Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études
Zonage de Maromizaha
La Nouvelle Aire Protégée de Maromizaha est de catégorie VI, et elle suit le code des aires protégées. Ainsi dans l’article 46 paragraphe 5 de la loi n°2015-005 portant sur la refonte du code des Aires protégées ou COAP : « Il (le plan d’aménagement) comporte un plan de zonage complet indiquant le noyau dur d’un ou plusieurs tenants, la zone tampon et ses subdivisons potentielles : Zone d’Occupation Contrôlée (ZOC), Zone d’Utilisation Durable (ZUD), Zone de Service (ZS) ou Zone affectée à d’autres activités autorisées ainsi qu’une analyse de l’impact des activités menées dans ces zones sur l’Aire Protégée y compris, si nécessaire, la zone de protection et la zone périphérique selon les statuts. »
Pédologie et géologie
Les sols de la forêt à arbre dragon sont humifères sur roche métamorphique de type gneiss à graphite. Les sols sont ferralitiques de couleur jaune orangé à rouge, c’est une caractéristique du milieu tropicale humide sous couverture forestière (RAMANAHADRAY, 2009). Le sol a un pH de 5 presque constant dans tous les horizons. La teneur en bases échangeables semble être très basse6.
Après le défrichement de la forêt, le savoka s’installe. L’horizon humifère est rapidement décapé et favorise l’action de l’érosion sur le sol. Les propriétés physiques et chimiques du sol sont plus ou moins considérées. Mais la répétition des feux de brûlis accélère la dégradation de la qualité des sols. En effet, sous savoka homogène, il y a une bonne composition chimique des sols : elle est à bases échangeables et il n’y a pas de toxicité aluminique.
Hydrographie
Plusieurs cours d’eau sillonnent la forêt de Maromizaha. Dans la partie Est, se trouve la rivière d’Ambatoharanana qui se déverse au Nord dans la rivière Anevoka. La rivière Amalonabe se dirige vers le Nord Nord-Est pour se jeter dans la rivière d’Anevoka. Les chaînes de Befody limitent la forêt de Maromizaha à l’Est et la rivière Ambatoharanana à l’Ouest.
La région est de climat humide tempéré par altitude avec vent dominant venant du Sud-Est appelé Alizé. La pression atmosphérique est de 806 à 1030 millibars au mois de Juillet. En moyenne, la température est de 20,4 °C et d’amplitude thermique maxima 21,2 °C en mois de Février mais le minima est de 14,9°C en mois de Juillet.
Milieu Biologique
Flore et végétation
La végétation de l’aire protégée de Maromizaha se caractérise par une espèce typique de la famille des liliaceae : Dracaena connu sous le nom « Arbres dragons » d’où l’appellation de « forêt pluviale d’arbre dragons ». Les littératures sur la flore de Maromizaha, annoncent la présence de 433 espèces et 213 genres appartenant à 87 familles. Cette forêt est aussi caractérisée par Uapaca densifolia et U. thouarsii. Dans la subdivision phytogéographique, la végétation de Maromizaha fait partie :
la flore du vent7.
Zone écofloristique orientale8, intermédiaire entre la zone de basse altitude (0 à 800 m) appartenant à la série à Anthostema et à Myristicaceae et la zone de moyenne altitude (800 à 1 800 m) de la série à Weinmannia et à Tambourissa.
la forêt humide9 englobant les plateaux de l’Est et du Centre de Madagascar avec les escarpements qui leur sont associés.
Milieu Humain
Démographie
La population locale de Maromizaha est majoritairement Betsimisaraka toutes fois il y a certaine présence d’autres ethnies comme Bezanozano, Sihanaka, et Merina. Le nombre exact de la population aux alentours de l’Aire protégée est en cours de recensement par l’Etat qui a décidé cette année de faire le troisième Recensement Global de la Population et de l’Habitat financé par la Banque mondiale (RGPH 3). Le GERP a récemment fait une campagne de recensement des populations affectées par son projet (PAPs), il s’avère qu’il y a 2178 personnes affectées par ce projet tout sexe et âge confondus. Néanmoins, des études récentes démontrent qu’il y a une forte augmentation de la population environnante de l’Aire protégée, pouvant augmenter les pressions anthropiques sur les milieux naturels (MASO, 2016).
Social
Selon les études faites, il existe deux pouvoirs dans l’ensemble pour l’AP de Maromizaha : le pouvoir formel par lequel l’autorité est élu par le peuple et l’autorité traditionnelle issue des organisations ancestrales (RABE MAHEFARITAFIKA, 2012).
Economie
Les sources de revenus principaux des locaux sont traditionnellement l’agriculture sur brûlis (riz, mais, manioc), la porciculture, l’aviculture, la cuniculture, l’apiculture, et la pisciculture. On a aussi constaté que l’utilisation des produits forestiers est également répandue ; le bois d’énergie et de construction, la cueillette de plantes médicinales ont toujours été des sources importantes de revenus. La croissance démographique liée à l’immigration a cependant entraîné un changement significatif dans les modes de vie et le commerce des produits forestiers est devenu important pour une grande partie de la population. Ce commerce assure l’approvisionnement de la ville de Moramanga en charbon de bois, planches et en autres bois de construction (GERP, 2015).
Les cibles de conservation
Une Cible de conservation correspond, selon l’UICN, à des espèces particulières de la biodiversité, des écosystèmes, des processus écologiques choisis pour représenter la biodiversité globale d’un site. Le GERP a déterminé 7 cibles de conservation représentatives de l’Aire Protégée Maromizaha selon des critères objectifs de représentativité et de vulnérabilité grâce au logiciel MIRADI basé sur l’évaluation des attributs écologiques clés. Pour cette présente étude, on ne s’intéresse qu’à 4 d’entre elles à savoir le genre Pandanus, les Orchidées, Cyathea et les bois précieux du fait qu’ils sont très rattachés aux populations locales et par conséquent sujets à des pressions et menaces. En outre, ces cibles représentent la formation végétale de Maromizaha.
Cible 1 : Pandanus.
Pandanus ou Vakoana du commun Vacoas sont des plantes appartenant à la Famille des Pandanaceae du genre Pandanus regorgeant 84 espèces endémiques et une espèce ubiquiste. Pandanaceae se trouvent dans le clade ou Sous -Embranchement des monocotylédones à port herbacées, arbustif ou arboré. Elles ont des feuilles linéaires longues, alternées à nervation parallèle. C’est une plante héliophile c’est-à-dire une plante qui exige la lumière solaire pour se développer. Sa distribution spatiale et son abondance sont conditionnées par l’ouverture de la canopée. De part et d’autre, son endémicité élevée, le genre Pandanus représente aussi un habitat idéal pour certains amphibiens et très utiles pour leur cycle de développement comme Guibemantis albolineatus, G. bicarlatus, G. flavobrunneus, G. pulcher, Platelis tuberifera.
Cible 2 : Cyathea.
Cyathea ou Fanjàna, ce sont des végétaux appartenant à la Famille des Cyatheaceae de l’Embranchement des Ptéridophytes. Ce sont des fougères à grandes feuilles possédant des formes variables. Le genre Cyathea se reproduit le plus souvent par voie sexuée et capable de se reproduire facilement11. D’où le fait que ce genre a une large distribution. Cyathea est très convoité par la population locale car la base des troncs est très utilisée pour des pots de fleurs, il s’agit des espèces Cyathea boivinii, Cyathea similis, Cyathea melleri.
Cible 3 : Les Orchidées.
Ce sont des plantes épiphytes de la famille des orchidacées dans une strate de 0 à 2 m. Les orchidées sont utilisées comme plante d’ornement, par conséquent beaucoup de gens les prélèvent de manière illicite pour les vendre ensuite. C’est pourquoi, elles sont très prisées par les populations locales. Cette famille regorge de plusieurs espèces classées dans la liste rouge de l’UICN.
Cible 4 : Les Bois précieux.
Les bois précieux sont des plantes qui ont de fortes valeurs commerciales. Les genres Dalbergia et Diospyros sont présents à Maromizaha. Elles sont très exploités pour la vente et créent des revenus pour la population locale. Les bois précieux sont utilisés pour construire des instruments de musique, et pour les meubles de la maison. Ils sont exploités sous forme de rondins désaubiérés, parfois de faibles dimensions.
Observation Directe et prospection des lieux
Cette méthode est très utile voire nécessaire pour le présent travail du fait qu’elle offre un meilleur contact et une évaluation directe des états des lieux. Suite à un entretien effectué avec le responsable de Maromizaha, des lieux spécifiques ont été indiqués pour une prospection afin de connaitre la continuité et l’évolution des pressions anthropiques. Tout ceci nous a permis de mieux voir sur le terrain l’état des dégradations et de donner un premier aperçu des éventuelles placettes pour le suivi des cibles de conservation.
Evaluation de la viabilité des cibles
Afin d’évaluer la santé et la viabilité des cibles de Biodiversité12, il est nécessaire de sélectionner les attributs clés13 ou critères d’évaluation en assignant un rang pour déterminer automatiquement un score d’intégrité sur chaque cible. On note que ces attributs dites « clés » se catégorisent par leur taille (l’abondance d’une espèce ou l’aire vitale minimale nécessaire), par ses conditions (l’équilibre de la composition et de la structure de la population ou de l’habitat) et enfin par son contexte spatial (niveau de connectivité, de fragmentation ou d’isolement).
