Photographie de l’élevage et de la médecine vétérinaire aujourd’hui
Progrès et décadences, du moyen âge à la renaissance (BRESSOU, 1970 ; GASCHET, 2011 ; RISSE, 1994)
Le moyen-âge fut une période très troublée, avec des invasions, des guerres et des épizooties dont l’élevage souffrit. L’animal le plus représenté était le mouton, il permettait de produire de la viande, du lait mais aussi de la laine. À la ville comme à la campagne les volailles étaient très présentes. Les boeufs, quant à eux, étaient utilisés pour le travail des champs tandis que les vaches avaient pour mission de produire du lait et des veaux. Enfin les chevaux présentaient une importance sociale et économique, ils étaient utilisés par les seigneurs et aussi pour leur force de traction. L’église a joué un rôle considérable dans l’accroissement de l’élevage à cette période. Mais la guerre de cent ans et l’épidémie de peste noire mirent à nouveau à mal l’élevage français, réduisant la main d’oeuvre agricole (RISSE, 1994). La médecine vétérinaire du moyen âge était dominée par la corporation des maréchaux, du latin marescalus. Aux XIVème et XVème siècle la profession de mareschal pratiquait la ferrure et la thérapie des chevaux. Puis au XVIIème siècle la profession devint celle des maréchaux-ferrants. Ils pratiquaient une chirurgie élémentaire et prescrivaient certains traitements. Cependant ils étaient peu instruits et n’ont pu faire évoluer la médecine de l’empirisme. De plus l’obscurantisme religieux défavorisait le développement d’une médecine rationnelle, ne proposant comme seul remède que l’invocation des saints.
Il est enfin intéressant de noter que les peuples arabes vont s’intéresser à la médecine vétérinaire. Ces peuples ont ajouté aux connaissances antiques, leurs propres connaissances : celles de la civilisation islamique dont les bases en médecine étaient déjà solides (BRESSOU, 1970 ; GASCHET, 2011). Puis vint la période de la renaissance. Elle se caractérisait notamment par une soif de connaissances, cependant elle n’a rien apporté à la médecine vétérinaire, les maréchaux-ferrants régnant en maitres dans ce domaine. L’anatomie animale était pourtant richement documentée car elle servait de modèle à l’anatomie humaine. Au cours de cette période, l’importance sociale des écuyers s’accru. Ils s’intéressaient aux maladies des chevaux et publieront quelques ouvrages, qui par manque de connaissance de leurs auteurs, ne feront pas avancer la médecine vétérinaire (BRESSOU, 1970). Au XVIème siècle l’élevage connut un regain, se remettant sur pied après les perturbations du moyen âge. Mais les guerres de religions et la guerre de trente ans vinrent de nouveau affaiblir l’élevage français. Ainsi au début du XVIIIème siècle la France disposait de bétail, mais celui-ci était mal exploité (RISSE, 1994).
Des progrès dans le monde agricole (AgroParisTech, 2011 ; JUSSIEU et coll., 1999 ; RISSE, 1994)
Des tentatives d’organisation du monde agricole prirent forme pendant cette période. On peut citer la création des chambres d’agricultures en mars 1851, celle des syndicats professionnels en 1880, et enfin le ministère de l’agriculture en 1881 (RISSE, 1994). Concernant l’enseignement, on créa, en 1848, l’institut national agronomique (AgroParisTech, 2011). Dans les campagnes les premières fermes-écoles, destinées à former les ouvriers agricoles qualifiés, virent le jour au milieu du XIXème siècle. Les écoles régionales d’agriculture préparaient quant à elle les responsables des grandes exploitations (JUSSIEU et coll., 1999).
Au cours de cette période, l’agriculture gagna en technicité, par l’utilisation des engrais et de la chaux. De plus, de nouveaux engins agricoles, tels que des charrues métalliques ou des moissonneuses, furent mis au point mais la petite taille des parcelles limitait leur utilisation. La source d’énergie était inchangée il s’agissait toujours des animaux de traits, équins ou bovins (RISSE, 1994). Les espaces agricoles furent réorganisés suite au défrichement des landes et au recul de la jachère. Cette surface disponible plus importante ainsi que l’augmentation des rendements céréaliers permit d’augmenter les prairies permanentes et la production fourragère. Il était devenu possible de nourrir les animaux avec des céréales en y ajoutant des sous-produits de l’industrie alimentaire. Les vétérinaires se penchèrent sur l’alimentation animale, alimentation qui permettait d’exprimer le potentiel génétique des cheptels (JUSSIEU et coll., 1999 ; RISSE, 1994). Enfin, les races locales ont été transformées en cette fin de XIXème siècle. Les vétérinaires s’impliquèrent particulièrement dans cette discipline, à partir des races primitives dont les représentants présentaient de grandes variations individuelles : ces zootechniciens s’appliquèrent à fixer les conformations ou les aptitudes qui pouvaient être intéressantes pour l’élevage (RISSE, 1994).
