Paysages, occupation des sols et sensibilité à l’érosion
Carte des paysages
Les bassins versants de la Thilouze et du Montison se situent dans les zones de plateaux bas de Sainte Maures. Ces zones sont caractérisées par des reliefs peu importants, avec des sols bruns lessivés, limoneux et argileux et une occupation des sols majoritairement agricole [Atlas des Paysages de l’Indre-et-Loire] (Annexe 7).
Occupation des sols
Le bassin versant du Montison présente une occupation des sols fortement orientée vers l’agriculture avec une dominante de blé et de maïs (Figure 16). Toutefois une proportion non négligeable de surface en forêt est présente essentiellement à l’extrême sud du bassin versant. Il est aussi notable que les proportions de prairies permanentes et temporaires sont relativement faibles en plus d’être très localisées dans le bassin versant.
L’occupation du sol du bassin versant de la Thilouze est du sol similaire à celle du bassin versant du Montison mais le couvert forestier est moins important. Les prairies permanentes et temporaires sont également très peu représentées. La culture du maïs grain et ensilage indique que l’activité agricole dominante du bassin versant est l’élevage (Figure 17). Il est probable que les tendances soient les mêmes pour le bassin versant du Montison.
Le bassin versant du Montison présente une ceinture végétale (ripisylve) assez dense autour du cours d’eau principal qui pourrait faire office de barrage aux sédiments fins et aux polluants. Cependant le bassin versant de la Thilouze ne présente pas une ripisylve aussi importante ce qui pourrait induire une plus grande sensibilité aux impacts liés notamment à l’agriculture. Enfin, il convient de souligner la très faible proportion de prairies temporaires et de prairies permanentes dans les deux bassins versants.
Sensibilité à l’érosion
La sensibilité à l’érosion est calculée à partir du modèle MESALES 2014 [DEGAN et al., 2014]. Ce modèle a été utilisé pour estimer la sensibilité à l’érosion sur l’ensemble du bassin Loire Bretagne mais il reste applicable à pour des échelles moins importantes comme les bassins versants de la Thilouze et du Montison. Ce modèle prend en compte différents paramètres (Annexe 8):
➤ Le taux de couverture du sol par saison
➤ La pédologie
➤ La topographie
➤ Le climat .
La couverture des sols est calculée à partir des données issues du Registre Parcellaire Graphique (RPG) sur trois années consécutives. Les données par années sont divisées par saisons en fonction de ladite couverture. Afin d’avoir un résultat plus précis les données sont couplées à des données du Recensement Général Agricole (RGA) (Annexe 9). Par exemple si sur une parcelle le RPG indique que la culture est le blé, le RGA va indiquer quel est le type de blé (hiver ou printemps). Ainsi, les données de recouvrement du sol sont traitées avec plus de précision car le blé d’hiver et le blé de printemps n’ont pas le même taux de couverture. Un code est attribué à chaque saison et pour chaque culture en fonction de son recouvrement du sol (Annexe 10). Pour ce qui est de l’étude de la Thilouze et du Montison, ce sont les données du RPG de 2014, 2015 et 2016 qui ont été prises en compte afin d’obtenir les cartes suivantes. Les données ont été complétées en accord avec l’occupation des sols obtenue grâce au Corine Land Cover (CLC) de l’année 2014. Il est à souligner que la couverture des sols ne prend cependant pas en compte les aménagements agricoles tels que les haies qui pourraient réduire les risques d’érosions (Figure 18). Globalement, l’occupation des sols ne semble pas présenter de menace pour l’été et le printemps car la plupart des sols sont occupés trois ans sur trois. En été, le Montison présente une grande partie de ses sols (65%) qui sont soit couverts soit occupés par des forêts. La Thilouze a également un pourcentage conséquent de sols couverts ou occupés par des forêts (50%) mais contrairement au bassin versant du Montison, elle présente quelques zones avec des sols nus un ou deux ans sur trois. Bien que cela ne semble pas être un problème, cela peut indiquer un défaut de gestion agricole sur certaines parcelles. Au printemps il y a une très grande hétérogénéité entre l’occupation des parcelles agricoles même si la majorité des sols sont nus une année sur trois, cela est dû à des rotations culturales mises en place par les agriculteurs. Il est important de noter qu’une grande partie des parcelles adjacentes à la Thilouze sont occupées sur les trois ans. En automne la couverture des sols sur le bassin versant du Montison est hétérogène, même si les sols nus un an sur trois prédominent légèrement. Il y a également quelques parcelles présentant un sol nu de 2014 à 2016 mais ces zones sont plus abondantes sur le bassin versant de la Thilouze notamment sur la partie aval. Elles peuvent alors être source d’un risque érosion plus élevé durant la période automnale. Enfin en hiver il existe de fortes similitudes avec les observations faites en automne, bien que pendant l’hiver les zones ayant un sol nu deux ans sur trois sont plus importantes. Encore une fois, la couverture du sol du bassin versant du Montison présente une plus grande hétérogénéité que celui de la Thilouze. Les zones nues en hiver et en automne sont souvent les mêmes, ce qui pourrait être un problème, en effet ces parcelles laissées à nue pendant deux saisons consécutives sont plus sensibles à l’érosion ou au phénomène de battance. Cela est à nuancer car le modèle mis en place ne prend pas en compte les cultures intermédiaires qui peuvent être mises en place par les agriculteurs.
La pédologie comprend deux principaux paramètres:
➤ L’érodibilité qui prend en compte le matériel parental (Alluvions, Craies, Marnes, …) (Annexe 11) (Figure 19)
➤ La battance et le ruissellement qui vont être déterminées en fonction de la texture et du type du sol (Annexe 12) (Figure 20) Ainsi il y a une prise en compte du type du sol, du matériau parental ainsi que de la texture. Les données nécessaires à l’obtention de ces paramètres sont issues des cartes pédologiques du BRGM. Plus un sol va être sensible à la battance et plus ce sol ne sera susceptible de former une couche en surface peu perméable et donc d’augmenter les phénomènes érosifs diffus et les ruissellements de surface, alors que l’érodibilité va correspondre à la capacité des particules du sol à être entraîné ou non lors d’événements érosifs.
En ce qui concerne les bassins versants étudiés, leurs sensibilités à ces deux processus sont importantes sur la globalité du territoire. Une forte sensibilité signifie un pourcentage relatif de plus de 40% que ce soit pour la battance et le ruissellement ou l’érodibilité tandis qu’une faible sensibilité va correspondre à un pourcentage relatif de 17% pour la battance et le ruissellement et 10% pour l’érodibilité. Si les risques de battance et de ruissellement sont si importants, c’est principalement dû à une forte présence de sols à dominance limoneuse. C’est un paramètre qui est assez difficile à modifier, c’est pourquoi il faudra faire des aménagements en cohérence avec ces éléments.
La topographie est exprimée à l’aide du « facteur pente » découlant de deux éléments issus du Modèle Numérique de Terrain 50m (MNT):
– La pente exprimée en pourcentage
– La surface d’aire drainée exprimée en hectare .
Ces deux paramètres sont compilés dans un tableau de combinaison et en découle le facteur pente (Annexe 13). La pente permet simplement de prendre en compte le dénivelé des bassins versants, tandis que l’aire drainée permet d’avoir une approximation des concentrations de flux venant de l’amont. Bien que cela reste approximatif, le facteur pente est estimé inférieur ou égal à 5 et ne présente par conséquent pas de problématique. A l’inverse, un facteur pente strictement supérieur à 10, qui correspond par exemple à une pente de plus de 15% avec une aire drainée supérieure à 1Ha, peut devenir problématique si les paramètres de couverture du sol et de pédologie ne permettent pas de pallier l’érosion potentiellement induite par la forte pente. (Figure 21) A proximité des cours d’eau, et plus spécifiquement de l’exutoire, le facteur pente augmente. Ce résultat est cohérent car ce dernier prend en compte l’accumulation des flux. Cependant la cause de l’accroissement de ce facteur topographique au niveau des cours d’eau peut également être due à une forte pente et cela peut induire de l’érosion. Cependant, au vu de l’échelle utilisée (MNT 50m, soit 1pixel =2500 m²) il est très peu probable que les phénomènes d’incision soient conséquents. Le fort facteur pente, notamment au niveau de l’aval du Montison, reste néanmoins une menace potentielle. Il est important de noter que le facteur pente prend en compte l’aire drainée “naturelle”. Ainsi, si des drains sont mis en place pour faciliter l’agriculture, cela pourrait modifier le facteur pente.
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Table des matières
Introduction
I. Caractérisation physique du cours d’eau et du bassin-versant
I.1. Les bassins versants de la Thilouze et du Montison
I.1.1. Calcul des bassins versants
I.1.2. Localisation géographique
I.2. Topographie
I.3. Géologie et hydrogéologie
I.3.1. Les roches en profondeur
I.3.2. Les roches à l’affleurement
I.3.3. Hydrogéologie
I.3.4. Synthèse
I.4. Pédologie
I.4.1. Description des principaux types de sols
I.4.2. Des capacités agricoles limitées par l’hydromorphie
I.5. Le cours d’eau
I.5.1. Caractéristiques générales
I.5.2. Caractéristiques chimiques des cours d’eau
II. Paysages, occupation des sols et sensibilité à l’érosion
II.1. Carte des paysages
II.2. Occupation des sols
II.3. Sensibilité à l’érosion
II.4. Synthèse
III. Patrimoines culturel et naturel
III.1. Patrimoine naturel
III.2. Patrimoine culturel
IV. Acteurs et usages liés à l’eau
IV.1. Les acteurs et la gestion du cours d’eau et du bassin-versant
IV.1.1. Cadre réglementaire en Europe et en France
IV.1.2. Le bassin versant Loire-Bretagne
IV.1.3. Les collectivités territoriales
IV.1.4. D’autres acteurs
IV.1.5. Compte rendu de l’entretien avec le maire de Thilouze
IV.2. Les usages et conflits d’usages des bassins versants
IV.2.1. Population et usage domestique
IV.2.2. Industrie
IV.2.3. Agriculture
V. Synthèse de l’état des lieux des pressions sur l’eau et les milieux aquatiques à l’échelle du bassin versant
V.1. L’agriculture
V.2. L’entretien de la ripisylve
V.3. La station d’épuration des Briants
V.4. Autoroute A10 et ligne ferroviaire à grande vitesse
V.5. Autres sources de pressions
VI. Diagnostic (Atouts et Contraintes; Opportunités et Menaces)
VII. Les propositions d’aménagement
VII.1. Les dispositifs filtrants
VII.1.1. Zones Tampons Humide Artificielle
VII.1.2. Résultats
VII.2. Les fascines
VII.3. Autres types de dispositifs épuratoires
VII.4. Initiation d’un dialogue entre les différents acteurs
VII.5. Bilan
Conclusion
Bibliographie
Sitographie
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