Evaluation des Menaces
Les menaces sont des facteurs qui portent atteinte à la viabilité des cibles de conservation, et qui doivent nécessairement être évalués et suivis dans le temps et dans l’espace. Les menaces comprennent deux éléments :
Les impacts : facteurs qui réduisent la viabilité d’une cible de conservation (par exemple une diminution de la superficie d’un habitat) .
Les pressions : activités humaines tangibles et immédiates qui sont à l’origine de l’impact (par exemple le défrichement et la coupe sélective).
L’évaluation des menaces se fait en deux parties (SURRANS, 2015) :
1) Une évaluation des impacts : ce sont les facteurs qui amoindrissent la viabilité des cibles de conservations .
2) Evaluation des pressions : ce sont les activités humaines tangibles et immédiates, à l’origine de l’impact.
Les trois axes suivants, sont définis comme principaux pour l’analyse des impacts, comme la sévérité (ampleur de la dégradation), la portée (étendue de la dégradation) de l’impact sur les cibles, et l’analyse des pressions pour évaluer leur contribution anticipée à l’impact et leur niveau de réversibilité potentiel.
Une valeur (soit très haute, haute, moyenne ou basse) est attribuée à chacun de ces quatre attributs, afin de nous permettre de calculer le niveau de menace cumulatif par cible de conservation, par pression, et pour l’AP en général.
Enquête Ethnobotanique
Une enquête ethnobotanique est nécessaire pour constater d’un point de vu ex-situ de la forêt, les utilisations des ressources naturelles comme les modes d’utilisations de chaque espèce de plante. L’objectif de cette enquête est d’offrir un indice d’évaluation auquel on peut faire un aperçu des menaces et pressions agissant sur les ressources. Aussi, dans la perspective de percevoir à quel niveau les cibles de conservation font face.
Pour mettre en oeuvre l’enquête, une fiche d’enquête (cf. Annexe) est établie pour mémoriser chaque entretien au niveau des ménages. Ce niveau d’échelle a été choisi du fait qu’elle offre un aspect tangible et concret pour les analyses des données. Il est à noter que chaque entretien effectué se fait dans l’anonymat pour maintenir une certaine confidentialité et confiance entre les personnes enquêtées et l’enquêteur.
Les axes principaux de l’enquête ethnobotanique sont :
– Savoirs traditionnels et connaissances des plantes.
– Matières et matériaux utilisés pour la construction des habitations.
– Espèces de plantes utilisées comme moyen de cuisson et les soins médicaux.
– Les sites de prélèvements.
Analyse de l’Habitat
Pour quantifier les attributs clés, ces indices ont été choisis car ils offrent des approches pour répondre et donner une qualification à chaque attribut.
Analyse intrabiotope
Diversité-α ou Diversité intrabiotope ou encore appelé diversité locale, a été utilisée pour mesurer la diversité des espèces à l’échelle d’une communauté (Huston, 1994).
Indice de Shannon (1963).
C’est parmi l’indice les plus utilisés afin de donner une valeur quantitative ou semi-quantitative de la végétation à l’échelle d’une unité de communauté. Une valeur d’indice élevée se traduit par une forte diversité. ?′=−Σ(??) log2(??) (1)??=1.
S = Nombre total d’espèces.
Pi = (ni / N) fréquence relative des espèces.
ni= fréquence relative de l’espèce i dans l’échantillonnage et N somme des fréquences relatives spécifiques
Cet indice se complète avec l’indice de régularité R de Piélou. Il est à noter que R est utile dans l’optique de détecter des changements dans la structure d’une communauté et pour déceler les changements d’origine anthropique. L’indice varie entre 0 (quand il n’existe qu’une seule espèce) et 1 (quand tous les espèces ont la même abondance). ?(?? ?)= ?′log2? (2)
Traitement et Analyse des données
La richesse spécifique, les fréquences et abondances spécifiques ont été calculées pour chaque placeau. On a aussi établi une matrice « espèces x relevés » sur la base de présence/absence des espèces, ces dernières sont mises en ligne et les relevés en colonne. Cette matrice sera soumise à une analyse multivariée par la méthode de Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) en intégrant l’indice de similarité de Jaccard comme critère de proximité pour grouper les espèces en fonction de leur présence sur les placeaux. Le but de cette classification est de relever les espèces les plus typiques de la végétation de Maromizaha, en fonction de leur présence pour mettre en appréciation la diversité biologique. Les logiciels utilisés pour les analyses sont : XLSTAT pour l’analyse multivariée, R 3.5.1 pour le calcul des indices de diversités avec l’utilisation de certains package comme vegan14 et entropart15, et MIRADI pour l’analyse de la viabilité des cibles de conservations.
Analyse Floristique.