L’élevage en plein essor (JUSSIEU et coll., 1999 ; RISSE, 1994 ; THIERRY, 1910)
Ce n’est véritablement qu’à partir de la seconde moitié du XIXème siècle que l’élevage se développa, porté par la politique protectionniste de Jules Méline, ministre de l’agriculture. Les chiffres en sont les témoins, l’élevage qui représentait 30% du produit agricole brut en 1830 atteint 43% en 1910. L’alimentation des français se modifia, ils consommèrent davantage de produits laitiers, mais surtout de viande (45kg par an et par personne en 1910 contre 18kg en 1812). Les prix des produits de l’élevage augmentèrent considérablement, plus rapidement d’ailleurs que ceux des céréales, ce qui motiva les éleveurs dans leur production. En fonction des cours respectifs du lait et de la viande les éleveurs sélectionnaient les animaux en vue de l’une ou de l’autre production. Pour subvenir à la demande en viande croissante les animaux gagnèrent en poids, atteignant jusqu’à 550 kg pour les vaches et 800 kg pour les boeufs alors que ceux du début du siècle n’en pesaient pas la moitié (RISSE, 1994). Parallèlement les effectifs évoluaient comme le montre la figure 1 suivante.
Concernant le lait, la consommation des français doubla également au cours du XIXème siècle. Partout des laiteries furent mises en place pour faciliter l’approvisionnement des villes et le contrôle laitier s’instaura progressivement. Les innovations techniques telles que la création d’écrémeuses centrifugeuses facilitèrent le développement de l’industrie laitière. La technique gagnait également les exploitations. Les vaches hollandaises, présentées en figure 2, donnaient en moyenne 3400 litres de lait par lactation. L’alimentation, le logement, le nombre de traites ainsi que l’intervalle entre les vêlages furent étudiés afin d’optimiser la production. Les machines à traire, telles que celle présentée sur la figure 3 ci-après, firent également leur apparition au début du siècle (JUSSIEU et coll., 1999 ; RISSE, 1994 ; THIERRY, 1910).
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Table des matières
Liste des figures
Liste des tableaux
Liste des abréviations
INTRODUCTION
Première partie. De l’évolution de l’élevage et de la médecine vétérinaire à la situation actuelle
1.Histoire croisée de l’élevage et de la médecine vétérinaire
1.1. Des origines de l’élevage et de la médecine vétérinaire
1.1.1. Les premiers balbutiements de l’élevage et de la médecine vétérinaire
1.1.2. Les avancées à l’époque gallo-romaine
1.1.3. Progrès et décadences, du moyen âge à la renaissance
1.2. L’essor de l’agriculture et de la médecine vétérinaire
1.2.1. La création des écoles vétérinaires au XVIIIème siècle
1.2.1.1. Le contexte de leur création
1.2.1.2. De la première école à l’installation dans la capitale
1.2.2. Des idées des physiocrates aux bouleversements agricoles du XIXème siècle
1.2.2.1. Les idées des physiocrates difficilement mises en application
1.2.2.2. Les signes d’un renouveau
1.2.2.3. Le contexte du changement
1.2.2.4. Des progrès dans le monde agricole
1.2.2.5. L’élevage en plein essor
1.2.3. La naissance de la médecine vétérinaire moderne
1.2.3.1. Le développement des différents secteurs propres à la médecine vétérinaire
1.2.3.2. La zootechnie entre dans le domaine vétérinaire
1.2.3.3. L’évolution du statut social du vétérinaire au XIXème siècle
1.3. Les guerres entravent le développement au cours de la première moitié du XXème siècle
1.3.1. Elevage et vétérinaires à l’aube du XXème siècle
1.3.1.1. L’élevage sur une pente ascendante
1.3.1.2. Portrait des vétérinaires au début du XXème siècle
1.3.2. Le monde agricole sous la première guerre mondiale
1.3.2.1. Une guerre qui porte préjudice à l’élevage français
1.3.2.2. Les vétérinaires dans la grande guerre
1.3.3 Evolution de l’élevage et du monde vétérinaire pendant l’entre deux guerres
1.3.3.1. Un élevage qui renait après guerre
