PHONOLOGIE ET CLASSIFICATION NOMINALE DU KUCOBOŋAAY ou JÓOLA DE THIOBON

Statut des réalités manifestées par les voyelles nasales

   Tout comme les voyelles longues, les voyelles nasales appairaissent dans des contextes très limités. L’apparition des voyelles nasales se produit:
-lorsque la voyelle apparaît devant une consonne nasale /N/, elle même suivie d’une consonne constrictive. contexte
Son
-C[occlusive] -C[constrictive] -NV + + +Ṽ – + –
Comme l’illustre le tableau 26 ci-dessus, les voyelles nasales n’apparaissent que devant une consonne fricative alors que les voyelles orales apparaissent partout ailleurs. Phonétiquement, la voyelle nasale se place avant une consonne constrictive. Et comme il n’existe pas de consonne prénasale constrictive dans ce parler (si nous nous référons à nos tableaux de distribution en kucoboŋaay), dans des séquences NC [constrictive], La nasalité [ ̃] se repose sur la voyelle la voyelle orale précédente. Ceci nous autorise à interpréter la voyelle nasale comme une séquene constituée d’une voyelle orale et de la consonne nasale homooganique à la fricativequi suit cette séquence.

L’harmonie en ATR

   L’harmonie en ATR est un phénomène d’assimilation. Généralement, c’est le radical qui assimile les morphèmes qui lui sont affixés. Ainsi, lorsque la voyelle ou les voyelles du radical sont -ATR, la voyelle du préfixe de classe l’est aussi ; et lorsque la voyelle ou les voyelles du radical sont +ATR, les voyelles des affixes le sont également. Ceci signifie que dans un mot, toutes les voyelles sont, soit +ATR, soit -ATR. Le trait ATR joue un rôle important dans la distribution des voyelles en ce qu’il permet à « toutes les voyelles d’un mot de s’accorder pour un trait. En règle générale, c’est le radical qui gouverne l’harmonie en ATR, quand bien même elle peut provenir d’un suffixe dans certains cas. Le kucoboŋaay compte 10 phonèmes vocaliques qui se répartissent en deux grandes séries de timbre différent selon que la voyelle est réalisée avec la racine de la langue rétractée ou avec la racine de la langue avancée. Les voyelles réalisées avec la racine de la langue rétractée sont dites voyelles lâches ou -ATR (Advanced Tongue Root), alors que les voyelles réalisées avec la racine de la langue avancée sont appelées voyelles tendues ou +ATR. Dans la convention d’écriture que nous avons adoptée pour la transcription phonologique, seules les voyelles +ATR sont notés avec un accent aigu placé au dessus des voyelles tendues. Cette convention19 est celle utilisée dans les travaux portant sur les autres parlers jóola. Toutefois, pour ne pas surcharger l’écriture, nous continuerons à ne noter le trait +ATR que sur la première voyelle du mot.

Conclusion sur la classification nominale

   Notre objectif dans ce chapitre a été de faire une étude de la classification nominale du kucoboŋaay. Au niveau d’étude où nous sommes, nous avons dénombrés13 classes nominales, une étude qui n’est forcément pas assez exhaustive. Elles sont réparties en 7 classes du singulier : CL.1 a- ~ ø-, CL.3 e- ~ y, CL.6 hu- ~h-, CL.8 ku- ~k-, CL.10 bu- ~b-, CL11.ñi- ~ñ-, CL.12.ji- ~ j- et 6 classes du pluriel : CL.2. ku ~ buk- ~ si, CL.4 si- ~ s-, CL.5.bu- ~b-, CL.7ku- ~ k-, CL.9.u- ~ w-. Bien que nous ayons essayé, chaque classe nominale ne peut être exclusivement associée à un contenu sémantiquement. Nous nous sommes évertués à rendre compte de l’intégration des emprunts. Ces derniers régissent leur accord au singulier avec la classe 3. Cependant, certains appraissent avec un préfixe de classe, tandisque d’autres non. La détermination en kucoboŋaay est marquée par un suffixe constitué de la marque du défini et de la consonne initiale du préfixe de classe. Le suffixe déterminatif se comporte de la même manière qu’en jóola fogny. Elles ont perdu des marques locatives qui sont attestées en jóola éssulaaluur.

