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Physiologie de la douleur
Le message douloureux prend naissance au niveau des nocicepteurs, puis chemine le long des fibres nerveuses jusque dans la corne postรฉrieure de la moelle oรน un relais se met en place avec le second neurone. Le signal douloureux est ensuite transmit vers les ยซ centres de traitements ยป que sont le tronc cรฉrรฉbral / lโhypothalamus/ le thalamus/ le systรจme limbique et cortex cรฉrรฉbral, qui enverront par le biais des voies descendantes, une rรฉponse pour lutter contre la douleur.
Tout au long de ce trajet, on retrouve des points de modulations et des zones de dysfonctionnement possibles pouvant รชtre ร lโorigine de douleurs chroniques inadaptรฉes.
Niveau pรฉriphรฉrique :
ยท Il est composรฉ des nocicepteurs, terminaisons libres amyรฉliniques des fibres sensitives, rรฉpartis de faรงon homogรจne au niveau de la peau et des articulations
(600 terminaisons libres au cm2) et de faรงon plus anarchique pour les viscรจres, entrainant une localisation de la douleur moins prรฉcise.
On retrouve diffรฉrents types de nocicepteurs :
– Les nocicepteurs polymodaux, activรฉs par toutes sortes de stimulis (mรฉcanique, thermique, chimique)
– Les mรฉcano-nocicepteurs, activรฉs comme leurs noms lโindiquent, par des stimulations douloureuses ร type de pression, dโรฉtirement, ischรฉmie. (Retrouvรฉs, entre autre, au niveau des viscรจres, des parois vasculaires, des muscles striรฉs โฆ..). Ils se prolongent par les fibres A
– Les nocicepteurs profonds, des viscรจres, sont en gรฉnรฉral sensibles ร la traction, la distension et au spasme, mais insensibles ร la pression, la coupure et la brรปlure.
Les nocicepteurs prรฉsentent plusieurs caractรฉristiques :
– Ils ont une absence dโactivitรฉ spontanรฉe
– Ils ont un seuil de rรฉponse รฉlevรฉ nรฉcessitant une stimulation thermique/ chimique/ รฉlectrique/mรฉcanique intense et avec un seuil de dรฉcharge corrรฉlรฉ au seuil de douleur.
– Ils vont entrainer une modification de la permรฉabilitรฉ des membranes permettant la crรฉation dโun potentiel dโaction qui va diffuser le long de la fibre nerveuse jusquโร la corne postรฉrieure de la moelle.
– Ils peuvent acquรฉrir une sensibilisation anormale par stimulation douloureuse rรฉpรฉtรฉe (hyperalgรฉsie primaire)
ยท Le message douloureux chemine ensuite le long des fibres sensitives dont le corps cellulaire se trouve dans le ganglion rachidien postรฉrieur, jusquโร la corne postรฉrieure de la moelle รฉpiniรจre On retrouve diffรฉrents types de fibres sensitives :
– Les fibres A alpha et A Beta, gros calibres et fortement myรฉlinisรฉes ร conduction trรจs rapide (30 ร 120 m/s) conduisent les sensations tactiles et proprioceptives non nociceptives.
– Les fibres A delta, petits calibres et faiblement myรฉlinisรฉes ร conduction rapide (4 ร 30 m/s), transmettent la premiรจre perception douloureuse mรฉcanique et/ou thermique ร valeur localisatrice ร type de piqure brรจve (douleur รฉpicritique). (Distribution superficielle)
– Les fibres C, trรจs petits calibres et amyรฉliniques ร conduction lentes (< 2m/s), transmettent un message douloureux plus diffus et plus tardif ร type de brulure. Ils ont un seuil de dรฉcharge des potentiels dโaction bien corrรฉlรฉ au niveau dโintensitรฉ de la sensation douloureuse. (Distribution profonde en majoritรฉ)
ยท La transmission dโun phรฉnomรจne douloureux en message nerveux se fait via les mรฉdiateurs pรฉriphรฉriques.
