Evoquer la pauvreté
Le concept de pauvreté est relatif, tout comme celui de richesse. Dans sa signification objective, la pauvreté est la carence de quelque chose de nécessaire ; la notion de pauvreté est donc étroitement liée à celle de nécessité. A son tour, la nécessite peut être envisage de deux manières subjectivement et objectivement. La nécessité subjective est celle qui est ressentie par ceux qui la subissent, tandis que la nécessité objective peut des passer du sentiment de manque, l’existence d’un manque d’élément essentiels à un moment donnée et à la situation sociale étant suffisante. De manière générale, dans la littérature socioéconomique relative à la pauvreté, on distingue la pauvreté absolue de la pauvreté relative. La pauvreté absolue désigne un état prononcé de privations à la fois matérielles, intellectuelles symboliques. Cette approche associe pauvreté à des déficiences fortes d’accès aux ressources, des carences structurelles qui se traduisent par des formes d’aliénation, d’éclusions et de marginalisation des groupes et marginalisation des groupes socio-économiques. La pauvreté relative, en revanche, met l’accent sur les représentations et les perceptions que les acteurs ont leurs propres conditions de vie. Dans ce cadre de définition de la pauvreté, sont variables selon le contexte social, les rapports de force entre acteurs, les pratiques sociales et valeurs qui fondent leurs représentations. Qu’il s’agit de pauvreté absolue ou de pauvreté relative les perceptions que les actions, les perceptions que les acteurs ont de leurs conditions de vie sont essentielles à comprendre le vécu de la pauvreté, ses limites, sa vision et ses manifestations
Les déchets solides
On distingue globalement trois grandes classes de déchets solides : Les déchets inertes, les déchets fermentescibles ou biodégradables et enfin les déchets toxiques.
– Les déchets inertes sont des déchets très encombrants. Ils représentent 5%6 de la production totale des déchets solides générés. Ce sont en général, les débris de chantiers plus ou moins volumineux (gravats, terre, sable, stériles, …), les carcasses d’automobiles, les avions abattus, les péniches de débarquement, etc.
– Les déchets fermentescibles ou biodégradables sont essentiellement constitués par la matière organique animale ou végétale et représente le gros des déchets avec une proportion de 86%. Ce sont des déchets moins encombrants du fait de leur rapide fermentation aérobie ou anaérobie, mais par contre très polluants et qui peuvent provoquer des maladies à travers certains animaux, les mouches, les moustiques et autres insectes vecteurs de transmission de plusieurs maladies. Cette catégorie de déchets est susceptible d’être utile à l’agriculture après un traitement adéquat.
– Les déchets toxiques (9%) sont ceux qui contiennent un poison chimique ou radioactif issus des industries, des laboratoires et des particuliers. Il s’agit des flacons de médicaments, des piles électroniques, etc.
La composition des déchets est variable selon le type de pays, sans qu’il puisse être établi une corrélation stricte avec les richesses. Néanmoins, on constate que, dans l’ensemble, la part des matières organiques biodégradables est surtout dominante dans les pays les moins avancés et que la part des papiers journaux s’accroît dans les pays développés (jusqu’à représenter 43 % des déchets en Californie…). La position singulière de la France se caractérise par l’importance du verre dans les ordures ménagères (13,1%), supérieur à tous les autres pays du monde. Selon ADEME10 (1985), on distingue dans les déchets ménagers :
– les « fines » de diamètre inférieur à 20 mm ;
– les déchets végétaux ;
– les papiers et cartons ;
– les chiffons et autres déchets textiles ;
– Les matières plastiques ;
– les os ;
– les débris combustibles non classés ;
– les verres, porcelaine et faïence ;
– les débris incombustibles non classés ;
– les métaux
Bien connaître la composition des ordures ménagères est capital pour déterminer les modes de tri, de collecte et de traitement qui seront les mieux adaptés. 80% des déchets ménagers sont constitués de déchets putrescibles comme d’ailleurs dans toutes les autres capitales africaines.
Hygiène et accès à l’eau: source de querelles
L’état général de l’hygiène dans chaque quartier est lié à la situation des infrastructures existantes. Force est de constater que les deux quartiers sont assez défavorisés en équipements. Leur salubrité laisse à désirer et crée des conditions favorables aux violences de voisinage. Selon les entretiens à Anatihazo I, l’insuffisance de bornes fontaine entraîne chaque jour des querelles entre celles qui font la queue pour chercher de l’eau. Elles s’énervent car le temps d’attente pour avoir de l’eau peut s’étendre de 30 minutes à une heure.
Infrastructures de loisirs
Les enquêtes ont permis de faire les constats suivants :
a) Dans les deux Fokontany, il n’existe aucune structure de loisirs. Il n’y a que des lieux de projection de vidéo qui influeraient sur l’éducation des jeunes.
b) A Anatihazo, on trouve deux salles de projections de vidéo mais il n’y a aucun terrain de sport. Si les jeunes veulent pratiquer le sport, ils vont au Complexe Sportif d’Ampefiloha où ils doivent louer le terrain (de foot / basket / volley / rugby…).
c) A Andohatapenaka, il existe quatre salles de projection vidéos. On trouve également un terrain de sport assez précaire et emprunté au Télécom Malagasy. Le manque d’infrastructure de loisirs entraîne une oisiveté au sein des jeunes de ces deux quartiers ce qui pourrait les pousser à commettre des infractions. De plus, dans les salles de vidéo, l’on ne diffuserait à longueur de journées que des films de violence ou érotiques.
Le vécu de la pauvreté
Etre Pauvre signifie d’abord et avant tout ne pas être capable d’entretenir sa famille. A la question « quelle est la principale conséquence ?, plus de la moitié des chefs de ménage ont répondu l’intacte à nourrir leur famille. D’autres indications de la pauvreté incluent l’incapacité à travailler et à payer les dépenses médicales des membres de la famille qui sont malades, ou le fait de ne pas avoir un endroit ou une habitation décente pour vivre, etc. Les priorités des ménages eux-mêmes sont un peu différentes de celles de leurs communautés, avec un poids plus important pour les activités génératrices de revenu, la stabilisation des prix des produits de consommation, et les problèmes d’insécurité ont un n degré d’importance moindre. Ici encore, la création, d’emplois pour les jeunes et la réduction des prix de consommation sont en tête des priorités des ménages. La consommation par équivalent adulte diminue avec la taille du ménage. Par exemple, les pauvres avec un nombre plus élevé de bébés et enfants ont des niveaux de consommation plus bas et dés lors une probabilité plus élevée d’être pauvres. Cependant, un nombre élevé de bébés et enfants n’est pas lié de façon statistique à une plus grande probabilité de se sentir pauvre. On a aussi constaté que la consommation augmente pour les pauvres sans époux (épouse), probablement parce que beaucoup d’entre eux n’ont pas de famille de charge. Les coules monogames ont un niveau de consommation plus élevé que lorsque le chef de famille est veuf ou séparé, mais les pauvres polygames ont un revenu de consommation plus élevé que celui de pauvres monogames. La proportion de pauvres qui se sentent incapables de satisfaire leurs besoins de base est élevée. Lorsqu’on leur demande s’ils ont assez de ressources pour satisfaire leurs besoins dans différent domaines, une majorité de pauvres répond « non ». Les principaux domaines ou les pauvres ont des difficultés sont la nourriture, l’habillement, et la santé. Parmi, les pauvres 90% environ déclare qu’ils ne peuvent pas satisfaire leurs besoins de base dans ces domaines. Au niveau individuel, la survenance de chocs sanitaires (maladies, blessures, accidents, invalidité, maladies handicapantes, épidémie) et ceux liés au cycle de vie (naissance, maternité, vieillesse, désagrégation, familiale, Dèce, etc….) ont des conséquences négatives qui affectent la qualité de la vie, la productivité et finalement, la croissance économique dans un contexte d’absence de mécanisme de solidarité ou d’assurances. Pour toutes ces raisons, les pauvres ne disposant pas de ressources ou de mécanismes d’assurances quand interviennent ces chocs, bascule ou sont maintenus dans la pauvreté.
Position à l’égard de la pauvreté
Quand nous leur avons demandé leurs avis sur ce qu’ils comprennent à propos de la notion de pauvreté, nous constatons qu’il y a une catégorisation à effectuer : Tout d’abord, il y a parmi eux qui acceptent d’être désignés comme pauvres. Ils ont alors la conscience d’être des pauvres, et ils l’acceptent et l’assument. Ensuite, nous avons ceux qui disent se trouver dans une « situation intermédiaire », ou dans une « mauvaise phase ». La pauvreté est alors sentie comme passagère et comme un cap à passer. Cette catégorie pense pouvoir s’en sortir, en trouvant une affaire juteuse. Ensuite, nous avons ceux qui n’ont pas d’avis sur la question. Ils vivent ce qu’ils vivent, et puis c’est tout. Peu leur importe d’être pauvres ou autre chose. Ils n’ont pas le choix, il faut bien qu’ils se nourrissent. Enfin, nous avons ceux que nous pouvons appeler les « stigmatisés ». Ce sont ceux qui ne savent vraiment rien faire, que de fouiller dans les déchets. Cette catégorie nous semble être commune pour la plupart des « getthos » ou des bidonvilles d’Antananarivo, dans la mesure où ces personnes ont déjà bénéficié d’aides de la part des ONG et de l’Etat, mais qui reviennent toujours à leur situation de pauvreté d’avant. Ils sont alors stigmatisés par la pauvreté et ne peuvent plus, ou ne veulent plus trouver autre chose pour vivre. C’est pour cela que nous parlons de « solution de facilité ».
La précarité de l’habitat
C’est un lieu d’habitation précaire sur lequel ont été construites des maisons mal loties. Au départ, les maisons sont souvent construites de façon dérisoire car elles ne sont pas prévues pour une installation définitive, mais peu à peu, avec les activités économiques qui s’effectuent sur place, elles deviennent des lieux d’habitation permanente. Ce caractère initial dérisoire n’a pas empêché les gens de se fixer et de faire du quartier un lieu ou ils veulent rester, en essayant d’améliorer progressivement l’habitat précaire initial, et d’essayer tous les moyens disponibles pour y arriver, compte tenu de moyens logistiques médiocres. Ces habitations se trouvent sur des endroits insalubres en arrière plan des routes principales, marqués par l’absence de canalisation et d’assainissement. Les maisons ont souvent été construites illicitement dans les années quatre vingt Ces constructions ne suivent pas les normes de construction ni n’emploient les matériaux de construction autorisés par les normes en vigueur. Des milliers de familles entières venues des milieux ruraux s’y sont installées et se sont agrandies au fur et à mesure du temps. Des familles de trois générations successives occupent le même endroit. Si le moyen le permet, la famille se construit une ou deux petites maisons à une pièce dont l’une est à louer, située à côté de l’emplacement initial de la maison principale. Pour augmenter le revenu, les membres s’obligent souvent de partager la maison principale, pour louer la secondaire.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Contexte
Choix du thème et du terrain
Problématique
Hypothèses
Objectifs
Objectif global
Objectifs spécifiques
Méthodologie
Approche méthodologique
Techniques
Documentation
Techniques d’enquêtes
Technique d’échantillonnage
Problèmes rencontrés et limites de l’étude
Plan de rédaction
PREMIERE PARTIE : Dynamiques de populations dans la pauvreté
CHAPITRE 1 : Cadrage théorique de la thématique
1.1.- Références conceptuelles autour de la pauvreté
1.1.1.- Evoquer la pauvreté
1.1.2.- Performances sociales
1.1.3.- L’efficacité sociale ou collective
1.2.1.- Essai de définition
1.2.2.- Les déchets solides
1.2.3.- Effets sur l’environnement
1.2.4.- Effets sur la santé des hommes
1.3.- Récupération/recyclage
CHAPITRE 2 : Cadre global de l’existence à Anatihazo et à Andohatapenaka
2.1.- POPULATION
2.1.1.- Origine
2.1.2.- Répartition par sexe et par classe d’âge
2.2.- EQUIPEMENTS DES QUARTIERS
2.2.1.- Habitat : une source d’insécurité
2.2.2.- Hygiène et accès à l’eau: source de querelles
2.3.- EMPLOI
2.4.- EQUIPEMENTS ET ETABLISSEMENTS SOCIAUX
2.4.1.- Infrastructures éducatives
2.4.2.- Infrastructures de loisirs
DEUXIEME PARTIE : Morphologie du vécu dans les bas quartiers
CHAPITRE 3 : Vulnérabilité de la population
3.1.- Le revenu familial
3.2.- Le vécu de la pauvreté
3.3.- L’attachement aux « solutions de facilité » et les Activités Génératrices de revenus
3.4.- Position à l’égard de la pauvreté
3.5.- La récupération des déchets
CHAPITRE 4 : Activités et incidences dans la vie sociale
4.1.- Cadre de vie et cadre de la trajectoire sociale
4.1.1.- la dynamique migratoire
4.1.2.- La précarité de l’habitat.
4.2.- Généralités sur quelques activités dans les zones d’études
4.2.1.- Le petit commerce
4.2.1.1.- Le petit commerce de détail fixe
4.2.1.2.- Le petit commerce ambulant ou flottant
4.2.2.- L’Artisanat, le travail manuel et l’informel
4.2.2.1.- récit de vie d’un fabricant de parasol
4.2.2.2.- La transmission générationnelle dans la fabrication de brosses
4.2.2.3.- Les spécialistes de l’automobile
4.2.2.4.- Les ferrailleurs
CHAPITRE 5 : Déracinement, survie et freins au développement social
5.1.- Les activités des ONG
5.2.- Violence en contexte de quartier bas
5.3.- Violence domestique
5.3.1.- Les Femmes
5.3.2.- Les Personnes âgées
5.3.4. – Jeunes, adolescents, enfants
5.3.5.- Fokontany et Municipalité
5.4.6.- synthèse sur les causes de la violence
5.5.- Phénomène de complaisance envers la pauvreté
5.6.- Mécanisme de régulation sociale
TROISIEME PARTIE : Prospectives pour une vie sociale plus « performante »
CHAPITRE 6 : Secteur informel et sécurité
6.1.- Impact social des violences
6.2.- La quête de l’immédiateté
6.3.- Les demandes sociales des acteurs en matière de sécurité
6.3.1. – Travailler au niveau de la prévention de la délinquance
6.3.1.1.- Le social et l’éducatif
6.3.1.2.- Le partenariat
6.3.1.3.- L’environnement
6.3.2.- initiatives relevant des Fokontany
6.3.2.1.- L’insertion scolaire
6.3.2.2.- L’amélioration du milieu physique
6.3.2.3.- Synthèse
6.4.- Un changement de paradigme sur la conception et la perception du secteur informel
6.5.- La politique de l’emploi comme moyen d’endiguer le secteur informel
CHAPITRE 7 : Approches pragmatiques
7.1.- L’approche de quartier
7.1.1.- Education citoyenne à partir des ONG et des associations
7.2.2.- Développement d’actions de prévention par l’éducation et la sensibilisation
7.2.3.- Développement d’actions de prévention sociale envers les groupes à risque
7.2.4.- Développement d’actions de prévention par un renforcement des infrastructures de quartiers et des structures d’accueil
7.3.- Appuis de la microfinance et de la formation professionnelle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages généraux
Ouvrages spécifiques
Documents officiels
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