Conclusion générale

   L’objectif de ce travail était de faire une description du système phonologique et de la classification nominale du kucoboŋaay. Cette étude a été possible grâce au concours de locuteurs natifs du kucoboŋaay, qui ont traduit l’ensemble des données sur lesquelles repose cette étude. Ces données enregistrées et transcrites nous ont permis au préalable de statuer sur le système phonétique du parler, puisqu’aucune étude n’y a pas été encore faite à notre connaissance. En phonétique, nous avons dénombré 33 sons consonantiques et 25 sons vocaliques. Parmi les consonnes nous avons repertorié 19 consonnes simples, 6 consonnes longues et 8 consonnes prénasales. Concernant les voyelles, nous avons 10 voyelles brèves, 10 voyelles longues et 5 voyelles nasales, répartient en voyelles +ATR et en voyelles -ATR. L’étude de la distribution de ces sons dans leurs contextes, nous a permis dans le chapitre 2 la phonologie, de dénombrer 19 phonèmes consonantiques et 10 phonèmes vocaliques. Les consonnes comme les voyelles n’ont présenté aucune distribution complétaire au vu des tableaux de distribution. Toutes les consonnes simples et les voyelles simples ont un statut de phonème. Les sons complexes eux, vue leurs distributions lacunaires et leurs posibilités d’occcurences limitées, sont considérés comme des séquences phonèmes simples. Les phonèmes vocaliques se divisent en deux groupes : les voyelles –ATR /e, u, i, o, a/ et les voyelles +ATR /é, ó, í, á, ú/. Toujours en phonologie, mais au niveau syntagmatique, nous avons étudié la structure syllabique du kucoŋaay. Nous avons identifié 7 types de syllabes : V, VC, CV, CVC, CVV, CVVC, CVNC. Vu la prédominance de la syllabe de type CV(V) nous l’avons considéré comme structure canonique de la syllabe en kucoboŋaay. Aussi, la structure de type (C)VCC n’est possible qu’avec une prénasale, en position finale et la syllabe de type CCV(CC) impossible en position initiale. En morphonologie, l’étude du fonctionnement de l’harmonie vocalique nous a permis de constater que c’est le radical qui gouverne généralement l’harmonie vocalique en kucoboŋaay. Lorsque la voyelle du radical est +ATR, toutes les autres voyelles des affixes le sont aussi. Il arrive aussi que la voyelle du suffixe gourverne l’harmonie en ATR ; c’est le cas des suffixes -ùl et -ùm respectivement morphème de l’inversif et l’instrumental. Les règles qui régissent cette harmonie vocalique ont été établies dans cette section. Toutes les règles de variation des préfixes de classes ont été aussi élaborées dans ce chapitre. Dans l’étude de la classification nominale du kucoboŋaay, nous avons pu identifier 13 classes nominales. Elles sont réparties en 7 classes du singulier : CL.1 a- ~ ø, CL.3 e-~, CL.6 hu- ~ h- , CL.8 ku- ~ k-, CL.10 bu- ~ b-, CL11 ñi- ~ ñ-, CL.12 ji- ~ j- et 6 classes du pluriel : CL.2 ku ~ buk- ~ si, CL.4 si- ~ s-, CL.5 bu- ~ b-, CL 7ku- ~ k-, CL.9 u- ~ w-. Nous avons tenté de les répartir en fonction des contenus auxquels elles sont associées bien qu’une classe n’est exclusivement pas associée à un contenu sémantique ; avant de rendre compte de l’intégration des emprunts qui, régissent leurs accords avec les classes 3 e- et 4 si-. La détermination en kucoboŋaay est marquée par un suffixe constitué d’une voyelle qui le marque le défini et de la consonne initiale du préfixe de classe. Pour les préfixes de classe de type V, la marque du défini devient respectivement y- et w- pour les classes 3 e- et 9 u-. L’irrégularité notée au niveau du suffixe détermnatif pour la classe 1 a- s’explique en jóola fogny où le même phénomène est attesté par l’évolution de la langue ; une élision du préfixe de classe placé entre la marque du défini et le –u marque locative. Cette étude du système phonologique et de la classification nominale du kucoboŋaay, contribue à une meilleure connaissance de ce parler qui jusque là n’a pas été décrit. Une étude morphosyntaxique nous permettrait de mettre à la disposition des chercheurs des données plus conséquentes à des fins de comparaison typologique, dialectologique avec les autres parlers jóola.