Les stimulations thermiques et mรฉcaniques activent directement les nocicepteurs. Les lรฉsions traumatiques/ inflammatoires ou ischรฉmiques entrainent la libรฉration dโun grand nombre de substances chimiques via les tissus lรฉsรฉs, les cellules sanguines, les macrophages
โฆ. Ce qui permet lโactivation des nocicepteurs. On parle de ยซ soupe inflammatoire ยป. Deux grands types de mรฉdiateurs existent :
– Ceux dit ยซ allogรจnes ยป (bradykinine/ histamine / sรฉrotonine, peptide P) qui activent directement les nocicepteurs
– ceux qui sensibilisent les nocicepteurs ร dโautres stimuli. (prostaglandines)
Niveau mรฉdullaire
Toutes les fibres dont le corps cellulaire se trouve dans le ganglion rachidien (ou protoneurone) au niveau de la racine dorsale du nerf spinal converge vers les neurones spinothalamiques (deutoneurone) de la corne postรฉrieure de la moelle รฉpiniรจre, qui recueillent des informations de topographie et de qualitรฉ diffรฉrentes.
ยท Organisation spatiale des fibres sensitives :
รผ Les fibres de petit calibre font relais au niveau des couches de Rexed (numรฉrotรฉes de I ร V) avec le second neurone (deutoneurone). En fonction de lโorigine de la douleur, les messages se distribuent sur des couches mรฉdullaires diffรฉrentes. Elles envoient รฉgalement des affรฉrences dans plusieurs niveaux mรฉdullaires, permettant un recouvrement important entre des territoires diffรฉrents. Mais au niveau de la couche V, le deutoneurone reรงoit des informations des fibres ayant pour origine des zones cutanรฉes et viscรฉrales, expliquant les douleurs projetรฉes.
รผ Une partie des fibres sensitives envoie des collatรฉrales vers la colonne vรฉgรฉtative de la moelle รฉpiniรจre, engendrant des rรฉactions vรฉgรฉtatives et motrices en rรฉponse ร la douleur.
รผ Les fibres de gros calibre cheminent directement vers les centres supรฉrieurs par le cordon ipsi-latรฉral.
ยท Les voies ascendantes :
รผ les fibres de petits calibres : Lโaxone du deuxiรจme neurone croise en majeur partie la ligne mรฉdiane par la commissure grise antรฉrieure (dรฉcussation) pour cheminer dans le cordon ventro latรฉral controlatรฉral. Il existe plusieurs faisceaux, dont la plus part sont mixtes (composantes somatique et viscรฉrale) ex : faisceau spino-thalamique a pour origine les couches I-IV-VIII de Rexed , composรฉ du : 1/ faisceau nรฉo-spino-thalamique ร conduction rapide qui transmet les informations des fibres A delta permettant une perception sensorielle nociceptive prรฉcise sur lโintensitรฉ, la qualitรฉ et la localisation de la douleur.
Les centres supรฉrieurs
ยท Les fibres de petits calibres
– Le faisceau nรฉo-spino-thalamique fait relais dans le thalamus latรฉral pour se terminer dans lโaire somesthรฉsique I pariรฉtale permettant une identification fine de la qualitรฉ, intensitรฉ et localisation de la douleur.
– Le faisceau palรฉo-spino โthalamique est une voie multi synaptique qui se termine dans le thalamus mรฉdian et dans la formation rรฉticulaire du tronc cรฉrรฉbral (gรฉnรฉrant une rรฉaction dโรฉveil ร la douleur), permettant ainsi lโรฉlaboration des rรฉactions motrices et รฉmotionnelles ร la douleur. Le troisiรจme neurone situรฉ dans le thalamus mรฉdian rallie secondairement :
รผ lโhypothalamus (rรฉaction vรฉgรฉtative)
รผ le striatum (rรฉactions motrices automatiques et semi-automatiques)
รผ le cortex prรฉfrontal (composante affective)
รผ le cortex limbique (mรฉmorisation et genรจse de comportement de protection, composante cognitivo-comportementale). La projection corticale de la formation rรฉticulaire induit lโรฉtat de rรฉveil et dโalerte associรฉe ร la douleur, ainsi que lโanxiรฉtรฉ et lโinsomnie.
