Pauvreté risque et vulnérabilité alimentaire

Télécharger le fichier pdf d’un mémoire de fin d’études

Historique du kere dans le Sud4

Le kere est un phénomène qui n’est pas nouveau au niveau des habitants de la commune d’Ambovombe ou même les habitants de la région Androy. Il est presque chronique dans cette région dont le plus récent était la fin de l’année précédente (2015) jusqu’ au début de cette année (2016). Par contre, la première apparition de cette réalité du kere remonte à 1928, et depuis le kere se manifeste de façon périodique. Ci-après l’histoire de la succession du kere au fil des temps :
1928 : effet combiné d’un déficit pluviométrique et d’une crise de l’élevage consécutive à la destruction des raketa (une sorte de cactus consommé par les animaux et, au pire, lors de la disette par les hommes) par une cochenille importée de l’île de La Réunion. Il a provoqué une très forte émigration.
1931 : sécheresse importante entraînant des déplacements de la population, on peut dire aussi qu’au départ, l’intervalle de temps entre le kere est trois ans, à savoir l’année 1928 comme le point de départ et c’est après 1931 qu’il avait eu un autre kere.
1941-1944 : la grande famine au nom évocateur de marotaola (qui signifie « beaucoup d’ossements humains ») entraîne la migration de la quasi-totalité des Antandroy de la zone sédimentaire, sacrifice massif de zébus en 1945 pour faire revenir la pluie en collaboration avec l’administration coloniale.
1956-1960 : sécheresse et insuffisance des produits agricoles qui coïncidaient avec l’époque de la lutte pour l’indépendance du pays. C’est-à-dire que si la plupart des Malgaches se trouvent dans la quête de l’indépendance, le grand Sud se bat contre la famine.
1970-1971 : presque onze ans après, il y avait le kere zaramofo (distribution du pain) parce que le gouvernement a distribué des pains à cette époque pour solutionner le problème du kere. Mélangé avec la situation politique du pays de 1972, le Sud aussi se trouve encore en état d’urgence face au phénomène du kere.
1980 : après huit ans à peu près normaux, la sécheresse nommée santiravy (ceinture de fer) a envahi encore la région. Qui dit sècheresse dit famine dans le sens caché du terme. C’est une ceinture de fer car les gens sont obligés de bien serer leurs ceintures suite à la faim.
1982 : sécheresse malalak’akanjo (« l’on est large dans ses vêtements »). C’est-à-dire qu’à cause de la sous-alimentation, les gens s’amaigrissent du jour au lendemain.
1986 : sécheresse bekalapake (« manioc séché »). Ce kere fut appelé ainsi car à cette époque les gens ne mangent que du manioc séché pour survivre.
1989-1992 : famine et sécheresse, qui est nommé tsy mitolike (on mange sans se retourner) pour décrire la lutte individuelle pour la survie. La décapitalisation a été observée à cette époque, une migration importante et des milliers de morts. Ainsi le gouvernement de cette époque a lancé l’opération SOS « vonjeo ny any atsimo ».
2000-2004 : une difficulté climatique qui a conduit à une difficulté de trouver les semences à chaque saison culturale, des décapitalisations cumulées, en tout, l’aggravation de la famine. Une période qui se coïncidait avec le contexte difficile né de la crise postélectorale de 2001-2002.
2006 : ce kere fut nommé arikatoke (encerclé) qui signifie que personne ne peut y échapper.
2010 : l’opération téléthon pour aider la région Androy
2014 : sécheresse et insuffisance des produits agricoles qui conduit vers l’état de déséquilibre alimentaire.
2015-2016 : insuffisance de pluies et manque d’infrastructures génératrices de revenus conduisant à la famine5.