Les paramètres floristiques sélectionnés :
– Les espèces ayant une DHP ≥ 10 cm.
– Hauteur totale.
– Hauteur du fût (Hauteur avant la ramification).
– Cycle biologique (Germination – Jeune – Mature).
– Phénologie (Etat végétatif – Floraison – Fructification).
– Observation (Coupé – Mort).
Les types biologiques permettent une meilleure appréciation pour les phytoclimats, très utiles pour notre recherche afin de mettre une qualification sur l’état de la biodiversité. Par conséquent, la méthode de Raunkiaer (1934) est utilisée pour analyser les spectres biologiques des végétations des milieux tropicaux. Il s’agit des Phanérophytes qui se composent en :
Mégaphanérophytes : ce sont des arbres de plus de 30 m de Haut.
Mesophanérophytes : de 10 à 30 m de Haut.
Microphanérophytes : de 2 à 10 m de Haut.
Nanophanérophytes : arbres de 0,4 à 2 m.
Le traitement des données d’enquête ethnobotanique sur le terrain a été directement saisi sur le logiciel Sphynx qui permet d’apprécier la fréquentation de la population locale avec la Nouvelle Aire Protégée Maromizaha. Les données sont également très utiles pour connaitre les sources d’impacts des activités anthropiques sur la gestion des ressources naturelles.
Richesse floristique et diversité floristique
L’indice de diversité H’ de Shannon varie peu entre chaque relevé avec un écart type de 0,27. La régularité des relevés est moyenne c’est-à-dire que les valeurs les plus faibles se trouvent entre les relevés R5 et R6, respectivement H’ = 2,902984088 et H’ = 2,98147447. Ces mêmes relevés ont des indices de régularité R = 0,565962938 et R= 0,581265346. Ceci s’explique par le fait que c’est un emplacement de pression et par conséquent la diversité n’est pas assez élevée.
Groupement floristique
Le dendrogramme ci-dessous présente les espèces (cf. Annexe 3) qui sont les plus rencontrées dans tous les habitats. Les résultats issus de la Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) ont donné 11 classes par un niveau de troncature de 0.30. Nous ne retiendrons que les cinq premières classes car elles offrent un aspect assez explicite de la végétation. Les classes seront représentées en tableau descriptif qui résumera les caractéristiques des cinq premières qui reflètent la végétation de Maromizaha. Les espèces sont codées par des identifiants (ID) pour avoir une meilleure visualisation du graphique.
|
Table des matières
I. Introduction
II. Milieu d’étude
II.1 Aspect géographique du milieu
II.2 Zonage de Maromizaha
II.2.1 Noyau dur
II.2.2 Zone Tampon
II.3 Aspect physique
II.4 Milieu Physique
II.4.1 Pédologie et géologie
II.4.2 Hydrographie
II.5 Milieu Biologique
II.5.1 Flore et végétation
II.5.2 Faune
II.6 Milieu Humain
II.6.1 Démographie
II.6.2 Social
II.6.3 Economie
III. Méthodologies
III.1 Cadre théorique et modèle conceptuel
III.2 Les cibles de conservation
III.3 Méthodes
III.3.1 Recherche Bibliographique
III.3.2 Observation Directe et prospection des lieux
III.3.3 Evaluation de la viabilité des cibles
III.3.4 Evaluation des Menaces
III.3.5 Enquête Ethnobotanique
III.3.6 Analyse de l’Habitat
III.3.7 Inventaire Floristique
III.3.8 Traitement et Analyse des données
III.3.9 Limite de l’étude
IV. Résultats et Interprétations
IV.1 Profil Topographique des stations de relevés
IV.2 Bilan Floristique et état de la Biodiversité
IV.2.1 Spectre des types biologiques
IV.2.2 Richesse floristique et diversité floristique
IV.2.3 Phénologie
IV.2.4 Groupement floristique
IV.3 Les Pressions anthropiques
IV.3.1 Typologie des pressions anthropiques
IV.4 Les espèces d’utilités quotidiennes pour les populations locales
V. DISCUSSION
V.1 Etat actuel des cibles de conservation
V.1.1 Cible 1 : Pandanus
V.1.2 Cible 2 : Les Orchidées
V.1.3 Cible 3 : Les Bois Précieux
V.1.4 Cible 4: Cyathea
V.2 Récapitulatif de l’état des cibles
V.3 Les Menaces sur l’aire Protégée
V.3.1 Le Charbonnage
V.3.2 Coupe illicite
V.3.3 Prélèvements sélectifs
VI. RECOMMANDATION
VI.1 Objectif Zéro Perte nette
VI.1.1 De la théorie à la pratique
VI.2 Augmentation du nombre de bâtiment de guérite
VII. CONCLUSION
Télécharger le rapport complet