La conscience : un concept philosophique
ย ย La question de l’รขme, de l’esprit, de la conscience et entre autres objets de la sphรจre mentale a, de l’Antiquitรฉ ร nos jours, รฉtรฉ au cลur des dรฉbats philosophiques avec des conceptions diffรฉrentes. Si en philosophie ancienne, l’รขme รฉtait conรงue comme principe d’animation du corps, la philosophie du XVIIe siรจcle, quant ร elle, propose, dans le contexte gรฉnรฉral de la rรฉvolution scientifique et de la naissance de la physique moderne en particulier, une conceptualisation nouvelle de l’รขme, de l’esprit ou encore de la conscience. En effet, depuis Platon, la conception idรฉaliste de l’homme qui a dominรฉ en philosophie a consistรฉ ร dire que la nature de celui-ci est d’essence spirituelle. Cela veut dire que l’esprit habite le corps sans s’y rรฉduire. Il pose ainsi une certaine dichotomie entre l’รขme et le corps. C’est cette indรฉpendance de l’รขme par rapport au corps que note Platon : ยซMais l’รขme ne raisonne jamais mieux que quand rien ne la trouble, ni l’ouรฏe, ni la vue, ni la douleur, ni quelque plaisir, mais qu’au contraire elle s’isole le plus complรจtement en elle-mรชme en รฉcartant le corps, et qu ‘elle rompt, autant qu ‘elle peut, tout commerce et tout contact avec lui pour essayer de saisir le rรฉel. ยป 6 Descartes va, dans cette perspective, hรฉriter de cette question et en faire un traitement beaucoup plus systรฉmatique. En effet, il sรฉpare a priori l’รขme et le corps de faรงon si radicale qu’il devient par la suite difficile de penser leur union. La radicalitรฉ de cette sรฉparation vient du fait que l’รขme et le corps relรจvent de deux ordres de rรฉalitรฉs absolument hรฉtรฉrogรจnes. Il dรฉfinit l’รขme comme une substance pensante dont toute la nature est de penser et qui, par consรฉquent n’a rien d’รฉtendue puisque seuls les objets physiques sont รฉtendus. Quant au corps, il n’a rien des attributs de la pensรฉe puisqu’il n’est que de la matiรจre pure, รฉtendue dans l’espace. Mais aprรจs avoir affirmรฉ que l’activitรฉ mentale n’a pas besoin du corps pour s’exercer, et rรฉciproquement, le corps sans 1 ‘aide de l’รขme, Descartes dira dans la sixiรจme Mรฉditation : ยซLa nature m’enseigne aussi, par ces sentiments de douleur, de faim, de soif, etc., que je ne suis pas seulement logรฉ dans mon corps ainsi qu ‘un pilote en son navire, mais outre cela que je lui suis conjoint trรจs รฉtroitement, et tellement confondu et mรชlรฉ que je compose comme un seul tout avec lui ยป. Ce qui montre que la philosophie cartรฉsienne, mรชme si elle pose effectivement l’indรฉpendance conceptuelle et ontologique rรฉciproque entre le corps et l’esprit, dรฉveloppe en outre une thรฉorie de l’union psychophysique. En effet, Descartes propose spรฉcifiquement une explication de cette union fondรฉe sur l’hypothรจse d’une localisation cรฉrรฉbrale de l’รขme ou de la conscience et sur le postulat de corrรฉlations mรฉtaphysiques. Pour lui, les ยซappรฉtitsยป tels que la faim ou la soif, par exemple, montrent combien l’รขme ou la conscience participe intimement ร la vie du corps ou du cerveau et ne forme pas une rรฉalitรฉ totalement distincte du corps. Tout cela tรฉmoigne, en dรฉfinitive, que la conscience occupe une place particuliรจre dans la philosophie cartรฉsienne. D’ailleurs, dans les Principes, il dรฉfinissait dรฉjร la pensรฉe par la conscience. ยซ Par