Approche théorique

L’habitus
Le concept d’habitus est au cœur de la sociologie de Pierre Bourdieu. Il désigne ce terme comme l’ensemble des gouts et des aptitudes acquis par un individu au cours du processus de socialisation. L’habitus est non seulement un système de préférence mais également un système générateur de pratique. Conformément à ses gouts, chaque individu a un comportement cohérent qui lui semble naturel mais qui est le produit de ses expériences sociales.
Ces expériences sont liées à l’appartenance à une classe sociale et à une culture donnée. Placés dans des conditions comparables de socialisation, des individus auront des habitus proches, une vision commune du monde et un style de vie homogène. De ce fait, une classe réunit l’ensemble des personnes dotées du même habitus.6
Comme les Antandroy possèdent un trait de caractères homogènes, certaines de leurs pratiques proviennent de l’habitus auquel l’auteur fait référence. Leurs façons de conduire les travaux agricoles sont devenues une habitude héritée des ancêtres. Malgré les mutations qui ont bien pu se produire au fil des temps, ils n’arrivent pas à faire évoluer leur système de production par l’adoption d’une bonne technique pour faire face à la réalité du kere. Le pire est qu’ils ont eu l’habitude d’attendre les aides financières ou les gouvernements pour solutionner leur situation. La réalité cyclique du kere est devenue de plus en plus une régularité tendancielle pour eux et aux mêmes circonstances ils réagissent par les mêmes habitudes.
L’individualisme méthodologique
L’individualisme méthodologique fait partie du courant sociologique contemporain pour appréhender le social par l’approche par les acteurs. Dans le cas de notre travail de recherche, cette méthode nous permet d’en voir les relations et les logiques d’action que chaque acteur qui joue dans le processus de survivance face au kere qui sévit dans le Sud de Madagascar. En effet, l’individualisme prône comme point d’ancrage l’identification des intentions et la motivation des acteurs pour promouvoir la place des actions qu’il joue dans la permanence ou la rémanence du phénomène de kere dans la région Androy. Ainsi nous avons su déceler quelques critères pouvant alimenter cette recherche suivant les ancrages théoriques et ontologiques de Max Weber.
➢ La rationalité traditionnelle liée à l’alimentation
La tradition prend toujours une place prépondérante dans le cadre de la vie quotidienne de l’homme. Elle est l’ensemble des manières de vivre, manière de penser, d’agir et de sentir propre à une société donnée. Dans le cadre de notre travail de recherche, la tradition se présente comme la pratique habituelle de la population. Cette pratique est sous-jacente à l’interaction et au rapport direct que la société entretient avec son milieu. En effet, la région Androy est fortement dominée par des sols sablonneux et alluvionnaires.
Dans cette optique, les techniques culturales et les techniques d’exploitation des ressources naturelles, notamment les ressources agro-pastorales, vont structurer le comportement physique et biologique de la population, d’où la prépondérance de la culture alimentaire enracinée dans l’usage des tubercules comme base de l’alimentation. Le milieu, la nature et la culture forment ainsi la trilogie qui assure l’essence de la tradition et la survivance de la pratique traditionnelle, bien que le vent de la civilisation actuel tend vers le dénouement du lien social et la désertification de l’espace rural. De ce fait, la malnutrition n’est pas un phénomène naturel ou physique, elle est plutôt liée à de nombreuses facettes telles que la tradition alimentaire, la dislocation du lien social et la marginalisation de l’espace rural.

CARACTERISTIQUE DU TERRAIN D’ETUDE

Ce chapitre nous détaillera quelques aspects de la commune sur les plans géographique, économique, historique, culturel et surtout social dans le souci de bien décrire et de bien connaître le milieu d’étude.

