliniques et biologiques du paludismeGrave
5.2.3.1. Atteinte neurologique ou neuropaludisme
5.2.3.2. Défaillance cardiovasculaire
5.2.3.3. Acidose métabolique
5.2.3.4. Atteinte rénale
5.2.3.5. Atteintes hématologiques
5.2.3.6. Hyper-parasitémie
5.2.3.7. Atteinte hépatique
5.2.3.8. Hypoglycémie
6. Immunité anti-palustre
6.1. Immunité innée
6.2. Immunité adaptative
6.2.1. Notion de prémunition
6.2.2. Les lymphocytes TCD4+ et TCD8+
6.2.3. Les lymphocytes B et les anticorps
7. Hypothèse et stratégie d’approche du travail
II. DEUXIEME PARTIE : TRAVAUX PERSONNELS
1. Site et cadre d’étude
1.1. Site d’étude
1.2. Cadre d’étude
2. Matériels
2.1. Matériels de laboratoire
2.2. Tampon servant à doser les anticorps par la technique ELISA
2.3. Matériels biologiques
2.3.1. Les plasmas étudiés
2.3.2. Les sérums contrôles
2.3.3. Les antigènes étudiés
3. Méthodes
3.1. Détermination des densités parasitaires
3.2. Détermination des données hématologiques
3.3. Stockage et transport des échantillons
3.4. Dosage des anticorps par la technique ELISA
3.5. Analyses statistiques des données
4. Résultats
4.1. Caractéristiques sociodémographiques de la population d’étude
4.2. Caractéristiques clinico-biologiques de la population d’étude
4.3. Evaluation des réponses anticorps dirigés contre les antigènes étudiés
4.3.1. Prévalences de répondeurs en IgG
4.3.2. Variation du niveau des réponses Ac suivant l’âge des patients
4.3.3. Variation du niveau des réponses Ac suivant les types d’accès palustres
4.3.3.1. Comparaison des taux d’Ac dans les accès simples et interrelations entre niveaux de réponse IgG et l’âge des patients.
4.3.3.2. Variations des réponses IgG selon la gravité chez les enfants
4.3.4. Variation des réponses Ac en fonction des données hématoparasitologiques
4.3.4.1. Variations des réponses Ac suivant l’existence ou non d’une anémie
4.3.4.2. Comparaison des taux d’Ac en fonction des densités parasitaires
4.3.4.3. Variation des réponses Ac suivant les taux de plaquettes
5. DISCUSSION
6. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
7. REMERCIEMENTS
8. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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