le mot de pensรฉe, disait-il, j’entends tout ce qui se fait en nous de telle sorte que nous l’apercevons immรฉdiatement par nous-mรชmes. ยป Ainsi, douter, concevoir, affirmer, nier, vouloir, ne pas vouloir, imaginer et sentir relรจvent de la pensรฉe car je ne puis me reprรฉsenter tout cela sans immรฉdiatement l’apercevoir ou le percevoir. Ce qui signifie que la pensรฉe est ce qui permet de faire droit ร mon expรฉrience. En d’autres termes, c’est grรขce ร la pensรฉe que l’homme a conscience de ses actes. Voilร pourquoi, la pensรฉe et la conscience peuvent รชtre considรฉrรฉes, chez Descartes, comme une seule et mรชme rรฉalitรฉ. L’on peut donc dire qu’on emploie le mot ยซconscienceยป pour dรฉsigner l’esprit ou la pensรฉe en gรฉnรฉral, en partant de l’idรฉe que tout esprit est nรฉcessairement un esprit conscient. S’appuyant sur les donnรฉes expรฉrimentales, Bergson, de son cรดtรฉ, pense que l’expรฉrience montre bien que la vie de l’esprit est intimement liรฉe ร celle du corps. En d’autres termes, c’est parce que nous avons un corps qui est configurรฉ d’une certaine maniรจre que nous pouvons faire l’expรฉrience de la conscience. Mais toute la question est de savoir quelle est la nature de ce lien. S’agit-il d’un lien causal ou d’un lien d’une autre nature? De l’avis de Bergson, que nous pensons parce que nous avons un cerveau ne signifie pas que la conscience est une caractรฉristique de celui-lร . C’ est la raison pour laquelle, comme il le dit, on ne peut pas lire tout ce qui se passe dans la conscience correspondante. L’ exemple qu’il donne pour illustrer sa thรจse est assez rรฉvรฉlateur de la difficultรฉ: rien n’est en effet plus dissemblable qu’un vรชtement et le clou auquel il est accrochรฉ malgrรฉ la solidaritรฉ qui les unit. Pourtant, du fait de cette solidaritรฉ, certains รฉtats du vรชtement peuvent รชtre expliquรฉs en fonction du clou. Doit-on pour cela affirmer qu’ils soient รฉquivalents ou qu’ils soient la mรชme chose ? Il est รฉvident que non. ยซAinsi, dit-il, la conscience est incontestablement accrochรฉe ร un cerveau mais il ne rรฉsulte nullement de lร que le cerveau dessine tout le dรฉtail de la conscience, ni que la conscience soit une fonction du cerveau. Tout ce que l’observation, l’expรฉrience, et par consรฉquent la science nous permettent d’affirmer, c’est l’existence d ‘une certaine relation entre le cerveau et la conscience. ยป La thรจse que Bergson rejette ici est celle du rรฉductionnisme qui consiste ร dire que tout est matรฉriel. Ce qui revient ร dire que les sciences de la nature devraient pouvoir, en principe, rendre compte de faรงon satisfaisante de la rรฉalitรฉ de l’esprit qui n’est que de la matiรจre. Or, selon Bergson, si l’on s’ en tient aux tรฉmoignages de l’ expรฉrience, on doit se contenter d’ affirmer qu’il y a une certaine relation entre le cerveau et la conscience mais sans prรฉjuger de la nature de celle-ci. De mรชme, Husserl, pour sa part, s’insurge contre la conception cartรฉsienne qui fait de la conscience une substance autonome. Il dรฉconstruit de ce fait la dรฉmarche cartรฉsienne qui consiste ร enfermer la conscience en elle-mรชme. C’ est donc l’intรฉrioritรฉ, le solipsisme de la conscience, son retour en elle-mรชme que Husserl remet en cause. Il rรฉfute ainsi ce qu’il appelle l’ยซattitude transcendantaleยป qui consiste pour la pensรฉe ร ignorer, ร