Situation géographique de la commune

Localisation

La commune urbaine Ambovombe se situe dans le Sud de Madagascar, plus précisément dans la région Androy. La commune, au même titre que la région, est une collectivité territoriale décentralisée. C’est aussi une portion du territoire national dans laquelle l’ensemble de ces habitants électeurs de nationalité malagasy dirigent l’activité régionale et locale en vue de promouvoir le développement local7. La commune jouit de tous ses droits en tant que commune urbaine depuis l’année 20068.
Ambovombe est l’un des quatre districts qui forment la région Androy dont le chef-lieu est la commune urbaine éponyme. Le district composé de dix-neuf communes s’étend sur une superficie de 10 691,7 km² et compte 82 fokontany. Une carte indicative de la commune se trouve dans l’annexe de cet ouvrage.

Ressources naturelles

Climat

Le climat de la commune d’Ambovombe Androy est caractérisé par la sécheresse. Cette dernière est le problème majeur de la région Androy car elle entraîne l’incapacité des habitants à produire. Dans la région, la pluie ne tombe qu’occasionnellement. En revanche, le passage répété des dépressions et des cyclones tend à y faire intervenir des pluies, indigentes certes, mais significatives de la transition vers un régime de précipitation plus saisonnières.
L’extrême sud de la grande île fait partie d’une zone à climat tropical chaud et aride à l’hiver frais. Le climat de cette région est caractérisé par deux saisons distinctes :
• La première saison commence de novembre à avril, c’est une saison chaude et humide, appelée localement « Asara »,
• La deuxième saison est marquée par une période sèche et fraîche s’étalant d’avril à octobre appelée « Asotry ».

Sol

Le sol de la région Androy est caractérisé par de sol principalement sableux accompagné de proportion de latérite. Cette dernière désigne un sol rouge riche en oxyde de fer et en alumine se trouvant souvent dans la zone tropicale. A cause des caractéristiques du sol d’Ambovombe Androy, les agriculteurs ne pratiquent que la culture de grain sec, de sorgho, de manioc, des patates douces, de pervenche, de ricin ou plutôt ils ne cultivent que de plantes qui peuvent s’adapter au climat de la commune.

Hydrologie

Concernant l’hydrologie de la commune, il faut préciser que la commune d’Ambovombe Androy ne dispose pas d’assez de cours d’eau et les nappes d’eau phréatiques sont profondes. On trouve aux alentours de la commune quelque cours d’eau dont certains se déversent dans le fleuve de Mandrare si les autres se déversent souterrainement dans la mer. A part ces cours d’eau, la commune d’Ambovombe Androy bénéficie indirectement des produits de quelques grands fleuves dans la partie sud de la Grande Ile à savoir :
➢ Ifaho pour Tolagnaro
➢ Mandrare pour Amboasary
➢ Manambovo pour Tsihombe
➢ Menarandra pour Bekily et Beloha
➢ Linta pour l’Ampanihy
➢ Onilahy pour Betioky Sud
Certaines régions ont de ressources hydrologiques suffisantes mais non potables. D’autres régions souffrent de l’insuffisance quantitative et qualitative de ces ressources hydrologiques. Le déficit pluviométrique que présente la commune d’Ambovombe Androy favorise l’insuffisance de ces ressources. Concernant les points d’eau pour la consommation quotidienne, la commune est la plus défavorable parce qu’elle ne possède ni fleuve, ni rivière, ni lac. La quantité et la qualité des ressources hydrologiques sont le problème de la commune. Dans certaines communes à Androy, les habitants consacrent beaucoup de leur temps pour aller chercher de l’eau dans les points d’eau existants.
C’est pourquoi les habitants dépendent des puits et aussi de l’AES. Mais ce dernier ne peut pas assurer tous les besoins de la population en raison des différents problèmes au niveau de l’administration ou autres problèmes comme le manque de matériels. On affirme que 9 bassins sur 17 et 1 citerne sur 24 sont seulement en marche (source : AES, 2016). Même si 17 bassins et les 24 citernes sont tous en état de marche, cela ne satisfaisait pas toujours les besoins de la population répartie dans 82 quartiers dont l’ensemble des demandes dépasse largement des capacités d’approvisionnement des 17 bassins.
L’approvisionnement se fait à la fois à pieds ou par de charrettes. Parfois, l’équipe de l’AES puise de l’eau dans le ruisseau le plus proche. La vente d’eau est devenue une activité génératrice de revenu pour un certain nombre de ménages dans la commune d’Ambovombe Androy.
Le seul recours pour les habitants est de creuser des puits pour pouvoir faire face au problème d’eau. Par ailleurs, il y a ceux qui gagnent leur vie en vendant de l’eau de puits. Le seau vaut Ar 150 au centre-ville. Le prix peut aller jusqu’à Ar 400 dans les zones périphériques (source : enquête personnelle, avril 2016).
Mais actuellement, grâce aux efforts de l’Etat, la commune possède 25 bornes fontaines pour ramener le prix du seau à Ar 70. La JIRAMA a aussi commencé à alimenter en eau potable les habitations particulières. Celle-ci est seulement réservée pour les familles ayant les moyens nécessaires. Certes, le cout n’est pas à la portée de tout le monde. Mais cela ne pourrait encore résoudre le problème d’eau dans la commune. Le lot de 25 bornes fontaines est évidemment insuffisant pour les 82 quartiers. En conséquence, la commune subit encore le problème d’eau malgré les quelques efforts déployés.

