L’agriculture représente le secteur économique dominant de Madagascar. Elle contribue à 28% du produit intérieur brut (PIB) du Pays (FAOSTAT, 2009) et constitue l’activité principale de 75% de la population (INSTAT, 2014) majoritairement rurale. Le changement climatique, l’accroissement démographique et la dégradation de l’environnement menacent actuellement les moyens de subsistance des populations rurales vivant de l’agriculture et dépendant des ressources naturelles. Le déficit et l’insécurité alimentaires s’accentuent et affectent 32 % de la population dans une situation de sousalimentation chronique à Madagascar (FAOSTAT, 2013). Classé pays à faible revenu, Madagascar doit faire face à un besoin urgent d’investir dans le secteur agricole pour améliorer la productivité et la production (Banque Mondiale, 2015).
Les résultats d’Enquête Permanente auprès des Ménages (EPM-INSTAT, 2010) ont donnés un ratio de pauvreté rurale de 82,2% malgré l’intervention de plusieurs projets de développement. Cette situation pourrait être causée par l’inadéquation des activités prônées des projets aux attentes des paysans qui ignorent les techniques innovantes méconnaissant leur savoir-faire et qui choisissent de rester passifs (Penrose et al, 2006). Ainsi, certaines divergences de point de vue influent sur leur perception et devraient être considérées dans l’orientation des projets. Pour certains (souvent de faible proportion), les projets peuvent être bénéfiques et développent effectivement leurs activités génératrices de revenus améliorant ainsi leur condition de vie; pour d’autres, leur participation se résulte en une faible évolution du bienêtre socioéconomique précaire durant la phase du projet et pourrait devenir une source de nouvelles formes de pauvreté.
ETAT DE L’ART
L’Etat de l’art consiste à présenter les différents écrits des auteurs concernant tout ce qui tourne autour du développement. Ainsi, dans un premier temps, il parlera du concept de développement, ainsi que les différentes étapes qu’il faudrait franchir pour y parvenir, à travers une approche territoriale et rurale. Ensuite, il entamera la notion de projet de développement en précisant sa définition, sa réalisation, son évaluation et ses limites. Et enfin, il se tournera plus vers les différents facteurs qui peuvent influencer la perception des paysans vis-à-vis des actions de développement.
Concept et notion de « développement »
La définition du mot « développement » a évolué au cours du temps. Les actions y afférentes sont aussi de plus en plus spécifiques et se déclinent suivant leur domaine d’intervention. Après avoir défini le terme développement, il est nécessaire également de parler des Objectifs du Millénaire pour le Développement, qui est une orientation mondiale pour favoriser le développement de tous les pays du monde.
Définition
Nombreuses sont les définitions du concept de développement, plusieurs auteurs ont leur propre conception de ce qu’ils entendent par développement. D’après François Perroux, « Le développement est la combinaison des changements mentaux et sociaux d’une population qui la rendent apte à faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel global » (Perroux, 1969).
Le développement est une forme de dynamique non exclusivement économique, mais dans laquelle s’intègrent également des dimensions sociales. Il s’agit donc d’un processus multidimensionnel qui se traduit par la réorganisation et la réorientation de l’ensemble du système économique et social. Le développement induit alors, outre la progression des revenus et de la production, des changements radicaux des structures institutionnelles, sociales et administratives ; des modifications des comportements, des normes et des croyances ; et s’il est défini dans un contexte national, sa réalisation et sa diffusion peuvent nécessiter des modifications fondamentales du système économique et social international (E. Cudeville& S. Poncet, Les théories du développement). Oakley et Garforth (1986) cité par Hammani (1997) estiment que le développement évoque une certaine forme d’action, ou d’intervention propre à influencer sur le processus général de transformation sociale. Il s’agit d’un concept évolutif qui consiste alors à modifier une situation antérieure en fonction de plusieurs objectifs économiques, sociaux ou environnementaux. Par rapport à cela, sa « pertinence » s’appuie non seulement sur l’observation de l’homme dans son milieu, mais dans le dialogue avec les hommes définissant leur milieu de vie (Mollard, 2007). Ainsi, les actions de développement ne peuvent se faire sans la considération du contexte local, pour éviter leur inefficacité.
