Les catastrophes naturelles, touchant le monde, peuvent être d’ordre météorologique (tempêtes, inondations, cyclones, sécheresses, etc.), géophysique (séismes, tsunamis, volcans, glissements de terrain, etc.), ou biologique (invasions acridiennes, etc.) (MEF, 2012). A titre d’exemple, le mois de mai de cette année, des tornades ont touché les états américains. Des habitations ont été sinistrées, des arbres déracinés et des lignes électriques abattues. Le cyclone tropical Mahasen a aussi fait des ravages à Bengladesh ce mois-là (CNN, 2013).
Madagascar est soumis aux aléas climatiques tels que les cyclones, les inondations et les sécheresses (…). Entre 2007 et 2012, le pays a été traversé par 15 cyclones (…). La fréquence et l’intensité de ces catastrophes évoluent sous l’effet des changements climatiques. Etant donnée la situation de pauvreté des populations et la très faible capacité de réponse du pays, Madagascar est classé par MapleCroft en 2011 parmi les pays à vulnérabilité extrême avec un indice de vulnérabilité aux changements climatiques qui le classe troisième après l’Inde et le Bangladesh (MEF, 2012).
A l’échelle spatiale, les différentes régions de Madagascar sont exposées de manière plus ou moins différente à ces dangers naturels. Certains sont plus vulnérables aux attaques acridiennes, d’autres aux sécheresses. Pour la forêt de la Réserve de Tampolo, sur la côte Est de Madagascar, les pressions anthropiques sont accentuées par les phénomènes climatiques naturels notamment les cyclones tropicaux. Ils sont très fréquents sur la côte Est de Madagascar et les forêts littorales ne sont pas épargnées. En 2008, le passage d’un cyclone tropical nommé « Ivan » y a fait des ravages.
Problématique et hypothèses
Problématique
La forêt de Tampolo est connue pour ses intérêts biologiques et écologiques, non seulement pour sa faune et sa flore unique et son haut niveau d’endémicité et de diversité, mais également pour sa classification de vestige de forêt littorale et pour les services qu’elle offre à la population riveraine. Elle assure les fonctions en tant que forêt comme la protection, la production, la régulation et le rôle social. Elle est aussi un laboratoire vivant pour les scientifiques, enseignants, chercheurs et étudiants. Plusieurs études y ont été déjà effectuées pour améliorer les connaissances sur ce type de forêt et sa biodiversité, sur le comportement et la perception de la population riveraine vis-à-vis de la forêt, entre autres. Dernièrement, des études ont été effectuées afin de statuer la forêt classée en Nouvelle Aire Protégée.
La localisation de la forêt n’est cependant pas un atout pour celle-ci même si c’est un facteur déterminant de sa richesse et de son originalité. Elle fait l’objet de passage incontournable de plusieurs perturbations cycloniques et, sa flore et sa faune en subissent les conséquences. Ces perturbations ravagent tout sur leur passage : ils cassent, déracinent, mutilent, éciment les arbres et détruisent ainsi l’habitat des différents animaux de la forêt. Les dégâts cycloniques sur les forêts ne sont pas, jusqu’à nos jours, répertoriés et les différentes réactions des forêts restent inconnues selon l’intensité du cyclone.
Situation géographique et cadre institutionnel
La forêt de Tampolo est localisée sur la côte orientale de Madagascar, dans la région Analanjirofo, à 10 km au Nord de la ville de Fenoarivo-Atsinanana et à 110 km de celle de Toamasina. Elle couvre près de 675 ha. Elle est limitée au nord par le lac lagunaire de Tampolo et au sud par le grand marécage inondé par la rivière Antetezambe (RAJOELISON, 1997). Elle est située entre 49°24’00’’ et 49°24’30’’ de longitude Est, 17°15’00’’ et 17°15’30’’ de latitude Sud et à une altitude moyenne de 10m au dessus du niveau de la mer. Elle est entourée de quatres villages: au Nord Rantolava, au Sud-Ouest Tanambao-Tampolo, au Sud Andapa II et à l’extrême Nord Takobola.
Erigée en station forestière en 1959, Tampolo est gérée depuis les années 1990 par l’ESSA, conformément à une convention régulièrement renouvelée entre le ministère de tutelle des Eaux et Forêts et l’Ecole. Depuis 2006, dans le cadre de la mise en place du SAPM, suite à la Déclaration du Président de la République Marc Ravalomanana à Durban en 2003 sur l’extension de la superficie des aires Protégées à Madagascar, Tampolo a reçu le statut de Nouvelle Aire Protégée, dans la catégorie de Paysage Harmonieux Protégé (ESSA-Forêts, 2013). Elle bénéficie d’une protection temporaire par l’arrêté 52005/2010 modifiant l’arrêté interministériel Mine-Forêts n°18633 du 17 octobre 2008 portant mise en protection temporaire globale des sites visés par l’arrêté n°17914 du 18 octobre 2006 et levant la suspension de l’octroi des permis miniers et forestiers pour certaines sites.
Climat
Le climat de la zone peut être appréhendé avec les données climatiques entre 2001 et 2009 de l’UFR Ecologie et Biodiversité de l’ESSA-Forêts . La région est caractérisée par une pluviométrie annuelle de l’ordre de 3091,9 mm, répartie sur 232 jours, dont le mois de Novembre et le mois de Mars présentent respectivement la pluviométrie la moins élevée (130,8 mm) et la plus élevée (451,4 mm). La température moyenne annuelle est de 23,1°C dont le mois le plus chaud est le mois de Février avec une moyenne mensuelle de 26,4°C. La température minimale s’aperçoit durant le mois de Juillet avec une moyenne mensuelle de 19,1°C. Ces données climatiques ont aussi permis l’établissement de la courbe ombrothermique de Walter et Lieth. Pour ce faire, les mois de l’année ont été portés en abscisse en commençant par le mois de Juillet. Les ordonnées droite et gauche sont caractérisées respectivement par les températures exprimées en °C et les précipitations en millimètres. L’échelle de la pluviométrie est le double de celle de la température.
Géologie, géomorphologie et topographie
La forêt de Tampolo repose sur des sédiments quaternaires, le long d’une côte basse uniformément sableuse, continue sur 50 km au Nord (BATTISTINI, 1964 in RAJOELISON, 1997). Elle est établie sur trois crêtes de plages, parallèles à la ligne du rivage et stabilise les pentes et les sommets des rides de la première plate forme marine sableuse. Des collines suivant l’axe Nord-Nord-est et une plaine littorale sont les deux unités topographiques observées dans la zone d’étude.
Hydrographie
Selon RADOSY en 2010, le milieu lotique de Tampolo est dominé par le fleuve Maningory, au nord de notre zone d’étude. Le reste est donné par quelques petites rivières, comme le Manjorozoro et l’Antetezambe. Le milieu lentique est cependant composé de lacs dont les principaux sont le lac Tampolo au Nord et le lac Marofototra au Sud-Est. Tampolo est traversé de ruisseaux qui se jettent dans ces deux lacs. De nombreux marécages de bas fonds et des marais s’observent également dans la zone d’étude, notamment au sud de la forêt. (RATSIRARSON et GOODMAN, 1997 in RADOSY, 2010) .
Pédologie
D’après KILIAN en 1965 (in RAJOELISON, 1997), de la mer vers l’intérieur, en fonction de la position de la nappe phréatique, il se développe sous la forêt de Tampolo :
– Des sols peu évolués d’apport (régosols sur sable), en position topographique élevée et à nappe phréatique profonde. Le profil de régosols présente un horizon humifère en surface pénétrant quelques fois assez profondément dans l’horizon inférieur constitué uniquement de sable gris, brun ou jaunâtre. Souvent sur sable dunaire calcaire à l’origine, le sol est plus ou moins décalcifié.
– Des sols podzoliques qui se situent en position topographique basse à nappe phréatique proche de la surface. Ils sont caractérisés par un horizon de matière organique et d’humus brut en surface mal décomposé reposant sur un horizon de sable presque pur, d’aspect plus ou moins cendreux. En profondeur s’observe un horizon durci (alios) par l’accumulation de fer et de la matière organique lessivée. La roche mère est généralement du sable jaunâtre.
– Des sols hydromorphes dans les bas fonds humides, inondés en permanence. Ce sont des sols tourbeux, avec de la matière organique très peu décomposé. L’horizon superficiel est argileux, et de consistance spongieuse. En profondeur, la matière organique se présente sous forme de débris grossiers.
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Table des matières
1. INTRODUCTION
2. METHODOLOGIE
2.1 Problématique et hypothèses
2.1.1 Problématique
2.1.2 Hypothèses
2.1.3 Objectifs de l’étude
2.2 Etat des connaissances
2.2.1 Milieu d’étude
2.2.2 Cyclones tropicaux
2.2.3 Essences de valeur
2.3 Méthodes
2.3.1 Investigation bibliographique
2.3.2 Enquête
2.3.3 Cartographie
2.3.4 Observations
2.3.5 Inventaire floristique
2.3.6 Traitement et analyse des données
2.3.6 Cadre opératoire et schéma méthodologique
3. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
3.1. Performance de la régénération naturelle
3.1.1. Structure floristique
3.1.2. Structure spatiale
3.2. Capacité de résilience de la forêt cyclonée
3.2.1. Zonage de la forêt
3.2.2. Structure floristique
3.2.3. Structure spatiale
3.3. Capacité de résistance des essences de valeur
3.3.1. Structure floristique des essences de valeur
3.3.2. Structure spatiale des essences de valeur
3.4. Perturbations de la forêt
3.4.1. Types de perturbation
3.4.2. Impacts des perturbations sur la forêt
3.4.3. Impacts des perturbations sur les essences de valeur
3.5. Comparaison de la forêt avec la forêt de référence
4. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
4.1. Discussions
4.1.1. Sur l’approche méthodologique
4.1.2. Sur les résultats
4.1.3. Sur les hypothèses
4.2. Recommandations
4.2.1. Stratégies de restauration
4.2.2. Stratégie de conservation
4.2.3. Actions recommandées
4.2.4. Espèces préconisées pour la restauration écologique et la conservation
4.2.5. Cadre logique
5. CONCLUSION
Bibliographie
Annexes