Végétation

La couverture végétale de la région présente une immense formation des plantes qui peuvent vivre au climat de la région. L’existence de forets caducifoliées ou xérophytiques est l’une de spécificité de la couverture végétale de la région Androy. Cette couverture végétale abrite les différentes espèces sauvages et uniques dans le monde formant une fourrée épineuse, la végétation est très diversifiée dans la région.
Toutes formations forestières constituent une source des matières premières par excellence pour la pharmacopée traditionnelle. Les héliophiles pionnières jouent de rôles économiques très importants dans la vie quotidienne des habitants d’Ambovombe Androy. Elles peuvent leur procurer du bois de chauffe, de charbon, de bois de constructions, etc.
La végétation de la région est constituée de tapis herbacé dominé par l’ahidambo (Heteropogoncontertus). La nature du sol rend la taille moyenne de la végétation de la région faible. Les territoires couverts de foret dans la commune constituent 25 % de sa surface, soit 169,75 km² de la surface totale.

Situation sociale de la commune

Contexte historique

Origine du nom de la commune « Ambovombe »

Auparavant, un village qui s’appelait Ambondro s’était créé dans cette région de l’Androy. Comme il n’y avait pas de l’eau dans la région, les habitants de ce village allaient puiser de l’eau au fleuve de Mandrare, qui se situe à 35 km à l’est. Ils partaient à pieds très tôt le matin et ne revenaient que le soir. Une dame nommée Andindo, à cause de son âge avancé, ne pouvait pas suivre les autres pour chercher de l’eau. Elle était donc obligée de rester chez elle pour ne pas compliquer davantage les choses.
Un jour, vers 1880, elle remarquait des caravanes de fourmis qui transportaient du sable mouillé. Elle en déduisait qu’en dessous du sol, à cet endroit, il devrait y avoir de l’eau. Elle commençait à creuser et trouvait le précieux liquide. Andindo gardait secrète sa découverte et puisait de l’eau en cachette. Constatant qu’elle ne manquait jamais de l’eau, alors qu’elle restait toujours chez elle, les villageois commençaient à soupçonner de quelque chose. Ils la surveillaient jour et nuit. C’est ainsi que le secret d’Andindo est finalement dévoilé9.
Cette découverte a rendu célèbre la vieille Andindo, qui semble-t-il, avait donné le nom du site Ambovombe, qui peut se traduire par « là où se trouve le grand puits » ou encore « là où se trouvent de nombreux puits ». De fait, le site se trouve dans une vallée que la rivière Bemamba inondait autrefois durant les saisons des pluies. Cette rivière a sa source dans les environs d’Antanimora (à 60 km environ au nord-ouest). C’est un cours d’eau temporaire, qui arrive jusqu’à Ambovombe et au sud de sa commune.
Elle porte parfois des crues violentes et dévastatrices, pendant le passage des cyclones. Ses crues laissent des « sihanaka », des marais dans lesquels l’eau reste parfois permanente et stagnante durant la saison sèche. Depuis très longtemps, les crues de la rivière Bemamba ne sont plus vérifiées. Cependant, l’eau de la rivière, même si elle n’arrive plus en surface, coules-en dessous du sol par infiltration et alimente, sans doute, une nappe phréatique importante. Un tel mécanisme naturel explique vraisemblablement la présence de nombreux puits dans la ville d’Ambovombe10.