– Les faisceaux spino-rรฉticulaires et spinaux mรฉsencรฉphaliques se projettent au niveau de la rรฉticulรฉe du tronc cรฉrรฉbral pour informer du caractรจre nociceptif du message sensitif.
– Le faisceau spino-solitaire se termine dans le noyau du tractus solitaire du bulbe qui reรงoit รฉgalement des affรฉrences vagales et joue un rรดle dans les rรฉponses neurovรฉgรฉtatives.
ยท Les fibres de gros calibres
Elles se terminent dans les noyaux graciles et cunรฉiformes du bulbe infรฉrieur puis rejoignent le thalamus vento-postรฉro-latรฉral aprรจs avoir croisรฉ la ligne mรฉdiane. De lร , elles cheminent vers le cortex somesthรฉsique, transmettant la sensibilitรฉ tactile et kinesthรฉsique et en informant sur la topographie, les modalitรฉs, lโintensitรฉ et la durรฉe des stimulations pรฉriphรฉriques.
les freins physiologiques
ยท En pรฉriphรฉrie :
Action dโendomorphines sur diffรฉrents neuromรฉdiateurs pรฉriphรฉriques (sur la substance P)
ยท Au niveau mรฉdullaire
Le GATE CONTROL, dรฉcrit par Melzack et Wall en 1965. Les fibres sensitives de plus gros calibres (A delta et Alpha) ร conduction rapide inhibent le message douloureux transmit par les fibres nociceptives de petit calibre ร conduction plus lente par lโintermรฉdiaire dโinter neurones de la substance gรฉlatineuse de la corne postรฉrieure. Avec de faibles stimulations tactiles (frottement, massages) sur la zone douloureuse, les fibres de gros calibres sont activรฉes et permettent une inhibition segmentaire de la douleur (Base du TENS, massages…)
ยท Au niveau supra mรฉdullaire
– Sous le contrรดle du Thalamus, les voies descendantes permettent une diminution de la douleur ร lโaide de deux neurotransmetteurs principaux. La voie sรฉrotoninergique stimule le bulbe et la voie Noradrรฉnergique stimule la SGPA (substance grise pรฉri aqueducale) et le locus Coeruleus.
– Les contrรดles inhibiteurs descendants dรฉclenchรฉs par stimulations nociceptives ou CIDN (Diffuse Noxious Inibitory Control) mรฉdiรฉs par les endomorphines et la sรฉrotonine. Cโest une boucle de rรฉtroaction nรฉgative spino-bulbo-ponto-mรฉsencรฉphalo-spinale permettant une inhibition plurisegmentaire de la transmission nociceptive au niveau mรฉdullaire. Les neurones convergents transmettent de multiples informations nociceptives ou non nociceptives, en trainant une sorte de ยซ brouhaha ยป rendant lโidentification prรฉcise de la douleur difficile. Grรขce ร ces contrรดles inhibiteurs, on observe une rรฉduction dโactivitรฉ des neurones non concernรฉs par la douleur et donc une augmentation du signal du neurone activรฉ par le stimulus douloureux. (Principe appliquรฉ en acupuncture).
ยท Les endomorphines
Elles se trouvent en forte concentration ร tous les niveaux (substance gรฉlatineuse de la corne postรฉrieure de la moelle รฉpiniรจre, formation rรฉticulรฉe, locus coeruleus..). On les classe en trois familles : les endorphines (opioรฏdes endogรจnes qui inhibent la substance P), les enkรฉphalines, les dynorphines.
