Permanence des chaînes de valeur alimentaires en Afrique
PERMANENCE DE LA GOUVERNANCE DES CHAINES DE VALEUR EN AFRIQUE
La gouvernance relationnelle des années 90
L’urbanisation de l’Afrique était déjà au centre des préoccupations de sécurité alimentaire dans les années 90. Nous réinterprétons ces connaissances à travers le cadre théorique CGV. Nous appliquons dans cette partie notre grille de lecture à quelques travaux représentatifs. Il s’agit de ceux d’Altersial/cered (1986), de Hugon (1988), de Drakakis-Smith (1991) et de Chaléard (1996).
La typologie des filières alimentaires en Afrique de Hugon (1988)
Une typologie en quatre filières
Philippe Hugon a proposé une typologie des filières alimentaires en Afrique comprenant quatre catégories. Chaque filière est définie selon un rapport espace/temps en fonction de son échelle (local, régional, national et international), de son horizon temporel (court terme, long terme, intergénérationnel) et selon son mode spécifique de régulation. Il caractérisa donc les filières domestiques, marchandes, étatiques et capitalistes en fonction de huit critères:
dont l’importance relative changeât
Dans l’ouvrage « Nourrir les villes en Afrique Sub-saharienne » (Altersial/cered, 1986), Hugon présente l’importance des différentes filières en lien avec le phénomène d’urbanisation.
Le déclin des filières étatiques
Les filières étatiques ont été organisées face à la crainte de l’inefficacité des filières marchandes à satisfaire les besoins alimentaires urbains. Des instituts ont été mis en place, avec pour but de gérer, pour des produits spécifiques, la production (exemple du riz au Mali) ou la commercialisation (en partie par l’administration des prix, par exemple par l’OPAM). Ces agences se sont heurtées à des problèmes de maîtrise de la technologie, de coûts de production élevés et de corruption. Elles n’ont pas été capables de constituer des stocks tampons destinés à stabiliser les prix, et ont accumulé les déficits. Dès la fin des années soixante dix, la Banque Mondiale proposa de les supprimer afin que le secteur privé prenne le relais de manière plus efficace, le rôle des offices céréaliers étant réduit à la gestion de stocks utilisés en cas de pénurie. Mais il fallut attendre la crise des années quatre vingt pour que ces réformes soient effectivement mises en place (ajustements structurels), et les années quatre vingt dix pour qu’elles soient complétées par des privatisations. « A la fin des années quatre vingt dix, la plupart des circuits publics de marché pour l’agriculture et l’agro alimentaire ont ainsi été démantelés » (Griffon et al., 2001).
Les filières transnationales à l’origine de chocs sur l’économie locale
La filière transnationale connecte des marchés nationaux (principalement urbains) à ceux internationaux. Le développement de ces filières a notamment été permis par la maîtrise de la chaîne du froid. Néanmoins, leurs évolutions peuvent provoquer des chocs au niveau des circuits d’approvisionnement nationaux puisque certains produits substituts peuvent venir les concurrencer. Dans les années 90, à l’exception de certains produits tels que la bière, les conserves et le pain, les filières industrielles et internationales ne semblaient pas capables de satisfaire la demande de produits alimentaires sans les apports des filières marchandes nationales et informelles. Ces dernières étaient donc primordiales en termes de volumes et de diversité des produits, bien que subissant la concurrence de certains produits internationaux (Hugon, pour Altersial/cered, 1986).
Des filières domestiques complémentaires
Les filières domestiques sont caractérisées par une production dans un but d’autoconsommation, avec troc ou vente des excédents afin de satisfaire les besoins les plus basiques de la famille (habits…). Ces filières n’avaient pas tendance à disparaître avec l’accroissement de la population urbaine. Ces relations persistent par des liens intra-familiaux ou statuaires, comme l’ont montré Bricas à Dakar et Franqueville au Cameroun. Elles forment de véritables circuits d’approvisionnement entre villes et campagnes, dont l’un des avantages est la flexibilité, en particulier lorsque les autres circuits perdent en efficacité. Toutefois, ces filières ne constituaient pas le principal mode de fourniture des aliments.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1: DEFINITION DU CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL : ELABORATION D’UNE GRILLE DE LECTURE
CHAPITRE 1: CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
1. La gouvernance des chaînes de valeur
2. Le paradigme « Structure-Comportement-Performance »
3. Le cadre théorique Chaîne Globale de Valeur
4. Impact du changement technique sur la gouvernance
5. Impact de la proximité sur la gouvernance
6. Impact de l’incertitude sur la gouvernance
7. Conclusion intermédiaire : une gouvernance tendant vers l’intégration ou vers le marché
CHAPITRE 2: VARIABLES D’ANALYSE DES CHAÎNES DE VALEUR
1. Synthèse des critères
2. Exemples de critères
PARTIE 2: GOUVERNANCE DES CHAINES DE VALEUR EN ASIE ET EN AFRIQUE : REVUE DE LA LITTERATURE
CHAPITRE 3: CHANGEMENT DE GOUVERNANCE DES CHAÎNES DE VALEUR EN ASIE
1. Thomas Reardon et al. : l’étude de la diffusion des supermarchés
2. La révolution silencieuse: changement de gouvernance en Asie
CHAPITRE 4: PERMANENCE DE LA GOUVERNANCE DES CHAINES DE VALEUR EN AFRIQUE
1. La gouvernance relationnelle des années 90
2. Une typologie dynamique construite à partir d’études de cas
3. Permanence des chaînes de valeur alimentaires en Afrique
CONCLUSION : VERS LA FORMULATION
D’HYPOTHESES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
TABLE DES MATIERES
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