Origine du nom de la région « Androy »

La racine du mot Androy est roy. C’est le nom de petits arbustes épineux qui avaient couvert auparavant, la région tout entière. C’est une végétation typique de la région. Elle est une famille des bushes xérophiles et son nom scientifique est le Mimosa delicafula. Pour désigner cette zone qui abritent des roy, les gens disaient Androy, c’est-à-dire là où il y a beaucoup de roy. D’où la naissance du nom de la région Androy. Du coup, sa population s’appelle Antandroy c’est-à-dire ceux qui vivent dans les roy ou bien encore les gens du roy.11

Culture

Il y a plusieurs pratiques culturelles qui caractérisent la population de cette commune. La plupart d’entre elles sont surtout les us et coutumes qui leur différencient des autres ethnies de l’île. Les cérémonies traditionnelles revêtent beaucoup d’importance. Mais elles sont de plus en plus simplifiées à cause de l’érosion permanente de l’économie. Elles sont des occasions de dépenses particulièrement en zébus (« enga »).
Ce sont principalement le « savatse » ou circoncision, le « sandratse » ou guérison, le « sorogne » ou l’invocation des ancêtres qui se déroule dans le cadre familial sous l’autorité du chef de ménage, le « ringa12 », une sorte de distraction au sein du village et les rites funéraires. Il y a aussi les interdits et les différentes façons de vivre qui caractérisent les Antandroy.
La pratique religieuse est de plus en plus évoluée dans cette commune. On y a observé l’existence de différentes églises. Ceci explique la diminution de la croyance traditionnelle. Les chrétiens considèrent que tout ce qui touche à la croyance traditionnelle, y compris les différentes pratiques traditionnelles, est contraire aux règles de la vie chrétienne. Ainsi les convertis au christianisme qualifient de « zentilisa » tous ceux qui restent encore attachés aux pratiques ancestrales.

Aspect démographique

Population

Le district d’Ambovombe est un district un peu surpeuplé, avec une population plus ou moins homogène mais mal repartie dans les communes. Il y a des communes qui ont une densité très élevée et des communes à densité de population moins élevée. Par exemple, la densité de la population dans la commune de Maroalomainte est de 263 hab./km² tandis que dans la commune d’Agnalamare, elle est de l’ordre de 7 hab./km². Au total, le district d’Ambovombe Androy compte 365 709 habitants qui s’éparpillent sur une surface de 5 829 km² (source : Registre de la commune d’Ambovombe).
La densité de la population est de 35,59 hab./km², ce qui est largement supérieur à la moyenne nationale qui est de l’ordre de 20,9 hab./km². Par ailleurs, malgré l’aridité de la région et l’existence de flux d’émigration, cette population est soumise à un fort taux d’accroissement (3,5 %) (Source : Registre de la commune d’Ambovombe).
En général, L’ethnie dominante est de loin l’Antandroy. Ce qui n’exclut pas la présence d’autres ethnies telles que le Betsileo, les Merina, les Antesaka, les Antanosy, les Mahafaly ou les minorités indo-pakistanaises et les Européens. Avant l’époque coloniale, la région était isolée et n’était peuplée que par des Antandroy c’est-à-dire que les Malgaches d’autres origines sont peu nombreux13. Mais, actuellement, il y a d’autres ethnies qui s’installent à l’intérieur de la commune, se mêlent entre elles avec ce que cela suppose de brassage culturel.
Les immigrants rencontrés au sein du district se trouvent dans le chef-lieu de celui-ci. Ils exercent souvent en commerçants ou bureaucrates. Mais il y a aussi ceux qui habitent le long de la côte pour exercer l’activité de pêcheurs. La taille de ménages est en moyenne entre six et huit personnes par famille.14
L’hostilité permanente des différents clans en cohabitation constitue un des liens sociaux caractéristiques des Antandroy. La majorité des populations vivaient dans cette commune sont les Sevohitse qui sont les clans originaires de la commune Ambovombe. Mais le premier habitant était le clan Mahandrovato qui a donné aux Sevohitse la permission d’y prendre pied15.