Elles agissent sur cinq types de rรฉcepteurs spรฉcifiques : mu/delta/eta/sigma/kappa, retrouvรฉs en forte densitรฉ dans le systรจme nerveux :
O Emotion, dรฉtournement de lโattention (bases de lโhypnose avec effet distractif)
O Contracture musculaire reflexe empรชchant lโextension de la douleur en verrouillant lโarticulation. Elle a un effet antalgique dans un premier temps mais qui deviendra algique si la contracture perdure
La douleur survient donc lorsquโil y a un dรฉsรฉquilibre en faveur des messages excitateurs : excรจs de nociception ou dรฉficit des contrรดles inhibiteurs ou les deux.
Physiopathologie de la douleur chronique
Des dysfonctionnements au niveau de la rรฉgulation de la douleur peuvent apparaitre ร chaque รฉtape, soit par lรฉsion tissulaire soit par excรจs (durรฉe, intensitรฉ, frรฉquence) du signal douloureux.
Douleur par excรจs de nociception
En pรฉriphรฉrie
ยท lโHyperalgรฉsie primaire : Une inflammation tissulaire prolongรฉe entraine une diminution du seuil dโactivation des nocicepteurs accompagnรฉe dโune augmentation de lโamplitude des potentiels dโaction engendrรฉs et donc du message douloureux transmit aux centres supรฉrieurs.
ยท Lโhyperalgรฉsie secondaire concerne les tissus sains pรฉri lรฉsionnels. Le rรฉflexe dโaxone ou inflammation neurogรจne, est un mรฉcanisme qui cause la libรฉration de neuromรฉdiateurs allogรจnes prรฉsents dans le ganglion rachidien, dans les tissus sains pรฉri lรฉsionnels. Ce qui provoque lโactivation des fibres sensitives adjacentes et la diffusion de la sensation nociceptive en tรขche dโhuile.
ยท Une lรฉsion (traumatique โฆ) sur les fibres sensitives pรฉriphรฉriques peut entrainer des dรฉcharges inadaptรฉes de potentiels dโactions ou la propagation du message nociceptif vers une autre fibre sensitive. Il y a donc conduction dโun signal douloureux qui nโa pas lieux dโรชtre (douleur post zostรฉriennes, neuropathies diabรฉtiques)
ยท Le systรจme nerveux sympathique peut participer en sรฉcrรฉtant de faรงon inappropriรฉe de la Noradrรฉnaline. On retrouve ce mรฉcanisme dans le ยซ Complexe regional pain syndrome ยป de type I (algodystrophie) et type II (causalgie). Cliniquement, ce syndrome provoque des douleurs ร type de brรปlure accompagnรฉ de troubles vasomoteurs, trophiques et sudation.
ยท La contraction motrice rรฉflexe ร la douleur provoque une augmentation de la douleur.
Niveau mรฉdullaire
ยท Lโhyperalgรฉsie centrale : Au niveau de la corne postรฉrieure de la moelle, on peut observer, ร la suite de multiples stimulations nociceptives du SNC (en nombre, en durรฉe, en intensitรฉ), un abaissement du seuil dโactivation du second neurone qui acquiรจre donc une capacitรฉ inappropriรฉe ร gรฉnรฉrer un potentiel dโaction ร la rรฉception dโun influx somesthรฉsique non nociceptif.
Douleur neuropathique
Les lรฉsions du SNC (au niveau mรฉdullaire, thalamique, corticale) ou du systรจme nerveux pรฉriphรฉrique sont ร lโorigine de douleur neuropathiques.
ยท Dรฉcharges ectopiques : au niveau des fibres lรฉsรฉes, on observe une prolifรฉration anormale des canaux ioniques entrainant une dรฉpolarisation facilitรฉe voire spontanรฉe de ces neurones.
ยท Lโatteinte des grosses fibres A Beta empรชche le mรฉcanisme de ยซ GATE Control ยป dรฉcrit plus haut, facilitant donc la diffusion du message douloureux.
