L’élevage joue un rôle important dans l’économie sénégalaise. Sa valeur ajoutée est évaluée à 263 milliards de FCFA en 2010 (SENEGAL, 2011). La contribution de l’élevage dans la valeur ajoutée totale du secteur primaire se situait à 23,6% en 2010. En 2010, l’élevage a représenté 4,1% du PIB national (SENEGAL, 2011). La production locale de lait en 2011 était estimée à 184 millions de litres (DIREL cité par DIA, 2013). Cependant elle ne couvre pas les besoins du pays, ce qui explique les importations massives de lait et de produits laitiers évaluées en 2011 à 234,9 millions de litres en équivalent lait. La production de lait a également connu un accroissement de 1,6%, passant de 227904 mille litres à 231597 mille litres entre 2010 et 2011, en liaison avec la progression des productions de lait d’ovins (2,6%), de caprins (2,8%) et de bovins (1,0%). Le lait produit en 2011 est essentiellement composée du lait de bovins (62,0%), de caprins (23,0%) et d’ovins (15,0%). La production extensive représente plus de 84% de la production totale de lait.(ANSD, 2011). En conséquence, la production laitière au Sénégal dépend essentiellement de l’élevage extensif pratiqué par la majorité (92%) des éleveurs (HABIMANA, 2012). L’amélioration de la production laitière nécessite alors la mise en place des programmes et des techniques adaptés à cet élevage extensif caractérisé par la transhumance. L’une des techniques qui pourrait améliorer la production laitière, et s’adapter à ce type d’élevage, est l’insémination artificielle (IA) sur chaleurs naturelles (CN). L’IA sur CN a été introduite dans la région de Kaolack en 2006 par l’EISMV de Dakar (HAKOU, 2006). Après avoir expliqué aux éleveurs la différence entre l’IA sur CN et l’IA sur chaleurs induites (CI), 77% des enquêtés ont préféré celle sur CN (ASSEU, 2010). L’un des motifs qui a été à la base du choix de l’IA sur CN par les éleveurs était que, cette technique est moins chère par rapport à l’IA sur CI. KOUAMO (2006) a rapporté que la contrainte principale à l’adoption de l’IA est, dans 67% des cas, liée au coût très élevé. L’étude menée en 2012 a montré que 81% des éleveurs de la région de Kaolack savent bien la différence entre IA sur CI et l’IA sur CN (HABIMANA, 2012). Par conséquent, il est important d’évaluer le degré d’adoption de l’IA par rapport aux CN et la perception sur la qualité du lait auprès des acteurs de la chaine de valeur lait. Cette évaluation pourrait être à la base de la mise en place d’un programme à grande échelle, visant l’amélioration de la production laitière basée sur cette technologie qui pourrait être prometteuse.
Physiologie de la reproduction chez la vache laitière
Généralités sur l’insémination artificielle (IA) sur chaleurs naturelles (CN) et l’IA sur chaleurs induites (CI)
L’IA est réalisée après l’apparition des chaleurs ou œstrus (manifestations qui surviennent au cours du cycle œstral). Lorsque les chaleurs (œstrus) apparaissent naturellement au cours du cycle œstral c.-à-.d sans l’intervention de l’homme l’insémination faite est appelée l’IA sur CN. Par contre, si elle est pratiquée après l’avènement des chaleurs induites par l’homme, elle est dite l’IA sur CI. Ainsi, nous constatons que la différence fondamentale pour les deux modalités d’IA est la manière d’apparition des chaleurs chez la vache. Soit les chaleurs apparaissent naturellement au cours du cycle œstral, d’où l’importance de connaître le cycle œstral. En effet, la maîtrise du cycle œstral nous permet de déterminer le moment d’apparition des chaleurs chez la vache afin de réussir l’IA. Soit elles se manifestent par l’induction, d’où l’importance de maîtriser l’induction et la synchronisation des chaleurs chez la vache. Nous remarquons également que le dénominateur commun pour les deux types d’insémination est l’IA. Pour cette raison, il est important d’avoir une connaissance solide en matière d’IA.
