L’économie de Madagascar, comme la plupart des pays en voie de développement, est basée sur l’Agriculture. Un des piliers de ce secteur est la région d’Alaotra, « le grenier à riz » du pays. Cependant, à chaque saison pluvieuse, les vastes périmètres rizicoles de la région subissent les inondations et ensablement causés par les érosions intenses des« tanety »en amont. Le sol de ces « tanety », et le pâturage naturel à disposition des animaux, s’en trouvent alors très appauvris. Ces faits agissent très négativement sur la productivité agricole et l’élevage bovin de la région. C’est pourquoi, afin de faire face à ces graves problèmes de dégradation du sol, le projet de développement rural « Bv-lac », a été mis en place dans la région d’Alaotra par le gouvernement malgache et l’Agence Française de Développement (AFD), depuis l’année 2003. Le projet a alors proposé aux paysans une nouvelle technique agricole à portée écologique : les Systèmes de Culture sous-Couverture Végétale (SCV). Ils sont basés, entre autres, sur l’intégration des couvertures vives (les plantes de couverture), ou mortes lorsqu’il s’agit des résidus de récolte, dans les cultures vivrières. D’autre part, les bovins de la région, activement utilisé dans la traction animale et la reproduction, sont continuellement confrontés à la sous alimentation due à la pauvreté du pâturage naturel et à la réticence de la plupart des paysans malgaches aux cultures fourragères. Or, la plupart des plantes de couverture vives utilisées en SCV sont des plantes fourragères, et peuvent donc être exploitées en alimentation bovine.
L’élevage bovin dans la région d’Alaotra
L’Agriculture de l’Alaotra
En tant que grenier à riz de Madagascar, l’agriculture de la région d’Alaotra est basée sur la riziculture. Et en même temps, les paysans malgaches adeptes de la polyculture pratiquent de nombreuses cultures pluviales sur tanety comme le maïs, les légumineuses alimentaires (haricot, niébé, voandzou etc.) et les tubercules, en vue d’assurer leur sécurité alimentaire. Dans cette région, ils cultivent également des arbres fruitiers (litchis, mangues, bananes etc.). La riziculture va de pair avec l’élevage bovin extensif de race locale (zébus). En effets, les bovins sont surtout exploités pour leur force de travail. D’un autre côté, le petit élevage de volailles (oie, poules) et de porc subsiste toujours pour faire office de trésorerie. Enfin, la pêche est surtout pratiquée par les paysans immigrés sans terre (Durand et Nave, 2007).
Vocation des cheptels
D’après les enquêtes menées par AVSF (2004) dans le bassin versant de l’Imamaba-Vakaka (rive Ouest du lac Alaotra) les bovins ont deux destinées principales : la traction animale et la reproduction incluant la production laitière. Les paysans éleveurs sont alors catégorisés en trois groupes :
– ceux qui divisent leur cheptel en deux : le premier est réservé à la traction, tandis que le second est destiné à la reproduction
– d’autres élèvent seulement des bœufs de trait
– et la troisième catégorie ne fait que de la reproduction.
L’élevage de bovins laitiers de race améliorée semble être une activité récente, apportée par des immigrants venus du triangle laitier et transmise de père en fils dans la région (Samad Houssein, 2008). Quant à l’embouche bovine, elle est destinée aux animaux réformés et blessés, qui ne sont plus capables de travailler.
Système d’alimentation
D’après les enquêtes menées par AVSF (2008), les bovins de race locale s’alimentent essentiellement au pâturage naturel :
– dans les rizières et les bas-fonds dès la fin de la saison de récolte jusqu’en Novembre, lors de la période de préparation des rizières, en début de la saison des pluies. C’est la période de la saison sèche où les fourrages naturels dans les tanety sont vieux et très lignifiés,alors que la proximité de la nappe phréatique fait apparaître des repousses de végétation dans les bas-fonds et les rizières, en plus de l’abondance des résidus de récolte.
– tandis que du mois de novembre au mois de mai, c’est la saison de pluie, l’offre fourragère se trouve plus intéressante sur les tanety en jachère et dans les « kijana». C’est au début de cette saison que les feux de brousse sont très pratiqués, dans le but de favoriser les repousses des végétations, très appréciées des bovins, et éliminer l’embroussaillement.
Les SCV
Historique
Les SCV sont basés sur le semis direct, une technique agricole très ancienne, utilisée égyptiens et des indiens d’Amérique. Il a alors parcouru le monde et a évolué au cours du temps, pour aboutir aux SCV, pour la première fois au Brésil, en 1980. Ce sont ces SCV brésiliens qui ont été adoptés à l’agriculture traditionnelle africaine. Arrivés à Madagascar en 1990, les SCV ont été choisis comme étant des solutions de lutte contre les érosions et la dégradation du sol. (annexe 1). Cependant, d’après un bilan/ évaluation de la conservation des sols à Madagascar réalisé par RASAMBAINARIVO (1997), dans les années 60-70, plusieurs légumineuses fourragères tropicales ont été introduites à Madagascar, dont le Stylosanthes guianensis, une des plantes de couverture de l’étude, en vue d’améliorer la productivité des pâturages. Ainsi, il a été le plus diffusé dans le Moyen Ouest. Et déjà en ce temps là, le stylosanthes a joué son rôle de plante de couverture comme aujourd’hui. En effet, il a été constaté que les rendements des cultures associées à la légumineuse augmentaient et que l’effet du ruissellement sur une parcelle de S. guianensis est faible.
Intérêts et inconvénients :
➤ Le maintien d’une couverture végétale permanente, vive ou morte, sur une parcelle protège le sol des érosions hydrique et/ou éolienne, surtout au niveau des terrains en pente. Ceci a pour effet de limiter le transfert d’éléments nutritifs du sol d’amont en aval, en d’autres termes de limiter l’appauvrissement des sols situés en pente. Par conséquent, l’ensablement des rizières et des cours d’eau en aval s’en trouve limité. La dégradation de ces plantes de couverture va enrichir le sol en matières organiques et en éléments nutritifs
➤ L’association et la succession de cultures interrompent le cycle des maladies spécifiques à certaines cultures d’une part, et d’autre part, permettent de diversifier les produits agricoles.
➤ Le « zéro labour » soustrait le sol à l’érosion aratoire, une autre forme d’érosion méconnue. En effet, l’érosion aratoire due au travail du sol, entre autres le labour, conduit également au transfert du sol d’amont en aval, et provoque ainsi les mêmes dégâts que les érosions hydrique et éolienne.
➤ La plupart des plantes de couverture utilisée en SCV sont des plantes fourragères. Elles représentent alors une ressource fourragère non négligeable et à exploiter. Leur exploitation est un moyen d’intégrer les paysans au système agriculture/élevage.
➤ Cependant, l’utilisation d’herbicides pour tuer les plantes de couverture pour le paillage pollue la nappe phréatique, sur le plan environnemental, mais aussi, coûte cher aux paysans malgaches.
➤ Tandis qu’au niveau de l’intégration agriculture/élevage, l’utilisation des plantes de couverture en fourrages pose problème sur la disponibilité de la biomasse pour le paillage du semis direct.
Ainsi donc, les plantes de couverture sont des ressources fourragères intéressantes dans l’amélioration de l’alimentation bovine malgache, et dont la valeur alimentaire réelle dans la région d’Alaotra reste, alors, à préciser. Quels sont alors les paramètres permettant d’évaluer la valeur fourragère d’une plante ?
Caractéristiques d’un fourrage
La potentialité d’un fourrage s’évalue autant sur sa productivité que sur sa valeur alimentaire.
Productivité d’un fourrage
La production fourragère équivaut à la quantité de biomasse produite définie par : «production primaire ». Il s’agit de la biomasse aérienne correspondant à la production primaire aérienne. Il faut intégrer la biomasse racinaire pour pouvoir parler de « Production primaire totale ».
Production primaire potentielle
C’est la production primaire permise par les conditions non modifiables du milieu, quand les conditions modifiables ne sont pas limitantes dans la croissance de la culture. Ainsi, les deux principaux facteurs non modifiables sont le rayonnement solaire incident et la température.
Production primaire réelle
C’est la production primaire permise lorsque un ou plusieurs facteurs et conditions du milieu modifiables sont limitantes (Roberge (éd), 1999). La production d’une culture fourragère est exprimée en quantité de matière verte par unité de surface. Et comme, les plantes possèdent des teneurs variables en matière sèche (MS), liées à leur composition propre, aussi, raisonner en termes de quantité de tonnes de MS/ha s’avère plus adéquat (GRET, 2002).
Vitesse de croissance
C’est également un paramètre permettant d’évaluer la productivité d’une espèce fourragère donnée. Elle permet de déterminer le temps de repos idéal, c’est-à-dire, le meilleur compromis entre la qualité et la quantité du fourrage. Elle est généralement exprimée en kg de MS/ha/jour mais aussi en g/m²/jour.
La valeur alimentaire d’un fourrage
La valeur alimentaire d’un fourrage permet de déterminer l’apport du fourrage dans la satisfaction des besoins nutritionnels de l’animal. En effet, les besoins d’un animal se divisent en deux catégories bien distinctes :
– Les besoins d’entretien : définis par les activités physiologiques pour le maintien de la survie (respiration, métabolisme basal, etc.)
– Les besoins de production, dont les divers produits sont le lait, la force de travail, la viande, la gestation et la constitution de réserves. Il existe alors quatre méthodes de détermination de la valeur alimentaire d’un fourrage : les méthodes analytiques, les méthodes biologiques, les méthodes in vivo et les méthodes enzymatiques. Celle utilisée dans cette étude appartient aux méthodes analytiques : il s’agit d’une méthode relativement nouvelle basée sur la SPIR. Elle vient donc s’ajouter aux deux autres méthodes couramment utilisées : celles de Wende et de Van Soest.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. CADRE DE L’ETUDE
A. L’élevage bovin dans la région d’Alaotra
1. L’Agriculture de l’Alaotra
2. Vocation des cheptels
3. Système d’alimentation
4. Performance productive des bovins tropicaux
B. Les SCV
1. Historique
2. Objectifs et principes
3. Intérêts et inconvénients
C. Caractéristiques d’un fourrage
1. Productivité d’un fourrage
2. La valeur alimentaire d’un fourrage
3. Facteurs de variation de la productivité et de la qualité d’un fourrage
D. SPIR
1. Principes
2. Mode opératoire
3. Détermination des composants chimiques et de la valeur nutritive des fourrages
4. Calibration
5. Intérêts et limites du SPIR
II. MATERIELS ET METHODES
A. Caractéristiques du milieu d’étude
1. Localisation des parcelles
2. Climat
3. Sol et végétations
B. Matériel végétal
1. Les plantes de couverture vives
1. Les couvertures mortes
D. Caractéristiques des parcelles
1. Nombre
2. Systèmes de culture
3. Entretiens des parcelles
E. Matériels de prélèvements et d’analyse fourragère
1. Prélèvement
2. Pré-séchage
3. Détermination de la MS
4. Analyse fourragère
F. Démarches et méthodes de prélèvements et d’analyse fourragère
1. Prélèvements
2. Pesée
3. Pré-séchage
4. Broyage
5. Analyse fourragère
6. Traitement et analyse des données
G. Avantage et limites du travail
1. Dates de coupe, et localisation des parcelles de prélèvement
2. Effectifs des parcelles
3. Analyse et valeurs fourragères
CONCLUSION
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