Phénomènes volcaniques et traditions mythiques

Caractères principaux du volcan

Le mont Etna est un grand stratovolcan de nature basaltique et il est un des volcans les plus actifs au monde. Il est situé sur la côte orientale de la Sicile, où il occupe une aire de 1 178 km2 , très densément habitée, et son édifice principal rejoint une hauteur de 3 328 m. Il se trouve à la conjoncture de la plaque Euro Asiatique et de la Plaque Africaine. Il est en quasi constante activité depuis les quatre cratères du sommet, Voragine, Bocca Nuova, Cratère de nord-est et Cratère de sud-est , avec des éruptions périodiques de flanc. L’histoire du volcanisme de l’Etna est maintenant mieux connue grâce à des études récents , effectuées en vue de la réalisation de la nouvelle carte géologique , qui ont permis de préciser les étapes d’évolution éruptive du volcan.

La première phase d’activité est datée du Pléistocène (vers il y a 500 000 ans) et elle est caractérisée par la formation de basalte tholéitique. L’activité est principalement sous-marine, car à l’actuel emplacement de l’Etna il y avait encore un golfe à cette époque. Les produits de cette activité sont maintenant couverts par une succession de coulées de lave, mais il est possible d’en avoir un aperçu près de Aci Trezza et Aci Castello, où des affleurements de pillow lava (lave en coussins) sont bien conservés. Progressivement, le soulèvement de la côte orientale sicilienne amena à une disparition du golfe et à une activité volcanique subaérienne (vers il y a 330 000 ans). Cela produisit le développement de la paléo vallée du fleuve Simeto, entre Adrano et Paternò, où l’activité effusive avait lieu au travers de fissures éruptives linéaires. La deuxième phase est celle du système de failles Timpe (il y a 220 000-110 000 ans), qui intéresse la côte Ionique, où les éruptions de fissure créent une première structure volcanique à bouclier étalée au moins sur 22 km en direction nord/nord-ouest. Pendant cette période les éruptions de fissure de la vallée du fleuve Simeto perdurent et le cône de scories de la colline de Paternò en témoigne. D’autres coulées de lave fortement érodées se trouvent à la périphérie septentrionale de Catane. Vers la fin de cette deuxième phase, l’activité éruptive se déplaca vers l’ouest, dans la zone entre Val Calanna et Moscarello. La troisième phase entraîna le développement des centres éruptifs de la Vallée du Bœuf et l’activité éruptive se centralisa avec la formation des premiers centres éruptifs poligénétiques, Tarderia, Rocche et Trifoglietto, caractérisés par une activité aussi bien effusive qu’explosive. Le Trifoglietto est le centre éruptif majeur et sa dernière activité correspond à la grande éruption plinienne d’il y a 99000 ans, à la suite de laquelle se créent quatre centres éruptifs mineurs, mont Ceresa, Giannicola, Salifizio et Cuvigghiunu (actifs jusqu’à il y a 65 000 ans). Pendant cette troisième phase commence la formation de la structure stratovolcanique qui caractérise l’Etna. La quatrième et dernière phase se développe avec la fin d’activité éruptive à la Vallée du Bœuf, vers il y a 57 000 ans. L’activité éruptive se déplace vers nord-est, avec la formation du volcan Ellittico qui atteignit une hauteur de 3 600 m. Il était caractérisé par une activité effusive et explosive, qui s’est manifestée principalement par les cratères sommitaux et les fissures latérales. L’activité fortement explosive (strombolienne et sub-plinienne) pouvait dégager des nuées ardentes, comme il est possible de le constater par les dépôts pyroclastiques des formations de Serra delle Concazze, Pizzi Deneri, Piano Provenzana sur les flancs de l’Etna. Les coulées de lave de ces éruptions ont comblé des paléo-vallée comme celle du fleuve Alcantara, ont modifié le système hydrographique du secteur nord/nord-est et ont contribué à créer les pentes escarpées de l’édifice stratovolcanique. Les éruptions du flanc oriental atteignirent la côte Ionique près d’Acireale et Fondachello où les dépôts pyroclastiques montrent des caractéristiques phréato-magmatiques. Il y a environ 15 000 ans, quatre éruptions pliniennes causèrent le collapse du sommet du volcan Ellittico et la conséquente formation de la caldera, dont le bord est encore visible à Punta Lucia et à Pizzi Deneri. Ensuite, les produits d’une longue activité effusive des derniers 15 000 ans ont graduellement comblé la caldera pour créer l’édifice volcanique plus récent, le Mongibello. L’activité particulièrement explosive créa des cônes de scories, des spatter cone (cône d’éclaboussures) et des hornitos. Le volcan produisit des fontaines de lave qui entrainèrent une grosse quantité de dépôts pyroclastiques. Une nouvelle phase explosive commença il y a 12 000 ans, avec des éruptions stromboliennes et sub-pliniennes qui intéressèrent les cratères sommitaux. Il y a environ 10 000 ans des éboulements du flanc oriental amenèrent à la formation de la dépression de la Vallée du Bœuf. Le produit de ce collapse est visible dans le dépôt de debris flow de Milo. L’érosion et le remaniement de ce dépôt grâce au processus alluvial forma le dépôt alluvial de Chiancone. Le Mongibello se distingue pour une activité principalement effusive qui créa un complexe superposé de coulées de lave depuis les fissures latérales. Cependant, certaines grandes éruptions explosives des cratères sommitaux ponctuent l’histoire de l’Etna des derniers 4 000 ans, comme celle de 122 av. J.-C. qui généra la caldera de Il Piano et produisit une grande quantité de matériel pyroclastique recouvrant le versant sud-orientale et détruisant une partie de Catane. Les éruptions des derniers 2 000 ans ont comblé la caldera de Il Piano, pour créer l’actuel cône sommital de l’Etna.

L’activité éruptive de l’Etna concerne à la fois les cratères sommitaux et les flancs. L’activité effusive du sommet peut durer pendant des années avec un faible taux effusif et peut s’interrompre quand une éruption du flanc survient, caractérisée par un taux effusif plus élevé. Même si l’activité des flancs est moins fréquente et les éruptions ont une durée limitée, elle est celle qui est mieux documentée par les sources historiques puisqu’elle impacte plus sérieusement la vie des habitants . L’activité des flancs est principalement effusive et, selon des études récentes , on peut reconnaître deux types de comportement : les éruptions de classe A sont principalement effusives et présentent une faible activité strombolienne ; les éruptions effusives de classe B sont associées à des épisodes explosifs de plus longue durée (activité strombolienne et fontaines de lave). Les coulées de lave peuvent créer des conformations géologiques particulières comme les tunnels de lave, des vraies grottes dont les bergers se servent pendant l’été comme abri pour la chaleur, ou les dômes de laves, plus rares, dont un exemple est la chaine de Biancavilla. Les coulées de lave basaltiques peuvent, en se solidifiant, prendre la forme de champs de lave Pahoehoe et de lave aa (ils prennent leur nom de la langue des îles Hawaii, où ils se forment avec régularité). L’activité explosive de l’Etna (celle des cratères sommitaux en particulier) se manifeste principalement à travers trois types d’éruptions : sub-plinienne, strombolienne et fontaine de lave . L’éruption sub-plinienne est particulièrement violente, la pression interne provoque une gigantesque explosion qui entraîne un rejet à grand vitesse de gaz, ponces et cendres qui forment un panache volcanique de plusieurs kilomètres de hauteur. L’éruption strombolienne est la plus courante et la plus représentative du volcan. Lors de cette éruption la lave, les lapillis et la cendre sont émis à intermittence sur une hauteur de quelques mètres et parfois à la base de l’explosion l’hydrogène qui brûle peut créer une auréole de flammes bleues. Les produits des éruptions stromboliennes peuvent créer, en se déposant au sol, des cônes de scories, des spatter cônes et des hornitos . Des manifestations plus extrêmes d’activité strombolienne peuvent amener à la création de fontaines de lave, où les jets de matériels incandescents peuvent atteindre une hauteur de quelques centaines de mètres. Les éruptions sont accompagnées aussi par l’émission de gaz très dangereux comme le dioxyde de carbone et le dioxyde de souffre et par des phénomènes sismiques. Les manifestations volcaniques plus dangereuses mais plus rares pour les hommes habitant en proximité du volcan sont les nuées ardentes, la formation de lahars et d’ignimbrite (non attestée pour l’époque historique) et le collapse des structures volcaniques. Cependant un risque réel pour les habitants est représenté essentiellement par les produits pyroclastiques de l’éruption explosive (tephra), générés par la fragmentation du magma, qui selon leurs dimensions, prennent la forme de bombes, lapillis et cendres.

