Le paludisme et la schistosomiase (ou bilharziose) sont les deux premières endémies parasitaires mondiales. Ces deux parasitoses humaines sévissent dans les zones tropicales du globe et sont, à elles deux, responsables d’environ 2 millions de décès par an. En ne considérant que le cas du paludisme, 40% de la population mondiale vit dans une région endémique (WHO, 2000) et l’OMS estime à 500 millions le nombre de nouveaux cas par an (WORLD MALARIA REPORT, 2005). En Afrique, près de 300 millions de personnes contractent le paludisme chaque année (HELMBY, 2007) et la maladie est responsable du décès d’un million d’enfants (WHO, 2005). Pour les bilharzioses, environ 200 millions de personnes sont chroniquement infectées. On estime à 170 millions le nombre de personnes en Afrique au Sud du Sahara souffrant de Bilharziose et 200 000 cas de décès ont été estimés en 2003 (WHO, 2005). Au-delà des problèmes de santé publique majeure posés par ces infections parasitaires dans les pays concernés, de tels chiffres impliquent évidemment de nombreuses répercussions sur le développement socio-économique.
En Mauritanie et plus généralement dans le bassin du fleuve Sénégal, la situation épidémiologique a profondément changé avec la mise en opération du barrage de Diama en 1986. La stabilisation du niveau du fleuve, la prolifération des végétaux aquatiques (forêts de typha), la création de canaux d’irrigation et l’inondation des périmètres sont autant de facteurs favorables d’une part à la prolifération des moustiques vecteurs du paludisme et d’autre part au développement des mollusques hôtes intermédiaires de la bilharziose. S.haematobium est largement représenté en Mauritanie. Les enquêtes réalisées par le laboratoire de parasitologie de L’INRSP en 2003 e n milieu s colaire et en 2005 chez les écoliers bénéficiaires des cantines du PAM ont donné des prévalences respectives de 24,7% et 13,7%. Les 4 espèces plasmodiales parasites de l’homme sont rencontrées en Mauritanie. Les études de 2006 et de 2009 dans les Hôpitaux de Nouakchott ont donné des prévalences respectives de 19,3% et 25,7% (NIANG, 2005, LEIKWEIRY et al., 2009).
Définition
Endémies parasitaires majeures, le paludisme (érythrocytopathie) et la bilharziose urinaire sont dus respectivement à un hématozoaire du genre Plasmodium, transmis par un moustique, l’anophèle femelle et un Trématode du genre Schistosoma, transmis par un mollusque du genre Bulinus. Les deux maladies sévissent sur le mode endémo épidémique et leurs incidences dépendent étroitement de l’écologie des vecteurs et des hôtes intermédiaires, donc de la climatologie, de l’aménagement de l’espace (déforestation, hygroagriculture), des migrations de populations et des capacités économiques à entreprendre des travaux d’assainissement. Il n’est donc pas surprenant que le niveau d’endémie soit étroitement lié au niveau de développement. De par le monde, on estime que 350 à 500 millions d’épisodes palustres cliniques se produisent chaque année. Pour la plupart, les accès sont dus à P. falciparum et P. vivax. Le paludisme à P. falciparum tue chaque année plus d’un million de personnes et 18% des décès des enfants de moins de 5 ans en Afrique subsaharienne sont dus à ce parasite (WORLD MALARIA REPORT, 2005). Le nombre de personnes exposées au risque d’infection bilharzienne est estimé à environ 600 millions et à plus de 200 millions celui des personnes infectées par cette parasitose (NJIOKOU et al., 2004) qui est endémique dans 76 pays (ENGELS et al., 2002). S.haematobium et S.mansoni sont endémiques en Afrique où vi vent 85% des personnes infectées (ENGELS et al., 2002) et où les efforts de contrôle restent encore insuffisants pour baisser le fardeau de la maladie.
Agents pathogènes
Paludisme
Quatre espèces plasmodiales sont responsables de l’infection plasmodiale chez l’homme: P.falciparum, P.vivax, P. ovale et P.malariae. Ce sont des protozoaires intracellulaires, appartenant au genre Plasmodium. Les Plasmodium appartiennent, à l ’embranchement des Apicomplexa, à la classe des Sporozoea, à l’ordre Haemosporida et à la famille des Plasmodiidae. Dans les régions Afrotropicales, P.malariae, P. ovale et P.falciparum coexistent avec cependant une large prédominance de P. falciparum qui est présent chez 80% à 95% des sujets parasités (MOUCHET et al ., 2004). En Afrique du Nord, P.vivax prédomine. Dans les Iles du Sud-Ouest de l’Océan indien, la transmission palustre est intense à Madagascar où coexistent les 4 espèces; elle est faible à Maurice. A l’Ile de la Réunion, le paludisme a été éradiqué (MOUCHET et al ., 2004).
