L’humanité est aujourd’hui confrontée à un accroissement incontrôlé des émissions de gaz à effet de serre. Cette augmentation de la concentration des gaz à effet de serre est à l’origine du dérèglement climatique comme le réchauffement de la planète. Ce réchauffement induit des conséquences graves comme la fonte des glaciers, l’augmentation des précipitations, la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes et le décalage des saisons (Gerald et al., 2009). Ces catastrophes semblent aujourd’hui persister. En effet, la pollution de l’atmosphère s’accentue à une vitesse exponentielle que les mesures de sauvegarde de l’environnement sont inefficaces. Selon Magdelaine (2014), la réduction des émissions à un niveau peu élevé ne permettra plus de prévenir les changements climatiques en cours et plusieurs années sont nécessaires à la mise en œuvre de plans d’actions de la part de nos sociétés face à des problèmes importants, un temps précieux qui peut accroître considérablement la durée de certains effets. De plus, le changement climatique aura des impacts négatifs sur l’agriculture et exposera les populations du monde au risque de l’insécurité alimentaire. En effet, des températures plus élevées diminuent les rendements des cultures utiles tout en entraînant une prolifération des mauvaises herbes et des parasites. La modification des régimes de précipitations augmente la probabilité des mauvaises récoltes à court terme et d’une baisse de la production à long terme (Gerald, et al., 2009). Cependant, les pays en développement dépendant de l’agriculture seront les plus gravement affectés par les effets du changement climatique. En 2005, près de la moitié de la population économiquement active des pays en développement, soit 2.5 milliards de personnes, tirait le principal de ses ressources de l’agriculture (Gerald, et al., 2009). Pour le cas de Madagascar, 80% de la population vit en milieu rural et vit majoritairement d’une agriculture de subsistance (PNUD, 2010). Selon toujours le PNUD en 2010, la majorité de la population pauvre de la Grande Ile vit en milieu rural. Ainsi, le milieu rural malgache est vulnérable à tous chocs extérieurs comme le changement climatique. Madagascar, pays classé au 151ème rang sur 187 par l’indicateur de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) est également considéré comme l’un des pays les plus vulnérables face au changement climatique (Delille, 2011). Selon les enquêtes effectuées dans la commune d’Ambohibary, District d’Antsirabe II, région Vakinakaratra, les habitants subissent régulièrement les effets du changement climatique comme la grêle et la diminution brusque de la température ou la gèle.
Concepts et Etat de l’art
Concept de vulnérabilité
La vulnérabilité au changement climatique a été définie comme : « Le degré avec lequel un système (naturel ou humain) est susceptible de, ou est incapable, de faire face aux effets néfastes du changement climatique, la variabilité climatique et les phénomènes extrêmes y compris. La vulnérabilité est fonction du caractère, de la magnitude et du taux de variation climatique auquel un système s’expose, sa sensibilité et sa capacité d’adaptation » (GIEC, 2007). Cependant, la vulnérabilité est associée à la notion de risque. La nature même des aléas a poussé les naturalistes à s’intéresser en premier à la notion de risque. Puis progressivement, les autres scientifiques se sont penchés sur les aspects humains des catastrophes (Magnan, 2009). Par contre, il existe une différence terminologique entre risque et catastrophe, le premier terme faisant référence à la survenue probable d’une perturbation, le second à ses conséquences réelles (Blaikie et al., 1994 ; Dauphiné, 2001 ; Veyret et al., 2007). De plus, la notion de vulnérabilité, initialement subordonnée au concept du risque, est devenue un concept scientifique à part entière (Bankoff et al., 2004 ; Adger, 2006). Le rapport de 2001 du GIEC entendait par vulnérabilité « le degré par lequel un système risque de subir ou d’être affecté négativement par les effets néfastes des changements climatiques, y compris la variabilité climatique et les phénomènes extrêmes. La vulnérabilité dépend du caractère, de l’ampleur et du rythme des changements climatiques auxquels un système est exposé, ainsi que de sa sensibilité et de sa capacité d’adaptation ». La vulnérabilité du territoire joue un grand rôle dans l’enchaînement des conséquences d’une catastrophe, car la nature propre de cette vulnérabilité est double : elle a trait d’abord à la « fragilité » (environnementale et/ou humaine) d’un système face à une perturbation, mais aussi et surtout à la capacité de ce dernier à absorber la crise et à retrouver un équilibre (résilience) (Magnan, 2009). L’analyse de la résilience incite le chercheur comme le gestionnaire d’un territoire à adopter une vision dynamique de la relation Homme/Milieu, donc du risque, de la vulnérabilité et de la perturbation.
Perturbation, territoire et vulnérabilité
Le GIEC précisant que la vulnérabilité « est une fonction de », amène à dire qu’elle peut être analysée sous l’angle d’une triple dimension. C’est également le cas de l’événement perturbateur et du territoire.