Santé

En tant que chef-lieu de région, la commune urbaine d’Ambovombe est privilégiée en termes d’infrastructures de santé. Elle abrite un centre hospitalier de district niveau II (CHD II) et un centre de santé de base niveau II (CSB II). Il existe (3) services dont un service de la médecine générale, un service de la chirurgie et un service de maternité au CHD
II. Pour le CSB II, il est administré par un personnel composé d’un médecin, d’une aide-soignante, d’un dispensateur et de deux paramédicaux. Les équipements dans les centres peuvent encore fonctionner et arrivent quand même à répondre aux besoins des malades malgré son ancienneté. Mais la rareté de l’eau potable et l’insuffisance alimentaire posent un sérieux problème pour la santé de la population de la commune. Les maladies les plus courantes sont principalement le paludisme, l’infection respiratoire aigüe (IRA) et la diarrhée.
L’accès de la population à la santé est limité par le pouvoir d’achat de chaque ménage. La capacité d’accueil des infrastructures sanitaires n’arrive même pas à assurer la couverture de santé. De même, l’attachement à la valeur traditionnelle constitue aussi une barrière à l’accès de la population à la santé. Il en découle qu’il est difficile d’assurer la santé pour tous dans ladite commune.

Education

Le taux d’alphabétisation dans la commune est faible. Les objectifs de l’éducation pour tous (EPT) sont loin d’être atteints en dépit de la disponibilité des infrastructures scolaires dont la commune est dotée. L’attachement à la valeur traditionnelle liée à l’élevage du bétail demeure un des facteurs déterminants pour la baisse du taux d’alphabétisation. Contraints de garder les troupeaux, les enfants ont très peu de chance de pouvoir fréquenter l’école.
On comptait dans la commune d’Ambovombe Androy 47 établissements scolaires dont 24 sont publics et le reste des établissements privés. On y trouve quatre collèges dont un d’enseignement général (CEG), trois sont des collèges privés et un lycée qui n’arrive pas à répondre aux besoins des élèves désirant poursuivre leurs études secondaires en second cycle.
Le problème se pose notamment au niveau des infrastructures scolaires. L’insuffisance de l’offre en matière d’infrastructures d’accueil provoque la diminution du taux de scolarisation. Le manque d’instituteurs reste également une des grandes difficultés de l’éducation. A titre d’exemple, sur 100 élèves inscrits en classe de 11e, il n’en reste que cinq qui parviennent en classe de terminale16.
En résumé, l’ensemble de ces aspects détermine la baisse du taux de scolarisation et constitue aussi une faille considérable pour le développement de la commune.