Les zones en proximité du volcan sont sujettes à d’autres phénomènes de volcanisme secondaire, à savoir les fumeroles entrainant l’émission de dioxyde de carbone depuis le sommet et les flancs de l’Etna et les volcans de boue, structures caractérisées par une morphologie et des dimensions variables (de quelques centimètres à quelques mètres d’hauteur) crées à la suite d’une action de volcanisme sédimentaire . En particulier, trois volcans de boue sont situés à quelques kilomètres de l’Etna et sont appelés les Salinelle : Salinella dello Stadio (ou dei Cappuccini), Salinella del Fiume – les deux dans le territoire de Paternò, province de Catane – et Salinella del Vallone Salato (ou di San Biagio) – dans le territoire de Belpasso. Ces volcans éruptent de la boue dont l’eau est très salée (d’où le nom en italien de Salinelle, car « sale » = sel) et du gaz, dioxyde de carbone, en plus grande pourcentage, et méthane. La température des fluides est autour de 20°/40° C . Des analyses récentes révèlent que l’origine magmatique et la source magmatique sont les mêmes qui sont à l’origine de l’activité volcanique de l’Etna . L’Etna est responsable de l’activité d’autres sites, comme la zone de dégazage à Pescheria (à 2 km à sud-ouest de Paternò) et la mofette du lac Naftia à Rocchicella di Mineo, dans la province de Catane), que l’on maintient drainée par l’activité industrielle qui en exploite les gaz .

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Table des matières

Introduction
1. Chapitre 1. La géologie de l’Etna
1.1. Caractères principaux du volcan
1.2. Les éruptions historiques de l’Etna à l’époque classique
1.3. L’Etna et ses éruptions chez les auteurs anciens
2. Chapitre 2. Un géomythe par excellence : Typhon et le volcan
2.1. La première image de Typhon
2.2. L’origine de Typhon : l’influence proche-orientale
2.2.1. Les parallèles proche-orientaux
2.2.2. Baal Saphon
2.2.3. L’Orient séduit encore : motifs orientaux dans les récits du PseudoApollodore, Nonnos et Oppien
2.2.4. Un monstre voyageur : la géographie orientale du mythe de Typhon
2.2.5. Les Grecs connaissaient-ils les phénomènes volcaniques d’Anatolie et du Proche-Orient ?
2.3. Les Eubéens agents du transfert des pérégrinations mythiques
2.4. Le voyage en Occident
2.4.1. Eschyle et Pindare aux pieds de l’Etna
2.4.2. Le serpent volcanique
2.5. Les motifs volcaniques : la lecture géomythologique entre sources littéraires et analyses géologiques
2.5.1. Les versions du mythe
2.5.2. Géologie historique
2.5.2.1. Typhon un géomythe ?
2.6. Divagations mythiques : métamorphose et évolution de Typhon
2.7. Conclusion
3. Chapitre 3. Un géo-culte sicilien : les Paliques et Adranos
3.1. Les Etnéennes, expression du vir utique siculus
3.2. Les Paliques
3.2.1. L’étymologie des Paliques: valeur politique ou éloquente référence au volcanisme ?
3.2.2. Cratères bouillonnants et puanteur sulfureuse : le scénario volcanique du culte
3.2.2.1. Les Delloi : personnifications des cratères, frères des Paliques ou culte indépendant ?
3.2.3. La nature géologique du culte des Paliques
3.2.3.1. Les Salinelle de Paternò
3.2.3.2. La Mofette des Paliques – lac Naftia
3.2.4. Les pratiques cultuelles : ordalie, oracle, asile
3.2.4.1. L’ordalie
3.2.4.2. L’asile
3.2.4.3. L’oracle
3.2.4.4. Culte chtonien et locus inferus : quand la nature définit le culte
3.2.5. Le Sanctuaire des Paliques
3.2.6. Conclusion préliminaire
3.3. Le dieu Adranos
3.3.1. Le voyage d’Héphaïstos en Occident
3.3.2. Le faux cas d’un dieu du feu : reconstruire le portrait d’Adranos
Conclusion

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