1.3.3.2. La reconnaissance de la profession vétérinaire pendant l’entre deux guerres
1.3.4 L’élevage et les vétérinaires soumis à une seconde guerre mondiale
1.3.4.1. L’élevage sous le coup d’une seconde guerre
1.3.4.2. Les vétérinaires confrontés à la guerre et ses pénuries
1.4. La période propice des trente glorieuses
1.4.1. Le contexte de l’évolution
1.4.1.1. Une France affaiblie par la guerre
1.4.1.2. Une volonté de mieux vivre des Français
1.4.1.3. Un marché ouvert sur le monde
1.4.2. Des changements dans le monde agricole
1.4.2.1. Les pouvoirs publics réglementent l’élevage
1.4.2.2. Les progrès de l’élevage pendant les trente glorieuses
1.4.2.3. Un enseignement agricole qui se renforce
1.4.2.4. Modifications du paysage agricole français : des paysans aux agriculteurs
1.4.3. Les progrès de la médecine vétérinaire après guerre
1.4.3.1. De nouvelles techniques au service des vétérinaires
1.4.3.2. Amélioration des moyens thérapeutiques du vétérinaire
1.4.3.3. Des actes de plus en plus techniques
1.4.3.4. La mise en place des campagnes de prophylaxie -‐
1.4.3.5. Portrait du vétérinaire des trente glorieuses
1.4.4. Evolution des productions bovines au cours des trente glorieuses
1.4.4.1. La production de viande bovine
1.4.4.2. La production laitière
1.5. Adaptations des vétérinaires et du monde de l’élevage entre 1975 et 2000
1.5.1. Le contexte socio-économique
1.5.1.1. Une économie nouvelle tournée vers la mondialisation
1.5.1.2. Des volontés nouvelles des consommateurs
1.5.2. Le monde agricole en mutation
1.5.3. Les réformes de la PAC
1.5.3.1. Etat des lieux de la PAC et premières réformes
1.5.3.2. L’instauration des quotas laitiers
1.5.3.3. La réforme indispensable de 1992
1.5.3.4. L’approfondissement des réformes en 1999
1.5.3.5. La refonte de la PAC en 2003
1.5.4. Vers un nouvel ethos de la profession vétérinaire
1.5.4.1. Evolutions démographiques de la profession vétérinaire
1.5.4.2. Modifications du quotidien du vétérinaire rural
1.5.4.3. Des modalités d’exercices qui se modifient
1.5.5. Evolutions de l’élevage bovin à la fin du XXème siècle
1.5.5.1. L’influence des quotas laitiers sur la filière bovine
1.5.5.2. La production de viande bovine
1.5.5.3. La production laitière
2. Photographie de l’élevage et de la médecine vétérinaire aujourd’hui
2.1. Etat des lieux de l’élevage français à l’entrée du XXIème siècle
2.1.1. La France un territoire rural
2.1.1.1. La France un pays d’agriculture
2.1.1.2. Multiplicité des productions agricoles françaises
2.1.1.3. Spécialisations agricoles en Picardie – Nord pas de Calais
2.1.2. Panorama des exploitations agricoles françaises
2.1.2.1. Orientation technico économique des exploitations
2.1.2.2. SAU des exploitations françaises
2.1.3. Agriculteurs et éleveurs français
2.1.3.1. Statut des agriculteurs français
2.1.3.2. Vieillissement et féminisation des chefs d’exploitants
2.1.3.3. Niveau de formation des agriculteurs français
2.1.4. Filières laitières et allaitantes bovines
2.1.4.1. La filière bovine sur le territoire Français
2.1.4.2. Taille et organisation des cheptels bovins
2.1.4.3. La production de viande bovine
2.1.4.4. La production laitière
2.2. La profession de vétérinaire rural au début du vingt et unième siècle
2.2.1. Vétérinaire une profession aux multiples visages
2.2.2. Démographie vétérinaire
2.2.2.1. Origine des nouveaux vétérinaires praticiens
2.2.2.2. Profil d’âge des vétérinaires
2.2.3. Les vétérinaires ruraux
2.2.3.1. Orientation des nouveaux vétérinaires : plus de sortants que d’entrants dans le secteur de la rurale 2.2.3.2. Secteur d’activités des vétérinaires en exercice : 6749 vétérinaires ruraux et mixtes
2.2.3.3. Répartition des vétérinaires ruraux sur le territoire
2.2.4. Modes d’exercices et revenus des vétérinaires
2.2.4.1. Modalité d’exercice des vétérinaires
2.2.4.2. Revenus des vétérinaires
Deuxième Partie. Quelles perspectives pour la médecine vétérinaire dans nos campagnes ?