En Mauritanie, la transmission du paludisme est saisonnière et très courte. Elle est relativement importante au sud et faible au nord du pays où certaines années sont sans transmission. Le paludisme intervient sous forme d’épidémies apparaissant en période de transmission, et pouvant toucher la quasi totalité de la population (PNLP, 2005) En 1935, FARINAUD a souligné le caractère endémo-épidémique du paludisme sur le bord du fleuve et dans les plaines du Brakna et du Gorgol où SAUTET et al., (1948) faisaient état d’une prévalence plasmodiale de 17% (sur 307 Lames) dans la population générale et de 59% chez les enfants de moins de 5 ans. Dans une enquête conduite en 1987, le taux moyen de prévalence de la splénomégalie était de 12,7 % dans la région du fleuve et de 24,4 % chez les enfants âgés de 1 à 9 ans (GASQUET et al., 1990). Le nombre de cas de paludisme diagnostiqués varient selon les années : 332185 cas en 2000, 243185 en 2002, 312094 en 2004 et 224840 en 2005 (PNLP, 2005). P. falciparum représente plus de 90% des espèces plasmodiales (PNLP, 2000). Cependant, chez les patients externes fébriles reçus dans les hôpitaux de Nouakchott, P.falciparum représentait moins de 2% des infections dans lesquelles l’espèce prédominante était P. vivax (70,5%) suivi de P. ovale (24,6%) (LEKWEIRY et al., 2009).
Bilharziose
La Bilharziose est due au développement chez l’homme d’un ver plat du genre Schistosoma appartenant à la famille des Schitosomatidae, au sous ordre des Strigeata, à l’ordre des Strigeida, à la classe des Trématoda et à l’embranchement des Plathelminthes. Cinq espèces de Schistosome infestent l’homme : Schistosoma haematobium, Schistosoma mansoni, Schistosoma japonicum, Schistosoma intercalatum et Schistosoma mekongi. En Afrique, les principales zones d’endémie bilharzienne sont la vallée du Nil, l’Afrique intertropicale, notamment l’Afrique de l’Ouest et du Sud. La bilharziose sévit également au Maghreb en petits foyers (Sud de la Tunisie, de l’Algérie et du Maroc), à Madagascar (Côte Ouest) et à l’Ile Maurice. En Mauritanie, les régions les plus touchées par la bilharziose sont celles de l’Est, du Sud-Est et de la vallée du fleuve Sénégal. Dans ces régions, la bilharziose urinaire est endémique. En 1961, la prévalence de S. haematobium était de 27,5%, 24,5%,7% et 40% respectivement dans les régions du Gorgol, du Brakna, l’Inchri et de l’Adrar (MARILL et al. , 1961) ; en 1987, une enquête portant sur 985 personnes sélectionnées au hasard au Hodh El Ghrabi, a montré une prévalence de S. haematobium de plus 50% chez les enfants de moins de 16 ans dans 5 des 9 villages visités (ETARD et BOREL, 1992). En 2003, une enquête réalisée par le laboratoire de parasitologie de l’INRSP (ex CNH) en milieu scolaire dans 10 Wilayas et portant sur un échantillon de 3989 s ujets a donné une prévalence globale de 24,7% de S .haematobium. S. mansoni reste focalisé dans la zone du delta du fleuve (région du Trarza). Son taux de prévalence est passé de 9,7% en 1984 à 23% en 1998 (URBANI et al., 1997). Dans l’enquête effectuée par l’INRSP en 2003, il était de 10,2% sur un échantillon de 834 écoliers.