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Table des matières

0. Introduction
0.1. Justification du choix de la langue
0.2. Donnée sociolinguistique
0.3. Situation géographique de Thiobon
0.4. Classification du groupe diola
0.5. Quelques Travaux antérieurs sur les langues diolas
0.6. Cadre théorique
0.7. Méthodologie
0.8. Organisation du travail
Chapitre1 : Les données phonétiques
1.1. Les voyelles 
1.1.1. Inventaire des voyelles
1.1.1.1. Les voyelles tendues
1.1.1.1.1. Les voyelles antérieures
1.1.1.1.2. Les voyelles centrales
1.1.1.1.3. Les voyelles postérieures
1.1.1.2. Les voyelles lâches
1.1.1.2.1 Les Voyelles antérieures
1.1.1.2.2. Les voyelles centrales
1.1.1.2.3. Les voyelles postérieures
1.1.2. Tableau phonétique des voyelles
1.1.3. Illustrations
1.2. Les consonnes
1.2.1. Inventaire des consonnes
1.2. 1.1.Les occlusives
1.2. 1.2. Les nasales
1.2. 1.3. Les prénasales
1.2. 1.4. Les constrictives
1.2.2. Tableau phonétique des consonnes
1.2.3. Illustrations
1.3. Conclusion sur les données phonétiques 
Chapitre 2 : Phonologie
2.1. Les tableaux de distribution des sons en kucoboŋaay
2.1.1. Tableaux de distribution des consonnes
2.1.2 Tableaux de distribution des voyelles
2.1.3. Conclusion sur les tableaux de distribution des sons du kucoboŋaay
2.2. Réalités phonologiques
2.2.1. Identification des phonèmes consonantiques
2.2.1.1. Statut des réalités manifestées par les consonnes longues et prénasales
2.2.1.1.1. Statut des réalités manifestées par les consonnes longues
2.2.1.1.2. Statut des consonnes prénasales
2.2.1.2. Statut des réalités manifestées par les consonnes simples
2.2.1.3. Les consonnes phonologiques
2.2.2. Identification des phonèmes vocaliques
2.2.2.1. Statut des réalités manifestées par les voyelles longues
2.2.2.2. Statut des réalités manifestées par les voyelles nasales
2.2.2.3. Voyelles phonologiques
2.3.1. Illustrations des phonèmes consonantiques et leurs réalisations
2.3.1.1. Le phonème /p/
2.3.1.2. Le phonème /b/
2.3.1.3. Le phonème /m/
2.3.1.4. Le phonème /t/
2.3.1.5. Le phonème /d/
2.3.1..6. Le phonème /n/
2.3.1.7. Le phonème /c/
2.3.1.8. Le phonème /ɟ/
2.3.1.9. Le phonème /ɲ/
2.3.1.10. Le phonème /k/
2.3.1.11. Le phonème /g/
2.3.1.12. Le phonème /ŋ/
2.3.1.13. Le phonème /f/
2.3.1.14. Le phonème /s/
2.3.1.15. Le phonème /j/
2.3.1.16. Le phonème /h/
2.3.1.17. Le phonème /w/
2.3.1.18. Le phonème /r/
2.3.1.19. Le phonème /l/
2.3.2. Illustrations des phonèmes vocaliques et leurs réalisations
2.3.2.1. Le phonème /i/
2.3.2.2. Le phonème /í/
2.3.2.3. Le phonème /e/
2.3.2.4. Le phonème /é/
2.3.2.5. Le phonème /a/
2.3.2.6. Le phonème /á/
2.3.2.7. Le phonème /u/
2.3.2.8. Le phonème /ú/
2.3.2.9. Le phonème /o/
2.3.2.10. Le phonème /ó/
2.4. La structure de la syllabe en kucoboŋaay
2.4.1. Inventaire syllabique
2.4.2. Les combinaisons syllabiques
2.4.3. Restrictions
2.5. Conclusion sur la phonologie
Chapitre 3 : Les règles de variation morphophonologique
3.1. L’harmonie en ATR
3.1.1. Le trait +ATR provient du radical
3.1.2. Le trait +ATR provient d’un suffixe
3.1.3. L’harmonie du lieu d’articuation
3.1.3.1. La voyelle du préfixe devient -i
3.1.3.2. La voyelle du préfixe devient -u
3.2 Règles de variation des préfixes de classe
3.3. Conclusion sur la morphophologie
Chapitre IV : La classification nominale
4.1. Définition
4.2. Méthode d’analyse
4.3. Inventaires provisoires des classes nominales
4.4. Mécanisme d’accord des classes nominales
4.4.1. Les classes du générique
4.4.1.1. Les classes du générique singulier
4.4.1.2. Les classes du générique pluriel
4.4.1.3. Le postpréfixe
4.4.2. Les classes de l’augmentatif
4.4.2.1. La classe de l’augmentatif singulier
4.4.2.2. La classe de l’augmentatif pluriel
4.4.3. Les classes du diminutif
4.4.3.1. La classe du diminutif singulier
4.4.3.2. La classe du diminutif pluriel
4.5. Liste définitive des classes
4.6. L’opposition : singulier/pluriel
4.7. Contenu sémantique des classes nominales en kucoboŋaay
4.8. Les emprunts
4.9. L’expression du défini en kucoboŋaay
4.10. Conclusion sur la classification nominale
Conclusion générale
Bibliographique
Webographies
Annexe : Lexique kucboŋaay/ français

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