ยท Les รฉphases, ou connexions aberrantes entre fibres nerveuses sensitives apparues
suite ร des lรฉsions tissulaires/ nerveuses, entrainant lโapparition de messages douloureux inappropriรฉs suite ร des stimulations normalement non douloureuses.
c/ Douleur idiopathique et psychogรจne : douleur dysfonctionnelle
Cโest un diagnostique dโexclusion. On ne trouve pas de cause organique ร la douleur, mais il existe des signes objectifs de dรฉrรฉgulation du systรจme. Les thรฉrapeutiques antalgiques sont souvent inefficaces.
ย Douleur mixte
Association possible de ces trois mรฉcanismes.
Diffรฉrents types de douleur
Douleur aigue
La douleur aigue est un signal dโalarme intense, brutal et limitรฉ dans le temps dont le but est de prรฉserver lโintรฉgritรฉ dโun tissu et destinรฉ ร disparaitre. Par exemple, douleurs post opรฉratoire, douleurs viscรฉrales, fracturesโฆ
Douleur chronique
Plusieurs dรฉfinitions successives ont tentรฉ dโexpliquer la variabilitรฉ inter individuelle de la douleur chronique, autant sur le plan temporel quโau niveau du ressenti personnel et de lโimpact sur le quotidien. En 1999, ANAES retient comme dรฉfinition ยซ une expรฉrience sensorielle et รฉmotionnelle dรฉsagrรฉable, liรฉe ร une lรฉsion tissulaire existante ou potentielle, ou dรฉcrite en terme รฉvoquant une telle lรฉsion, รฉvoluant depuis plus de 3 ร 6 mois et/ou susceptible dโaffecter de faรงon pรฉjorative le comportement ou le bien รชtre du patient, attribuable ร toute cause non maligne ยป
Celle-ci met bien en รฉvidence les diffรฉrentes composantes impliquรฉes dans la douleur chronique, telle que la composante sensorielle, motrice, autonome, affective.., dโoรน la nรฉcessitรฉ dโune prise en charge globale multidimensionnelle de la personne douloureuse.
Syndrome douloureux chronique
La dรฉfinition du syndrome douloureux chronique retenue par lโHAS, permet de mettre en รฉvidence le caractรจre multidimensionnel et complexe de la douleur chronique dans sa prรฉsentation et son retentissement.
La douleur chronique prรฉsente plusieurs des caractรฉristiques suivantes :
ยท Douleur persistante ou rรฉcurrente
ยท Durรฉe au delร de ce qui est habituel pour la cause initiale prรฉsumรฉe, notamment si la douleur รฉvolue depuis plus de 3 mois
ยท Rรฉponse insuffisante au traitement
ยท Dรฉtรฉrioration significative et progressive du fait de la douleur, des capacitรฉs fonctionnelles et relationnelles du patient dans ses activitรฉs de la vie journaliรจre, au domicile comme ร lโรฉcole ou au travail.
La douleur peut-รชtre accompagnรฉe :
ยท De manifestations psychopathologiques
ยท Dโune demande insistante par le patient de recours ร des mรฉdicaments ou des procรฉdures mรฉdicales souvent invasives, alors quโil dรฉclare leur inefficacitรฉ ร le soulager.
ยท Dโune difficultรฉ du patient ร sโadapter ร la situation.
Le modรจle en 3 stades de Gatchel et Weisberg tente dโexpliquer lโรฉvolution de la douleur aigue au syndrome douloureux chronique.
ยท En premier, la douleur aigue est accompagnรฉe de rรฉactions รฉmotionnelles comme la peur, lโinquiรฉtude, lโanxiรฉtรฉ.
ยท Le second stade correspond ร une tentative ร faire face ร une douleur qui se chronicise, par des rรฉactions inadaptรฉes dรฉpendantes de la personnalitรฉ et du milieu socio-รฉconomico-culturel propre ร chacun : impuissance, dรฉpression, colรจre, somatisationโฆ
ยท Le troisiรจme stade est vu comme celui de la ยซ rรฉsignation ยป oรน un รฉcart se creuse entre les composantes neurobiologiques et les manifestations comportementales. Le patient adopte un ยซ rรดle de malade ยป lui apportant des bรฉnรฉfices secondaires et lui permettant de se soustraire aux responsabilitรฉs normales et obligations sociales habituelles.
Les opioรฏdes en dรฉtail
Les opiacรฉs sont des produits dรฉrivรฉs de lโopium. Les opioรฏdes est le terme utilisรฉ pour dรฉfinir toute substance se liant ร un rรฉcepteur des opiacรฉs.
Les diffรฉrents opioรฏdes forts.
ยท Il existe des opioรฏdes endogรจnes (enkรฉphalines, endorphines et dynorphines) dont leur rรดle comme neurotransmetteur ou neuromodulateur est trรจs probable mais non encore totalement รฉlucidรฉ.
Les opioรฏdes agissent sur diffรฉrents rรฉcepteurs :
ร Rรฉcepteurs ยต (Rรฉcepteurs des endorphines): action analgรฉsiante centrale et spinale et responsables de la dรฉpression respiratoire. Ils se trouvent majoritairement dans la substance pรฉriaqueducale et dans la substance gรฉlatineuse au niveau de la moelle.
ร Rรฉcepteurs K (Rรฉcepteurs des enkรฉphalines) : responsables dโune analgรฉsie, dโune sรฉdation et dysphonie, ils sont prรฉsents au niveau de la moelle รฉpiniรจre.
ร Rรฉcepteurs Delta (Rรฉcepteurs des dynorphines) : analgรฉsie spinale et dรฉpendance.
ร Rรฉcepteurs Omรฉga : effets psycho mimรฉtiques
ร Rรฉcepteurs Sigma : neuro-modulation
Ils bloquent le signal nociceptif en inhibant lโentrรฉe de Calcium dans le neurone prรฉ synaptique et en augmentant lโentrรฉe de Potassium dans le neurone post synaptique. Une mรชme substance opioรฏde peut interagir sur plusieurs rรฉcepteurs diffรฉrents et se comporter comme un agoniste pur avec certains et comme un agoniste partiel ou mรชme un antagoniste avec dโautre. Lโobjectif รฉtant de trouver ร terme, des molรฉcules de plus en plus spรฉcifiques, stimulant un seul type de rรฉcepteur et ainsi diminuer les effets indรฉsirables inhรฉrents aux opioรฏdes.
ยท Les opioรฏdes forts synthรฉtiques sont essentiellement reprรฉsentรฉs par les agonistes purs, caractรฉrisรฉs par lโabsence ยซ dโeffet plafond ยป (c’est-ร -dire effet ยซ dose dรฉpendant ยป, avec pour seule limite lโoccupation de tous les rรฉcepteurs). Chaque produit possรจde sa propre sรฉlectivitรฉ vis-ร -vis des rรฉcepteurs aux opiacรฉs. Les agonistes partiels antagonistes, (buprenorphine et nalbuphine) ont une efficacitรฉ plafonnรฉe. En cas dโassociation avec des agonistes purs et si ils prennent leur place sur les rรฉcepteurs, ils diminuent lโeffet antalgique des agonistes purs en agissant comme des antagonistes.
Les agonistes compรฉtitifs (Nalaxone) se fixent ร un rรฉcepteur mais nโont aucun effet sur celui-ci. Ils ont un effet antagoniste en prรฉsence dโun agoniste sur ces recepteurs. Ils sont mรฉtabolisรฉs par le foie et รฉliminรฉs par voie urinaire
ยท Cas particulier de la morphine
Effet analgรฉsique dโaction principalement centrale par une action spinale direct en empรชchant la remontรฉe de lโinflux gรฉnรฉrรฉ aux extrรฉmitรฉs pรฉriphรฉriques des fibres C et A delta (inhibition de la production de la substance P) et par une action spinale indirecte sur les contrรดles inhibiteurs descendants. De plus, dans les douleurs avec inflammation, la morphine a une action pรฉriphรฉrique de stabilisation des nocicepteurs stabilisรฉs.
