La fiรจvre jaune est une endรฉmie virale qui sรฉvit dans certaines rรฉgions dโAmรฉrique et dโAfrique. Cโest une maladie qui pose un vรฉritable problรจme de santรฉ publique car chaque annรฉe, on dรฉnombre 200 000 cas dont 20 000 ร 30 000 dรฉcรจs [57]. De grands รฉvรจnements sociaux ont รฉtรฉ profondรฉment modifiรฉs par les รฉpidรฉmies de fiรจvre jaune, ร savoir la conquรชte de lโAmรฉrique par les espagnols oรน les pertes approchaient 90% et le percement du canal de Panama, qui a fait autant de victimes. En Afrique de lโOuest, le Sรฉnรฉgal a payรฉ un lourd tribut ร la fiรจvre jaune avec des รฉpidรฉmies de 1778 ร 1927, annรฉes au cours desquelles une lutte intensive a รฉtรฉ menรฉe contre le vecteur de la maladie [28]. En 1940, des campagnes de vaccination systรฉmatiques firent disparaรฎtre les รฉpidรฉmies et un important dรฉclin est notรฉ de 1950 ร 1960, annรฉes au cours desquelles on pensait le problรจme de la fiรจvre rรฉsolu [60]. Mais la maladie rรฉapparut sous forme dโรฉpidรฉmies particuliรจrement meurtriรจres. Ce fut le cas en 1965 avec lโรฉpidรฉmie de Diourbel (20 000 cas avec une lรฉtalitรฉ de 11 ร 44%) [7,28,60]. A partir de 1965, une surveillance arbovirologique a รฉtรฉ mise en place, mais la situation รฉpidรฉmiologique de la fiรจvre jaune au Sรฉnรฉgal nโest pas satisfaisante. En effet, une รฉtude arbovirologique menรฉe en 1987 a mis en รฉvidence la recrudescence dโactivitรฉ de foyers selvatiques [56]. Ainsi, la fiรจvre jaune est rรฉapparue en 1995 ร Koungheul (73 cas dont 38 dรฉcรจs), en 1996 ร Kaffrine et actuellement des cas non confirmรฉs sont dรฉclarรฉs dans les rรฉgions de Thiรจs et Diourbel.
DEFINITION
La fiรจvre jaune est une maladie qui fut dรฉcrite pour la premiรจre fois au XIIe siรจcle au Mexique. Il sโagit dโune arbovirose due au virus amaril dont les hรดtes principaux sont les primates, mais transmis de faรงon accidentelle ร lโhomme par des moustiques hรฉmatophages [33]. La transmission du virus dโun sujet infectรฉ ร un individu sain par lโintermรฉdiaire dโun moustique a รฉtรฉ suggรฉrรฉe par FINLAY en 1881. La preuve apportรฉe au dรฉbut du XXe siรจcle a entraรฎnรฉ des mesures antivectorielles qui ont rรฉduit lโincidence de la maladie en Afrique et en Amรฉrique. Mais la prรฉsence dโun cycle enzootique de transmission du virus impliquant des moustiques sauvages et des singes, a empรชchรฉ lโรฉradication de la maladie qui survient de faรงon รฉpisodique dans les zones dโendรฉmicitรฉ, mรชme aprรจs de longues pรฉriodes de quiescence [8,32,47]. Le traitement dispensรฉ dans les hรดpitaux est purement symptomatique, ce qui fait que la prophylaxie vaccinale reste le seul moyen efficace de lutte contre la fiรจvre jaune.
EPIDEMIOLOGIE
Rรฉpartition gรฉographique
La fiรจvre jaune sรฉvit dans les rรฉgions intertropicales dโAfrique et dโAmรฉrique. En Afrique, la maladie se rencontre dans la zone intertropicale du 15รจme degrรฉ de latitude nord au 15รจme degrรฉ de latitude sud, cโest ร dire de la frontiรจre nord du Sรฉnรฉgal ร la frontiรจre sud de lโAngola ร lโexception toutefois de Djibouti, du nord de la Somalie et de Madagascar. En Amรฉrique intertropicale, elle va de Panama jusquโau 15รจme degrรฉ de latitude sud. Cโest une maladie quโon rencontrait jusquโร la fin du XXe siรจcle en Europe particuliรจrement au niveau des grands ports. LโAsie et le Pacifique sont curieusement รฉpargnรฉs malgrรฉ la prรฉsence des vecteurs et des primates [8,33,57].