Étapes de développement de Rostow
Pour tout projet de développement, la finalité concerne l’amélioration des conditions de vie de la population. Cependant, pour Nurkse, en 1953, en parlant du cercle vicieux de la pauvreté, le faible revenu est surtout dû à la faible productivité, à l’issu de la combinaison de plusieurs facteurs.
Pour Nurkse, le faible revenu de la population engendre à la fois des problèmes sociaux, que ce soit, au niveau de la santé, de la nutrition, de l’éducation et de la croissance démographique, et des problèmes économiques qui se manifestent par un faible investissement par tête. En se combinant, ces facteurs aboutissent à une faible productivité du travail, influençant de nouveau le revenu, et le cycle revient. Afin de pouvoir y remédier, Rostow a pu identifier, différentes étapes de développement, auxquelles devront se conformer, dans notre cas, les cibles des projets de développement rural. L’analyse libérale de Rostow décrit le développement économique comme un processus composé d’une succession d’étapes devant être suivie plus ou moins par tous les pays. Ainsi :
o 1ère étape: celle de la société traditionnelle. Rostow renvoie aux caractéristiques répertoriées à l’époque comme celles des sociétés « traditionnelles » (par opposition à la modernité). Il s’agit de société agricole, utilisant des moyens de production peu élaborés, et ayant une productivité faible, voire nulle, et des mentalités archaïques.
o 2ème étape : c’est l’étape du pré décollage. Durant cette étape, les échanges commerciaux se développent, les progrès techniques naissent et se diffusent, et les mentalités évoluent.
o 3ème étape : c’est la célèbre et mystérieuse étape du « décollage » ou « take off». L’investissement s’accroît ainsi que le taux d’épargne. La croissance crée un surplus qui sera réinvesti, et ainsi de suite.
o 4ème étape : celle de la maturité, car le progrès technique se diffuse dans l’ensemble de l’activité économique
o 5ème étape : c’est l’état du développement ou plutôt la société de la consommation de masse.
Le développement, dans la phase considérée par Rostow comme l’étape du pré décollage, doit passer par le développement des techniques et l’amélioration de l’accès aux marchés, afin d’aboutir en finalité à favoriser le développement de la consommation de masse. Dans ce sens, pour promouvoir le développement dans les pays africains, l’initiative devrait partir d’euxmêmes, mais cela ne peut réussir qu’avec un environnement économique plus favorable. En effet, selon Amin (1970) et Emmanuel (1969), pour l’Afrique, avancent une théorie de la dépendance des pays de la périphérie (Sud) à l’égard des pays du centre (Nord), dépendance tout à la fois commerciale, technologique et financière. Le sous-développement est identifié comme le résultat d’un environnement international systématiquement défavorable lié à une domination du Nord sur le Sud qui insère dans l’économie mondiale, mais selon une division internationale où le Sud est toujours perdant. Les actions des projets de développement sont le plus souvent dictées par les bailleurs de fonds des différents projets de développement, et ne coïncident pas vraiment aux besoins des locaux, ne contribuant donc pas à leur développement, d’où l’État est toujours perdant, vu les dettes accumulées, et le résultat non probant de ces actions.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
Chapitre I : Etat de l’art, Matériels et Méthodes
Chapitre II : Facteurs influençant la synchronisation des attentes des paysans et les actions des projets de développement rural
Chapitre III : Risques encourus par les acteurs à l’initiative des projets comme vecteur du changement dans le milieu d’intervention
Chapitre IV : Identification des leviers susceptibles d’augmenter la réussite des projets de développement rural
Chapitre V : Discussions générales
CONCLUSION GENERALE
Bibliographie
Annexes