Rappels pratiques
En 2004, lโAFSSAPS/HAS publie une ยซ Mise au point sur le bon usage des opioรฏdes forts dans le traitement de douleurs chroniques non cancรฉreuses ยป (6) (avis dโexpert). Cette publication donne des outils pratiques pour dรฉbuter un traitement par opioรฏdes forts (forme galรฉnique, posologie de dรฉpart et dโentretien, les modalitรฉs dโarrรชt) et permet dโinsister sur quelques points essentiels :
ร Les douleurs chroniques non cancรฉreuses doivent รชtre รฉvaluรฉes de faรงon multidimensionnelle et prises en charge dans leur globalitรฉ (composante somatique, psychologique et socio-professionnelยป
ร La stratรฉgie dโutilisation des antalgiques par paliers selon lโOMS pour les douleurs cancรฉreuses nโest pas transposable ร tous les syndromes douloureux chroniques.
ร Les opioรฏdes forts sont un traitement de deuxiรจme intention dans les douleurs chroniques non cancรฉreuses.
ร Certains syndromes douloureux chroniques ne rรฉpondent pas aux opioรฏdes, particuliรจrement ceux dont le mรฉcanisme physiopathologique est mal expliquรฉ).
ร Ne pas hรฉsiter ร prendre un avis auprรจs dโun praticien spรฉcialiste dans une structure de prise en charge de la douleur.
ร Toujours รฉvaluer la balance bรฉnรฉfice/risque (effets indรฉsirables) ร lโintroduction/ poursuite du traitement par opioรฏdes.
ร Principe de rรฉfรฉrence : ยซ Au terme dโune pรฉriode test, le rapport bรฉnรฉfice/risque de lโutilisation dโun opioรฏde fort est considรฉrรฉ comme favorable si lโeffet antalgique est jugรฉ significatif par le patient et le mรฉdecin et les effets indรฉsirables mineurs, en lโabsence dโeffets convexes (abus, dรฉpendance) ยป
Quelques annรฉes plus tard, la Sociรฉtรฉ franรงaise de Mรฉdecine gรฉnรฉrale publie un guide sur ยซ Comment bien prescrire un opioรฏde fort dans les douleurs sรฉvรจres ? ยป. (14) Une version est ร destination des mรฉdecins gรฉnรฉralistes et une autre ร destination des patients. Ces recommandations se basent ร partir dโune revue de la littรฉrature et ont pour but dโaider les professionnels de santรฉ ร mieux apprรฉhender, gรฉrer et donc prescrire des opioรฏdes forts.
Plus rรฉcemment (en 2016), la SFETD (Sociรฉtรฉ Franรงaise dโEtude et de Traitement de la Douleur) a publiรฉ un rapport concernant lโ ยซ Utilisation des opioรฏdes forts dans la douleur chronique non cancรฉreuse chez lโadulte ยป(15). A partir dโune revue de la littรฉrature et dโavis dโexperts, elle met en avant 15 recommandations de bonnes pratiques cliniques (dรฉtaillรฉes plus bas).
Recommandations gรฉnรฉrales
La douleur reste la plainte majoritaire (40 %) rencontrรฉe en mรฉdecine et plus particuliรจrement en mรฉdecine de ville (12). Face ร cette douleur, de nombreux mรฉdecins demeurent rรฉticents ร la mise en place dโune thรฉrapeutique antalgique par opioรฏdes (16).
Les recommandations proposรฉes ci-dessous proviennent du guide de bon usage des opioรฏdes รฉditรฉ par la Sociรฉtรฉ franรงaise de mรฉdecine gรฉnรฉrale (14) et du rapport de la Sociรฉtรฉ franรงaise dโEvaluation et de traitement de la douleur (15) de janvier 2016.
Evaluation de la douleur
Dans un premier temps, il sโagit dโรฉvaluer la douleur ร travers ses diffรฉrentes composantes.