Agent pathogรจne
La grande รฉpidรฉmie ouest africaine de 1926/1927 suscita une coopรฉration scientifique franco-anglo-amรฉricaine. A. STOKES et al. [52] isolรจrent la premiรจre souche du virus amaril ร partir dโun patient, M. ASIBI, prรฉlevรฉ ร Accra le 30 juin 1927. Cette souche ASIBI allait รชtre ร lโorigine du vaccin 17D ROCKEFELLER, mis au point par M. THEILER et H.H. SMITH en 1937 [44]. La souche de Dakar a รฉtรฉ isolรฉe par C. MATHIS et al. [35] ร partir dโun prรฉlรจvement effectuรฉ le 20 dรฉcembre 1927 sur M. MIYELI. Cette souche a permis de mettre au point le French Neurotropic Vaccine (FNV) qui fut rendu thermostable et utilisable par scarification cutanรฉe en association au vaccin antivariolique en 1939 par M. PELTIER et al. [43,49] Le virus amaril est le prototype du genre Flavivirus de la famille des Flaviviridae. Le virus dโune cinquantaine de nanomรจtres se compose dโune nuclรฉocapside entourรฉe dโune enveloppe dans laquelle sont encrรฉes les protรฉines M et E. Le gรฉnome est constituรฉ dโun ARN monocaternaire de sens positif constituรฉ de 11000 nuclรฉotides. Le virus amaril est inactivรฉ par lโรฉther, le chloroforme et le dรฉoxycholate de soude. Il est รฉgalement sensible ร la chaleur et ร la dessiccation. Il se conserve ร trรจs basse tempรฉrature en prรฉsence dโun protecteur albumineux. La culture du virus amaril peut se faire sur de nombreux types de cellules : cellules de reins de singe, de hamster ou de porc, sur embryon de poulet ou de moustique. Sur le plan antigรฉnique, il existe des diffรฉrences gรฉnรฉtiques importantes entre les souches dโAfrique de lโouest, dโAfrique centrale, dโAfrique de lโest et dโAmรฉrique du sud. Et ces grandes variations influent sur la physiopathologie de la maladie [23,33,54].
Le vecteur
La transmission du virus de la fiรจvre jaune dโun sujet infectรฉ ร un sujet rรฉceptif sain par lโintermรฉdiaire dโun moustique a รฉtรฉ suggรฉrรฉe dรจs 1881 par FINLAY et prouvรฉe au dรฉbut du XXe siรจcle par WALTER REED qui dรฉmontra le rรดle du moustique Aedes Egypti dans la transmission interhumaine [23].
En Afrique comme en Amรฉrique, on distingue trois types de modalitรฉs รฉpidรฉmiologiques qui font intervenir des vecteurs diffรฉrents [23,56,57].
Cas sporadiques en milieu selvatique
Il sโagit de sujets rรฉceptifs qui entrent dans ou au contact du cycle selvatique singe-moustique et sont contaminรฉs. Les vecteurs de ce cycle sont en Afrique divers Aedes primatophiles : Aedes africanus, Aedes luteocephalus, Aedes opock, Aedes furcifer, Aedes taylori. En Amรฉrique, ce sont des moustiques du genre Haemagogus dont Haemagogus janthynomis qui assurent la transmission dans le cycle selvatique.
Epidรฉmies rurales
Elles surviennent lorsque des populations mรชme immunes, sโinstallent au contact du cycle selvatique, en particulier le long des galeries forestiรจres. Les vecteurs selvatiques en particulier Aedes luteocephalus, Aedes furcifer, Aedes taylori quittent la forรชt pour piquer aux abords ou dans les villages. Ils peuvent assurer ร la fois la transmission du singe ร lโhomme et dโhomme ร homme. En Afrique de lโest, ce sont les singes infectรฉs qui, venant aux abords des villages, sont piquรฉs par Aedes simpsoni qui transmet le virus ร lโhomme. Cโest une espรจce qui se dรฉveloppe dans les aisselles de bananiers dans lโenvironnement pรฉridomestique.
Epidรฉmies urbaines
Elles rรฉsultent dโune transmission strictement interhumaine par des moustiques domestiques en particulier Aedes aegypti en Afrique et en Amรฉrique. Le plus souvent, il sโagit dโรฉpidรฉmies rurales qui sโurbanisent lorsque Aedes aegyptii est prรฉsent. Cโest ainsi que lโรฉpidรฉmie de Gambie puis celle du Nigeria, aprรจs avoir dรฉbutรฉ par un type rural, ont fini par atteindre les villes. Cโest aussi lโorigine des grandes รฉpidรฉmies portuaires des siรจcles derniers maintenant disparues. Mais le danger demeure toujours avec le dรฉveloppement des transports aรฉriens rapides et la pullulation dโAedes aegypti dans le contexte dโune urbanisation sauvage.