1.Quelques pistes bibliographiques
1.1. Quelles évolutions pour l’élevage
1.1.1. La mise en place d’une nouvelle PAC
1.1.2. Conséquences de l’arrêt des quotas laitiers sur le cheptel bovin
1.1.2.1. Vers un regroupement de la production laitière
1.1.2.2. Vers une spécialisation des exploitations
1.1.2.3. Conséquences pour la filière allaitante
1.1.3. Des modifications du métier d’éleveur
1.1.3.1. Une simplification du système
1.1.3.2. Modernisation des infrastructures
1.1.3.3. Regroupement et main d’oeuvre
1.2. Des nouvelles perspectives pour la profession de vétérinaire rural ?
1.2.1. Vers une modification des pratiques vétérinaires
1.2.1.1. Quelles évolutions possibles pour les cabinets ruraux ?
1.2.1.2. Des attentes nouvelles des éleveurs
1.2.1.3. Les nouveaux enjeux des cabinets vétérinaires ruraux
1.2.2. De nouvelles perspectives : directive service, formation de réseaux et développement d’une offre de services
1.2.2.1. La directive service : conséquences pour la profession vétérinaire
1.2.2.2. Nouvelles organisations des structures vétérinaires et réseaux
1.2.2.3. Le développement d’une offre de service aux seins des cabinets vétérinaires
1.2.3. Des perspectives différentes pour la profession en fonction des dynamiques des territoires
1.2.3.1. Cinq profils de territoires différents
1.2.3.2. Perspectives pour la profession vétérinaire dans ces différents territoires
1.3. Quel avenir pour le médicament vétérinaire ?
1.3.1. Mesures de lutte contre l’antibio-résistance
1.3.1.1. Mesures de prévention : du niveau international à l’échelle nationale
1.3.1.2. Le plan écoantibio 2012-‐2017
1.3.1.3. Des bons résultats pour les vétérinaires en matière d’utilisation des antibiotiques
1.3.2. Les vétérinaires se mobilisent pour garder la délivrance du médicament vétérinaire
1.3.2.1. Un projet de loi d’avenir agricole qui porte atteinte aux prérogatives des vétérinaires
1.3.2.2. La mobilisation des vétérinaires français
1.3.2.3. La loi d’avenir agricole modifiée
2.Enquête de terrain en Picardie Nord-Pas-de-Calais
2.1. Présentation de l’enquête
2.1.1. Choix du type d’étude : qualitative vs quantitative
2.1.2. Choix du type d’entretien
2.1.3. Vétérinaires et éleveurs interrogés
2.1.4. Thèmes abordés
2.2. Résultats obtenus
2.2.1. Evolution de l’élevage et de la profession de vétérinaire rural en Nord-Pas-de-Calais Picardie
2.2.1.1. Vétérinaires et éleveurs prédisent une restructuration de l’élevage
2.2.1.2. Une modification des pratiques vétérinaires nécessaire pour faire face à ces changements
2.2.1.3. Un arrêt de la pratique rurale de certains cabinets mixtes
2.2.2. Evolution de la structure des cabinets
2.2.2.1. Point de vue des vétérinaires concernant le regroupement de cabinets
2.2.2.2. Des éleveurs favorables aux modifications des structures vétérinaires
2.2.3. La place de la canine dans les cabinets mixtes
2.2.3.1. La canine dans les cabinets mixtes : une nécessité pour les vétérinaires
2.2.3.2. Des éleveurs qui comprennent la nécessité des vétérinaires de diversifier leur activité
2.2.4. Le médicament vétérinaire
2.2.4.1. Le découplage source d’inquiétude pour les vétérinaires
2.2.4.2. Des éleveurs solidaires des vétérinaires sur le médicament vétérinaire
2.2.5. Orientation vers une médecine préventive vs curative
2.2.5.1. Des points de vue divergents chez les vétérinaires selon la zone
2.2.5.2. Points de vue chez les éleveurs
2.2.6. Les services à développer au sein des cabinets
2.2.6.1. Une volonté des vétérinaires de diversifier leurs services
2.2.6.2. Des limites à la diversification des services
2.2.6.3. Qu’attendent les éleveurs de leur vétérinaire en terme de service
2.2.7. Les concurrents face aux vétérinaires
2.2.7.1. Une bonne entente confraternelle entre les vétérinaires praticiens
2.2.7.2. Une concurrence sur le marché du médicament
2.2.7.3. Les autres intervenants de l’élevage concurrents des vétérinaires
2.2.7.4. Quels partenaires dans l’élevage aux yeux des éleveurs
2.2.8. Bilan de l’enquête
2.2.8.1. Deux typologies différentes en fonction du territoire
2.2.8.2. Limites de l’étude
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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