ยท Lโintensitรฉ
Des รฉchelles sont ร utiliser en pratique courante, telles que lโรฉchelle numรฉrique/ lโรฉchelle visuelle analogique ou lโรฉchelle verbale simple. Ces รฉchelles nรฉcessitent une participation active du patient et ne sont donc pas utilisables dans toutes les situations.
INTRODUCTION โ Partie 2 : Rappels pratiques
ร Pour les patients non communiquants, il existe des รฉchelles adaptรฉes, comme lโAlgoplus
On peut rรฉpรฉter cette grille dโรฉvaluation aprรจs les actions antalgiques. Elle ne sert pas ร comparer les patients entre eux.
ร Pour rechercher une composante neuropathique, le questionnaire DN4 est un outil dโaide au diagnostic
Le diagnostic de douleur neuropatique est posรฉ pour un score supรฉrieur ou รฉgal ร 4.
ยท Caractรฉristiques : Topographie, irradiation
Type de douleur : coup de poignard/ brulures/ constriction/ fourmillements. Facteurs dรฉclenchants, facteurs soulageants
Horaire (inflammatoire ou mรฉcanique) – Mode dโapparition – รฉvolution
ยท Le retentissement sur la vie courante.
Certains questionnaires permettent dโรฉvaluer le retentissement de la douleur sur plusieurs composantes. Cโest le cas du questionnaire de la douleur de Saint Antoine (QDSA), qui est lโadaptation franรงaise du questionnaire de la douleur de Mc Gill. Des รฉchelles comportementales peuvent apprรฉhender le retentissement de la douleur sur le comportement quotidien : le STAI, le BECK ou le HADS .
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Table des matiรจres
Serment dโHippocrate
Remerciements
Prรฉambule
Introduction
Partie 1. Rappels thรฉoriques
A/ Physiologie de la douleur
a/ Niveau pรฉriphรฉrique :
b/ Niveau mรฉdullaire
c/ Les centres supรฉrieurs
d/ les freins physiologiques
B/Physiopathologie de la douleur chronique
a/ Douleur par excรจs de nociception
b/Douleur neuropathique
c/ Douleur idiopathique et psychogรจne : douleur dysfonctionnelle
d/ Douleur mixte
C/ Diffรฉrents types de douleur
a/ Douleur aigue
b/ Douleur chronique
c/ Syndrome douloureux chronique
D/ Les opioรฏdes en dรฉtail
a/ Les diffรฉrents opioรฏdes forts.
b/ Principaux effets secondaires des opioรฏdes :
c/ tableau des รฉquivalences
d/ Perspectives dโรฉvolution
Partie 2 : Rappels pratiques
A/ Recommandations gรฉnรฉrales
a / Evaluation de la douleur
b / Pour quelles douleurs ?
c / quels opioรฏdes choisir ?
d / Recherche des contre indications ร lโusage des opioรฏdes forts
e / Rรจgles de prescription
f/ Mise en route du traitement
g / Adaptation des doses
h / Lโordonnance
i/ Effets indรฉsirables
j/ Informations complรฉmentaires ร dรฉlivrer lors de la 1รจre prescription
k/ Rรฉรฉvaluation du patient
l/ Rotation des opioรฏdes
m/ Mรฉsusage et addiction
n/ surdosage en morphinique
B/ Les principaux opioรฏdes en mรฉdecine gรฉnรฉrale.
C /Mesures associรฉes
D/ freins et obstacles ร la prescription des opioรฏdes
Objectifs de lโรฉtude
Mรฉthodologie de lโรฉtude
Rรฉsultats discutรฉs de lโรฉtude
a/ Epidรฉmiologie de lโรฉtude
b/ De la thรฉorie ร la pratique, รฉtude intrinsรจque des rรฉsultats
c/ De la thรฉorie ร la pratique, รฉtude extrinsรจque des rรฉsultats
d/ Le point de vue des gรฉnรฉralistes
Conclusion
Bibliographie
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