Ainsi, l’IA sur CN sera développée à travers les éléments suivants : Cycle œstral de la vache, détection des chaleurs chez les vaches et l’insémination artificielle. Quant à l’IA sur CI, elle sera abordée à travers les points que sont l’induction et synchronisation des chaleurs, détection des chaleurs chez les vaches et l’insémination artificielle.
Avantages de l’IA sur CN
L’IA sur CN est moins chère, car pas de dépenses liées à l’induction et la synchronisation des chaleurs. Par conséquent, il est possible d’accroître la productivité laitière en inséminant plusieurs vaches.
Inconvénients de l’IA sur CN
L’inconvénient majeur est la difficulté de détection des chaleurs, soit du fait qu’elles sont silencieuses ou le propriétaire de l’animal n’est pas expérimenté ou il est absent au moment où les chaleurs apparaissent. Les chaleurs non détectées entrainent la perte de 21 jours correspondant à la durée du cycle œstral, sans oublier les dépenses liées à l’entretien de la vache. Pour cette raison l’éleveur doit avoir d’autres moyens de détection des chaleurs mais aussi consacrer une grande partie de son temps à suivre les animaux. De plus les animaux doivent être bien nourris afin qu’il y ait la manifestation des chaleurs.
Avantages de l’IA sur CI
La date de pratiquer l’insémination est plus précise. Ainsi, il est possible de grouper les gestations et par conséquent les périodes de lactation. En conséquence, l’éleveur peut gérer efficacement son troupeau en produisant beaucoup de lait au même moment, ce qui lui permet de gagner beaucoup d’argent. Egalement, le propriétaire des animaux consacre peu de temps aux animaux, et il peut valoriser son temps en menant d’autres activités qui ne sont pas liées à l’élevage.
Inconvénients de l’IA sur CI
Il y a beaucoup de dépenses liées à l’induction et la synchronisation des chaleurs. Par conséquent le nombre de vaches à inséminer est limité par les moyens disponibles. Souvent les matériels utilisés lors de l’induction des chaleurs comme les spirales vaginales sont perdus, ce qui augmente les dépenses de refaire les mêmes prestations, et allonge les périodes improductives.
Rappels anatomiques de l’appareil génital femelle
L’appareil génital de la femelle comporte trois grandes parties :
1. Une partie glandulaire constituée par les ovaires qui joue une double fonction :
✓ l’ovogenèse : processus de la formation, de la croissance et de la maturation du gamète femelle ;
✓ l’endocrine : production d’hormones œstrogènes et progestatives déterminant l’activité génitale sous le contrôle hypothalamo-hypophysaire.
2. Une partie tubulaire constituée par l’utérus (qui reçoit l’œuf fécondé, permet son implantation et assure sa nutrition pendant la gestation), les trompes utérines (qui captent les ovocytes et sont le siège de la fécondation) ;
3. Le sinus uro-génital formé du vagin et de la vulve. Le vagin est le lieu de copulation et la porte de sortie du veau à la naissance.
Développement corporel et la puberté
Les organes de la reproduction, entièrement formés à la naissance, ne sont fonctionnels qu’à partir d’une époque bien déterminée de la vie, appelée puberté. A ce moment, l’animal devient apte à se reproduire. L’âge à la puberté ne constitue qu’un élément indicatif. D’autres facteurs d’origine exogène jouent un rôle très important, s’il n’est pas déterminant. Parmi ces facteurs, il y a : la température, la luminosité, l’état de développement et de nutrition, la vie en communauté des mâles et des femelles. Dans les grandes espèces, la race et l’état de nutrition jouent un rôle prépondérant. Les animaux bien entretenus, recevant une ration de valeur énergétique élevée, atteignent la puberté plus précocement que ceux qui sont déficitaires en alimentation (DERIVAUX et ECTORS, 1980).