Situation économique de la commune

Domaine du secteur primaire

Agriculture

La surface agricole d’Ambovombe Androy occupe 55 % de la surface de la commune soit 375,45 km2. Les paysans y pratiquent les cultures vivrières marquées par la dominance du maïs, du manioc, des patates douces ainsi que le dolique et la vohèm. Les produits de rente sont composés de haricot, d’arachides, de pervenche et de cannes à sucre. L’insuffisance de ressources hydrologiques incite les paysans à ne pas pratiquer la riziculture et la culture maraichère.
De ce fait, la commune est approvisionnée en riz par les communes environnantes telles que Betioky, Tsivory, Betroka et Ihosy et en légumes par les Hautes Terres centrales.
La production agricole présente une triple destination à savoir la consommation des ménages, la semence pour les prochaines activités agricoles et la vente au détail.
La commune ravitaille les autres communes périphériques et celle de Tolagnaro en matière de manioc et de patates douces. Ces productions constituent les aliments de base de la population locale. La culture de ricin existe en grande quantité dans la commune. Les paysans l’utilisent comme produit cosmétique (huile de ricin) et comme produit pharmaceutique. Cette plante sauvage pousse spontanément et ne demande aucun soin.
Les raquettes (opuntia) sont d’utilité considérable pour la population locale. Elles lui servent de nourriture et de haies vives pour les champs de cultures et les hameaux. Elles fournissent aussi l’aliment de base durant la période de soudure. Grâce à sa forte teneur en eau, elles sont à la fois un substitut à l’eau potable. La population est confrontée à un accès très limité à la nourriture à même de satisfaire les besoins vitaux. Il se produit durant la période de soudure.

Elevage

L’élevage est l’une des principales activités économiques de la population de la commune. Cette dernière pratique l’élevage extensif de bétail et de petits ruminants. Il est considéré comme une forme d’épargne villageoise en prévision de futurs événements comme les rites, les cérémonies traditionnelles, la période de soudure et la campagne agricole. Aussi la possession d’un troupeau de bœufs constitue-t-elle un prestige et une valeur traditionnelle pour les ménages.
Le manque de couloirs de vaccination et de couverture de service vétérinaire ainsi que le coût élevé des produits phytosanitaires sont des freins à la promotion de l’élevage. Par ailleurs, l’exiguïté de l’espace pastoral et la sécheresse constituent un blocage pour le secteur dans la commune. L’élevage du bétail assure une importante production laitière, en grande partie destinée à l’autoconsommation.
L’élevage de volailles est le plus développé. Il représente 55,36 % du secteur élevage de la commune. Le nombre moyen de volailles varie de 5 à 20 têtes par famille. Celui-ci est suivi de l’élevage de caprins qui constitue 20,69 % du secteur, avec un nombre moyen de chèvres s’élevant de 1 à 5 têtes par famille. Vient en troisième position l’élevage d’ovins (12,35 %) avec un nombre moyen variant de 1 à 5 têtes de moutons par famille. (source : Registre de la commune d’Ambovombe, avril 2016).
L’élevage de bétail arrive à la quatrième place de la filière avec un taux estimé à près de 11 %. Le nombre moyen de zébus varie de 1 à 4 têtes par famille. Avec 0,64 %, l’élevage porcin est placé au dernier rang du secteur dans le chef-lieu de région Androy. Le nombre moyen annuel est très faible variant de 0 à 1 par famille. Les petits ruminants sont l’objet d’échanges de cadeaux qui se font entre les hôtes. Ce faible taux d’élevage porcin s’explique par le fait qu’élever des porcs représente un tabou pour certains Antandroy.
A part l’élevage de bétail et de petits ruminants, les habitants pratiquent l’aviculture et l’apiculture. Cette dernière est pratiquée comme une activité de cueillette par les paysans. Elle se fait toujours par la méthode traditionnelle. C’est pourquoi la qualité de production est mauvaise. S’agissant de l’aviculture, ce type d’élevage reste l’activité principale des femmes afin de subvenir aux besoins quotidiens. Mais l’aviculture souffre de sérieux problème en matière de disponibilité d’alimentation surtout durant la période de soudure. Ce problème frappe non seulement l’aviculture mais il touche également l’élevage de bétail et des petits ruminants.