Perturbation
Perturbation et aléa
La perturbation dont il est question n’est donc pas forcément un objet bien spécifique comme une tempête ou un glissement de terrain, par exemple. Toutefois, l’aléa lui-même peut résulter d’une combinaison complexe de facteurs naturels, même si certaines actions anthropiques peuvent jouer un rôle déclenchant (cas classique des avalanches). Ainsi, aléa et perturbation peuvent être caractérisés sur des bases communes : « un aléa (une perturbation) se définit par sa nature, sa fréquence et son intensité en un lieu donné » (Veyret et al., 2007). Les trois caractéristiques de la définition du GIEC apparaissent ici sous une autre forme : « nature » renvoie à « caractère », « fréquence » à « rythme », « lieu » et « intensité » à « ampleur ».
Nature, Ampleur, spatialité et temporalité de la perturbation
Il paraît plus adéquat de parler de « nature » plus que de « caractère », et de «temporalités » plus que de « rythme » afin de lier ultérieurement perturbation et territoire. Concernant la troisième dimension, qui renvoie à l’« intensité » du phénomène et aux « lieux » qu’il affecte, les champs de la perturbation et du territoire appellent deux termes distincts. Le terme « ampleur » s’associe à la perturbation et le terme de « spatialités » s’associe à la notion de territoire. En effet, si l’« ampleur » de la perturbation peut se définir à la fois par l’intensité du phénomène et sa répartition dans l’espace, la notion d’intensité n’a que peu de sens pour décrire le territoire. « L’intensité du territoire » renvoie aux dynamiques territoriales à l’œuvre, celles-ci n’étant pas distinguées ici en tant que telles mais intégrées à la fois aux caractéristiques spatiales et temporelles du territoire, soit de manière sous-jacente aux trois dimensions « nature », « temporalités » et « spatialités ». L’enjeu posé par le changement climatique est d’arriver à prendre en compte non seulement les réactions en chaîne postérieures à la survenue d’une perturbation ponctuelle, mais également l’ensemble des modifications des processus naturels. Cela explique le choix de parler de perturbation au sens large du terme en englobant à la fois les processus et leurs manifestations ponctuelles (les aléas) (Magnan, 2009).
Sur le plan des temporalités, la perturbation peut être circonscrite dans le temps ou bien diffuse, graduelle. On retrouve par exemple dans la première catégorie les tempêtes, les orages violents, les inondations ou encore les feux de forêt. Le second type de perturbations en appelle davantage à des processus s’étalant dans le temps. C’est encore une fois ce que montre très bien la problématique des changements climatiques qui, en augmentant la possibilité d’exacerbation et d’intensification d’événements ponctuels plus ou moins récurrents (sécheresses, vagues de chaleur, cyclones…), annonce des changements graduels, tant en termes de conditions (températures, courants, précipitations…) que de ressources (eau, poissons…). Elle renvoie ainsi à une modification potentiellement profonde des milieux naturels et indirectement des cadres de développement des sociétés humaines. Cela introduit un autre élément important : les temporalités de certaines perturbations peuvent être complexes, à mi-chemin entre ponctuel et graduel. C’est typiquement le cas des sécheresses dont les incidences peuvent varier de quelques jours à plusieurs mois, voire des années, et qui peuvent résulter d’une pénurie d’eau latente révélée à un moment donné par un déficit en précipitations, par des températures plus élevées qu’à la normale et/ou par des problèmes de surconsommation. Les « risques ponctuels récurrents » d’abord, regroupant des perturbations brèves mais qui se répètent dans le temps, avec plus ou moins de fréquence. Les tempêtes, les sécheresses ou les inondations entrent typiquement dans cette catégorie (Magnan, 2009). Enfin, la perturbation se définit par son ampleur, c’est-à-dire son emprise dans l’espace à différentes échelles. L’élévation attendue du niveau de la mer ou encore le réchauffement du climat sont de par leurs conséquences des problèmes d’ordre planétaire, même s’ils n’agiront pas partout de la même manière et si localement des phénomènes inverses pourront se produire. À l’inverse, d’autres phénomènes peuvent être extrêmement localisés tels les incendies ou les phénomènes de submersion marine. L’intérêt de prendre en compte la (les) spatialité(s) de la perturbation est donc double. Il réside d’abord en la compréhension et l’identification des processus et des impacts potentiels, notamment à travers la cartographie de zones d’exposition ; ensuite en l’identification des mesures adéquates à prendre pour limiter le risque. L’enjeu qu’impose le changement climatique consiste, au travers des stratégies d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation, dans un but commun de limiter la survenue de catastrophes, à mêler les échelles internationales (protocole de Kyoto, par exemple), nationales (mise en œuvre de la CCNUCC) et locales (acceptation/application des mesures nationales) (Magnan, 2009).
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Table des matières
INTRODUCTION
I. Concepts et Etat de l’art
II. Matériels et Méthodes
II.1 Matériels
II.1.1 Présentation de la zone d’étude
II.2.2 Justification du choix de la zone d’étude
II.2 Méthodes
II.2.1 Démarche commune de vérification des hypothèses
II.2.2 Démarche de vérification de chaque hypothèse
III. Résultats
III.1 Les impacts du changement climatique sur l’agriculture et le bien-être de la population locale
III.2 Les facteurs de vulnérabilité qui réduisent la résilience des exploitants agricoles face aux effets du changement climatique
III.3La réduction de la vulnérabilité des producteurs agricoles face aux effets du changement climatique par la mise en place d’une stratégie basée sur la résilience
IV. Discussion et recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIERES