Perception du suicide
Perception du suicide
En comparant les réponses des personnes « formées » et de celles « non formées » à la prévention du suicide sur leur perception du suicide, nous n’avions pas de différence significative. En dehors des affirmations suivantes « Pour se suicider il faut être courageux ou lâche » et « Limiter l’accès aux moyens de suicide ne sert à rien », les réponses entre les groupes « formés » et « non formés » sont quasi-identiques. 7.3% des personnes « formées » pensent que « Pour se suicider il faut être courageux ou lâche » versus 17.7% des personnes « non formées ». Et 32.7% des personnes « formées » pensent que « Limiter l’accès aux moyens de suicide ne sert à rien » versus 45.6% des personnes « non formées ». Au total sur les cent trente-quatre répondants, 16.42% pensent que « Le suicide est héréditaire ». Environ 65% des personnes estiment que « Les personnes tentant de se suicider recommenceront ».
43.28% croient que « Les personnes qui veulent se suicider ne donnent pas d’indications sur leurs intentions avant de passer à l’acte. Elles n’en parlent pas. ». 24.63% des personnes sont d’accord avec l’affirmation que « Les personnes qui parlent d’idées suicidaires et qui menacent de se suicider veulent seulement attirer l’attention». Pour 28.36% des interrogés « Le geste suicidaire résulte bien d’un choix ». A l’affirmation « Pour se suicider il faut être courageux ou lâche », 13.43% personnes répondent positivement. 4.48 % des sondés estiment que « Parler de suicide à quelqu’un peut l’inciter à le faire ». Seulement, 1.49% des réponses montrent un accord avec le fait de dire « Il faut être fou pour vouloir se suicider. ». Pour l’affirmation « Les personnes joviales sont à l’abri du suicide », 6.49% des questionnés le pensent. « La crise suicidaire est un processus irréversible que rien ne peut arrêter » est approuvé par 7.46% des répondants. 33.58% des personnes pensent que « Les antidépresseurs augmentent le risque suicidaire » et 40.30% que « Limiter l’accès aux moyens de suicide ne sert à rien ». « Une personne suicidaire veut réellement mourir. » pour 24.63% des sondés. Il n’y a que 0.75% de réponses en faveur de l’affirmation suivante : « Les personnes suicidaires ont une faible personnalité. ». Pour finir, 7.46% des participants pensent que « Le suicide se produit dans les milieux défavorisés économiquement » (Tableau V).
Evaluation de l’intensité de la souffrance psychique Nous avons comparé les réponses sur l’évaluation de l’intensité de la souffrance psychique entre les personnes « formées » et celles « non formées » à la prévention du suicide. Il existe une différence significative pour la recherche des troubles du sommeil (p<0.041) et du désarroi-désespoir (p<0.029). Celles « formées » sont plus nombreuses à rechercher ces troubles lorsqu’un patient présente un risque suicidaire. 100% des « formés » recherchent les troubles du sommeil versus 91.14% des « non formés » et 83.64% des « formés » recherchent le désarroi-désespoir versus 65.82% des « non formés ». Il n’y a pas de différence significative pour les troubles alimentaires (87.27% des « formés » versus 74.68% des « non formés »), le sentiment de culpabilité (72.73% des « formés » versus 64.56% des « non formés »), le repli sur soi (96.36% des « formés » versus 88.61% des « non formés »), mais aussi les troubles de l’estime de soi (83.64% des « formés » versus 75.95% des « non formés »). Les symptômes suivants, l’asthénie (96.36% des « formés » versus 96.20% des « non formés »), la perte d’intérêt (92.73% des « formés » versus 91.14% des « non formés ») et l’anxiété (96.36% des « formés » versus 96.20% des « non formés »), semblent être recherchées de manière équivalente entre les personnes « formées » et « non formées ». Il n’y a pas de différence significative (Tableau VI).
Evaluation du degré d’intentionnalité
Dans la partie du questionnaire évaluation du degré d’intentionnalité, les idées suicidaires sont évaluées à 96.36% par les personnes « formées » et à 81.01% par celles « non formées ». Il y a une différence significative (p<0.008). La question de savoir quand le patient va passer à l’acte est posé à 76.36% par les personnes « formées » versus 56.96% pour les « non formées » (p<0.021). Le plan d’action suicidaire est recherché par 80% des « formés » et par seulement 50.63% des « non formés » (p<0.001). La mise en ordre des affaires est peu recherchée, 34.55% des « formés » et 17.72% des « non formés » la recherchent (p<0.041). Pour les autres questions, il n’y a pas de différence significative. La fréquence des idées suicidaires est questionnée par 80% des « formés » et 69.62% des « non formés ». 21.82% des « formés » demandent si une lettre a été rédigée contre 13.92% des « non formés ». Les antécédents de troubles psychiatriques sont recherchés par 78.18% des « formés » et par 75.95% des « non formés ». Les évènements de vie négatifs sont définis comme par exemple les pertes parentales précoces, les maltraitances, les abus sexuels, les violences, l’hostilité, l’humiliation, l’injustice, …. Ceux-ci sont demandés par 83.64% des « formés » et 77.22% des « non formés ». Lorsqu’il s’agit de savoir si le patient recherche ou non de l’aide, 79.75% des « non formés » le font versus 72.73% des « formés » (Tableau VII).
DISCUSSION
L’étude a permis d’interroger un échantillon de participants d’âge, de sexe, de lieux d’exercice et de niveaux d’études différents. Les questions portaient notamment sur les éléments cliniques recherchés chez des salariés potentiellement en crise suicidaire. Ces éléments cliniques recherchés étaient basés sur les recommandations de l’HAS. Dans cette étude, il existe un biais d’information par manque d’effectifs. Sur les trois cent trente-deux interrogés, il y a eu cent trente-quatre participants soit 40.36% répondeurs et 59.64% de non répondeurs. Les résultats non significatifs peuvent être dus au fait que l’étude manque de puissance par manque d’effectifs. Par exemple, les difficultés financières ont été significatives avec un test de khi-deux mais pas avec le test exact de Fischer.
On peut se demander si cela aurait été significatif avec un plus grand effectif. Nous sommes étonnés de voir que plus de la moitié des professionnels, dans le cadre de la santé au travail, disent avoir été confrontés à des salariés ayant fait une tentative de suicide ou un suicide en lien ou non avec le travail. Alors que seulement 41.04% s’estiment « formés » à la prévention du suicide dont un tiers seulement estime avoir été « formés » durant leur formation initiale en santé au travail. La HAS recommande pourtant aux professionnels de santé « confrontés dans leurs pratiques respectives à des signes d’appel » de les identifier et d’orienter le patient vers une structure de soins [3]. Nous avons retrouvé une différence significative entre les personnes « formées » et « non formées » pour la connaissance du RUD. Parmi celles « formées », il n’y a que 45% des personnes qui disent connaitre le RUD. Pour l’HAS, il faut savoir reconnaître la crise et en apprécier la gravité (urgence faible, moyenne et élevée) [3].
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Table des matières
RESUME
INTRODUCTION
MÉTHODES
RÉSULTATS
1. Caractéristiques générales
1.1. Catégories socioprofessionnelles et expériences professionnelles
1.2. Formation sur la prévention du suicide
1.3. Connaissance de l’évaluation du Risque, de l’Urgence et de la Dangerosité
1.4. Parler du suicide
1.5. Tentative de suicide ou suicide au cours des cinq dernières années
2. Perception du suicide
3. Suivis des recommandations de la HAS
3.1. Evaluation de l’intensité de la souffrance psychique
3.2. Evaluation du degré d’intentionnalité
3.3. Evaluation de l’impulsivité
3.4. Evaluation des éventuels éléments précipitants
3.5. Evaluation des moyens létaux
3.6. Evaluation de la qualité du soutien de l’entourage proche
3.7. La prise en charge d’un patient ayant des idées suicidaires
DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES FIGURES
LISTE DES TABLEAUX
TABLE DES MATIERES
ANNEXES
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