Dans l’espèce bovine l’éveil pubertaire est plus précoce dans les races de petite taille que dans les races lourdes, et dans les races laitières que dans les races à viande (DERIVAUX et ECTORS, 1980). L’amorce de la puberté est surtout inhérente au développement corporel qu’à l’âge de l’animal. Ainsi, les génisses dont la croissance pré-sevrage est très avancée, auront une puberté plus précoce (PETERS et al., 1995). L’animal est dit pubère quand il atteint 50 à 60 % de son poids adulte (MIALOT et al., 2001). Une sous nutrition des génisses est associée à un problème : de détection des chaleurs, ainsi qu’à une diminution du taux de conception, un taux de mortalité embryonnaire élevé. Elle est également responsable d’une diminution du développement de la glande mammaire et de la production laitière (GARDNER et al., 1977 ; LALLEMAND, 1980). Alors, pour réussir la carrière reproductive des génisses, il faut trouver un compromis entre l’obtention d’un format suffisant pour un vêlage précoce, et une croissance modérée permettant de bonnes lactations (BADINAND, 1983).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE SUR LA PHYSIOLOGIE DE LA REPRODUCTION ; LA GESTION DE LA REPRODUCTION CHEZ LA VACHE LAITIERE ET L’ETAT DU SECTEUR LAITIER AU SENEGAL
Chapitre I : Physiologie de la reproduction chez la vache laitière
I.1- Rappels anatomiques de l’appareil génital femelle
I.2- Développement corporel et la puberté
I.2.1- Cycle sexuel de la vache
I.2.2- Composante cellulaire du cycle sexuel
I.2.3- Composante comportementale
I.2.4- Composante hormonale
I.2.5 – Contrôle hormonal du cycle sexuel
I.3- Rôle de l’utérus
Chapitre II : Gestion de la reproduction chez la vache laitière
II.1 – Détection des chaleurs chez les Vaches
II.1.2- Moment d’observation des chaleurs
II.1.3- Signes des chaleurs
II.1.4- Méthodes de détection des chaleurs
II.1.5- Induction et synchronisation des chaleurs
II.1.5.3- Techniques et méthodes
II.1.6- Insémination artificielle
II.1.6.2- Avantages de l’insémination artificielle
II.1.6.3- Inconvénients de l’insémination artificielle
II.1.6.4- Moment d’insémination artificielle
II.1.6.5- Procédé d’IA
II.1.6.6- Lieu de dépôt de la semence
II.1.6.7- Evaluation de l’IA
Chapitre III : Eléments du secteur laitier au Sénégal
III.1- Description de la filière lait local
III.2- Statistiques nationales sur la filière laitière
III.3- Politiques, projets et stratégie de développement du secteur laitier
III.4- Contraintes de la filière laitière locale au Sénégal
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
Chapitre I : Matériel et méthodes
I.1- Site de l’étude
I.1.2- Situation socio-économique
I.2- Cadre de l’étude : projet AMPROLAIT
I.2.2- Population cible
I.2.3- Méthode d’enquête
I.2.4- Analyses des données
Chapitre II : Résultats
II.1- Caractérisation des éleveurs utilisant l’IA sur CN
II.2- Détermination du degré d’adoption de l’IA sur CN par les éleveurs et la perception sur la qualité du lait
II.3- Evaluation de la perception des transformatrices sur la qualité du lait
II.3.2- Evaluation de la perception des transformatrices sur la qualité du lait
II.4- Evaluation de la perception des consommateurs sur la qualité du lait et des produits laitiers locaux
Chapitre III : Discussion et recommandation
III.1- Discussion
III.1.1- Caractérisation des éleveurs utilisant l’IA sur CN
III.1.2- Détermination du degré d’adoption de l’IA sur CN par les éleveurs et la perception sur la qualité du lait
III.1.3- Evaluation de la perception des transformatrices sur la qualité du lait
III.1.4- Evaluation de la perception des consommateurs sur la qualité du lait
III.2- Recommandation
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIES
ANNEXES