Pêche

Les pêcheurs locaux habitent surtout dans les fokontany de Tsirangoty, Beanike, Amboro, Ekonka et Esanta. Les produits halieutiques sont essentiellement les langoustes et les poissons de mer. La quantité des prises varie suivant la saison et les espèces :
• pour les langoustes, la production est abondante entre mars et octobre ;
• pour les autres espèces, la période favorable s’étale de novembre à février.
La technique appliquée reste toujours de type traditionnel (petites pirogues avec des filets). Le grand problème des pêcheurs est l’enclavement des zones littorales. La difficulté ainsi rencontrée limite considérablement l’écoulement des produits.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : CADRAGE THEORIQUE ET PRESENTATION DU TERRAIN
I.CADRAGE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
I.1- Essai de définition
1.1- Notion de kere
1.2- Notion de famine
1.3- Pauvreté risque et vulnérabilité alimentaire
I.2- Historique du kere dans le Sud
I.3- Approche théorique
II. CARACTERISTIQUE DU TERRAIN D’ETUDE
II.1- Situation géographique de la commune
1.1- Localisation
1.2- Délimitation de la commune
1.3- Ressources naturelles
1.3.1- Climat
1.3.2- Sol
1.3.3- Hydrologie
1.3.4- Végétation
II.2- Situation sociale de la commune
2.1- Contexte historique
2.1.1- Origine du nom de la commune « Ambovombe »
2.1.2- Origine du nom de la région « Androy »
2.1.3- Culture
2.2- Aspect démographique
2.2.1- Population
2.2.2- Santé
2.2.3- Education
II.3- Situation économique de la commune
3.1- Domaine du secteur primaire
3.1.1- Agriculture
3.1.2- Elevage
3.1.3- Pêche
3.2- Domaine du secteur secondaire
3.2.1- Transport
3.2.2- Commerce
3.2.3-Artisanat
3.3-Infrastructures de base
3.3.1- Piste rurale
3.3.2- Communication
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : RESULTATS DES INVESTIGATIONS
III- LA REALITE DU KERE DANS LA COMMUNE
III.1- Indices montrant la menace du kere
1.1- Sur le marché
1.2- Au niveau des ménages
1.3- Aux alentours de la commune
III.2- Réalité durant le kere
2.1- Sur le marché
2.2- Au niveau des ménages
2.3- Aux alentours de la commune
III.3- l’état des sinistres et les activités menées pour faire face à la réalité
3.1- Données chiffrées selon quelques organismes
3.1.1- Selon le PAM
3.1.2- D’autres organismes
IV- FACTEURS INFLUANT SUR LA PERSISTENCE DU KERE
IV.1- Facteur social
1.1- Influence de la tradition et de la démographie
IV.2- Facteur géographique
2.1- Pluviométrique
2.2- Hydrologique
2.3- Enclavement de la commune
IV.3- D’autres facteurs
3.1-Economique
3.2- Politique
CONCLUSION PARTIELLE
TROISIEME PARTIE : PROPOSITION DE SOLUTIONS
V- ANALYSE DE LA SITUATION EXISTANTE
V.1- Dispositifs de la sécurité alimentaire déjà en place
1.1. Abondance des ressources naturelles
1.1.1 Le vent et le soleil
1.2. Cohésion sociale
VI- PROPOSITION DE SOLUTIONS
VI.1. Les solutions à moyen terme
1.1- Considération des recommandations du SAP
1.2. Inverser le système de décapitalisation
1.3. Intensification de la culture et de l’élevage
1.4. Mise en place des GCV par commune
1.5. Amélioration de l’état nutritionnel des couches les plus vulnérables
VI.2. Solutions à long terme
2.1. Irrigation
2.2. Désenclavement du district
2.3. Création des AGR et des unités de transformation
2.4. Changement de mentalité
CONCLUSION PARTIELLE
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *