physiologie et pathologie en gérodontologie

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Physiologie et pathologie en gérodontologie

La gérodontologie comprend la gérontologie et l’odontologie, elle est aussi appelée odontologie gériatrique. Cette nouvelle discipline regroupe les problèmes odontologiques spécifiques au troisième âge : problèmes chirurgicaux, endodontiques, prothétiques, parodontaux… Le complexe dento-maxillo-facial subit des dégradations en rapport avec les modifications de l’organisme dans son ensemble ; c’est-à-dire à plusieurs niveaux : tissulaire, cellulaire et métabolique en général, qui résultent de la conjonction de nombreux facteurs : sénescence physiologique, agressions pathologiques, et effets iatrogènes de certains médicaments.

Vieillissement de l’appareil manducateur

L’appareil manducateur se compose de plusieurs parties (présentées dans le tableau ci- dessus) se divisant en tissus durs, tissus mous et fluides.

La dent

La dent se compose de plusieurs parties : l’émail, la dentine et la pulpe. Les dents sont constituées d’une couronne visible recouverte d’émail et d’une racine enfouie sous la ligne gingivale et recouverte par un cément proche de l’os. La dentine, matériau plus dense que l’os et extrêmement sensible à la douleur, constitue la majorité de la substance dentaire. Elle recouvre un noyau de pulpe myxomateuse, contenant les structures vasculaires et nerveuses. La dent est maintenue fermement dans l’alvéole dentaire par le parodonte, qui supporte des structures constituées de la gencive, de l’os alvéolaire, du cément et du ligament alvéolo-dentaire. Le desmodonte relie fermement le cément de la dent à l’os alvéolaire. Il existe, au dessus de ce ligament, un collier de gencive attachée, située juste en dessous de la couronne. Quelques millimètres de gencive libre ou non attachée (1 à 3 mm) recouvrent la base de la couronne, formant ainsi un sillon superficiel, situé le long de la frontière gencive-dents. (8, 11, 17)
Figure 3: schéma structurel de la dent
L’émail se modifie par usure physiologique lente et progressive. Il devient plus perméable et résiste moins aux acides cariogènes du fait de l’augmentation de son contenu en minéraux et de la taille des cristallites de surfaces. Sa surface présente souvent des craquelures et des fêlures. Il est fréquent de constater des résorptions en « coup de hache » aux collets vestibulaires qui augmentent avec l’âge.
La dentine devient plus minéralisée et prend un aspect translucide. Elle évolue vers une dégénérescence scléreuse par hyper calcification progressive, avec un dépôt de dentine secondaire et de dentine péri-tubulaire entraînant une obturation des tubili dentinaires, qui peut aller jusqu’à oblitération complète des canaux radiculaires. Ces modifications de structure des tissus durs sont rarement douloureuses du fait de la rétraction pulpaire et de la sclérose de dentine et de pulpe.
La chambre pulpaire et les canaux radiculaires se rétrécissent rendant difficiles les traitements endodontiques. Le plafond pulpaire se rapproche progressivement du plancher pulpaire, d’après Seltzer et Bender (1984). Il est admis qu’à partir de 70 ans la quasi-totalité de la pulpe camérale est comblée par du tissu minéralisé. Avec l’âge, le contenu fibreux augmente alors que la population cellulaire (fibroblastes et odontoblastes) diminue de même que la vascularisation et l’innervation. La dent devient moins sensible aux tests de vitalité et aux préparations.
Le vieillissement de la dent se caractérise par une perte progressive de tissus et par une usure graduelle de la surface dentaire (attrition), favorisée par les phénomènes d’abrasion et d’érosion. L’attrition est la conséquence de la friction occasionnée par la mastication et les contacts répétitifs avec les dents opposées sur la partie occlusale. C’est le principal mécanisme d’usure lié au vieillissement. L’abrasion est l’usure occasionnée par d’autres facteurs (hors mastications) comme le brossage dentaire trop vigoureux, l’utilisation de pâtes dentaires trop abrasives, la consommation de nourriture abrasive… Chaque portion de la dent présente ses propres modifications qui peuvent être augmentées par certaines habitudes de vie (tabac, alcool, dentifrices abrasifs) (8, 11, 17)

Le parodonte

C’est l’ensemble des tissus parodontaux : gencive, desmodonte, cément et os alvéolaire. Il subit des modifications progressives, cumulées et irréversibles au cours du vieillissement.
• La gencive
L’épaisseur de la couche kératinisée diminue avec l’âge sur le plan histologique. Les tissus gingivaux seront alors plus vulnérables et leurs résistances aux agressions physiques seront amoindries. Le tissu gingival s’atrophie graduellement avec l’âge et les problèmes à ce niveau semblent plutôt associés à une déficience de l’hygiène bucco-dentaire, au port de prothèses dentaires inadéquates, à la résorption de l’os alvéolaire, à la rupture du ligament parodontal et aux maladies parodontales, à la malnutrition et à la prise de médicaments. (8)
• Le desmodonte
Il ne présente pas de dégénérescence spécifique, son espace desmodontique pouvant diminuer à cause de calcifications du conjonctif, ou s’élargir. (8)
• Le cément
L’épaisseur de la couche cémentaire augmente avec l’âge. Néanmoins, cette hypercémentose est en fonction de la dent concernée, car elle compense l’usure physiologique de la dent. (8, 17)
• L’os alvéolaire
C’est la structure la plus touchée par le vieillissement. Les crêtes alvéolaires et l’os inter-radiculaire diminuent en hauteur et en épaisseur. La balance entre les phénomènes de résorption et d’apposition est déplacée en faveur de la résorption. On note avec le vieillissement, une raréfaction de l’os alvéolaire qui peut être accélérée au cours de maladies parodontales ou d’édentation, et accentuée dans les premières années suivant une extraction dentaire. Elle est la cause d’une diminution de la hauteur de la crête alvéolaire qui supporte les prothèses. (8, 17)

La langue et les muscles

Les fibres musculaires s’atrophient et sont remplacées progressivement par du tissu conjonctif. Il s’ensuit une diminution de 20 % de la force masticatoire vers l’âge de 65 ans. Les papilles gustatives s’atrophient aussi, perturbant la fonction gustative, de même que les muscles de la langue (apparition de fissures sur la langue). Ces changements gustatifs sont probablement dus et associés à un manque d’hygiène bucco-dentaire, et à une diminution de l’olfaction. (8, 17)

L’articulation temporo-mandibulaire

La diminution de la dimension verticale par abrasion dentaire, l’atrophie des muscles masticateurs et parfois l’ostéoporose entraînent progressivement de nouvelles conditions anatomiques et fonctionnelles des articulations temporo-mandibulaires, ce qui entraînent souvent à ce niveau des algies. Il existe des modifications dégénératives avec diminution des condyles mandibulaires, et aplanissement des surfaces articulaires. Les changements musculaires se caractérisent par une atrophie accentuée par l’édentation ou de la faible utilisation des dents, qui contribue à une diminution de la force masticatoire et à l’allongement de la durée des repas. On assiste à des changements dégénératifs de l’ATM qui provoquent douleurs, céphalées, limitations de l’ouverture buccale ainsi que des bruits masticatoires et luxations. L’arthrose est une cause fréquente de douleurs masticatoires. (8, 11, 17)

La muqueuse buccale

On observe une atrophie graduelle de l’épithélium et une diminution de la régénération tissulaire. Les lèvres s’amincissent et le repli angulaire s’accentue. De manière générale, l’ensemble de la muqueuse orale s’atrophie et un phénomène de kératinisation des joues apparaît. Le problème d’atrophie se trouve d’emblée aggravé par la diminution naturelle du flux salivaire. (8, 11, 17)

Les glandes salivaires et la production de salive

Il y a une atrophie fibreuse des unités sécrétoires et du système canalaire des glandes salivaires, entraînant une diminution de la sécrétion salivaire (hyposialie). Cette hyposialie peut être aggravée par les antécédents médicaux et leurs traitements (par exemple : psychotropes, hypotenseurs, antiparkinsoniens). L’hyposialie a pour conséquence une sécheresse de la muqueuse buccale, un auto-nettoyage dentaire insuffisant, une diminution de la protection des tissus durs des dents, entraînant une susceptibilité augmentée à la carie. En effet, la salive joue un rôle essentiel dans la sensation de bien-être d’une personne âgée et dans la protection de la muqueuse buccale. Elle permet la rétention des prothèses dentaires, la mastication et le bon déroulement de la première phase de digestion. Il ne semble pas y avoir avec l’âge de diminution marquée de la production salivaire malgré une atrophie glandulaire. Les glandes salivaires sont particulièrement sensibles aux médicaments, aux facteurs environnementaux et aux maladies. Leurs inflammations ou infections occasionnelles rendent parfois l’alimentation douloureuse. La diminution de la production salivaire peut altérer la mastication et la préparation des aliments en vu d’une déglutition réussie. La salive est essentielle à la santé buccale. Son absence amène à la dégradation voire à la perte dentaire. Ses composants principaux, l’eau et la mucine servent de solvant de nettoyage et de lubrifiant. Elle contient également des facteurs antimicrobiens, des facteurs épidermiques de croissance, des minéraux et des systèmes tampons. (1, 8, 17, 46, 47)
La sensation de bouche sèche (xérostomie) se manifeste lorsque la sécrétion salivaire est diminuée de 50%. Cette sensation est un symptôme buccal important chez le sujet âgé puisque 25% à 60% des plus de 65 ans s’en plaignent (46,47)

Vieillissement et hygiène bucco-dentaire

La santé bucco-dentaire occupe une place privilégiée dans la vie quotidienne de tout individu, mais particulièrement chez la personne âgée. En effet, une personne âgée peut facilement s’isoler, soit à cause d’édentation, de prothèses inadéquates qui rendent son sourire moins esthétique ou encore de mauvaise haleine causée par un manque d’hygiène buccale. Le patient âgé présente souvent une altération des capacités physiques et intellectuelles. Les méthodes de brossage des dents utilisées depuis longtemps, deviennent inefficaces. En effet, la fonction motrice diminuée, l’atteinte de l’habilité manuelle, l’alimentation trop sucrée et l’hyposialie, favorisent le plus souvent une hygiène bucco-dentaire défectueuse. Une prothèse inadéquate ou de la xérostomie peuvent aussi contribuer à des troubles d’élocution. L’état bucco-dentaire de la personne âgée a un impact important sur son état de santé. Le risque de dénutrition associé à des difficultés masticatoires qui peuvent entrainer un manque d’apports nutritifs important expose la personne à une susceptibilité accrue aux infections, au déconditionnement, à un risque accru de chutes par faiblesse musculaire progressive pouvant aboutir à une immobilisation le plus souvent délétère (9). De plus, la diminution du taux d’albumine serait statistiquement liée à la présence de caries radiculaires et de nombreux troubles buccaux sont impliqués dans la perte de poids de plus de 10% (halitose, hygiène buccale insuffisante, bouche sèche, douleurs, lésions des muqueuses) (9, 49). Une bouche en pleine santé exerce un rôle primordial dans l’alimentation en permettant de mieux gouter la nourriture, de mastiquer et ainsi préparer le bol alimentaire pour une meilleure déglutition et digestion. Certains auteurs rapportent que les personnes les plus exposées à la maladie dentaire associée à la plaque incluent les personnes atteintes de maladie neurologique dégénérative ou de démence, celles ayant des dépendances fonctionnelles, souffrant de xérostomie, ayant des antécédents de caries multiples, souffrant de troubles de comportement lors de soins dentaires, présentant de la dysphagie, souffrant de diabète ou immunodéprimées. (1, 10, 11)
De plus, de nombreuses personnes âgées ne peuvent avoir accès à des soins dentaires en raison des coûts et de l’impossibilité de se déplacer (8).
La plupart des personnes âgées prennent plusieurs médicaments qui peuvent avoir des effets sur la santé bucco-dentaire en causant une xérostomie, qui accélère l’usure dentaire, amplifie le phénomène de carie, augmente l’adhérence de la nourriture, altère la mastication, allonge le temps des repas, diminue la stabilité des prothèses et affecte la sensation générale de bien-être.
L’hygiène bucco-dentaire est l’application de technique de nettoyage pour enlever la plaque bactérienne des dents naturelles, prothèses dentaires et des tissus mous adjacents. Elle est essentielle au maintien de la santé bucco-dentaire. En 24 heures, la plaque dentaire, constituée de nombreuses bactéries, s’organise et forme un dépôt mou qui est un mélange de ces bactéries, d’une matrice de salive et de débris alimentaires. Cette plaque bactérienne se dépose sur les surfaces dentaires linguales et gingivales. Elle modifie l’homéostasie bactérienne buccale, et est la source de multiples affections dont les caries de couronne et de racine, la maladie parodontale, la surinfection mycotique et l’halitose. Il est impératif de la déloger régulièrement et efficacement, sinon avec le temps, cette plaque se transforme en dépôts durs (tartre), plus difficile à déloger. L’enseignement de la prévention en santé dentaire est relativement récent et les personnes âgées n’ont souvent pas été informées de ces nouveaux changements. Les personnes âgées porteuses de prothèses dentaires n’ont souvent reçues que de l’information verbale de leur chirurgien-dentiste au moment de la mise en place de leurs prothèses ce qui engendre la fausse croyance que les problèmes buccaux cessent avec la perte de dents. La personne âgée éprouve parfois des difficultés à assurer son hygiène bucco-dentaire de façon appropriée, à cause de plusieurs facteurs : handicap physique, déficit cognitif, troubles visuels, fausses croyances. Il est néanmoins possible d’aider à pallier des déficits par des objets adaptés aux handicaps avec l’aide d’un ergothérapeute. L’enseignement de l’hygiène bucco-dentaire est essentiel, tant pour la personne âgée autonome que pour l’aidant principal ou le soignant qui supervise la personne moins autonome. (8)

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Table des matières

I. INTRODUCTION
II. 1ere PARTIE : GENERALITES
a. le diabète
1) Définitions
2) Traitements
3) Suivi
b. physiologie et pathologie en gérodontologie
1) Vieillissement de l’appareil manducateur
1. La dent
2. Le parodonte
3. La langue et les muscles
4. L’articulation temporo-mandibulaire
5. La muqueuse buccale
6. Les glandes salivaires et la production de salive
2) Vieillissement et hygiène bucco-dentaire
3) Pathologies bucco-dentaires les plus fréquentes chez les personnes âgées
1. Les parodontopathies
2. Les caries dentaires
3. Les lésions d’usures
4. Les pathologies des tissus mous
4) Pathologies bucco-dentaires chez la personne âgée Diabétique
5) relations entre santé bucco-dentaire et état de santé général
6) aspect socio-économiques et culturels chez la personne âgée
III. 2eme PARTIE : ENQUETE EPIDEMIOLOGIQUE
a. Objectifs de l’étude
1) Objectifs généraux
2) Objectifs spécifiques
b. Patients et Méthodes
1) Contexte
1. Population cible
2. Zone géographique
2) Critères de sélection
c. Résultats
1) Caractéristiques sociodémographiques
2) Etude de l’ensemble des données récoltées
1. Diabète
i. Données générales
ii. Suivi
iii. Traitements
2. Etat de santé bucco-dentaire
3) Etudes comparatives de données recueillies autour de patients avec un binôme médecin chirurgien dentiste
1. Diabète
i. Données générales
ii. suivi
2. Etat de santé bucco-dentaire
4) Avis médico-odontologiques
5) Ressenti bucco-dentaire du patient
d. Discussion
e. Conclusion
IV. Annexes
V. Bibliographie

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