Mode de transmission et facteurs favorisantsย
La transmission de la fiรจvre jaune est assurรฉe par le vecteur qui sโinfecte en prenant son repas sanguin sur un homme ou un animal en phase virรฉmique. Les virus ingรฉrรฉs se multiplient en 12 jours et gagnent les glandes salivaires de lโarthropode ; ce dernier les inocule ร un homme ou ร un animal rรฉceptif au cours dโun nouveau repas sanguin. Le vecteur joue dans la plupart des cas, le rรดle de rรฉservoir de virus avec, รฉventuellement transmission transovarienne ร sa descendance. Les vertรฉbrรฉs dont lโhomme, sont toujours des amplificateurs. La transmission de la fiรจvre jaune est favorisรฉe par lโhumiditรฉ et la chaleur, mais le principal risque en zone dโendรฉmicitรฉ reste la promiscuitรฉ entre lโhomme et les singes dans un environnement oรน pullulent les moustiques vecteurs.
Lโimmigration et la baisse de la couverture vaccinale sont aussi des facteurs non nรฉgligeables de survenue dโรฉpidรฉmies [9,57].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : PHYSIOPATHOLOGIE DE LA FIEVRE JAUNE
I- DEFINITION
II- EPIDEMIOLOGIE
1- Rรฉpartition gรฉographique
2- Agent pathogรจne
3- Le vecteur
4- Mode de transmission et facteurs favorisants
III- LA CLINIQUE
IV- LE DIAGNOSTIC
1- Isolement du virus
2- Diagnostic sรฉrologique
3- Diagnostic anatomopathologique
4- Diagnostic diffรฉrentiel
V- LE TRAITEMENT
1- Traitement curatif
2- Traitement prophylactique
DEUXIEME PARTIE : ENQUETE ETHNOBOTANIQUE ET ETUDE MONOGRAPHIQUE
I- BUT DE LโETUDE
II- METHODOLOGIE
1- Echantillonnage
2- Difficultรฉs rencontrรฉes
III- RESULTATS ET COMMENTAIRES
1- Statut gรฉnรฉral des enquรชtรฉs
1.1- Herboristes et tradipraticiens
1.2- Mรฉnages
2- Donnรฉes relatives au diagnostic et ร la prise en charge de la fiรจvre jaune chez les enquรชtรฉs
2.1- Diagnostic
2.2- Prise en charge des enquรชtรฉs
3- Plantes de la phytothรฉrapie antiamarile
3.1- Plantes proposรฉes par les herboristes et tradipraticiens
3.2- Classification des plantes utilisรฉes par les mรฉnages d’aprรจs leur frรฉquence de citation
4- Paramรจtres statistiques relatifs ร lโefficacitรฉ des produits
4.1- Produits utilisรฉs par les mรฉnages
4.2- Produits utilisรฉs par les herboristes et les tradipraticiens
5- Paramรจtres statistiques relatifs ร lโaccessibilitรฉ des produits pour les mรฉnages
IV- ETUDE MONOGRAPHIQUE
1- Tinospora bakis (A. RICH) MIERS (Menispermaceae)
1.1- Appellations
1.2- Description botanique
1.3- Rรฉpartition gรฉographique et habitat
1.4- Chimie
1.5- Emploi et pharmacologie
2- Carica papaya L. (Caricaceae)
2.1- Appellations
2.2- Description botanique
2.3- Rรฉpartition gรฉographique et habitat
2.4- Chimie
2.5- Emploi et pharmacologie
3- Calotropis procera A.I.T (Asclepiadaceae)
3.1- Appellations
3.2- Caractรจres botaniques
3.3- Rรฉpartition gรฉographique et habitat
3.4- Chimie
3.5- Emploi et pharmacologie
4- Anogeissus leiocarpus (D.C.) G. et Perr (Combretaceae)
4.1- Appellations
4.2- Description botanique
4.3- Rรฉpartition gรฉographique
4.4- Chimie
4.5- Emploi et pharmacologie
5- Gardenia sp (Rubiaceae)
5.1- Appellations
5.2- Descriptions botaniques
5.2.1- Gardenia ternifolia
5.2.2- Gardenia triacantha
5.3- Rรฉpartition gรฉographique et habitat
5.4- Composition chimique
5.5- Emploi et pharmacologie
V- DISCUSSION
1- Statut gรฉnรฉral des enquรชtรฉs
2- Donnรฉes relatives au diagnostic et ร la prise en charge
3- Efficacitรฉ des traitements
4- Accessibilitรฉ des traitements
5- Produits de la phytothรฉrapie antiamarile
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES