A l’heure actuelle, le développement durable est devenu une priorité dans le cadre du développement de notre société ; face aux dégradations de certains espaces naturels, à l’épuisement des ressources énergétiques et à l’émergence de problèmes mondiaux (réchauffement climatique), le développement durable apparaît comme la solution qui nous permettra de préserver notre planète.
Mais mettre en œuvre ce développement implique de rompre avec les pratiques passées qui ont conduit aux problèmes cités précedemment, et ce notamment dans le domaine de l’aménagement du territoire. Ainsi nous sommes entrés dans une nouvelle ère qui vise à concilier l’extension urbaine caractéristique des sociétés contemporaines industrialisées et une protection / préservation de l’environnement naturel. L’aménagement du territoire, l’urbanisme voient donc de nouvelles pratiques et de nouvelles théories émerger. Ainsi, dans le domaine des transports, après l’ère du « toutautomobile » la volonté de développer les transports en commun « propres» va grandissante dans de nombreuses agglomérations qui réinstallent des lignes de tramway . De la même manière dans le domaine de la production énergétique, on assiste à la croissance des sources d’énergies renouvelables. Ces nouvelles pratiques se manifestent aussi dans un domaine qui nous intéresse tout particulièrement et qui est celui de l’habitat, du logement. En effet, actuellement se développent de nouvelles formes d’habitat (petit collectif, individuel groupé, habitat intermédiaire…) qui sont conçues de manières à prendre moins d’espace que l’habitat individuel classique qui s’est étendu de manière chaotique ces trente dernières années. Ces nouvelles formes d’habitat ont entraîné la création de nouvelles formes urbaines, types de quartiers dont les quartiers que nous appellerons « d’habitat mixte » qui regroupent des types d’habitats différents.
La production de logements en France depuis les années 1950
Le parc de logements après-guerre
A la fin de la seconde guerre mondiale, le parc de logements Français est très endommagé ; on compte environ 14 millions de logements pour une population de 40,5 millions d’habitants . A cette époque, la France possédait le parc HLM de plus mauvaise qualité d’Europe ; en effet, très peu de logements possédaient les trois éléments de conforts indispensables selon l’INSEE à l’heure actuelle (W.C. intérieurs, chauffage, douche). De plus, cette période était caractérisée par une forte croissance démographique due à une forte natalité, à laquelle se rajoutera l’effet dans les années 50 de l’exode rural qui conduiront l’Etat à intensifier l’effort de construction afin de suppléer au manque de logements dans les villes.
La construction des grands ensembles
C’est à partir des années 50 que va débuter la production massive de logements sociaux ; en 1953 l’état lance le Plan Courant qui vise à la fabrication de 240 000 logements par an où il s’engage à prêter de l’argent à très faible taux aux organismes HLM par l’intermédiaire de la Caisse des Dépôts et Consignation et où il crée le 1% patronal. La création de ces quartiers HLM se fait durant une période où les théories fonctionnalistes, modernistes sont prédominantes en aménagement-urbanisme. Ces opérations de construction seront donc faites à partir de plans masses qui permettent une production à grande échelle et à faible coût. En 1958, les ZUP seront crées afin de faciliter cette production de logements. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, ces logements qui possédaient les éléments de conforts cités précedemment étaient plébiscités par une grande majorité de la population. Cependant, à partir des années 70, ces quartiers ont commencé à être vivement critiqués (pour diverses raisons : situation isolée de la ville, manque d’équipements, mauvaise qualité des constructions…) tout comme les théories dont ils étaient issus. Les dernières opérations de ZUP se sont donc achevées vers la fin des années 70.
Le développement de l’accession à la propriété
Parallèlement à la critique de ces quartiers se développe un engouement pour un autre type de logement : la maison individuelle. L’état se lance alors dans une politique favorisant l’accession à la propriété ; c’est pourquoi en 1970 sont lancés les primes et prêts spéciaux du Crédit Foncier de France qui se transformeront en 1972 en prêts immobiliers conventionnés et qui ont pour objectif de permettre aux ménages ayant un minimum de ressources de sortir du parc HLM et d’acquérir leur maison individuelle, de devenir propriétaires. Cette politique d’encouragement de l’accession à la propriété des ménages va se poursuivre avec la création en 1977 des Prêts Accession à la Propriété qui s’adressent à des ménages plus modestes que les prêts précédents ; suite à un relâchement vers le milieu des années 80, cette politique reprend au milieu des années 1990 avec la création des Prêts à Taux Zéro. Ainsi, les maisons individuelles ou pavillons ont envahi la France à tel point que l’on parle aujourd’hui de « marée pavillonnaire » pour qualifier les énormes étendues que ce type d’habitat a colonisé.
La relation ville-environnement, une vision qui a évolué
La prise en compte de l’environnement dans la discipline de l’aménagement-urbanisme n’est pas une préoccupation spécialement récente ; cependant, suivant les époques, cette prise en compte a été influencée par des théories qui ont évolué et a été intégrée avec plus ou moins de réussite dans les théories et les projets d’urbanisme.
L’origine de l’écologie urbaine
A la fin du 19ème, début du 20ème s’est développée la discipline de la géographie urbaine, discipline qui s’était inspirée des travaux menés par Vidal de La Blache. Les géographes urbains plaçaient l’étude transdisciplinaire du milieu au centre de leur théorie qui était appelée le possibilisme. Cette théorie pourrait être qualifiée d’interactionniste (car il s’agissait principalement d’étudier les relations homme milieu) et de constructiviste (car l’analyse portait principalement sur les multiples résultats de cette interaction). Dans cette conception de l’aménagement, tout comme la société humaine, le milieu était considéré comme vivant, actif ; ce qui amènera d’ailleurs Vidal de la Blache à employer de manière régulière le terme relativement récent à l’époque « d’écologie ». Cependant, la géographie urbaine qui voulait participer à la formation de la discipline urbanistique à l’époque en gestation, fut exclue des institutions incontournables participant à la création de cette discipline au profit des historiens de l’urbanisme . Ce faisant, la préoccupation du milieu, de l’environnement fût occultée pour un certain temps de l’urbanisme, préparant ainsi la venue des théories modernistes qui virent leur avènement après la première guerre mondiale et dont Le Corbusier fût un éminent représentant.
Les années 50-70 : la pollution inhérente à la ville
Ainsi, pendant une quarantaine d’année, la préoccupation environnementale semble disparaître du champ urbanistique. C’est dans les années 60, que l’intérêt pour la relation ville-environnement va réapparaître, ceci mènera à la création du ministère de l’environnement en France en 1971. A cette époque la préoccupation de l’environnement est externalisée de la ville qui est considérée comme indissociable de la pollution (c’est à cette époque que l’on créé les parcs nationaux, que l’on protège la nature en préservant les espaces vierges de toute urbanisation).
De l’écologie urbaine au développement durable
Puis progressivement, on va intégrer le fait que la gestion de la ville peut présenter une dimension environnementale ; un nouveau mouvement, l’écologie urbaine va ainsi apparaître. Néanmoins, ce mouvement qui voulait acquérir une certaine reconnaissance avec notamment le manifeste de l’écologie urbaine paru en 19841 ne réussit jamais à percer car on lui attribuait des références à l’époque décriées (école de Chicago) et qu’il était perçu comme trop théorique. Les avancées scientifiques et le phénomène de mondialisation vont amener à la prise de conscience de problèmes globaux tels que le réchauffement climatique. Ainsi, la conférence de Rio de Janeiro en 1992 va consacrer le terme de développement durable : développement qui a pour but de concilier les intérêts environnementaux, sociaux et économiques. Cette notion se répand assez vite dans la profession urbanistique. Attaché au développement durable apparaît alors le concept de ville durable qui est plus pragmatique et opérationnel que l’écologie urbaine et rencontre un vif succès qui ne s’est pas démenti jusqu’à aujourd’hui. En France, la ville durable est définie de cette manière : c’est une ville qui offre à ses habitants des conditions politiques, sociales, culturelles équitables et satisfaisantes tout en répondant à un principe de sécurité biologique des conditions de vie et qui préserve les ressources naturelles sans compromettre les besoins des générations futures.
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Table des matières
Remerciements
Sommaire
Introduction
Partie I : Mise en contexte de la problématique
A. Rappels historiques
1)- La production de logements en France depuis les années 1950
2)- La relation ville-environnement, une vision qui a évolué
3)- Un souci croissant de mixité sociale
B. Contexte actuel
1)- La densité pour lutter contre l’étalement urbain
2)- La diversité et la qualité de l’habitat pour apporter la mixité sociale
3)- Les français et leurs représentations du logement
4)- L’évolution des modes de vies
C. Conclusion et intérêt de la recherche
Partie II : Problématique et éléments méthodologiques
A. Formulation et explication de la problématique
1)- Questionnement d’origine : comment sont vécus ces quartiers par leurs habitants?
2)- Questionnements spécifiques : intimité et convivialité ?
3)- Finalité de la recherche
B. Le cadre théorique de cette étude
1)- La relation homme- environnement
2)- Une approche relevant de la psychologie environnementale
C. Méthode d’observation
1)- Deux études de cas
2)- Partie 1 : une observation des quartiers suivant ma vision d’aménageur pour
formuler des hypothèses
3)- Partie 2 : Des entretiens pour connaître la vision des habitants et vérifier mes
hypothèses
4)- Limites de cette méthode
5)- Précisions et considérations inhérentes au protocole d’étude
D. Présentation des terrains d’études
1)- Présentation du site d’étude n°1 (Commune de La Chaussée Saint-Victor)
2)- Présentation du site d’étude n°2 (Commune de Veretz)
E. Similitudes de ces quartiers et analyse
1)- Similitudes de ces quartiers
2)- Analyse de ces quartiers et hypothèses associées
Partie III : Analyse des résultats obtenus
A. Démarche d’observation et présentation de la population enquêtée
1)- Publics interrogés et thèmes sélectionnés
2)- Localisation des personnes interrogées sur les deux quartiers
3)- Représentativité de l’échantillon étudié
B. Résultats des entretiens
1)- Une intimité compromise par la proximité des logements et les vis-à-vis
2)- Une convivialité des espaces publics limitée aux parents de jeunes enfants
3)- Des hypothèses vérifiées mais à nuancer
Conclusion
Table des illustrations
Bibliographie
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