douter de l’objet, du monde extรฉrieur. Pour lui, on ne peut pas dรฉfinir la conscience ou la pensรฉe, en la rapportant uniquement ร elle-mรชme. Il prรฉconise en revanche une ยซattitude naturelle ยป consistant pour la conscience ou le cogito de se rapporter au monde extรฉrieur. ยซPar consรฉquent, dit HusserL il faudra รฉlargir le contenu de l’ego cogito transcendantal, lui ajouter un รฉlรฉment nouveau et dire que tout cogito ou encore tout รฉtat de conscience ยซ vise ยป quelque chose, et qu’il porte en lui-mรชme, en tant que ยซ visรฉe ยป (en tant qu’objet d’une intention), son cogitatum respectif. ยปย La conscience se dรฉfinit ainsi, chez Husserl, non par la substance, c’est-ร -dire une rรฉalitรฉ permanente qui se suffit ร elle-mรชme, mais par l’intentionnalitรฉ qui renvoie ร un objet, un projet, une tension ร quelque chose. Celui-ci peut รชtre le monde extรฉrieur ou autrui. A la suite de Husserl, Sartre abordera le thรจme de la conscience dans le mรชme sens. Pour lui, la conscience subsistant indรฉpendamment d’un รฉtat particulier de conscience est une illusion. La conscience ou leยซ moiยป ne peut jamais porter un regard rรฉflexif sur ses propres รฉtats, puisqu’il n’a pas deยซ dedansยป. ll ne peut s’isoler du monde extรฉrieur pourยซ rentrer en lui-mรชmeยป, ni ยซs’entretenir avec lui-mรชmeยป. Pour Sartre aussi la conscience n’est pas une intรฉrioritรฉ mais un mouvement vers le monde auquel elle n’est pas antรฉrieure et rรฉciproquement. Voilร ce qu’il dit ร propos du rapport de la conscience au monde: ยซLa conscience et le monde sont donnรฉs d’un mรชme coup: extรฉrieur par essence ร la conscience, le monde est par essence, relatif ร elle. C’est que Husserl voit dans la conscience un fait irrรฉductible qu’aucune image physique ne peut rendre. Sauf, peut-รชtre, l’image rapide et obscure de l’รฉclatement. Connaรฎtre, c’est ยซs’รฉclater versยป, s’arracher ร la moite intimitรฉ gastrique pour filer, lร -bas, par-delร soi, vers ce qui n’est pas soi, /ร -bas prรจs de l’arbre et cependant hors de lui, car il m’รฉchappe et me repousse et je ne peux pas plus me perdre en lui qu’il ne se peut diluer en moi : hors de lui hors de moi. ยป Bien que la conscience soit un mouvement vers le monde, il n’y a pas d’antรฉrioritรฉ entre eux. On n’a donc pas besoin de dรฉmontrer leur existence. Selon lui, la connaissance, activitรฉ principale de la conscience, n’est pas la possession car on ne peut pas possรฉder l’objet dans sa totalitรฉ mais plutรดt une de ses facettes. Voilร pourquoi, la conscience et le monde sont intimement liรฉs. Une autre position de la critique de l’autonomie de la conscience est initiรฉe par ceux qu’il est convenu d’appeler lesยซ philosophes du soupรงonยป: Nietzche, Marx, Freud. Ces trois philosophes ont en commun l’idรฉe selon laquelle la conscience ne rรจgne pas en mailresse absolue. Elle est supportรฉe et dรฉterminรฉe ร son insu, selon Nietzche, par la volontรฉ de puissance, pour Marx, par les conditions socio-รฉconomiques et quant ร Freud, par l’Inconscient. Le principe de ces diffรฉrentes critiques malgrรฉ leur apparente diffรฉrence est le mรชme : il s’agit de montrer qu’une illusion fondamentale habite la conscience lorsqu’elle croit pouvoir รชtre totalement transparente ร elle-mรชme. Cela veut dire qu’il y a en elle des zones d’obscuritรฉ non nรฉgligeables et ayant un impact certain sur les choix de notre conscience. Celle-ci est conditionnรฉe par des instances souveraines qui ne sont donc pasย immรฉdiatement perceptibles mais qui sont les vรฉritables causes de tout ce qu’elle croit pouvoir rapporter ร elle-mรชme. Quand Marx dit par exemple que ce n’est pas la conscience des hommes qui les dรฉtermine mais leurs conditions d’existence, il veut montrer par lร que la maniรจre dont nous nous reprรฉsentons le monde, les choses, dรฉpend en derniรจre instance des conditions sociales d’existence de toutes les idรฉologies, croyances et des conditions que celles-ci produisent. Aujourd’hui, nous assistons ร un changement radical dans la faรงon de traiter la question de la conscience. Ce paradigme rรฉvolutionnaire consacre la naissance de ce qu’il est convenu d’appeler les sciences cognitives. Il n’est donc pas รฉtonnant que l’avรจnement de ces sciences soit contemporain de la philosophie de l’esprit dont l’exigence essentielle est de penser ร nouveaux frais les concepts de conscience, d’esprit, d’intelligence. Denis Fisette et Pierre Poirier n’ont pas manquรฉ de souligner la place primordiale de la conscience dans cette nouvelle intention philosophique : ยซIl n’est pas รฉtonnant, disent-ils, que ce thรจme soit devenu depuis une dizaine d ‘annรฉes un des problรจmes centraux de la philosophie de l’esprit. Le problรจme est de savoir si les objections adressรฉes au fonctionnalisme reprรฉsentent des arguments sรฉrieux contre la naturalisation de la conscience et de l’esprit en gรฉnรฉral. ยป
Rรฉsurgence d’un concept en sciences cognitives
ย ย La nature de l’esprit humain et son origine font parti des plus grands mystรจres de l’humanitรฉ. Depuis l’avรจnement de la pensรฉe, l’homme s’est posรฉ la question fondamentale du pourquoi et du comment il est. Cette interrogation est, malgrรฉ tout, restรฉe longtemps sans rรฉponse claire. Mais depuis quelques annรฉes, l’รฉtude de la conscience commence ร รชtre abordรฉe ร l’aune de l’avancรฉe des sciences cognitives. Elle est devenue aujourd’hui, avec l’intentionnalitรฉ et la rationalitรฉ, l’une desยซ catรฉgoriesยป ร laquelle s’intรฉresse essentiellement la philosophie de l’esprit. C’est ainsi que philosophes, neuroscientifiques, psychologues, tous en font de nos jours un objet d’รฉtude privilรฉgiรฉ. Ains~ dans la prรฉface de son ouvrage, Francisco V arela, pour justifier la rรฉsurgence du thรจme de la conscience au sein des sciences cognitives parle d’un certainยซ boom de la conscienceยป. Pour lui, il serait inadmissible, dans le domaine de toute science de la cognition et de l’esprit, d’envisager l’รฉtude de notre vie interne sans prendre en compte la conscience, cet aspect mental ou cognitif de l’existence humaine. C’est ce qu’il souligne dans ce qui suit: ยซ Nous assistons actuellement ร une impressionnante floraison de travaux scientifiques sur la conscience : les livres, articles et colloques sur le sujet ont connu ces derniรจres annรฉes une croissance exponentielle. Pourquoi cette explosion soudaine aprรจs tant d’annรฉes de sommeil, au cours desquelles la conscience รฉtait considรฉrรฉe, mรชme au sein des sciences cognitives, comme un sujet indรฉsirable ? ยป Qu’est-ce qui justifie ce regain d’ intรฉrรชt de la notion de conscience en philosophie ? Quels pourraient bien รชtre les enjeux thรฉoriques d’un tel projet de naturalisation de la conscience ?
La thรฉorie de l’identitรฉ
ย ย Aprรจs les diffรฉrentes critiques contre le behaviorisme du fait de sa solution peu satisfaisante, une conception matรฉrialiste rรฉductionniste des รฉtats mentaux se prรฉsente assez spontanรฉment : il s’agit de la thรฉorie de l’identitรฉ. Celle-ci consiste ร dire que les รฉtats mentaux sont identiques aux รฉtats physiques ou neurologiques, le but visรฉ รฉtant d’รฉviter toute forme de dualisme. Cela veut dire que les propriรฉtรฉs mentales sont identiques ร des propriรฉtรฉs physiques. On dira par exemple que la douleur c’est l’activation des fibres C. Ce qui signifie autrement qu’ร chaque fois qu’on ressent une douleur, c’est parce que les fibres C situรฉes dans la partie cรฉrรฉbrale se sont activรฉes. Dans le mรชme ordre d’idรฉe, le but n’est pas de dire que les รฉtats mentaux – les attitudes propositionnelles, les qualia, la conscience entre autres – sont causรฉs par des dรฉcharges neuronales, mais qu’ils ne sont rien d’autre que des configurations de dรฉcharges neuronales. C’est cette identitรฉ psycho-cรฉrรฉbrale que souligne Daniel Pinkas dans ces propos : ยซLa thรจse classique de l’identitรฉ psycho-cรฉrรฉbrale reprรฉsente la solution matรฉrialiste la plus directe au problรจme du rapport de 1 ‘esprit et du corps. Elle soutient que chaque type gรฉnรฉral d’รฉtat ou d’รฉvรฉnement mental est numรฉriquement identique ร (n’est autre chose qu’) un certain type gรฉnรฉral d’รฉtat ou de processus physique du cerveau ou du systรจme nerveux central : le fait d’รฉprouver une certaine douleur, celui de croire qu’il fait beau, ou de percevoir la couleur du ciel sont des types d’activations ou de configurations neuronales. ยป Cette thรจse est ainsi une forme de matรฉrialisme rรฉductionniste pour lequel les identitรฉs psycho-cรฉrรฉbrales postulรฉes sont comparables aux identitรฉs dรฉcoulant de rรฉduction thรฉoriques telle que celle de l’eau ร H20, des gรจnes ร des molรฉcules d’ADN, ou encore de la chaleur ร l’ agitation molรฉculaire. Ce qui sous-tend cette thรฉorie c’est la pratique bien connue en sciences des rรฉductions qui consiste ร rapporter certains types d’entitรฉs ร d’autres types d’entitรฉs plus fondamentales. En effet, lorsqu’on affirme une รฉquivalence entre l’eau et H20, on ne dรฉsigne pas deux choses diffรฉrentes mais une seule et mรชme rรฉalitรฉ: l’eau, c’est-ร -dire H20. Appliquรฉ au problรจme de la sensation, cela voudrait dire non pas que la douleur est causรฉe par l’activation des fibres C mais que la douleur n’est rien d’autre que l’activation des fibres C. On voit donc que le programme des tenants de cette approche physicaliste, matรฉrialiste ou naturaliste consiste ร รฉtablir des ยซ รฉnoncรฉs-passerelles ยป de sorte ร corrรฉler des propriรฉtรฉs mentales ร des propriรฉtรฉs physiques du cerveau. Selon Pascale Gillot : ยซPareille conception, qui tendait ร reconduire le phรฉnomรจne de l’expรฉrience subjective ร un processus cรฉrรฉbral, et ร rรฉassigner en quelque sorte la conscience ร un support physique, en l’occurrence dans le cerveau, constituait en effet un des premiers dรฉveloppements de cette thรฉorie de l’identitรฉ, d’obรฉdience matรฉrialiste ยป. Ce qui signifie alors que la conscience elle-mรชme n’รฉchappe pas au schรจme physicaliste, et les corrรฉlations entre processus mentaux et processus cรฉrรฉbraux se comprennent dans les termes d’une identitรฉ stricte. En effet, cette identitรฉ est une identitรฉ systรฉmatique et non fluctuante : non seulement ร chaque รฉvรฉnement mental correspond un รฉvรฉnement cรฉrรฉbral particulier, selon le principe d’une correspondance biunivoque, mais le premier s’identifie au second. Il s’agit donc d’uneยซ identitรฉ des typesยป qui n’autorise aucune autonomie des รฉtats mentaux par rapport ร leur rรฉalisation physique spรฉcifique. Elle ne pose pas une simple corrรฉlation entre tel รฉtat mental et tel รฉtat neurophysiologique, mais affirme que les sensations, par exemple, ne sont rรฉellement rien d’autre que des processus cรฉrรฉbraux. Si les propriรฉtรฉs mentales de l’esprit sont identiques ร des propriรฉtรฉs sous-jacentes du cerveau, le problรจme des rapports entre l’รขme et le corps ou encore entre la conscience et le cerveau n’est alors plus inextricable. Les รฉcueils de cette thรฉorie ont cependant รฉtรฉ trรจs vite mis en รฉvidence. Ainsi, plusieurs objections lui ont รฉtรฉ adressรฉes. Parmi celles-ci, nous retiendrons ces deux qui s’avรจrent les plus sรฉrieuses. La premiรจre consiste ร dire que si les propriรฉtรฉs mentales sont identiques ร des propriรฉtรฉs physiques ou neurophysiologiques, alors toutes les propriรฉtรฉs qui sont vraies dans le domaine du mental doivent รชtre vraies dans le domaine physique en vertu de leur symรฉtrie. Et ce, d’aprรจs la ยซ loi de Leibnizยป fondรฉe sur le principe d’indiscemabilitรฉ des identiques selon lequel si a est identique ร b, a et b ont alors les mรชmes propriรฉtรฉs. Or, du fait de la nature fondamentalement subjective et qualitative du mental, il est difficile de soutenir que la douleur n’est rien d’autre qu’une dรฉcharge neuronale. Voilร pourquoi Pacherie constatant la spรฉcificitรฉ des รฉtats mentaux, รฉmet cette rรฉserve : ยซ L ‘objection รฉtait que mรชme si la douleur est un รฉtat cรฉrรฉbral, elle peut avoir des propriรฉtรฉs phรฉnomรฉnales – l’acuitรฉ par exemple- qui soient irrรฉductiblement mentales. Le partisan de l’identitรฉ physicaliste serait ainsi obligรฉ d’accepter une thรฉorie duale: les รฉtats mentaux auraient ร la fois des propriรฉtรฉs physiques et des propriรฉtรฉs irrรฉductiblement mentales. ยป
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES SCIENCES COGNITIVES, UN PROGRAMME DE NATURALISATION DE LA CONSCIENCE
CHAPITRE PREMIER – LE RETOUR A LA CONSCIENCE
1. La conscience, terme polysรฉmique et rรฉalitรฉ pluridimensionnelle
1.1 La conscience : un concept philosophique
1.2 Le caractรจre pluridimensionnel de la conscience
2 Rรฉsurgence un concept en sciences cogmtlves
2.1 L’intรฉrรชt philosophique
2.2 Les enjeux thรฉoriques d’une naturalisation de la conscience
CHAPITRE ll – LES DIFFERENTES THEORIES NATURALISTES
1. Le bรฉhaviorisme logique
2. La thรฉorie de l’identitรฉ
3 . Le matรฉrialisme ยซ รฉliminativiste ยป
4. Le fonctionnalisme
5. La solution de Dennett
SECONDE PARTIE : PROBLEMATIQUE DE NATURALISATION DE LA CONSCIENCE
CHAPITRE lll – LES OBSTACLES A LA NATURALISATION
1 . Le problรจme de l’explication des รฉtats de conscience
1.1 L’intentionnalitรฉ
1.2 La subjectivitรฉ
1 3 L’รฉpiphรฉnomรฉnisme
2. L’ impasse explicative
2. 1 Le dรฉficit d’explication
2.2 L’effet que cela fait d’รชtre
2.3 David Chalmers : le ยซ problรจme difficileยป
CHAPITRE IV – ENJEUX PIDLOSOPIDQUES DE LA QUESTION
1. L’รฉthique face ร la naturalisation de la conscience
1.1 La question du propre de l’homme
1.2 La conception spiritualiste
2. La conscience, un obstacle รฉpistรฉmologique
2.1 La conscience comme science et non science
2.2 La conscience, une rรฉalitรฉ mystรฉrieuse
CONCLUSION
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