Cycle du Plasmodium
phase asexuée ou schizogonie chez l’homme
Le cycle du Plasmodium débute chez l’homme par inoculation, lors de piqûre de moustiques infestés, de sporozoites fusiformes qui gagnent au bout d’une demi-heure le foie où s’effectuent les cycles préérythrocytaires (figure 1). Après une série de division dans les hépatocytes, les sporozoites (cryptozoites) se transforment en une semaine en schizontes mures ou corps bleu, volumineux, déformant l’hépatocyte et repoussant son noyau en périphérie. Des nombreux mérozoites sont libérés suite à l’éclatement des schizontes mures et passent dans la circulation sanguine. En cas d ’infestation par P.vivax, ou P. ovale, certains schizontes peuvent rester quiescents pendant plusieurs mois à p lusieurs années. Lorsque ces parasites quiescents, appelés hypnozoites, entrent en division, effectuant un cycle exoérythrocytaire secondaire, ils sont à l’origine de nombreux schizontes capables de réensemencer le sang en mérozoites et de déterminer des reviviscences schizogoniques. P.falciparum et P.malariae ne comportent sans doute ni hypnozoites ni schizogonies secondaires. Le cycle asexué érythrocytaire ou schizogonie érythrocytaire s’effectue dans le sang. Chaque mérozoite pénètre dans une hématie par endocytose et s’y transforme en trophozoite. Ce dernier grossit, son noyau se divise avant de donner un schizonte (comportant 16 à 32 noyaux fils) chargé de pigment malarique ou hémozoine. Chaque noyau s’entoure de plage cytoplasmique, forme un s chizonte mûr ou un corps en rosace. Parallèlement, l’hémoglobine se d égrade et, dans l’hématie apparaît des granulations de schuffner (P.vivax et P. ovale) ou des taches de maurer (P.falciparum). Le corps en rosace dilaté et mur éclate ; cet éclatement, à l ’origine des accès f ébriles, libère des mérozoites qui vont parasiter des hématies saines et effectuer des nouveaux cycles schizogoniques érythrocytaires. Chaque cycle érythrocytaire dure 48 heures pour P.vivax, P. ovale ou P.falciparum et 72 heures pour P.malariae.
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : RAPPELS EPIDEMIOLOGIQUES
1-Définition
2-Agents pathogènes
2-1- Paludisme
2-2-Bilharziose
3- Cycle du Plasmodium
3-1- phase asexuée ou schizogonie chez l’homme
3-2-phase sexuée ou sporogonie chez l’anophèle
4 – Cycle du Schistosome
4-1- Dans l’eau et le mollusque
4-2- Dans l’organisme humain
5-Diagnostic
5-1-Diagnostic du Paludisme
5-1-1-Les techniques de diagnostic direct
5-1-2- Les techniques de diagnostic indirect
5-2-Diagnostic de la bilharziose urinaire
5-2-1 Techniques de diagnostic direct
5-2-2 Techniques de diagnostic indirect
CHAIPITRE 2 : MATERIELS ET METHODES
1-Cadre d´étude
2 – Population cible et critère d’inclusion
3-Procédures
3-1 Questionnaire
3-2-Prélèvements sanguins
3-2-1-Diagnostic direct
3-2-1-1-Confection de la goutte épaisse et du frottis
Confection de la goutte épaisse
Confection du frottis mince
Coloration et lecture des lames
Coloration
Lecture
Détermination des charges parasitaires
3-2-2-Le test rapide OptiMAL-IT
Présentation du test
Mode opératoire
Validation du test
Interprétation de la réaction
3-3 Prélèvement urinaire, tests et lecture des échantillons
3-3-1-Examen direct
3-3-2- Examen de filtration
3-4-Analyse des données
3- 4 -1. Hyperthermie
3- 4-2. La prévalence parasitaire
3- 4-3. Accès palustre présumé
3- 4-4. Hématurie
3-5-Analyse statistique
3-6-ETHIQUE
CHAPITRE 3 : RESULTATS
1-Description de l’échantillon d’étude
2-Paludisme
2-1-Prévalence parasitaire
2-2- Répartition des classes de densité parasitaire en fonction de la classe d’âge des patients
2-3- Examens cliniques
2-4- Traitement et Médicaments antipaludéens administrés
3-Bilharziose urinaire
3-1-Prévalence parasitaire
3-2-Hématurie microscopique
3-3-Hématurie macroscopique
4- co-infection P. falciparum/S.haeamtobium
CHAPITRE4 : DISCUSSION
Paludisme
Bilharziose urinaire
Hématurie
Coinfection P.falciparum / S. haematobium
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Annexes