La réception
La réception concerne le rôle du public dans l’interprétation qu’il se fait de l’œuvre. Un roman est sujet d’une réception par un récepteur. Celui-ci est libre de le critiquer librement lors de sa parution. Le récepteur est un lecteur qui a le droit de le rejeter où de l’accepter et contribuer, par là même, à son succès. En effet, l’œuvre littéraire est critiquée par rapport au genre auquel elle appartient. Pour le théoricien Allemand, Hans Robert Jauss, « l’art, donc la littérature, a d’abord et avant tout une fonction de communication. » Il y a un rapport d’échange entre le lecteur et l’œuvre Selon les théoriciens de la réception : « Etudier la réception d’un texte, c’est accepter que la lecture d’une œuvre est toujours une réception qui dépend du lieu, et de l’époque où elle prend place ». Donc le succès d’un roman dépend du lecteur, du lieu de la réception, des valeurs et des normes de la société, de l’origine de l’auteur et du contexte historique du roman. Pour qu’un livre soit accepté, il faut que les lecteurs le comprennent ; autrement dit, répondre favorablement à ses attentes. La réception d’une œuvre littéraire, il est vrai, est considérée comme un« processus socio-historique lié à un horizon d’attente culturellement défini ». Elle donne un rôle actif au lecteur qui produit la signification à partir de ses valeurs personnelles, culturelles est sociales. Les attentes et les interprétations du lecteur dépendent du genre du livre. Le genre définit le cadre principal du monde textuel actuel – par exemple dans la science-fiction, les lois du monde textuel actuel ne doivent pas correspondre au monde actuel mais en lisant un roman réaliste, nous assumons que les espaces qui y sont décrits (fictifs) sont en rapport avec l’espace hors-textuel. Pour ce qui est de la réception critique de l’Attentat. , nous allons, d’abord, nous intéresser à sa dimension journalistique, puis critique. Celle-ci est plus avertie parce qu’elle émane des spécialistes. Enfin, nous essayerons d’aborder les propos critiques émis par certains lecteurs ordinaires. C’est dire que nous excluons le recours à un questionnaire qui tenterait de montrer l’effet produit par le lecteur car ce genre d’études est privilégié dans l’étude de l’effet personnage alors que la notre s’articule autour d’une étude beaucoup plus sémiologique des personnages en rapport avec l’espace. Le résultat escompté demeure la révélation d’un trait d’union entre les mutations spatiales et les métamorphoses des personnages.
Les types de titres
Les types de titres nous aideront à bien comprendre l’objet du texte et de mieux l’inscrire le titre romanesque dans un discours littéraire. L’auteur du Nouveau discours sur le récit est le premier a distinguer les différents types de titres. Toutefois, Hoek43 reprend ses postulats et donne au titre deux sortes : subjectival et objectival.
-le titre subjectival : c’est celui qui sert à désigner le sujet du texte ainsi que son acception la plus générale. Genette l’appelle le titre thématique
-Le titre objectival: contrairement au premier type, désigne le texte en tant qu’objet. Il s’apparente donc à une indication plus ou moins générique ou formelle du texte. Hoek précise que : « Les titres objectaux sont des titres qui désignent l’objet, le texte lui-même (…) [ils] se rapportent aux titres subjectivaux comme la forme de l’expression à la substance de l’expression.» De par cette distinction, le titre de L’Attentat est subjectival dans la mesure où il « sert à désigner le sujet du texte ainsi que son acception la plus générale » fait référence au texte lui-même en tant que sujet (un titre thématique). L’Attentat développe une diégèse se rapportant à une attaque kamikaze. C’est pourquoi nous n’hésiterons pas à le classer en tant que tel. Il y a trois fonctions essentielles du titre : conative (motiver et donner l’envie de lire la totalité du roman), désignative (identifier l’œuvre aussi précisément que possible) et séductrice solliciter la curiosité du lecteur et le mettre en hésitation). Selon Claude Duchet, le titre possède trois fonctions : référentielle, cognitive et poétique. Le nôtre est à cheval sur ces trois fonctions
La composition
Le roman est organisé en seize chapitres. Au début du livre, l’auteur nous livre une préface où il est question d’une histoire qui commence par une scène dramatique : une personne meurt suite à une explosion. Il voit comment un enfant qui s’appelle Amine crie pour sa maman et sa mère le sauve. Mais soudainement il est avec les cadavres et les blessés et prie le Dieu pour se réveiller .Dans le prochain chapitre, le protagoniste (qui aussi s’appelle Amine) est docteur dans sa vie quotidienne. Le suspense est l’élément central et le lecteur ne sait jamais à quoi s’attendre. Nous trouvons des indices morceaux par morceaux et essayons de dénouer le mystère. Le choix d’écrire le livre à la première personne est aussi une technique littéraire très inhérente au roman algérien. Selon Charles Bonn (1982 : I) cela permet de créer l’illusion réaliste et « cette illusion référentielle fonctionne comme un alibi d’Histoire, car le témoignage individuel même vécu « fait » historique, mais ne fait pas l’Histoire». S’il y a un point de vue « du visiteur » Dans notre cas, le narrateur est palestinien en Israël, mais une grande partie du livre se passe en Palestine et la plupart des personnages palestiniens dans le livre voient le territoire d’Israël seulement comme la patrie perdue. Amine découvre aussi des espaces inconnus. Le livre commence par la description de l’explosion, avec le choc. Cette explosion n’est pas un événement séparé – « dans l’univers romanesque, l’attentat fait tout exploser, aussi bien les personnages, le cadre que la narration » (Tazartez2013). Aussi, cette fois l’attentat était vraiment tragique parce que le protagoniste a perdu sa femme, mais en général, il n’y a rien de nouveau dans les actes de terrorisme. Le temps du roman est cyclique, de l’attentat à l’attentat, de la tragédie à la tragédie. D’abord, Amine ne croit pas que sa femme, qui semblait totalement heureuse, était une terroriste. Il veut trouver la vérité derrière sa mort, donc il commence une enquête avec l’aide de son amie Kim. Il n’y a pas de réponses définitives, mais au cours de l’investigation nous sommes forcés à voir comment les hommes et les femmes complètement ordinaires arrivent à la conclusion que le terrorisme est la seule solution à leurs problèmes. L’auteur essaye de trouver les raisons de ces décisions. Khadra nous montre beaucoup des personnages différents qui semblent vivre dans des espaces différents.
Vers une structuration antagonique des espaces
Cette partie tentera de confirmer d’avantage la structuration antagonique de l’espace de L’attentat sa nature. Nous partons donc de l’idée selon laquelle il y a une structuration opposant deux types d’espace : l’espace individuel et euphorique de Tel-Aviv et l’espace collectif, communautariste et tragique de la Palestine. L’espace du roman est construit de façon à agir sur le comportement des personnages. Les lieux et les espaces dans L’attentat sont évoqués en rapport avec leurs propres valeurs. Les personnages sont donc des supports axiologiques. D’où cette structure antagonique de leurs espaces, compte tenu de l’opposition de leurs valeurs. Chez les palestiniens, il y a des valeurs collectives et de résistance. Chez les israéliens, il existe des valeurs individualistes et de bonheur. Khadra se sert d’un personnage arabe d’origine palestinienne,intégré dans la société juive, pour montrer le fossé qui sépare les valeurs des deux sociétés. Le narrateur dans l’Attentat est victime du racisme à Tel-Aviv. Avant d’être opéré, l’un des victimes de l’attentat lui dit : « Je ne veux pas qu’un arabe me touche… » Il est aussi rejeté par les siens, les palestiniens. Un homme à la Grande Mosquée lui annonce : « Vous n’êtes pas le bienvenu parmi nous, docteur Jaafari. » est un personnage liminaire, à la lisière de deux frontières. Le cheikh Marwan lui ajoute, « A force de vouloir ressembler à tes frères d’adoption, tu perds le discernement des tiens.» L’imam veut dire que même s’il est naturalisé israélien, il doit garder les valeurs de la collectivité. Le narrateur explique : « … j’avais compris que le cul entre deux chaises ne rimait à rien et qu’il me fallait vite choisir mon camp. Je me suis choisi pour camp ma compétence… »A TelAviv, il n’affiche sa religiosité nulle part. Donc, au début il choisit d’ignorer les valeurs de son peuple. Il se concentre sur son travail, sa femme (même si elle garde ses valeurs) et ses amis. La mort des kamikazes est considérée comme un code d’honneur, comme la mort du cousin d’Amine : « Wissam… Il est tombé au champ d’honneur, ce matin »et Sihem : «Nous sommes très fiers d’elle. » Il est donc évident que la communauté palestinienne ne peut être régie que par le code d’honneur. Nous avons montré l’espace en relation avec les valeurs. L’espace juif (TelAviv) est un espace euphorique et individualiste. L’espace palestinien est tragique. Ils sont, de ce fait, structurés antagoniquement. Pour montrer cette structuration antagonique, il faudra reconstituer l’itinéraire du personnage central à partir des principaux lieux fréquentés ; vérifier les oppositions entre les différents espaces et dégager le sens de l’itinéraire du personnage.
|
Table des matières
Introduction générale
1. Les concepts clés
1.1.Le personnage
1.2. L’espace
1.3. Les valeurs
2. Les éléments extratextuels, un prélude pour une étude en commun du personnage et de l’espace
2.1.Le contexte
2.2. L’horizon d’attente
2.3. La réception
3. Les éléments paratextuels en guise de trait d’union entre espace et personnage
3.1. Le péritexte
3.1.1. Le titre
3.1.2. Les types de titres
3.1.3. La composition
3.1.4. Etude de la première de couverture
3.1.5. Étude de la quatrième de couverture
3.2. L’épitexte
4. L’intratextuel : Perception sémiologique des personnages en rapport avec leurs espaces
4.1. L’étude sémiologique du personnage
4.1.1. L’itinéraire des personnages : étude des signifiés
4.1.2. Itinéraire d’Amine Jaafari
4.1.3. Itinéraire de Sihem Jaafari
4.1.4. Itinéraire de Kim Yehuda
4.1.5. Itinéraire de NaveedRonnen
4.1.6. Itinéraire de cheikh Marwan
4.1.7. Commentaire des itinéraires
4.1.8. Sémiotisation des parcours narratifs des personnages de L’attentat
4.1.9. Les étiquettes sémantiques des personnages
4.1.10. Commentaire du tableau
4.1.11. Les signifiants des personnages
4.2. L’étude sémiologique de l’espace
4.2.1. La grille sémio-spatiale
4.2.2. Commentaire du tableau
4.3. Vers une structuration antagonique de l’espace et du personnage
4.3.1. La synthèse antagonique de la grille
4.3.2. Interprétation des grilles
5. Les mutations spatiales et leur dérive axiologique
5.1. Acheminement par l’interrogation
5.1.1. Interprétation
5.2. Le voyage
5.3. La dérive éthique : (le je e(s)t un nous)
6. Poétisation des espaces : vers un contre espace
6.1. Le monologue intérieur
6.2. L’épistolaire
6.3. Les espaces de refuge : le rêve et le souvenir
6.3.1. Le souvenir
6.3.2. Le rêve
Conclusion générale
Bibliographie
Télécharger le rapport complet