Perspectives de transformation sociale face à la violence

La violence physique

                 La violence au sens strict est la violence physique : c’est l’atteinte directe, corporelle, à autrui. Les statistiques judiciaires la désignent comme « crimes contre les personnes ». Dans la vie courante, elle se manifeste par des actes visibles et tangibles tels que : jeter un objet sur autrui, le pousser, l’empoigner, le bousculer, le gifler, le battre, l’étrangler, lui donner un coup de pied, le menacer avec un couteau, une arme à feu etc… Certains auteurs soutiennent même qu’elle est la seule mesurable ( !). Il faut toutefois reconnaître qu’elle reste, à Madagascar comme ailleurs, la forme de violence prioritairement reconnue par la société. En fait, les premières réflexions sur le concept de violence se référaient généralement à la violence physique. C’est la forme visible de l’agression destructrice, telle que nous l’avons développée dans la précédente section. Elle fait partie de la violence fondée sur le sexe. Dans tous les pays où l’on a fait des études à grande échelle, entre 10 et 50% des femmes disent avoir été physiquement agressées par un partenaire intime au cours de leur vie. En 1998, la violence entre personnes était la dixième cause de décès chez les femmes âgées de 15 à 44 ans (OMS, 2002). Il s’agit donc d’un problème majeur qui concerne la santé et les droits de la personne humaine. Les défenseurs des victimes de violence physique se sont appuyés sur les arguments fournis par les conséquences extrêmement néfastes (de la violence) pour affirmer la nécessité d’entreprendre une action de soutien en faveur des femmes battues, en arguant qu’il s’agit d’une question de droit : besoins de lois instituant cette violence en délit, de manière à ce que ses auteurs puissent être arrêtés, jugés et condamnés (Stanko, 1985) ou encore de protection assurée par des services d’entraide sociale et des refuges subventionnés par l’Etat (Dobash et Dobash, 1992).

La violence sexuelle

              Dans son état brut, la violence sexuelle se décrit par l’utilisation de la force physique ou la menace pour obliger autrui à avoir des relations sexuelles. Elle est ainsi une variante de la violence physique mais porte spécifiquement atteinte à l’intégrité sexuelle, sans pour autant épargner l’intégrité psychologique de la personne qui en est victime. La violence sexuelle inclut la tentative d’atteinte à l’intégrité sexuelle Selon l’OMS (2002), la violence sexuelle se définit comme suit : « Tout acte sexuel, tentative d’acte sexuel, commentaire ou avances de nature sexuelle, ou actes visant à un trafic ou autrement dirigés contre la sexualité d’une personne en utilisant la coercition, commis par une personne indépendamment de sa relation avec la victime, dans tout contexte, y compris, mais sans s’y limiter, le foyer et le lieu de travail ». De la même source, la violence sexuelle comprend le viol, qui se définit comme suit : « acte de pénétration, même légère, de la vulve ou de l’anus imposé notamment par la force physique, en utilisant un pénis, d’autres parties du corps ou un objet. Il y a tentative de viol si l’on essaie de commettre un tel acte. Lorsqu’il y a viol d’une personne par deux ou plusieurs agresseurs, on parle de viol collectif ». La violence sexuelle peut comprendre d’autres formes d’agression dans lesquelles intervient un organe sexuel, notamment le contact imposé entre la bouche et le pénis, la vulve ou l’anus. La violence sexuelle peut être dirigée contre un homme ou une femme mais dans le cas d’espèce, nous nous intéresserons essentiellement à la violence sexuelle dont les personnes de sexe féminin sont victimes. La violence sexuelle est une des composantes de la violence fondée sur le sexe. Elle y est entrée de fait, en ce sens qu’elle a été dénoncée et documentée, surtout par les féministes, comme un élément-clé de plaidoyer dans les mouvements contre la violence et l’oppression des femmes. Les expressions telles que « Violence Faite Aux Femmes À Travers Les Agressions À Caractère Sexuel », qui font désormais partie du langage courant dans le domaine, sont suffisamment éloquentes quant à l’intensité et la ténacité de la lutte – car c’est bien de ça qu’il s’agissait – ainsi qu’à l’évolution des réflexions sur le sujet.

La violence est-elle d’origine biologique ?

                  Le courant neurologique soutient que la violence physique est d’origine biologique, notamment en attribuant à celle-ci une perturbation du système limbique (siège des émotions). Frank Elliot (1944), psychiatre américain, un des tenants les plus convaincus de cette théorie, pense que la violence est provoquée par une décharge électrique incontrôlée dans le lobe temporal. Elle pourrait trouver son origine dans un traumatisme précoce du cerveau, comme une asphyxie temporaire au cours de l’accouchement ou de la prime enfance. Cette théorie a aussi été avancée par l’auteur comme un explicatif de la violence conjugale qui trouverait sa source dans des désordres métaboliques comme l’hypoglycémie. Toutefois, aucune explication biologique ne peut expliquer pourquoi les hommes violents le sont uniquement avec leur partenaire intime et, pour la plupart d’entre eux, jamais à l’extérieur de leur foyer (Hirigoyen, 2005). Le développement de la sociobiologie dans les années ‘70 considérait la violence conjugale – qui était assimilée pendant longtemps à la violence physique – comme une stratégie masculine pour dominer la femme afin de se garantir l’exclusivité de la reproduction et des relations sexuelles. A leurs yeux, un homme frappe sa femme pour satisfaire un impératif biologique et pour que ses gênes soient transmis à la génération suivante. La jalousie masculine disproportionnée qui accompagne les brutalités prendrait ses racines dans l’incertitude de l’homme face à sa contribution au patrimoine héréditaire qui serait en revanche assuré en certitude par les femmes. La mère est toujours réelle, le père n’est que putatif. Cette théorie a vu ses limites dans le fait qu’elle ne peut expliquer pourquoi tous les hommes ne sont pas violents. Les différents discours anthropologiques, quant à eux, s’accordent à reconnaître la singularité de l’être humain en matière de violence. Toutefois, ils font davantage usage des termes ‘agressivité’, ‘agression’ ou ‘combativité’ qu’à celui de « violence » lui-même. La violence serait sous-tendue par l’agressivité, un instinct élémentaire, au même titre que la soif, la faim ou la sexualité, que régule l’action de facteurs extérieurs tels que les règles et les interdits. Dans ce sens, l’agressivité demeure utile au développement de l’individu, de son appareil psychique et de ses facultés. Les règles de la société et la culture contrôlent cette tendance naturelle et lui permettent de s’exprimer dans des formes acceptables et, dans la mesure du possible, non violentes. Pour l’éthologie, l’agression est un instinct et possède en elle-même une impulsion spontanée (K. Lorenz, 1969). Elle aurait une fonction structurante des relations sociales en les faisant évoluer vers l’échange et la communication. Il s’agirait d’un instinct adaptatif, d’une énergie « qui s’exprime à l’origine par l’activité et se manifeste ensuite sous les formes les plus différentes, à la fois individuelles et collectives, telles qu’elles résultent de l’apprentissage et de la transmission sociale, depuis la simple affirmation de soi-même jusqu’à la barbarie ». Ainsi, l’agression est un élément constitutif à la formation du monde et la vie est façonnée par celle-ci. Une incursion dans l’histoire nous rappelle que la violence physique est souvent le mode privilégié de socialisation dans les sociétés primitives. N. Elias (1990) montre que jusqu’au Moyen Age la vie quotidienne était extraordinairement violente en Europe : « les documents suggèrent d’inimaginables déchaînements affectifs où chacun quand il le peut s’abandonne aux joies extrêmes de la férocité, du meurtre, de la torture, de la destruction et du sadisme… » (La Civilisation des moeurs). Au siècle dernier encore, le culte de la force physique faisait partie de la culture populaire et les rixes étaient monnaie courante, même entre femmes. Lorsque l’évolution de l’homme a permis qu’il domine son milieu, qu’il maîtrise des outils et des techniques – de plus en plus sophistiqués à l’heure actuelle -, l’instinct est devenu nuisible, l’agressivité destructrice. De ce point de vue, on peut considérer les manifestations agressives destructrices comme un produit de la culture. L’acte physique violent exprime une agressivité destructrice – l’agression étant l’expression comportementale de l’agressivité, c’est-à-dire l’action d’attaquer – et résulte en quelque sorte d’un défaut d’inhibition de l’instinct agressif. Il est la « forme nue, ouverte, manifeste » de l’instinct, et non l’instinct lui-même. Par rapport à l’agression, la violence, physique de surcroît, exprime la brutalité : le propre de la violence est d’être destructrice. Elle se réfère au droit, aux règles et aux coutumes : « Ce qui est décisif, ce n’est pas qu’on soit violent, c’est qu’on le devienne. L’agression, comme tout don, ne se développe pas dans le vide, mais en rapport avec un milieu ». Si l’on admet que l’instinct d’agression fait partie des éléments génétiques de l’être humain, la civilisation a fait reculer la loi de la jungle, en tout cas, dans ses formes brutes.

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Table des matières

Introduction
Partie I : Cadre de la recherche et démarche méthodologique
Chapitre 1 : Exposé de la recherche et de la démarche méthodologique
1.1. La recherche
1.2. Démarche méthodologique
Chapitre 2 : Pourquoi s’intéresser à la violence et aux hommes ?
2.1. Le concept de violence
2.2. Les modes de production de la violence
Chapitre 3 : Pourquoi relier la violence à la masculinité ?
3.1. Le concept de masculinité : essais de définition
3.2. L’apprentissage à devenir un petit dur et à être dominateur
3.3. La consolidation de la domination masculine à partir de l’adolescence
3.4. Autres facteurs incitatifs à la violence masculine
Partie 2. Résultats des investigations et pratiques de terrain
Chapitre 4 : Les hommes et la masculinité dans le contexte du pays
4.1. Evolution sociohistorique des rôles des hommes
4.2. Les dispositions du droit malgache : l’homme reste le chef de famille
4.3. Violence fondée sur le sexe : un état des lieux
Chapitre 5 : Investigations sur le terrain
5.1. Le profil monographique d’Ambohigogo
5.2. Le statut conféré à l’homme
5.3. Situations actuelle et future : ce qu’en pensent les villageois d’Ambohigogo
Partie III : Discussions et perspectives
L’ancrage de la violence dans la définition de la masculinité
Les rôles des hommes dans la promotion d’une culture de non violence
Les écueils à éviter
Une redéfinition de la masculinité au bénéfice de l’humanité
Vers quelle sorte de transformation sociale ?
Acronymes et abréviations
Liste des tableaux
Liste des encadrés
Bibliographie

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