Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les maladies chroniques constituent la toute première cause de mortalité dans le monde. Parmi elles, on retrouve le diabète, actuellement dénommé « épidémie silencieuse du XXIème siècle » [1]. C’est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes chez l’enfant. Son incidence est en augmentation chez les jeunes dans le monde entier [2]. La prise en charge est délicate. La notion de qualité de vie prend ici son sens, puisque la prise en charge exige du patient une modification de son mode de vie antérieure [3]. Selon l’OMS, la qualité de vie se définit comme étant la perception d’une personne, de sa situation de vie dans le contexte de la culture et des systèmes de valeurs dans laquelle elle vit et possède des objectifs, des attentes, des normes et des préoccupations [4].
Le diabète sucré constitue actuellement un problème de santé publique majeur. Il est source de contraintes quotidiennes, pouvant être difficiles à accepter chez les jeunes [5]. L’évaluation de la qualité de vie des enfants et des adolescents diabétiques nous permettra ainsi de mieux comprendre et d’évaluer ces contraintes, pour améliorer la prise en charge des patients. Il s’agit de la première étude sur la qualité de vie des jeunes diabétiques à Madagascar.
GENERALITES
Définition du diabète
Le diabète est une affection métabolique caractérisée par la présence d’une hyperglycémie chronique. Cette dernière résulte d’une déficience de sécrétion d’insuline, d’anomalies de l’action de l’insuline sur les tissus cibles, ou de l’association des deux [6].
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’American Diabetes Association (ADA) et la Société Francophone du Diabète (SFD), les critères diagnostiques du diabète sont les suivants :
– une glycémie veineuse à jeun supérieure ou égale à 1,26 g/l (soit 7mmol/l) sur 2 prélèvements successifs ;
– ou une glycémie veineuse supérieure ou égale à 2g/l (soit 11,1mmol/l) 2h après une charge de 75 g de glucose (hyperglycémie provoquée par voie orale ou HGPO) ;
– ou une glycémie veineuse supérieure ou égale à 2g/l (soit 11,1mmol/l) associée à des signes cliniques d’hyperglycémie chronique (polyurie, polydipsie, amaigrissement sans anorexie) .
Epidémiologie
L’épidémiologie du diabète de l’enfant et de l’adolescent a pu être établie selon trois études : l’étude Diabetes Mondiale (DIAMOND), l’étude Europe and Diabetes (EURODIAB) ainsi que l’étude SEARCH for Diabetes in Youth aux États-Unis [10-13]. L’incidence du diabète de type 1 chez les enfants est en hausse dans de nombreux pays, surtout dans la population âgée de moins de 15 ans. La hausse annuelle générale est estimée à environ 3 % [10]. Environ 78 000 enfants de moins de 15 ans développeraient chaque année le diabète de type 1 à travers le monde. Sur les 490 000 enfants estimés vivant avec le diabète de type 1, 24% vivent dans la région d’Europe qui possède les estimations de l’incidence les plus fiables et à jour, et 23 % dans la région d’Asie du Sud-Est .
Le diabète de type 2 semblerait être en hausse dans certains pays, conséquence de l’épidémie d’obésité [14]. En Amérique, le diabète de type 2 serait aussi fréquent que le diabète de type 1. Toutefois, les données fiables sont rares.
PERIODE DE L’ENFANCE ET DE L’ADOLESCENCE
L’enfance
Le développement et l’apprentissage
La période de l’enfance est considérée comme étant la plus importante phase de développement de la vie d’une personne [15]. C’est une période de développement physique, social, émotionnel, du langage et cognitif.
Selon Jean PIAGET, le développement cognitif et intellectuel de l’enfant passe par les étapes suivantes :
– un stade sensori-moteur (de la naissance à 2 ans),
– une période pré-opératoire (de 2 à 6 ou 7 ans),
– un stade des opérations concrètes (de 6 ou 7 ans à ıı ou 12 ans),
– un stade des opérations formelles ou hypothético-déductif (de 11 ou 12 ans) .
Les points clés au cours de l’enfance sont :
– l’importance des premières années : les expériences et les expositions environnementales de l’enfant seront déterminantes pour le bon développement de la fonction cérébrale ;
– un bon conditionnement biologique,
– une alimentation adéquate .
Le rôle du jeu
Le jeu tient un rôle primordial dans le processus d’apprentissage et de développement de l’enfant [16]. C’est une activité qui aide l’enfant dans la socialisation et à l’identification du soi .
La famille
Selon l’United Nations Children’s Fund (UNICEF), la famille est la principale influence sur le développement de l’enfant. C’est dans les milieux chaleureux et attentifs que les enfants se développent le mieux [15]. En effet, ces milieux les protègent de la désapprobation et des punitions inadéquates. Ainsi, ils ont les possibilités d’explorer leur monde, de jouer et d’apprendre à parler et à écouter les autres.
L’adolescence
Les bouleversements physiques et psychiques
L’adolescence, marquée par les changements physiologiques de la puberté, est une période de passage entre l’enfance et la vie d’adulte [17]. Parmi ces changements, on peut citer : les changements hormonaux de la puberté, une alimentation et une activité physique irrégulière, des comportements à risque.
Au sein de la société, l’adolescent est confronté au stress. Ce dernier peut avoir des retentissements sur son équilibre psychique et sur son état général :
– excès d’activités sportives ou, à l’inverse, baisse de l’activité physique (jeux vidéo, internet, télévision) ;
– pression liée à la compétition et à la réussite scolaire,
– sommeil irrégulier,
– difficultés à suivre les conseils et à tenir compte de l’éducation sanitaire traditionnelle,
– entrée dans le monde du travail,
– exposition aux diverses intoxications : alcool, tabac, drogues .
Le souhait d’indépendance et l’exploration des modes de vie
L’adolescence est une période particulière caractérisée par un itinéraire fluctuant et progressif en vue de changements dans les systèmes de dépendance, affectif, psychologique, social et personnel (Courtecuisse, 1992). Elle aboutit à une nouvelle relation à soi-même .
Les priorités de l’adolescent sont :
– l’affirmation de l’individualité et de l’indépendance vis-à-vis des parents,
– l’appartenance à un groupe de pairs,
– l’appropriation des normes sociales et l’adoption du fonctionnement du groupe,
– l’exploration et l’expérimentation de modes de vie moins conformes aux attentes et aux habitudes de la famille .
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Table des matières
INTRODUCTION
I. GENERALITES
I.1. Définition du diabète
I.2. Epidémiologie
II. PERIODE DE L’ENFANCE ET DE L’ADOLESCENCE
II.1. L’enfance
II.1.1. Le développement et l’apprentissage
II.1.2. Le rôle du jeu
II.1.3. La famille
II.2. L’adolescence
II.2.1. Les bouleversements physiques et psychiques
II.2.2. Le souhait d’indépendance et l’exploration des modes de vie
III. DIFFERENTS TYPES DE DIABETE CHEZ L’ENFANT ET L’ADOLESCENT
III.1. Le diabète de type 1
III.1.1. Etiopathogénie
III.1.1.1. Diabète auto-immun de type 1
a. Mécanisme auto-immun
b. Terrain génétique de prédisposition
c. Facteurs déclenchants de la réaction auto-immune
III.1.1.2. Formes non auto-immunes de diabète
a. Mucoviscidose
b. Diabète néonatal
c. Autres formes de diabète
III.1.2. Signes cliniques
III.1.2.1. Devant une acidocétose diabétique
III.1.2.2. Devant les signes cardinaux du diabète
III.1.2.3. Autres situations peu fréquentes
III.1.3. Signes paracliniques
III.1.3.1. De confirmation diagnostique
III.1.3.2. Signes spécifiques du diabète de type 1
III.2. Le diabète de type 2
III.2.1. Etiopathogénie
III.2.1.1. Troubles de l’insulino-sécrétion
III.2.1.2. Insulino-résistance
III.2.1.3. Facteurs de risque
III.2.2. Signes cliniques
III.2.3. Signes paracliniques
III.2.3.1. De confirmation diagnostique
III.2.3.2. Signes spécifiques du diabète de type 2
III.2.3.3. Signes négatifs en faveur d’un diabète de type 2
III.3. Les autres types de diabète
III.3.1. Le diabète de type MODY
III.3.2. Le diabète lié à la malnutrition
IV. COMPLICATIONS
IV.1. Complications aiguës
IV.2. Complications subaiguës
IV.3. Complications chroniques
IV.3.1. Complications microvasculaires
IV.3.2. Complications macrovasculaires
V. TRAITEMENT
V.1. Objectifs du traitement
V.2. Moyens thérapeutiques
V.2.1. Traitement non médicamenteux
V.2.1.1. Education Thérapeutique
V.2.1.2. Art-Thérapie
V.2.1.3. Mesures hygiéno-diététiques
V.2.1.4. Lutte contre la sédentarité
V.2.2. Traitement médicamenteux
V.2.2.1. Diabète de type 1
V.2.2.2. Diabète de type 2
VI. PREVENTION
VII. IMPACT DU DIABETE SUR LA QUALITE DE VIE
CONCLUSION